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Une série d'articles de Stéphane Trano, journaliste français parti étudier à la School of General Studies de Columbia University à New York, spécialisée en histoire des conflits civils et militaires

@LePoint

lepoint.fr/invites-du-poi…
"Deux fois par mois, il raconte pour « Le Point » la façon dont le courant différentialiste appliqué à l'antiracisme, au féminisme, etc. chamboule la vie de son université et des étudiants, à commencer par la sienne. Et finit par compromettre le vivre-ensemble."
"Le campus de Columbia est traversé par un malaise qui ne cesse de grandir à travers un débat souvent houleux sur les questions identitaires. Le 8 mars dernier, l'écrivaine afro-américaine Claudia Rankine était venue participer à un débat au cours duquel elle expliqua...
... que beaucoup de Blancs ont tendance à ne pas comprendre leur position en tant que participants actifs au racisme structurel, parce qu'ils ne sont pas obligés de penser à leur race de la même manière que les non-Blancs...
... « C'est presque comme un complot : les Blancs n'ont pas de race », assurait-elle. Quelques jours plus tard, quelques dizaines d'étudiants faisaient irruption dans la principale bibliothèque du campus pour réclamer la « décolonisation » des études et monuments de Columbia."
"Mais, en réalité, nous nous tenons à distance de plus en plus les uns des autres depuis que l'université a massivement promu le concept de « micro-agression ». Demander à un camarade d'où il vient au prétexte de sa couleur de peau ou de son accent...
... est ainsi considéré comme l'expression d'un stéréotype de nature à être signalé à l'institution. J'écris donc prudemment, je ne pose pas de questions et je me surveille constamment de crainte d'être, par mon existence même, une offense."
"Beaucoup connaissent l'affaire Paul Nungesser, cet accusé de viol en 2014 par une étudiante de Columbia. L'histoire avait pris une ampleur nationale...
... Sans objection de l'université, l'étudiante avait médiatisé le nom de son agresseur désigné et mené campagne contre lui en parcourant le campus avec son matelas, consacré sa thèse d'histoire à son agression...
..., et plusieurs dizaines d'étudiants avaient relayé son combat à travers des « manifestations au matelas ». Il aura fallu trois longues années à Nungesser pour être déclaré innocent, et obtenir excuses et réparations de Columbia pour une scolarité gâchée."
"Ces affaires ont explosé à travers les campus américains depuis la directive fédérale de 2011 établissant que les établissements scolaires suspectés d'avoir mésestimé un cas de harcèlement ne peuvent plus recevoir de financement public...
... Étendant le champ de la loi « Title IX » de 1972 sur la discrimination sexuelle, cette réforme a redéfini les « standards de preuve » : tout établissement scolaire doit « connaître ou devrait raisonnablement connaître un harcèlement d'élève à élève...
... créant un environnement hostile » et prendre « des mesures immédiates pour éliminer le harcèlement, éviter qu'il ne se reproduise et remédier à ses effets ». En clair, l'établissement doit ouvrir une enquête pour tout signalement...
... et prendre des mesures disciplinaires préventives à l'encontre du présumé fautif s'il ne peut apporter immédiatement des preuves jugées incontestables de sa bonne foi."
"Cette année, Columbia a présenté son programme comme une prolongation du mouvement #MeToo. Chaque département d'enseignement a dû élire un étudiant « ambassadeur »...
..., un film intitulé Thé ou Sexe a été produit, et depuis la rentrée, j'ai reçu 34 courriels sur ce thème, soit plus de trois par semaine."
"Le message est si bien reçu que le concept de « culture du viol » à Columbia s'est répandu parmi les clubs étudiants et nourrit nombre d'initiatives et de tribunes, au point que le Columbia Spectator a dû rappeler récemment que...
... « les organisations d'étudiants ne sont techniquement pas autorisées à évincer des étudiants de leurs groupes sur la base d'allégations d'agression sexuelle sans passer par l'université ». Il est pourtant difficile de savoir si cette action de prévention massive...
..., qui se manifeste par une tension quotidienne dans la vie des étudiants, répond à la réalité des chiffres, à la crainte que la moindre plainte n'entraîne une sanction financière pour l'université...
..., ou à l'impressionnante montée des thèmes de l'identité sexuelle et du gendérisme dans l'enseignement, où les notions de respect et de micro-agression occupent une place centrale."
"Columbia a indiqué dans son rapport annuel, le 2 octobre dernier, que sur une population de 31 879 étudiants, en 2017, 5 plaintes pour offenses sexuelles ont été enregistrées...
..., avec un bond de 56 % des plaintes pour « violence au cours d'un rendez-vous amoureux », soit 14 signalements, et de 33 % pour « harcèlement », soit 24 signalements."
"Il est désormais acquis pour tous les membres du personnel académique de Columbia qu'aucun rendez-vous avec un étudiant ne doit avoir lieu porte close ou en l'absence de témoins dans l'environnement immédiat de la rencontre...
... Le 28 avril dernier, Columbia a interdit officiellement toute relation intime ou amoureuse entre enseignants, assistants et étudiants. En classe, les contacts visuels entre étudiants doivent faire l'objet d'une gestion constante...
... afin de ne pas créer la possibilité de se sentir agressé ou harcelé, et désormais, l'implication dans l'une ou l'autre des nombreuses initiatives centrées sur le respect sexuel est un label de qualité."
"Pour avoir publié, le 16 octobre dernier, dans le New York Times, une tribune dans laquelle il s'inquiétait du « fort impact sur la culture du campus de l'inclination idéologique de ceux qui supervisent la vie universitaire »...
..., le professeur Samuel J. Abrams a vu son bureau du Collège Sarah-Lawrence vandalisé, les couloirs couverts de messages haineux, et un ancien étudiant, qu'il n'a jamais rencontré, annoncer qu'il travaillait « activement » à « ruiner son existence »."
"Ce n'est pas moi, d'ailleurs, mais encore une fois le Spectator, qui a publié les montants des donations effectuées par les enseignants de Columbia lors des élections de 2016 : ...
...sur les 939 880 dollars versés, 96,4 % sont allés aux candidats démocrates et 3,4 % aux républicains, six fois plus en faveur du Parti démocrate que vingt ans plus tôt, écrivait la revue."
"La nature de l'inclination idéologique des enseignants n'est pas le cœur du problème, en réalité, puisque dans un contexte de polarisation, les suspicions sont réciproques. Ce qui fait problème, c'est son effet inhibiteur sur des étudiants qui peinent de plus en plus...
... à articuler leur pensée de manière à nourrir un débat productif durant les cours. Cela les conduit souvent à adopter un point de vue fédérateur dans leurs travaux, fondé sur les « indices » idéologiques qu'ils perçoivent aisément...
..., afin de ne pas s'aliéner un professeur ou un correcteur. Dans quelque direction que soufflent les vents, s'ils contraignent les étudiants, en raison de leur puissance, à se protéger à travers un silence poli, un acquiescement implicite, ou une copie conformiste...
..., c'est toute la mission universitaire qui en pâtit. Il n'en est que plus appréciable de pouvoir user d'une liberté d'expression plus puissante encore."
"La règle dans ce monde universitaire marqué par l'alliance du progressisme et du «  transactionnalisme  » (je reviendrai bientôt sur cette dernière tendance) est la colère – souvent froide et inopposable – du « juste »...
... Une colère d'autant plus puissante qu'elle revêt les allures d'une pensée organisée et sélective. Elle ne répugne à aucun amalgame et ne tolère aucune incompréhension. Il n'y a qu'à mettre un pied sur les prestigieux campus universitaires pour s'en rendre compte."
"Le 14 novembre, un étudiant de l'École du travail social de Columbia a publié une tribune dans le Spectator pour expliquer la gêne ressentie après avoir constaté que dans son cours, la « seule lecture obligatoire concernant le peuple juif dans la société contemporaine »...
... s'intitulait Comment les Juifs sont devenus des Blancs. « Au cours des discussions, a écrit l'étudiant, des camarades de classe ont confessé qu'ils étaient frustrés lorsque des Juifs parlaient de leurs expériences. À une occasion, j'ai essayé d'expliquer...
... à une proche collègue comment ma judéité guidait mon travail en faveur de la justice sociale et elle m'a dit que je devais arrêter de parler, car mon privilège blanc dominait toute forme authentique de solidarité que je pouvais revendiquer en tant que personne juive. »"
"Cette entreprise à fabriquer du clivage – au nom de la tolérance – est frappante en raison de sa transversalité et de son orientation. Parce qu'elle pénètre la plupart des cours, sous forme d'insinuations, de provocations ou de curieuses élaborations...
..., elle entretient une culture du blâme à l'encontre des catégories désormais automatiquement associées à la « majorité coupable »...
..., poussant in fine à substituer – et non associer – à cette prétendue majorité le droit et les expressions des minorités, quelle qu'en soit la pertinence, l'objet ou la justification."
"Les perspectives féministes ou la diversité des genres, désormais développés dans un département entier de Columbia, servent de grilles de lecture dans un nombre croissant de cours. On étudie par exemple, en cours de science politique...
..., la vision féministe des relations internationales ou les apports des chercheurs LGBTQ. Et l'approche se décline en histoire, en sociologie, en sciences de l'environnement, en psychologie ou même en finances. Son corollaire est la démonstration de la domination masculine...
..., occidentale en particulier, et de l'absurdité de la distinction des genres. De la même manière, sous la poussée des départements des Études moyen-orientales, sud-asiatiques et africaines...
..., le besoin de « décoloniser » l'approche des étudiants s'exprime un peu partout, même dans les cours où l'on n'en voit guère la pertinence."
"Le problème, dans ce modèle, est qu'il présuppose le préjugé de l'étudiant, qui serait lié à son identité, à son environnement et aux événements qui surviennent dans le monde dans lequel il vit."
"Pour mon sixième semestre à Columbia, j'ai dû consacrer beaucoup de temps à choisir mes cours. J'avais envie d'approfondir mes connaissances sur le Moyen-Orient, puisque je me spécialise dans l'étude des différentes formes de conflits, du terrorisme et du contre-terrorisme...
... L'offre dans ce domaine est pléthorique, mais un fait s'est imposé graduellement à moi durant mes deux premières années. Dans la plupart des cours où le mot « Israël » risque d'être prononcé, les choses dérapent...
... J'ai donc consulté mes camarades, scruté les évaluations postées par les étudiants, et lu scrupuleusement les Syllabi décrivant la structure de chaque cours et ses lectures obligatoires...
... Je savais que suivre des cours aux Études moyen-orientales, sud-asiatiques et africaines serait une option périlleuse puisque le radicalisme y règne. Et je n'avais aucun appétit pour l'ambiance survoltée du Centre des Études palestiniennes. J'ai donc fini...
... par opter pour deux cours, l'un en sociologie et l'autre donné sous l'égide du département des Études d'Israël et de l'Histoire juive, lequel est censé être un peu plus calme, mais pas dans le sens où le lecteur pourrait le supposer à cet instant."
"À l'instar des autres grandes universités du pays, Columbia est en train de créer une génération de jeunes étudiants qui...
..., pour la plupart arrivés avec leurs convictions, leurs doutes, leurs vulnérabilités et leur désir d'apprendre, en ressortent au moins opiniâtres et souvent radicalisés."
"Si possible, j'essaierai aussi d'éviter la longue liste de cours où la masculinité, la « blancheur », l'Occident ou l'hétérosexualité sont décrits comme les maux du monde, mais c'est quasiment sans espoir...
... Il faudrait pour cela que je change de cap et que je décide de me spécialiser en mathématiques, physique ou sciences informatiques, et encore, qui sait si certains n'y ont pas trouvé un moyen de provoquer l'émoi et la haine de la nouvelle génération étudiante."
"Campus de Columbia, dimanche 9 décembre, 4 heures du matin. Un échange animé entre un groupe d'étudiantes de couleur et un étudiant blanc. Elles, parlant de la culture du viol promue par Trump, lui, expliquant qu'en tant que partisan de Trump...
..., il n'encourage en aucune manière la violence, sexuelle ou autre. Les deux parties s'enflamment. Il n'a pas le droit de parler, lui dit-on, car il est un homme blanc. L'étudiant explose. Sa tirade devient incontrôlable et offensante, sur ce que l'humanité doit aux Blancs."
"Les 54 secondes font immédiatement le tour des réseaux sociaux. Dès le lendemain, l'affaire a gagné les médias nationaux, c'est une attaque de la suprématie blanche. Columbia dénonce un «  incident profondément bouleversant à caractère racial  »...
...Le visage et le numéro de téléphone du suprématiste sont placardés sur le campus. Dans un communiqué, l'étudiant s'excuse : «  La rhétorique que j'ai utilisée laisse entendre que les Blancs étaient meilleurs que les autres races...
..., alors qu'en réalité, je démontrais de façon théâtrale et sarcastique que les Blancs ne sont plus autorisés à parler de leurs accomplissements culturels.  »"
"Un étudiant doctorant écrivait le 2 décembre dans le Spectator qu'en tant que «  Blancs  », nous devons «  reconnaître notre relation avec la suprématie blanche et travailler à son abolition  ». Ce processus, expliquait-il, «  implique de cibler la blancheur  »...
... et de reconnaître «  nos relations avec l'anti-noirceur, le patriarcat, le capitalisme, le colonialisme, l'impérialisme, l'hétérosexisme, la transphobie et l'antisémitisme  »."
"Cela a commencé sur les campus américains dans les années 60 avec la flambée des revendications des groupes marginalisés. Le phénomène a muté par à-coups, a fragmenté la cohésion sociale et fait exploser le désir d'appartenance, c'est-à-dire le concept même de citoyenneté."
"L'empathie et la communication sont devenues impossibles : qui vous êtes détermine le préjudice que vous causez aux autres ou que vous subissez."
"Parmi les rares professeurs qui affrontent ouvertement le problème, à Columbia, se trouve Mark Lilla, chercheur en sciences politiques, historien des idées, journaliste et professeur de littérature...
..., qui a par bonheur rencontré un certain écho auprès de certains intellectuels français. À 62 ans, son curriculum est de ceux qui remplissent habituellement les amphithéâtres de plusieurs centaines d'étudiants...
... Mais Lilla n'enseigne que devant une quinzaine d'étudiants, un choix qui lui assure un peu de tranquillité sans doute à Columbia, où il n'est pas très bien vu de critiquer l'insurrection anti-occidentale."
"Le big business, désormais, c'est la pulvérisation des identités. S'il en fallait une illustration, l'étude à grande échelle publiée en 2017 par un professeur du Brooklyn College de New York, menée auprès de 8 688 professeurs de 51 des premières universités américaines...
..., montrait que le ratio entre professeurs «  conservateurs  » et «  libéraux  » est de 1 pour 10,4. Plus intéressant, dans les fameuses études transdisciplinaires désormais motrices des identités politiques, le ratio atteint 108 libéraux pour 1 conservateur."
"Lilla a beau dire qu'«  une politique nationale reflétant une société en bonne santé est une politique qui reflète, non pas les différences, mais ce que les gens ont en commun  », il prêche dans le vide...
... D'ailleurs, le nombre d'admissions vient d'atteindre un niveau «  historique  », a jubilé Columbia le 13 décembre. C'est bien la preuve que le marché, aujourd'hui, est celui des griefs. C'est la transposition, dans le monde universitaire, des «  niches  »...
... si chères au monde du marketing. La citoyenneté est démodée. Le monde d'hier est une imposture. On donne à une génération d'étudiants plus de raisons qu'il n'en faut pour se préparer à en découdre et à régler son compte à ce monde infect."
"Pour une fois, Columbia s'est bien gardée d'émettre un de ses innombrables communiqués, après que la soirée du 30 novembre a tourné au ridicule de situation. L'Alliance asio-américaine donnait son gala annuel de charité appelé «  cultureSHOCK  »...
... L'invité d'honneur était l'auteur Indo-Américain Nimesh Patel, qui fait partie depuis 2017 de la très célèbre émission de divertissement Saturday Night Live diffusée depuis 40 ans par la chaîne NBC et suivie en moyenne par huit millions de téléspectateurs...
... On ne peut pas trouver plus anti-conservateur, et c'est là que la situation devient cocasse."
"Trente minutes à peine après le début de la soirée, Patel a été brusquement interrompu par les organisateurs et viré manu militari du campus dans une atmosphère de huées et de consternation...
... Il venait de faire une plaisanterie de trop, devant une assemblée déjà glacée dès sa première prise de parole."
"Stupéfait par les réactions des étudiants et par son expulsion, le comique, avant de quitter la scène, a voulu conseiller à son public d'apprendre à se confronter «  à la vraie vie  », mais son micro a été coupé et son départ d'autant plus précipité."
"La rage environnante presse les étudiants asiatiques de se soumettre à la revendication identitaire violente qui est de mise."
"Comme l'a très bien écrit un autre étudiant de Columbia à propos de ce « bastion libéral », il «  convertit les interprétations politiques et sociétales de la gauche et du libéralisme en un dogme incontestable...
... Certaines croyances, telles que l'idée que les États-Unis sont structurellement biaisés contre les minorités ou que le féminisme sur les campus est une chose incontestablement bonne, peuvent être affirmées sans justification.  » Et c'est bien là que le bât blesse en effet...
... Car en invitant Nimesh Patel, certains étudiants asiatiques ont visiblement oublié le «  devoir de colère  » qu'est celui des étudiants à Columbia, et leurs camarades ne manquent pas de le leur rappeler."
"Essayez donc d'expliquer à quelqu'un qui n'est pas dogmatique en quoi mettre le feu aux identités prépare un monde de tolérance...
... Nimesh Patel a bêtement ignoré que l'humour ne peut plus exister chez cette élite faite de tireurs embusqués prêts à faire mouche – y compris contre les siens – pour un sourire."
"Les étudiants de Columbia se hissent au cours de leurs études difficiles à un niveau intellectuel plus que respectable. Exceptionnel ? Pas toujours...
... Il ne peut être considéré comme exceptionnel que si l'on ressort libre d'une machine à calibrer les esprits, pour n'en garder que les outils et un savoir auquel on a soi-même donné un sens."
"Le capital de Columbia s'élevait, en octobre 2018, à 11 milliards de dollars. C'est l'université la plus chère des États-Unis et dans le top 10 des plus chères au monde : ...
...l'année universitaire, c'est-à-dire 9 mois, se monte à 60 000 dollars, hors logement et frais obligatoires – comptez 20 000 dollars de plus...
... Cela porte le prix d'un diplôme censé être complété en quatre ans à plus de 350 000 dollars, compte tenu des 4 % d'augmentation en moyenne chaque année. À ce prix-là, permettez que l'on défende son droit, en principe gratuit, lui, à l'expression."
"Quant à la diversité étudiante, il ne faut manquer ni d'aplomb ni de sens marketing pour en faire, comme le fait Columbia, un argument de vente. En effet, derrière la promotion incessante des politiques identitaires qui transforment un campus en tribunal des griefs...
..., la réalité est bien différente. Selon son propre rapport, publié le 13 septembre dernier, Columbia a dépensé 185 millions de dollars pour accroître la proportion des minorités ethnoraciales parmi... ses enseignants...
... Le résultat ? Aucun changement ou presque, une baisse même de 0,5 % pour les enseignants noirs en 2017. Explication ?...
... Aucune, si ce n'est que l'argent a été absorbé par une bureaucratie, comme elle-même le reconnaît, dont le seul objet est de prétendre et donner envie aux donateurs de participer à cet effort en faveur de la diversité."
"Cette obsession ethnoraciale est telle, à Columbia comme chez ses sept partenaires de la prestigieuse Ivy League – Brown, Cornell, Dartmouth, Harvard, Pennsylvania, Princeton et Yale –, qu'elle s'est traduite, avec le temps...
..., par l'abandon des critères stricts de sélectivité, fondés sur l'excellence, pour transformer de facto l'identité raciale en avantage, ou désavantage lorsqu'on n'est pas dans la « cible »"
"Ce qui ne va pas du côté de l'élite, c'est qu'elle est bien moins vocale quand il s'agit d'évoquer les étudiants qui ne cochent pas la « bonne » case. Car si la priorité est, donc, de mettre fin aux effets d'une forme spécifique de discrimination et d'y remédier...
..., elle semble bien être hiérarchisée. Le critère marketing qui s'impose est bel et bien le critère racial, celui qui permet d'attirer chaque année plus de donateurs engagés et de fonds publics du gouvernement fédéral et de l'État de New York très en pointe sur le sujet...
..., de mener des campagnes coûteuses, d'ouvrir de nouveaux départements dédiés aux moteurs de l'effort de décolonisation, et de financier l'activisme sans cesse plus agressif des associations étudiantes, Columbia n'utilisant ses propres fonds qu'avec parcimonie.
"Les étudiants qui ne se sont jamais posé la question de l'importance de la « décolonisation du régime » pourront plancher sur les « opportunités offertes par la nourriture indigène pour critiquer et intervenir face au colonisateur »."
"La « masculinité compulsive » sera dans le collimateur des études féministes qui expliquera aussi « comment le genre et le pouvoir s'unissent pour impacter sur la vie des individus dans divers espaces, y compris les lieux de travail, la maison, les institutions religieuses...
..., les camps de réfugiés, le gouvernement, la société civile et les organisations de défense des droits de l'homme. » Les « sexualités politiques noires » seront présentées en science politique."
"À Columbia le ratio professeurs démocrates-professeurs républicains est de 90 pour 1."
"[Le problème serait le même] dans le cas inverse, si Columbia était une université conservatrice. Ce n'est pas ce que les gens pensent qui pose problème, mais ce qu'ils font de leur pensée au regard de leur autorité."
"Certains de mes enseignants n'ont eu aucune difficulté à accueillir des étudiants aux idées et positions politiques variées, et ont guidé chacun vers une réflexion enrichissante...
... Mais on les compte sur les doigts d'une main, à Columbia, où le corps académique s'est donné pour mission d'évangéliser la jeune génération."
"Déjà, la compétition est lancée entre les marqueurs identitaires avec l'annonce de l'ouverture, à l'automne prochain, d'un nouveau lieu de résidence pour les étudiants musulmans « afin de favoriser une plus grande reconnaissance de l'islam »...
..., et la multiplication des initiatives destinées à dénoncer et à éradiquer la « masculinité toxique »."
"Le tout mis bout à bout, des salles de cours où le pluralisme est d'emblée paralysé par les diatribes professorales à la communication déchaînée de Columbia poussant au radicalisme et à l'activisme identitaire, le décor est planté pour l'année qui s'ouvre...
... Il ne reste plus qu'à prendre son mal en patience et essayer – au prix d'efforts considérables – de rester concentré sur ses études. Mais sans jamais oublier de bien relayer les arguments des professeurs lors des examens. Malheur à qui l'oublie."
"Ah, les fameux « GS » de Columbia University ! Chaque nouveau semestre, les nouveaux arrivants en entendent parler, avant de comprendre que ce sont ces camarades de classe à l'allure différente. On les reconnaît assez vite. Il y a ceux qui, à peine plus âgés, ont un air...
... plus sérieux que les autres, et sont souvent plus en retrait : ceux-là sont les « vets » – pour « vétérans » – hommes ou femmes qui reviennent de l'armée et qui, depuis la création de la School of General Studies par Columbia, il y a 70 ans, en sont le « produit d'appel »."
"2018 a été une sale année. Elle s'était ouverte sur un scandale financier : le détournement de 350 000 dollars par la directrice du bureau d'aide financière aux étudiants du Teachers College...
... Puis, à la fin de l'été, un doyen des étudiants de la School of General Studies était brutalement renvoyé, accusé par une étudiante d'avoir promis une aide financière en échange de faveurs sexuelles...
... L'affaire vient de s'étendre au Centre psychologique de Columbia, qui aurait couvert une affaire dont il avait connaissance, et qui demande une compensation de 60 millions de dollars."
"Avec 97 millions de dollars de revenus directement puisés dans les poches des étudiants et de leurs familles, la baisse continue des aides financières aux étudiants les plus en difficulté [fait] sortir du bois des étudiants jusque-là terrorisés de subir des représailles."
"Une nouvelle étape doit désormais être franchie par ses étudiants avant de s'enregistrer pour le semestre suivant. Cette étape exige d'eux une longue liste d'engagements, en ligne, les menaçant désormais de signaler tout impayé...
... aux trois « credit bureaux » américains qui rendent public en permanence un « score » attribué à chaque personne aux États-Unis, score qui détermine tout, de la capacité à louer un logement à celle d'ouvrir un compte en banque...
... ou d'obtenir un prêt, quand il n'est pas utilisé par un recruteur pour jauger la crédibilité d'un candidat."
"Afin de modérer les effets de la bronca et de dissiper les vents pestilentiels de l'automne, le Columbia Spectator a fait peau neuve. Il est passé, en quelques semaines, d'une revue étudiante où l'on ne mâchait pas ses mots sur les dérives de Columbia...
... à un catalogue de louanges, sous la férule d'un nouveau comité éditorial. Le summum du ridicule a été atteint avec la publication, le 12 février, d'un dossier intitulé : « Pour l'amour du lounge », consacré aux merveilles de ce tout petit espace supposé d'études...
..., ne pouvant accueillir qu'une cinquantaine d'étudiants au maximum à la fois sur les 2 800 de l'école, rénové à hauteur de plusieurs centaines de milliers de dollars voilà deux ans, où règne un groupe de leaders qui brillent aux yeux de l'administration."
"Ce début de semestre, le Centre d'études palestiniennes de l'université, ardemment soutenu par son groupe Facebook fort de 3 640 membres sur le campus, a accueilli un professeur de criminologie et sociologie qui, lors d'une conférence...
..., a expliqué que les enfants palestiniens faisaient l'objet d'expériences technologiques de l'armée israélienne [...], tandis qu'un professeur de Columbia s'est laissé aller à expliquer à ses étudiants qu'Israël faisait commerce des organes des Arabes (sic)."
"Tout est parti d'un soupçon de fraude sur les marchés d'actions internationales, avant de prendre une tournure extravagante. Comme c'est souvent le cas, l'un des mis en cause a offert de coopérer pour réduire sa peine future...
... et a balancé un curieux trafic à l'université de Yale. Notamment le nom d'un entraîneur de l'équipe de football qui proposait de favoriser les inscriptions au sein de la très sélective université en échange d'un pot-de-vin...
... Équipé d'un micro, l'homme a rencontré ledit coach, en avril 2018, qui lui a annoncé son prix, 450 000 dollars. Sauf que l'affaire ne s'est pas arrêtée là. De fil en aiguille, le cas est rapidement apparu comme un parmi des dizaines, et sans doute plus...
..., le tout organisé depuis la Californie par un certain William « Rick » Singer. L'homme avait créé deux sociétés-conseils promettant aux parents des candidats aux universités d'élite une réussite aux tests d'admission tant redoutés...
..., tout en développant parallèlement un système de pots-de-vin permettant de faire recruter directement des étudiants athlètes à raison de leurs prétendues et souvent truquées performances sportives."
"De Yale, l'affaire s'est étendue aux autres grands campus américains. Des familles très connues, de Hollywood à la côte est, y ont été mêlées et leur nom a été rendu public. Depuis quelques jours, les têtes tombent...
... À travers la Ivy League, les communiqués se multiplient, les diplômes des fraudeurs sont annulés, des parents sont emprisonnés et ce que beaucoup soupçonnaient est exposé au grand jour."
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