Jour 42, au procès des #AttentatsJanvier2015. L'interrogatoire du principal accusé, Ali Riza Polat, va se poursuivre toute la journée.
Voici le compte-rendu d'audience de la journée 41, avec le premier jour d'interrogatoire du volubile et impulsif Ali Riza Polat.
franceinter.fr/justice/ali-ri…
Ali Riza Polat se relève, dans un coin de son box, mains jointes sur la barre. Il porte aujourd'hui une chemise couleur lie de vin.
Le président lui parle d'une voix calme. "Vous vous dites, comment vous pouvez être complice" des frères Kouachi ? Complicité que Polat a niée hier, disant qu'il ne connaissait pas les frères Saïd et Chérif Kouachi, seulement Amedy Coulibaly, son ami de Grigny.
Mais "on sait que ces attentats sont concertés et synchronisés" dit le président, Régis de Jorna. Concertation revendiquée par Amedy Coulibaly lui-même mais aussi le magazine d'Al Qaïda, Inspire. #AttentatsJanvier2015 commis au nom de Daech et AQPA.
Et donc, poursuit le président : celui qui participe à une action participe à l’autre. Et "la logistique Kouachi, on ne la connaît pas. On connaît les auteurs. Sauf qu'il y a des liens", dit le président. Toujours sur la concertation et synchronisation...
Et le président parle de cette communication du "7 janvier par sms, entre Amedy Coulibaly et les frères Kouachi. Un sms considéré comme le top départ des opérations."
Pour l'Hyper Cacher, dit le président, "la logistique a été déléguée" par Amedy Coulibaly. "C’est pas lui qui a été faire les courses. Chacun avait son rôle. On l’a vu pour l'achat de la Scenic, gilets tactiques, ect".
Le président : "Les armes, on sait d’où elles viennent. De Claude Hermant, avec toute cette chaîne qu’on essaie de reconstituer..."
#AttentatsJanvier2015
Le président à Polat : "Votre rôle est important. 478 échanges avec Amedy Coulibaly entre le 22 novembre 2014 et le 7 janvier 2015. Vous apparaissez comme le bras droit de Coulibaly". Coulibaly qui "a su créer une situation de dépendance avec ceux qui lui étaient redevables".
Ali Riza Polat : "Ouais, vous m'avez posé une question, déjà bonjour. C'est même pas une question vous avez tout retracé !"
Le président : "C'était une question".
Ali Riza Polat : "Je comprends pas être le bras droit d’un type qui tabasse tout le monde". Il poursuit : "Comme les attentats ont été préparés en concormittance (sic)..."
Ali Riza Polat tente de démontrer d'une voix très calme qu'on ne lui connaissait pas, que les démonstrations des enquêteurs ne tiennent pas forcément, il parle de l'accusé qui l'a balancé, Willy Prévost, "38 versions, il a une manière bien à lui de collaborer avec la justice !"
Le président tente de l'arrêter dans le flot de paroles qui commence.
Ali Riza Polat : "Monsieur le président, je peux finir la question s’il vous plaît, parce que regardez, là, je suis bien lancé"…
Et calmement, Polat, demande : "Si vous m’autorisez, j’ai toute la journée de Coulibaly" ? Et il lit les papiers des enquêteurs retraçant la journée du 6 janvier 2015, lors de laquelle il aurait accompagné Coulibaly, Coulibaly en moto et lui en Seat avec des gilets tactiques...
Et Polat tente de prouver que le 6 janvier, il n'a pu accompagner Coulibaly jusqu'à Gentilly, 20h46, et rendre la Seat à l'agence de location à 20h59 à Orly ? Mathématiquement impossible, selon Ali Riza Polat.
Ali Riza Polat : "Y a des problèmes dans le calcul, dans les maths".
Le président tente de parler.
Polat : "Aujourd’hui c’est mon jour, laissez-moi m’exprimer !
Il y a un problème dans l’énoncé.
Y a trop de véhicules pour le nombre de personnes !"
Ali Riza Polat s'énerve contre Willy Prévost, dans le box d'en face, celui qui l'a balancé en garde à vue, "ce mensonge-là, il a l’a commencé en garde à vue", dit Polat.
Ali Riza Polat : "Ce problème de maths ça fait cinq ans et demi qu’il trotte dans ma tête. Je sais que c’est un mensonge".
Ali Riza Polat à propos d'Amedy Coulibaly : "Vous dites que je suis son bras droit. Mais ce garçon il est grand. Il a pas besoin de moi !"
Ali Riza Polat : "J’ai travaillé la téléphonie bien comme il faut. A chaque fois que Willy Prévost va acheter des choses, moi je suis pas là. Je traîne à Grigny.
Comment je peux donner des ordres (à Prévost) à 5 km de là ?"
Dans le box d'en face, Willy Prévost a la tête entre ses genoux pour ne pas voir Ali Riza Polat qui parle de lui.
Le président veut savoir l'origine du contentieux entre eux deux.
Ali Riza Polat se souvient que Willy Prévost l'appelait "le gros de Grigny", et il parle de sa rencontre avec lui et Amedy Coulibaly, autour d'escroqueries, Polat aurait un jour pris la défense de Prévost. Prévost qu'il déteste aujourd'hui, de l'avoir balancé en garde à vue.
Le président s'étonne que lors de la confrontation face aux juges d'instruction, Polat a juste dit "c'est faux", "pourquoi vous avez pas donné toutes les explications ?" Polat dit qu'il voulait alors garder le silence.
Polat dit qu'à ce moment, il n'a pas balancé. Pourquoi maintenant ? "J’ai commencé à balancer quand l’énergumène qui est venu" (un témoin à la barre hier), "ils ont vraiment tué le petit !" Affaire en cours, dans laquelle Polat semble être pris au sérieux dans ses déclarations.
Ali Riza Polat au président : "Je vous ai sorti un problème que vous n’avez jamais trouvé ! On va faire un jeu". Et il revient à la journée du 6 janvier 2015 lors de laquelle il veut démontrer l'inverse de ce qu'a dit Prévost.
Le président : "On saura jamais !"
Ali Riza Polat : "Si, si, la personne que vous avez elle est juste en face", Prévost, qui se cache beaucoup dans son box. Polat : "Y a un problème dans l’énoncé. On va sortir la vérité, la vraie vérité, pas la vérité judiciaire !"
Le président : "Pourquoi Willy Prévost vous met-il faussement en cause ?"
Polat : "Ben c’est simple, il se dédouane. Là je viens de vous montrer qu’il mentait il y a 2 minutes. On appelle ça un dédouanement".
Le président : "Pourquoi ?"
Polat : "Ben pour se protéger lui !"
Polat dit souvent "ouais, ouais, ouais, y a pas de problème", quand le président l'interrompt. Et il reprend, toujours plutôt calmement, discours plus construit et moins impulsif que les autres jours.
Sur le banc des parties civiles, quelques avocats grognent et voudraient que l'accusé parle moins. Le président tente donc de plus le couper. Mais c'est pas simple. Me Cechman : "Est-ce qu'on peut séquencer Monsieur le président car on commence à avoir mal au crâne !"
Le président, agacé, lui rétorque sèchement : "Vous avez peut être mal au crâne mais moi aussi !" Le ton monte.
Et Polat, qui avait grimpé de quelques décibels, tente de redescendre un peu. Le président poursuit son interrogatoire, voix calme.
Et Polat remonte le ton, s'en prend à un autre accusé, Karasular, il dit qu'il ment, que je l'ai pas payé, "je l’ai payé ce clochard, ce sac à m... !"
Le président gronde : "vous respectez les autres !"
Polat : "Je parle pas de lui je parle de l’autre frère barbu, le muslim !"
Polat dit qu'il n'a presque jamais appelé Karasular.
Le président rétorque : "131 communications !"
Polat : "Entrantes ou sortantes ?"
Le président : "Peu importe"
Polat : "Ah ben non, pas peu importe moi j’ai parlé des sortantes. A chaque fois Karasular m’appelle !"
Polat : "Moi y a jamais eu d’armes ! Ces gens-là, quand ils m’accusent, il y a plusieurs versions." Il parle d'autres accusés du box d'en face, Abbad, Karasular. "Karasular, il m'a dit je suis cousin, je suis pas son cousin".
Les armes dont il est question, serait des armes soi-disant rouillées, que Polat aurait récupérées dans un sac, via les autres accusés, Abbad, Martinez, Karasular. Mais Polat affirme qu'il n'a jamais vu ces armes.
Polat : "Le jour où j’ai vu Hermant" (le trafiquant d'armes lillois, arrêté), "je rigolais tout seul dans ma cellule, je me dis c’est bon, ils ont trouvé le vrai !" Hermant n'a pas été jugé pour les #AttentatsJanvier2015, pourtant l'arsenal de Coulibaly vient en partie de lui.
Et Polat dit que plein de co-accusés ont menti sur lui, chez la juge d'instruction, "tous les trois mois, bonjour madame la juge", avec une nouvelle version.
Et "on me force prendre des choses sur le dos ! Mais pourquoi je vais les dédouaner ?"
#AttentatsJanvier2015
Et Polat a tendance à mener son propre interrogatoire, propose à la salle de retrouver le PV dont il veut parler : "La cote D57/23 pour tout le monde..."
Sur le banc des parties civiles : "Oh là là !"
Le président : "ouais"...
Le président parle des puces que Coulibaly avaient données à Chérif Kouachi, Polat, et d'autres co-accusés. Puces venues d'une même "flotte", elles ont été achetées ensemble. Pour des complices ? Polat jure qu'il ne pouvait pas savoir que sa puce venait de cette flotte.
Ali Riza Polat, à la cour d'assises spéciale : "Vous dites, je suis le bras droit. En fait, Coulibaly est mort, les Kouachi sont morts, faut bien que quelqu'un paye ! Je comprends pas votre thèse !"
#AttentatsJanvier2015
Et le président a encore une question, Polat commence à répondre, et dérape, face à l'accusé d'en face, Prévost. Prévost traite Polat de "gros porc".
Polat rétorque : "grosse merde".
Le président gronde : "ça suffit !"
Audience suspendue, dix minutes.
L'audience reprend. On entendrait presque une mouche voler. Le président, en plus, a son micro qui ne marche plus. On tente de résoudre ce souci technique. Polat s'est assis.
Retour du micro. Le président demande à Polat pourquoi il s'est emporté un jour, en apprenant qu'il irait dans un quartier de radicalisation, à Osny ?
Polat : "Moi la juge elle sait que je suis pas radical, elle me dit je vais aller là-bas". Il s'est énervé.
Polat dit que tout le monde peut s'énerver...
Qu'au QER (Quartier Evalution de la Radicalisation), à Osny, "ça s'est super bien passé en plus". Après, "j'ai terminé à l'isolement à la Santé, j'ai pas compris".
Le président lit un rapport pénitentiaire "émaillé d'incidents disciplinaires". Le rapport note le "parler franc, direct, spontanéité et absence de filtre qui ont pu le desservir dans certaines situations". Entre autres injures.
Après un incident, il est privé de couverts, sauf en plastique.
Polat : "Ouais c’était une petite punition, mais je mangeais que des sandwichs à ce moment-là"
Le président poursuit la lecture : pratique irrégulière de la religion, ancrage parcours de droit commun, absence de prosélytisme religieux. "Ca vous correspond ?"
Polat : "Ouais ça me correspond, y a pas de problème !"
Le président : "Est-ce que vous reconnaissez ce manque de maîtrise ?"
Polat : "Ouais, mais avant j'étais pas comme ça, c'est l'accumulation, la frustration".
Il parle de l'incident avec une psychologue qui voulait lui faire le test de Rorschach. Elle lui a parlé religion. Il lui a expliqué : "Je sais pas lire l’arabe. Le Coran je l’ai acheté à la Fnac 5 euros". Puis le ton serait monté.
Le président lit ce qu'a dit la mère de Polat dans un rapport : parcours de délinquant de son fils "commencé à 15 ans, dans lequel il s'est épanoui".
La mère parle des rêves de son fils : être avec "une fille cultivée genre bobo parisienne et faire le tour de l’Ecosse".
Rires dans la salle d'audience.
Polat : "Vous croyez que je vous mens ?
Mais c’est la vérité !"
Puis, "je vais reprendre de la drogue, je vous le dis !"
Le président l'interroge sur ce parcours de vrai délinquant de droit commun.
Polat : "Ouais ouais je me reconnais. Je suis prêt à faire beaucoup de choses mais je suis pas un assassin".
Une assesseuse a une question sur les armes qu'il comptait chercher pour un braquage. Polat reconnaît pour le braquage, lui qui a dit peu avant qu'il n'était jamais armé...
Et Polat explique comment il avait un temps imaginé ce braquage de fourgon avec une kalachnikov ! Comment il a proposé son plan à "deux petits" de ma cité, "tu coupes une route avec un camion"... Et le petit aurait renoncé pour ne pas "prendre cinq ans".
Le président : "Si vous faites une recherche internet, vous verrez certains braqueurs célèbres se sont pris 25 ans !"
Polat veut continuer à parler de braquages.
Le président : "On est pas là pour faire l'apologie du parfait braqueur !" Et l'audience est suspendue jusqu'à 14h.
Et l'audience reprend avec Me Cechman, avocate de victimes de l'Hyper Cacher qui s'excuse pour son "moment d'égarement" quand elle a perdu son sang froid tout à l'heure disant qu'elle avait "mal au crâne". Elle s'excuse platement. "Ca va mieux en le disant", dit le président.
Et elle attaque ses questions à Polat, avec une petite voix doucereuse. Elle lui parle d'une liste de munitions qu'il a écrites. Pas d'armes dans la liste. Donc, il avait les armes déjà, dit l'avocate.
Polat répond : "ça c'est des sous-entendus mais non. Je demande juste le prix à peu près. Je demande des détonateurs pour faire péter des portes". Les portes de sa banque, à Grigny. Il dit que la liste date de septembre 2014.
Elle lui demande s'il est déjà monté dans l'appartement de Coulibaly à Fontenay-aux-Roses ? Non, jure-t-il. Elle s'étonne qu'il n'y soit pas allé. Elle dit qu'il y avait un drapeau de l'EI. Polat lui fait remarquer qu'on n'a jamais retrouvé son ADN à Fontenay, alors ?!
Et Polat : "vous allez me reprocher de ne pas être monté ?"
Me Cechman : "je ne vous reproche rien, je vous pose des questions"
Polat : "okay !"
Me Cechman s'étonne de voyages de co-accusés Belges et Ardennais en France le 3, quand Polat va en Belgique.
Polat répète que le 3, il est allé chercher les sous manquants pour la Mini Cooper. Pas d'armes.
Et il lui rétorque qu'il n'a pas croisé les autres, venus en France, lui demande où ils ont borné, lui prend l'exemple : c'est comme si quelqu'un borne sur le périphérique et vous au tribunal, vous le rencontrez pas !!!
Et Me Cechman lui parle de lignes conspiratives, et Polat répète la même version. Et l'avocate s'énerve et dit "je veux pas perdre mes nerfs encore une nouvelle fois".
Polat rétorque qu'il ne peut pas lui dire juste ce qu'elle veut entendre et qui n'est pas sa vérité à lui.
Polat: "Madame, c’est quelle réponse que vous voulez ?
Vous voulez que je vous dise quoi d’autre ?
Vous dites que le 4 Coulibaly déplace une valise avec des armes. Vous voulez dire que le 3 on a ramené cette valise d’armes ?Je vous dis on est allé chercher l’argent des voitures"
Me Cechman lui parle d'un site sur lequel il est allé et Polat la coupe direct : "C’est un homonyme qui habite à Ris Orangis. Il s’appelle Polat Ali. J’aurais aimé qu’il soit à ma place dans ce box, excusez-moi"...
L'avocate est interloquée.
Polat : "Reprenez D5574..." le PV...
Polat : "On vous dit la vérité mais ça ne vous plaît pas !"
Me Cechman s'énerve, de plus en plus.
Polat, voix posée : "Mais pourquoi vous vous énervez ?
D’habitude c’est moi qui suis énervé et là je réponds à votre question".
Et elle finit par se rasseoir, excédée.
Une autre avocate, Me Szwarc s'attaque à son tour à l'accusé Polat, qui semble à l'aise face aux robes noires, volubile à souhait, il a réponse à tout, mais pas les réponses qui plaisent aux avocats. Polat note : "Vous essayez de me piéger".
Polat : "Vous m'entendez pas. Vous pensez que je vous mens ?!"
Me Szwarc l'interroge sur les photos et recherches sur le djihad retrouvées sur iPad.
Polat : "C’était quelques semaines avant mon interpellation.
J’y suis allé sur twitter. Tu cliques. Par exemple Le Parisien, ou Romain Caillet. Et je lis. C'est pas autre chose, rien d'autre".
Et Me Szwarc reparle de cette pomme d'amour que Polat a achetée le 29 janvier à Bastille. Hommage à Coulibaly ? Qui mangeait les mêmes ici. La veille Polat est allé devant l'Hyper Cacher, le 28 janvier. Autre hommage ?
Polat se justifie ainsi. Le 28, il serait allé chercher une prostituée à Bagnolet, l'aurait ramenée et au détour, serait passé devant l'Hyper Cacher, "pour comprendre" ce que son ami Coulibaly avait fait. Sa version.
Et le 29 janvier 2015, il aurait déposé son petit frère au boulot puis au détour aurait mangé une pomme d'amour à Bastille. "Ne tournez pas les choses comme ça s’il vous plaît !" Il dit que c'est à la "manière de la SDAT" cette façon de penser.
Me Maktouf a une question sur la religion, la conversion à l'islam.
Polat dit, dans son box : "ça me faisait des boutons, le porc. Des boutons blancs. Je mangeais beaucoup de charcuterie. J’ai arrêté de manger du porc, les boutons ils sont partis !"
La salle d'audience rit.
Un autre avocat de parties civiles se lève, demande à Polat s'il fait exprès d'avoir cette stratégie de contournement, "une stratégie de défense pour noyer le poisson ?"
Polat : "Mais vous voulez que je vous dise que le 3 je suis allé chercher une kalach ? Le problème, c'est Hermant. Vous avez trouvé un lien de moi à Hermant ?
Non, je vais pas dire un truc que j’ai pas fait !"
Hermant, le trafiquant lillois qui a fourni une partie des armes...
Et Polat se met à parler en utilisant un subjonctif qui sidère la salle : "Vous voulez des réponses qui vous satisfassent !", dit-il aux robes noires.
Et Polat se plaint qu'on lui "impute des choses mais c'est faux !" martèle-t-il, mains sur la barre de son box. Il a l'air très à l'aise dans ses réponses, répond du tac au tac, depuis des heures, d'une voix tranquille face à la ribambelle d'avocats qui s'agacent de ses réponses.
Une avocate de parties civiles lui demande pourquoi il a eu l'idée de donner l'argent qu'il est allé chercher en Belgique à la famille de Coulibaly alors qu'il était à l'Hyper Cacher ?
Polat : "Ben il était pas mort"
Elle lui demande s'il a voulu à rendre hommage à un martyr ?
Polat, à l'avocate : "Laisse tomber"
Me Senyk, avocate de nombreuses victimes de #CharlieHebdo reparle de l'écoute téléphonique dans laquelle sa mère aurait dit qu'il la traitait de "mécréante".
Polat : "C'est les termes de deux personnes qui détestent l'islam", sa mère a dit hier qu'elle n'aimait pas les religions.
Me Metzner arrive avec sa question, sur la nuit du 6 au 7 janvier 2015, quand Polat a vu Coulibaly pour lui remettre de l'argent. Ils devaient se voir au Chicken Spot de la porte de la Chapelle, se sont vus près de la BP porte Orléans, à côté du Novotel.
Me Metzner : "racontez-nous ce qui s'est passé à 1h26 du matin cette nuit-là".
Polat : "Je vous ai dit le 6 janvier, je suis parti chercher son argent. Comment tu peux être dans une confidence d'attentats et aller chercher des sous ? Vous dites une cavale. Je ne sais pas ! Non !"
Polat : "Pour moi y a pas d'attentats, y a pas tu vas te faire tuer dans deux jours, et je sais pas pourquoi il m'a donné la puce 02, et à Chérif Kouachi la puce 01 ?"
Me Meztkner demande à Polat s'il avait un surnom, Kemal, comme l'a dit Karasular ?
Polat : "Mon surnom à la cité c'est Chicko, le gros, y a pas d’Ali Kemal, frère !" dit-il à l'avocat.
Un avocat de parties civiles a une question sur Coulibaly qui a revendiqué ses attentats au nom de l'EI, l'avocat pense qu'il a choisi ceux qui partagent ses idées pour la logistique.
Polat : "Mais moi je fréquente Coulibaly en tant qu'ami depuis 2007. Et pas en tant que EI !"
L'avocat : "Il n'a jamais tenté de vous recruter ?"
Polat : "Mais jamais de la vie ! Moi j'ai pas envie de mourir, monsieur ! Pourquoi il me le proposerait ? Il sait que j'ai pas envie de mourir ?"
L'avocat : "Donc vous en avez parlé avec lui ?"
Polat : "Je suis pas de l'EI !"
Le même avocat n'en finit pas de poser des questions qui tournent en rond, parle du "discours de rupture" de Peter Cherif, un commanditaire présumé des #AttentatsJanvier2015 qu'on a vu en visio depuis sa prison (il a été arrêté trop tard pour être jugé à ce procès)
Polat, du tac au tac: "Lui c’est réellement un terroriste. Qu’est ce que vous voulez que je pense ?
C’est lui qui devrait être là, à ma place.
Parce que les Kouachi il les connaissait ! Je ne comprends pas pourquoi il est pas dans ce box !
Moi je suis pas dans cette idéologie !"
L'avocate générale pose à son tour des questions. Et Polat : "Excusez-moi de vous couper", mais la magistrate se laisse peu couper la parole.
Elle parle de sa conversion à l'islam, printemps 2014, à la sortie de prison de Coulibaly, coïncidence ?
Polat : "Il sort de prison en mars.
Je me convertis en mai.
Et un mois après y a l’#EI.
Elle est où la corrélation ?"
Et Polat redit : "J’ai acheté un livre comment faire la prière pour les enfants".
La magistrate qui porte l'accusation : "Vous nous l'avez déjà dit". Elle ne se laisse pas embarquer dans les réponses fleuves de Polat.
La magistrate le rappelle à l'ordre : "Ne criez pas !"
Polat : "Je crie pas, je hausse le ton".
Et Polat, qui tout à l'heure, a utilisé un subjonctif présent, se remet à parler grossièrement d'un "caïd de proxénète de mes couilles".
La magistrate interrompt Polat quand il part dans ses réponses ultra détaillées qui nous emmène dans des histoires dans l'histoire. "Je vais finir par croire que vous voulez pas me répondre" dit la magistrate qui coupe court et change de question quand il dérive.
Parfois, la magistrate lui dit : "Monsieur Polat, vous êtes encore avec nous ?!"
L'avocate générale, qui le coupe beaucoup puisqu'il poursuit avec ses réponses fleuves : "Monsieur Polat, vous savez je suis assez têtue de nature !"
Polat : "Oui, oui, moi aussi"
Elle : "Je prendrai le temps qu'il faudra"
Lui : "Oui, oui, prenez !"
Et elle répète souvent : "Monsieur Polat, la question n'est pas là ! Concentrez-vous !"
Polat : "Je suis concentré".
Polat n'hésite pas à dire à l'avocate générale : "Il faudra travailler la journée du 6 s'il vous plaît !", la journée du 6 janvier 2015 sur laquelle elle l'interroge, il n'est pas d'accord avec elle.
Elle : "Non, on ne va pas refaire le 6, ça fait 20 fois que vous l'expliquez !"
Cela fait des heures que Ali Riza Polat parle sans discontinuer ou presque. Avec un calme relatif depuis ce matin, hormis les volées d'insultes, mais il ne peut s'empêcher de parler fort, avec un niveau de décibels si élevé qu'un co-accusé semble avoir mis des boules Quies.
Et l'avocat de Willy Prévost se lève, et le ton monte avec Polat qui lui dit qu'il dit n'importe. L'accusé et l'avocat se crient dessus. Le président : "Monsieur Polat, baissez le ton".
Me Hugo Lévy, avocat de Willy Prévost (qui a balancé Polat) : "Je vais vous faire un compliment, vous avez raté votre carrière, vous auriez pu être un redoutable avocat !"
Polat, flatté : "Merci, mais je me défends pour moi tout seul, je veux pas défendre les autres".
Et je fais ici une pause dans ce LT, pour aller bientôt à l'antenne 📻 de @franceinter. A suivre ensuite dans la soirée le compte-rendu web de cette 42e journée d'audience. L'audience qui se poursuit encore...
Mais le ton est si fort que le président menace de couper le micro de Polat...
Le président : "svp, parlez calmement !"
Et voici le compte-rendu web du jour 42 avec les jolis dessins de Matthieu Boucheron pour @franceinter
franceinter.fr/justice/quand-…

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