Jour 31 au procès #AttentatsJanvier2015, avec la suite de l'interrogatoire de Mickaël Pastor Alwatik, un accusé qui s'est emmêlé dans ses mensonges depuis sa garde-à-vue. Mensonges régis par la peur, a-t-il dit, sans totalement convaincre.
Voici le compte-rendu de la joiurnée d'hier où l'on a vu à la barre des témoins, la soeur juive de Mickaël Pastor Alwatik, et aussi son ex-femme, salafiste, répudiée. franceinter.fr/justice/au-pro…
L'audience a repris, avec lecture de PV sur un témoin pas venu. Le président lit la déposition du témoin qui a cédé une moto à Coulibaly, la moto qui a servi à aller à #Montrouge, où la policière Clarissa Jean-Philippe a été tuée le 8 janvier 2015.
Le témoin, vieux "copain" d'Amedy Coulibaly, racontait dans sa déposition la "pression" que Coulibaly a mis sur lui pour cette moto, et il lui a trouvée, car disait-il, les réactions d'Amedy Coulibaly étaient "imprévisibles".
Autre témoin que l'on devait entendre ce matin, et qui ne viendra pas : la mère de Mickaël Pastor Alwatik, cette mère avec qui l'accusé a depuis tout petit, une "relation fusionnelle". "Je suis collé à ma mère, c'est comme ça", a dit Mickaël Pastor Alwatik au début de son procès.
L'assesseur lit les anciennes dépositions de la mère, que l'on ne verra pas à la barre. En février 2015, après la garde à vue et mise en examen de son fils dans ce dossier #AttentatsJanvier2015, elle avait dit : "Mon fils il est international, il est pour toutes les religions".
Les enquêteurs avaient demandé à la mère de Mickaël Pastor Alwatik si son fils était croyant ?
La mère avait dit : "Il est international, parfois il fait la prière parfois il ne la fait pas".
La mère de Mickaël Pastor Alwatik avait raconté avoir vu les frères Kouachi à la télé après l'attentat à #CharlieHebdo, et son fils lui aurait alors dit : "C’est qui ces gens-là qui ont fait ça ?"
La mère de Mickaël Pastor Alwatik avait été interrogée sur le mariage religieux de son fils, mariage en août 2014. Elle n'avait pas voulu y aller, trouvant la mariée "trop religieuse". Elle avait comparé la mariée à une "Ninja", à cause de sa tenue, voilée de la tête aux pieds.
La mère de Mickaël Pastor Alwatik avait ajouté : "Moi, je fume. Je porte pas le voile. J’ai prévenu mon fils que c’était une bêtise (ce mariage). Lui, il rigolait. Il m’a dit qu’il faisait ça parce qu’elle était gentille et qu’elle prenait soin de lui".
Puis les enquêteurs avaient demandé à la mère de Mickaël Pastor Alwatik si ça ne gênait pas son fils, cette mariée trop religieuse ?
La mère avait répondu : "Si, ça lui prenait la tête, sur la fin, c’est tout ce que je sais".
Le président lit la déposition d'un autre témoin, vieil ami de Pastor Alwatik. L'ami racontait avoir rencontré par hasard Amedy Coulibaly à la Mecque fin 2014. L'avoir trouvé bizarre. Avoir estimé qu'il était takfiriste. Avoir prévenu Pastor Alwatik qu'il fallait s'en méfier.
Le président demande à Mickaël Pastor Alwatik ce qu'il en pense. L'accusé se lève, dans son box : "Il m’avait dit d’arrêter de fréquenter Amedy mais il m’avait jamais parlé de takfirisme".
Mickaël Pastor Alwatik : "Moi le takfirisme à l’époque, je comprenais pas c’était quoi, et y avait pas de signe de la part d’Amedy qu'il était bizarre".
#AttentatsJanvier2015
Son vieil ami avait appelé Pastor Alwatik le 9 janvier 2015, lui demandant s'il avait à voir avec tout ça ?
Pastor Alwatik avait dit que non, qu'il avait "coupé les ponts" avec Coulibaly.
Mickaël Pastor Alwatik est interrogé aussi sur le témoignage de son ex-femme, salafiste, répudiée au bout de deux mois, qui l'a accablé hier.
Il dit : "La première fois que j’ai vu sa déposition je me suis dit ah ouais, elle s’est lâchée".
Mickaël Pastor Alwatik ajoute : "Je me disais que c’était par vengeance. Parce que la façon dont je l’ai répudiée, je l’ai traitée comme une prostituée, ses affaires elles étaient dehors. Je pense que cette affaire-là, elle l’a traumatisée comme elle en a traumatisés beaucoup".
Pierre, qui travaille dans la location de véhicules, arrive à la barre. Il a connu en détention "Monsieur Nezar" et "Monsieur Amar". C'est-à-dire l'accusé Nezar Mickaël Pastor Alwatik et Amar Ramdani. Il les a rencontrés à Villepinte. Est sorti à l'automne 2014.
En prison à Villepinte, il avait dit qu'avec "Nezar" ils étaient "des musulmans détente, on écoutait de la musique".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik a choisi son 2e prénom, Mickaël, dès l'enfance. Mais les témoins qui ont défilé depuis hier l'appelaient apparemment "Nezar" en 2014.
Au début de son procès, Nezar Mickaël Pastor Alwatik a expliqué ce double prénom, et double nom. Sa (demi) grande soeur a aussi expliqué hier.
Nezar, le prénom choisi par sa mère et sa grand-mère.
Mickaël, le prénom choisi par sa grande soeur (de 17 ans son aînée).
On interroge le témoin sur une déclaration ancienne qu'il a oubliée. Il ne sait plus et dit "si c’est écrit dans la déposition c’est que c’est vrai", et on appelle un autre témoin à la barre.
Sofiane est à la barre : "Ben je travaillais dans l’automobile.
Nezar, c’était un dépanneur juste à côté.
Donc on a fait appel à ses services pas mal de fois.
Il était serviable, gentil."
L'assesseur qui l'interroge, note qu'il l'appelle donc "Nezar", "vous ne l'appeliez pas Mickaël ?"
Le témoin : "Non, non, Nezar", le prénom qui était donc le plus utilisé en 2014, par Nezar Mickaël Pastor Alwatik.
Vient à la barre un autre témoin : "J’étais co détenu avec Alwatik, Nezar". Il parle d'une relation normale.
"Coulibaly pareil, j’ai jamais eu de problème, je connaissais pas sa phase de cette histoire que tout le monde connaît, pour moi, c’était une personne normale".
Le co-détenu à la barre avait été incarcéré pour braquage et l'assesseur précise : "vous étiez connu des services spécialisés pour votre proximité avec la mouvance radicale..."
Le témoin à la barre, d'une voix traînante : "aaaah ! Ben, moi je viens de l'apprendre !"
L'assesseur lui demande ce que Pastor Alwatik parlait djihad ? Le témoin : "Excusez-moi, c’est pas l’endroit idéal, mais ça me fait sourire. Il était pas question de ça avec M. Alwatik. Pour moi c’était un clown, dans le bon sens, il me faisait rire, il était pas radical".
Le témoin avait dit qu'en prison, certains détenus voyaient Abou Bakr Al "Baghdadi comme le messie". A la barre, le témoin précise : "J'ai pas dit Messi comme le joueur du Barça !"
Rires dans la salle, et dans le box.
Le témoin précise que lui n'était pas d'accord avec Daech.
Rappelons que Abou Bakr Al Baghdadi avait créé le califat de Daech en juin 2014. Ce calife a été tué par les Américains en octobre 2019, en Syrie. Il a depuis été remplacé par un successeur.
L'avocat général demande au témoin s'il a parlé djihad avec Pastor Alwatik ?
Le témoin dit non.
L'avocat général demande au témoin s'il savait que Amedy Coulibaly avait prêté allégeance à l'#EI ?
Non, dit le témoin.
Le témoin qui avait dit en 2015 que #CharlieHebdo "l'avait bien cherché" et redit à la barre que "malheureusement ils se sont brûlés".
L'avocat général interroge le témoin sur #CharlieHebdo.
Le témoin parle des caricatures comme "une insulte à toute une communauté, ça m’a blessé moi aussi".
L'avocat général lui rappelle : "Vous savez que caricaturer le prophète, c’est un droit en France !"
L'avocat général ajoute : "Celui qui ne comprend pas ça, n'a pas sa place en République".
Depuis son box, le principal accusé lance : "Sa place, elle est dans le box !"
L'assesseur interroge Pastor Alwatik sur ce témoignage : "
Ben ouais c’était mon co-détenu, je rigolais avec lui, je fumais des joints, ses opinions ça n’engage que lui !"
Le témoin vient de dire qu'il avait parlé de Daech avec Amedy Coulibaly. Et que Coulibaly en aurait donc parlé avec Pastor. Pastor dit qu'il n'a jamais vraiment parlé de ça avec Coulibaly.
Et soudain, Nezar Mickaël Pastor Alwatik explose : "C’est énervant à chaque fois, de justifier les comportements des uns et des autres. Là ce qu’il vient de dire à la fin je suis pas d’accord avec lui
T’arrives à la barre, tu dis "ils l’ont cherché" ! C’est énervant".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik poursuit, en colère : "Je suis en détention, j’essaye de me justifier et moi quand je parle, ma parole c’est de la merde. Ouais, j’ai menti. Mais pas pour cacher quelque chose. J’ai menti parce que j’avais peur".
#AttentatsJanvier2015
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Je suis un peu en colère c’est vrai, mais c’est normal je parle avec mes tripes, là.
C’est ce que je ressens depuis le premier jour où j’ai été interpellé".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "C’est vrai, j’ai touché les armes. Mais moi jamais de la vie j’ai tiré sur des gens ou planifié ça. Vous croyez que je vais trainer avec un mec antisémite ?". On a vu hier la grande soeur, juive, de Pastor Alwatik. Ils sont très proches.
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Comment je l’emmène (Coulibaly) chez ma soeur et après je vais faire le djihad armé ? Ma mère je vais la mettre dans une valise".
Et Nezar Mickaël Pastor Alwatik s'énerve contre son ex-femme, salafiste, vite répudiée, qui l'a accablé hier parlant de ses "ambiguïtés" : "pendant deux heures elle dit que de salades, elle vient avec sa cape de Batman (elle avait une cape sur son voile, j’en ai marre !"
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "J’en ai marre. Ça fait 6 ans que je suis en prison. Ma mère, elle est seule. Moi aussi je suis une victime. Victime de ce bâtard, ce qu’il a fait
C’est trop, c'est trop. Vous savez j’ai plus de force dans tout ça".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Comprenez moi aussi que parfois de se justifier de tout, je me perds. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Moi je sais que j’ai rien à voir dans tout ça".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Amedy, c’était mon ami.
Point barre. J’étais même pas au courant de ses histoires.
Je lui ai demandé de me ramener une femme. Il m’a ramené un problème. Le problème ça fait 10 piges".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Ma famille croit une seule seconde que je suis mêlé à ça et plus jamais elle vient de me voir au parloir. On est pas des traitres. Ma famille c’est le vivre ensemble. Je vous parle avec mes tripes".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Vous pouvez faire tout ce que vous voulez. J’ai rien à voir. Après je suis pas "teubé" non plus. Je sais que j’ai fait des erreurs. Désolé de vous avoir parlé comme ça".
L'assesseur : "Il n'y a pas de raison d’être désolé".
Et l'audience est suspendue.
L'audience reprend avec une témoin à la barre longs, une jeune fille de 25 ans, longs cheveux rouges, un air de personnage manga. "Je connais Monsieur Nezar. Je le connais pas beaucoup". Elle l'a connu deux trois semaines avant son interpellation à lui.
La témoin aux cheveux rouges, d'une petite voix enfantine : "On avait un ami en commun". Un soir, avec Nezar Mickaël Pastor Alwatik, "on était tous ensemble, on a regardé un film d’horreur". Une soirée "très amicale".
Elle a passé deux soirées avec Nezar Mickaël Pastor Alwatik. Le soir du film d'horreur. Et "il m’a invitée au restaurant un soir". Et elle était là quand il a été interpellé.
Elle dit de Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Il fait très rire. C’était quelqu’un de normal. Moi il m’avait fait rire. Il m’avait invitée au resto"
Le président demande s'il y avait des garçons et des filles à cette soirée ? A la différence de l'appartement où hommes et femmes ne se croisaient pas. Elle confirme soirée mixte.
L'assesseur l'interroge sur un sms du 3 janvier 2015, échangé avec Nezar Pastor Alwatik : sms dans lequel elle demandait s'il était salafiste ? Elle ne sait plus expliquer pourquoi. Elle disait qu'elle était "juste Coran"...
L'assesseur demande à la témoin : "A l'époque vous étiez voilée, c'est ça ?"
Oui, dit la jeune fille aux airs de manga, cinq ans plus tard.
Elle précise qu'elle est toujours "pratiquante musulmane".
Elle a été interpellée en même temps que Nezar Mickaël Pastor Alwatik, a "très mal vécu l’interpellation, j’ai eu un choc émotionnel, j’avais passé une bonne soirée"... puis 48 heures de garde à vue.
Après, elle dit qu'elle est la voir la mère de Pastor Alwatik : "Sa maman je l’ai ramassée à la petite cuiller".
Puis la témoin n'a rien à ajouter pour éclairer davantage la cour, et elle s'en va.
Lui succède une nièce de Nezar Mickaël Pastor Alwatik : une jolie jeune femme de 27 ans, elle travaille dans l'événementiel.
La nièce : "Avec mon oncle on a toujours été très proches.
Encore plus à sa sortie de prison en 2013.
Je passais énormément de temps avec lui.
C’est quelqu’un qui a toujours été là pour moi
C’est quelqu’un qui est très attentionné très bienveillant.
Comme un grand frère".
La nièce de Pastor Alwatik dit de son oncle qu'il est "quelqu’un de bien, rigolo, avec la joie de vivre". Elle ajoute : "Je suis de confession juive. On est un peu la famille Benetton. On a souvent échangé sur nos religions respectives. On était très très très fusionnels".
La nièce de Mickaël Pastor Alwatik raconte une période où elle allait très mal, "il m’a tirée vers le haut. C’est quelqu’un que je porte dans mon coeur énormément. Qui est essentiel à ma vie".
Le président l'interroge sur le désir de fonder une famille de Pastor Alwatik ? La nièce dit : "Il a toujours eu besoin d’avoir des enfants. A défaut d’avoir (bien) connu son père.
Je pense que c’est toujours très important pour lui.
Construire sa vie, quoi."
La nièce de Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Il respectait ma religion, comme nous on respectait la sienne".
La nièce, 8 ans plus jeune que Pastor Alwatik, explique qu'elle pratique sa religion, le judaïsme, et son oncle fêtait des fêtes juives avec elle.
On interroge la nièce sur le mariage de son oncle avec une salafiste. "Moi je savais pertinemment qu’on peut pas devenir religieux à ce point du jour au lendemain. Quand elle lui a enlevé la télé, on en a ri. On peut pas changer une personne comme ça".
La nièce ajoute : "Je savais qu’il allait pas être heureux quoi. S’il s’est marié, je sais que c’était pour construire une vie de famille. Je sais qu’il s’est marié avec elle, uniquement pour construire une famille. Il s’est marié avec elle par défaut".
Elle est interrogée sur l'ordinateur qu'elle avait donné à son oncle. Un vieux Mac Book. Elle ne sait plus s'il marchait bien ou pas. Elle lui a donné à l'automne 2014.
Ordinateur qui a disparu après les attentats. Hier, Pastor Alwatik a dit qu'il l'avait en fait vendu juste après les attentats. A un certain Salah, dont il ne connaît ni le nom de famille, ni l'adresse exacte. Une version différente de celle qu'il avait donnée jusqu'alors.
Me Cechman interroge la nièce sur la "duplicité" de son oncle. La nièce peut difficilement répondre à une telle question.
Un autre avocate de parties civiles lui demande si elle parlait des actes antisémites avec son oncle. Elle dit : "on méprise ce genre de personnes, lui aussi".
L'avocat général lui demande comment elle appelle son oncle : Nezar ou Mickaël ?
La nièce : "je l'appelle Mimi".
D'autres amis d'enfance l'appelaient "Micky".
Marie Dosé, avocate de Nezar Mickaël Pastor Alwatik depuis sa première incarcération, interroge la nièce. Son oncle était-il plus religieux en sortant de prison ? Pour être tout à fait honnête, pas du tout. J’ai retrouvé mon tonton Mimi le fou-fou, le rigolo".
La nièce de Pastor Alwatik ajoute : "Il se fait pousser la barbe parce qu’il fait sa prière le matin. Comme nous (ndlr : les Juifs), les hommes se laissent pousser la barbe. J’y vois pas un problème quelconque".
Marie Dosé : "est-ce qu'il a pu vous tromper ?"
La nièce de Pastor Alwatik : "C’est impossible.
Il a pas pu nous tromper de la sorte.
Et au-delà de ça, quand on est radical, on le cache.
Pourquoi se laisser pousser la barbe devant nous si on veut pas éveiller les soupçons ?"
La nièce de Pastor Alwatik ajoute : "On ne peut pas mentir H24, sinon il se serait éloigné de nous".
Et dit "on a toujours été très fier de cette famille recomposée. Je pense pas que c’était une quête identitaire", pour son oncle.
La nièce a la voix qui se tord, quand elle évoque comment elle a appris à la télé, que son oncle serait mêlé à l’Hyper Cacher. Ca a été très dur. Car nous on était en deuil par rapport à votre communauté. On me retirait mon oncle, ça a été très douloureux pour moi, à vivre".
Et la nièce de Nezar Mickaël Pastor Alwatik quitte la barre. Son oncle sort les mains par le trou de la vitre de son box. Elle vient toucher une main, la serre, embrasse cette main, et repart. Dans son box, Pastor Alwatik ferme un poing, baisse la tête, paraît désemparé.
Sur un écran, apparaît le visage du psychiatre Roland Coutanceau, qui a expertisé Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "QI supérieur, 110. Restitution structurée. Bonne capacité à apprécier les situations. Quelqu'un d'assez vivant. Assez spontané. Très direct. Avec un côté ludique".
Le docteur Coutanceau note que Pastor Alwatik a besoin d'être aimé, veut séduire, et quand on séduit, "on peut devenir manipulateur" dit le docteur.
Le docteur Coutanceau ajoute : "sujet jeune, pas d'addiction, aucun élément ordre psy qui aurait pu abolir ou altérer le discernement".
Pendant que le psy parle dans les écrans télé qu'on voit au-dessus des boxes, Nezar Mickaël Pastor Alwatik baisse la tête. D'autres accusés ricanent derrière leurs masques.
Le docteur Coutanceau parle aussi de l'accusé Saïd Makhlouf, qui fumait "un certain nombre de pétards par jour, niveau intellectuel dans la bonne moyenne, la mémoire fonctionne parfaitement". Lors de son interrogatoire, Makhlouf s'était excusé d'avoir une mauvaise mémoire...
Ce moment où Me Zoé Royaux demande au psychiatre Coutanceau ce qu'il a pensé de la barbe de l'accusé Makhlouf, "une barbe qui ne serait pas celle de Robert Hue" dit-elle...
Une nouvelle témoin arrive à la barre, robe noire et veste en jean, trouée et déchirée. Elle connaissait "Nezar". Elle ne connaît pas grand chose de lui, "pour moi, c'était quelqu'un de bien". Elle ne connaissait que son prénom, celui-là, pas Mickaël.
Elle a connu "Nezar" par son beau-frère, elle était célibataire, lui sortait de son "divorce-répudiation", ils se sont vus deux trois fois, elle ne sait plus trop.
"Dans quel contexte ?" demande le président.
Le président insiste : "Est-ce que vous l'avez vu seule, sans votre beau-frère ?"
Elle dit non.
Le président : "Comment l'avez-vous trouvé ?"
Et encore : "Est-ce qu'il y a des choses qui vous gênaient un peu chez lui ?"
Elle répond par monosyllabes.
Le président : "Est-ce que vous savez s'il était pratiquant ?"
Elle dit qu'elle était musulmane. Que rapidement il lui a demandé de trouver "des meufs".
Le président, étonné : "ah bon..." ?!
La témoin à la barre ne se souvient plus de grand chose. Le président lui rafraîchit la mémoire. Mais on n'apprend pas grand chose de cette témoin. A part qu'elle avait déclaré que Pastor Alwatik écoutait du rap, il y a cinq ans.
Me Marie Dosé fait remarquer à la témoin que Nezar Mickaël Pastor Alwatik l'a déjà vue seule avec une cousine, donc mixité possible. Car la cour cherche à vérifier si l'accusé acceptait la mixité ou pas, les rigoristes refusant cette mixité. La témoin ne sait quoi dire, et part.
L'assesseur demande à Nezar Mickaël Pastor Alwatik de se lever et de réagir à un rapport pénitentiaire qui dit que l'accusé n'adhère pas au djihadisme violent mais pourrait être dans la "dissimulation".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik raconte son arrivée en prison en janvier 2015 : "On me met à l'isolement. 1ère chose que je fais, je rase ma barbe. Pas par envie. Mais j’ai l’impression que chaque geste que je fais, prière ou Salam
à un ami, va être tout de suite mal interprété".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Dès que j’arrive à l’isolement, j’arrête de prier en fait. Je suis devant la télé, je fume du shit, je suis comme quelqu'un qui traverse... avec toutes les complexités de l’isolement".
Puis il raconte son transfert dans un QER (Quartier d'Evaluation de la Radicalisation) à Osny, "j’ai tout fait pour pas aller au QER, je voulais pas être mélangé avec les barbus, quand on va au parloir y a dix surveillants qui vous accompagnent, ça me replonge dans l’isolement".
Pastor Alwatik : "Après, on me dit je sais pas s’il est authentique, il chante du rap. Le bureau des surveillants au début du couloir, j’étais la cellule à côté ! Je suis quelqu'un d'extraverti, quand j’ai envie de chanter, je chante".
Pastor Alwatik poursuit : "quand j’ai envie de pleurer je pleure, de rigoler, je rigole", sans tenir compte du surveillant. Pastor Alwatik dit qu'il n'est pas "un comédien, j’arrive pas à leur faire entendre".
Depuis, Nezar Mickaël Pastor Alwatik dit qu'il préfère rester à l'isolement, comme ça, "je fais pas d’autre rencontre, je m’occupe de ma famille et moi-même et c’est tout".
Sa principale avocate Marie Dosé l'interroge sur le rapport du QER qui conclut "il en fait beaucoup pour démontrer qu’il n’est plus dans la radicalité".
Pastor Alwatik : "Moi je veux que les gens m'aiment bien donc j'essaye de faire du bien pour que les gens m'aiment bien".
Nezar Mickaël Pastor Alwatik : "Si on m’aurait (sic) juste cru un petit que j’aurais (sic) été innocent, on m’aurait jamais traité comme ça".
Son avocate Marie Dosé : "Innocent de quoi ?"
Lui : "Ben de tout ce qu’on m’accuse".
Son avocate Marie Dosé fait remarquer qu'il a arrêté de prier en prison pendant environ 2 ans.
Nezar Mickaël Pastor Alwatik résume : il a passé près de dix ans en prison. Et l'avocate souligne cette sorte de spirale-impasse : le rapport pénitentiaire écrit qu'il s'inquiète de sa connaissance du système carcéral...
Son avocate lui demande s'il a déjà fait confiance à quelqu'un en détention ? Il dit s'être longtemps moqué des psys, en a rencontré une à qui il s'est ouvert et on lui a enlevé, dit-il, sans expliquer clairement.
L'audience s'achève ainsi pour ce jour 31. Compte-rendu web @franceinter à venir dans la soirée...
Et voici le compte-rendu web @franceinter de ce jour 31 au procès des #AttentatsJanvier2015, avec les dessins de Matthieu Boucheron.
franceinter.fr/justice/la-col…

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14 Oct
Jour 32 au procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, la cour va interroger l'accusé Mohamed-Amine Fares, fils de l'employeur de l'accusé Saïd Makhlouf. Ils sont voisins de box à ce procès.
Et (re)voici le compte-rendu d'audience web @franceinter du jour 31 avec les dessins de Matthieu Boucheron.
franceinter.fr/justice/la-col…
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9 Oct
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franceinter.fr/justice/l-accu…
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#AttentatsJanvier2015
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