Les engueulades deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus vives entre les positions «le confinement ne va pas assez loin: il faut le durcir» et son opposé, «on en fait trop, là! c'est l'hystérie». Quelques remarques / questions. ⤵️ •1/17
Ça n'aide pas, évidemment, qu'on ne sache pas vraiment quel est l'objectif poursuivi — et qu'on ne soit pas d'accord sur ce qu'il devrait être: ①faire régresser l'épidémie (comme en Chine, Corée)? ②l'étaler dans le temps mais avoir un pic épidémique normal? •2/17
Ou juste gagner du temps pour essayer d'y voir plus clair (disponibilité de tests sérologiques, nouvelles perspectives thérapeutiques, retours de consultations pour syndromes grippaux permettant de mesurer l'étendue de l'infection) ou parer au plus pressé (masques?)? •3/17
Le confinement pour y voir plus clair (max un mois) semble peu polémique. Mais au-delà? Pour deux mois? Trois? Six? Il y a des mesures de bon sens (interdiction de grands rassemblements, fermeture de lieux publics, incitation forte au télétravail), … •4/17
… mais «tout le monde chez soi»: pour quelle durée? Ça aussi, ça a un coût énorme, pas seulement économique mais humain (psychologique et effectif) et social, à mettre en regard du nombre de morts peut-être évité. •5/17
Ça n'aide pas non plus qu'un ne sache pas du tout à combien de morts monterait un pic épidémiologique «naturel». Tous les chiffres entre 10 000 et 1 000 000 (en France) sont possibles, voire au-delà! On est dans le noir complet. •6/17
Il est remarquable, mais malheureusement peu étonnant, de voir à quel point l'envie d'être protégés pousse à n'importe quelle demande: ça peut être sur le plan thérapeutique (chloraquine pour tous et sans essai sérieux!) … •7/17
… ou de même politique (confinement pour tous! traçage de tous les téléphones pour voir qui a pu contaminer qui!). La peur nous fait abandonner tous nos principes à une vitesse ahurissante. <Insérer ici une citation célèbre de Ben Franklin.> •8/17
Le problème se pose surtout de l'injustice sociale du confinement: des gens obligés de travailler alors qu'ils ont une peur légitime, d'autres obligés de rester chez eux alors qu'ils estiment vouloir affronter le risque. •9/17
Les mesures ont une grande incohérence: quel sens y a-t-il à interdire se promener en vélo, par exemple? À vélo il est très facile de tenir ses distances, et c'est un bon exercice pour la santé! Quelle est la logique? Le but est la distanciation, pas le confinement! •10/17
Dans une certaine mesure, la stratégie semble être de culpabiliser la population pour l'incurie des pouvoirs publics: le manque de masques est un scandale, montrer du doigt les gens qui osent faire un footing est une façon de détourner l'attention. •11/17
Dans mon idéal, chacun pourrait choisir le niveau de risque auquel il veut s'exposer personnellement, en faisant un calcul éclairé par sa propre intelligence. Autant dire que je nage en plein rêve, là. Plus simple d'imposer des mesures incohérentes à coups de flics! •12/17
Néanmoins, à un certain niveau, je pense que les gens votent avec leurs pieds. Supposons qu'on lève les mesures obligatoires demain et qu'on les remplace par de simples recommandations de distanciation sociale: de deux choses l'une: … •13/17
⁃ soit la peur s'est assez installée, et alors les gens continueront à se fuir les uns les autres, il n'y a pas besoin de durcir les contraintes, elles seront appliquées, … •14/17
⁃ soit les gens décident qu'ils veulent continuer à vivre normalement malgré la maladie, parce qu'ils en acceptent le risque, et dans ce cas ils votent avec leurs pieds dans ce sens, et il est légitime de respecter ce choix. •15/17
Bref, tant qu'on ne va pas imposer sa présence physique à un autre, je ne vois pas à quoi rime le confinement obligatoire. Le vrai scandale, ce sont les gens obligés de travailler dans des conditions peu hygiéniques ou de prendre des transports en commun bondés … •16/17
… mais vous savez quoi? ça c'est un scandale déjà en temps normal, c'est juste que certains le découvrent maintenant, comme l'importance et le manque de moyens de l'hôpital public. •17/17
