Le retour du bonapartisme signifie deux choses:
-Les classes dominantes, très divisées, délèguent à un leader atypique et autoritaire le soin de les gouverner dans leur intérêt.
-Le Bonaparte s'appuie sur l'électorat populaire frileux (retraités ouvriers appauvris... )
-Les classes dominantes, très divisées, délèguent à un leader atypique et autoritaire le soin de les gouverner dans leur intérêt.
-Le Bonaparte s'appuie sur l'électorat populaire frileux (retraités ouvriers appauvris... )
Dans ces périodes, on a l'impression que les pathologies bourgeoises (autoritarisme, peur, économisme grossier) contaminent toute la société, comme si l'entrée dans une phase encore plus intensive du capitalisme impliquait de démocratiser l'esprit bourgeois sous l'égide de l'Etat
Il fallait vraiment avoir l'optimisme de Marx pour déceler dans le bonapartisme une annonce du socialisme (via l'étatisme). Ceci dit, nous sommes prévenus: les Bonaparte (souverainistes ou europeistes) sont là pour ouvrir par la force un passage au capitalisme.
Que des groupes issus de la gauche rejoignent Macron n'a rien d'étonnant. Beaucoup de Saint Simoniens ont soutenu Napoléon 3,qui a réprimé tous les socialistes sauf les plus modernistes et les plus passéistes inoffensifs (Proudhon)
Quand l'essor des forces productives se heurte à des classes bourgeoises affaiblies, le capitalisme ne peut continuer à jouer son rôle historique que grâce à l'Etat et à l'impulsion d'un Bonaparte qui fait taire les divisions.
En France, l'affaiblissement des classes bourgeoises est spectaculaire: declin industriel, panique des banques face à la crise de l'euro, épuisement des partis de gouvernement de droite et de gauche. D'où la formation d'un "bloc bourgeois" pour conserver une légitmité politique
Toutefois notre Bonaparte ne "represente" pas le peuple mais se réclame d'une légitimité lointaine:l'Europe. Seule la bourgeoisie financière a de telles audaces. Notre bonapartisme est post national, contrairement à la formule archaïque souverainiste qui survit au Royaume-Uni
Ceci dit on peut voir les choses différemment et distinguer, à l'intérieur de l'étatisme autoritaire une variante bonapartiste (populiste et industrialiste) et une variante libérale (elitiste et financière).
Dans tous les cas, et c'est ce qui a intrigué Marx, les classes fondamentales (bourgeoisie et prolétariat) sont affaiblies ou en retrait. L'Etat prend le pouvoir, appuyé sur des masses extérieures au capitalisme productif (paysans, retraités, bureaucrates, armée...)
Même si ce spectacle est confus (on le qualifie alors de "populiste" par perplexité, aveu d'ignorance) , il permet de voir l'autonomie relative de l'Etat et de la politique par rapport au schéma économiciste d'un marxisme un vulgaire qui n'était pas du tout l'optique de Marx.
L'ironie est que les périodes bonapartistes, qui représentent des moments critiques dans le capitalisme, sont aussi l'heure de gloire des pâles bureaucrates, de l'homme de la rue, de la canaille et du vide politique.
