Jour 43 au procès des #AttentatsJanvier2015. Ce matin, les onze accusés présents (11 sur 14, 3 étant en fuite ou présumés morts) vont être confrontés les uns aux autres. Et des insultes risquent de fuser. Il y en a déjà eu hier, avant même la confrontation.
Voici le compte-rendu web du jour 42. franceinter.fr/justice/quand-…
L'audience reprend avec l'avocate de Me Raumel, l'accusé sur un strapontin, qui avait été dénoncé par son ex-compagne venue à la barre. Elle dénonçait des violences conjugales et des menaces sur elle avant le procès.
#AttentatsJanvier2015
Me Clémence Witt, avocate de Christophe Raumel rappelle que son client avait fermement dénoncé ces accusations. "La décision est tombée. Aucune infection a été commise.
Aucune subornation de témoin."
Me Clémence Witt, avocate de Christophe Raumel dénonce le témoignage de l'ex-compagne : "Ce n'était pas le témoignage d’une femme menacée mais une mise en scène odieuse pour détruire un homme qui va être jugé".
Me Clémence Witt, avocate de Christophe Raumel : "Une triple plainte a été déposée ce matin auprès du parquet d’Evry pour faux témoignage, faux et usage de faux. Tout laisse penser qu’une ou plusieurs pièce ont été fabriquées pour nuire délibérément à Christophe Raumel".
Et Ali Riza Polat se lève, interrogé par un de ses avocats. Polat porte aujourd'hui une chemise rose pâle, et parle d'une voix déjà forte. Hier, son niveau de décibels était si élevé que son co-accusé voisin, Amar Ramdani a mis des bouchons de papier dans les oreilles.
Ali Riza Polat, questionné par le jeune avocat qu'il veut qu'il confirme, confirme : "Je n’ai aucun intérêt pour l’#EI ou le djihad ou Al Qaïda ou autre".
Au tour de Me Coutant-Peyre, sa principale avocate, de l'interroger et lui demander s'il n'est pas l'hologramme des Kouachi ?
Polat : "Je dois servir de bouc émissaire. Je comprends pas. Les frères Kouachi, je les ai jamais vus."
Me Coutant-Peyre note qu'on reproche à Polat de ne pas avoir contesté dès le début ce dont on l'accusait. Il dit qu'il n'avait pas été informé, que son précédent avocat, Me Vinay "avait eu des problèmes". Et donc un temps, Polat n'a plus vraiment eu d'avocat.
Me Coutant-Peyre lui demande ce qu'il pense du fait qu'un frère Kouachi est allé au Yémen s'entraîner dans un camp d'Al Qaïda alors que Peter Cherif, commanditaire présumé des attentats contre #CharlieHebdo était là-bas. Chérif Kouachi était pourtant suivi judiciairement.
Polat répond : "Je comprends pas, ils ont pas fait leur travail, les policiers !"
Polat reparle de Claude Hermant, le trafiquant d'armes lillois. Une partie de l'arsenal de Coulibaly vient d'Hermant via des intermédiaires mais Hermant n'a pas été jugé dans ce procès.
Polat : "500 armes et on sait que ces gens là sont dehors, c’est grave. Je comprends pas."
Polat : "Je n’ai aucune carte ni Al Qaïda, ni #EI. Je suis pas un terroriste. J’ai rien préparé et après les attentats, tout part en vrille dans ma tête quand je vois que c’était Coulibaly. Je n’ai rien fourni du tout pour les attentats".
Me Coutant-Peyre dit de son client : "Vous êtes quelqu'un de fier et de pudique..." Une pudeur qu'on a absolument pas perçue en deux mois de procès !
Polat : "Je suis pas comme ça d'habitude, mais cette peine de prison j'accepterai jamais".
Et l'avocate lui demande ce qu'il fera "une fois que vous serez acquitté"... Sachant qu'il avait dit dès le début du procès qu'il allait faire "encore pire" dans le banditisme !
franceinter.fr/justice/je-vai…
Polat, au jour 43 du procès : "Je suis pas un assassin pour de vrai. C’était pour faire le malin, je me suis calmé, on m’a jamais attrapé armé, je me suis calmé monsieur."
Et Polat promet : "Je vais me calmer !"
La salle d'audience fait la moue, sceptique.
Et la cour rend des arrêts sur des questions pour lesquelles elle avait été saisie. Le président annonce aussi qu'il faudra passer outre l'audition de Djamel Beghal, mentor des frères Kouachi expulsé en Algérie au terme de sa peine de prison en France et on ne le localise plus !
Me Metzker, avocat de parties civiles s'étonne à la barre. S'inquiète : "Il est libre ?"
Le président : "Euh, oui..."
Djamel Beghal avait été expulsé en Algérie en 2018.
franceinter.fr/societe/beghal…
Le programme de ce 43e jour d'audience n'est plus celui qui était prévu. Les confrontations entre accusés, que l'on attendait d'autant plus que certains en ont dénoncé d'autres et qu'ils s'accusent mutuellement d'avoir menti, ces confrontations n'auront pas lieu apparemment.
Le président Régis de Jorna les a retirées du dernier planning du matin, en adressant un mail à tous les avocats. Et les avocats ne semblent pas décidés à protester et réclamer ces confrontations avant ce soir. Ce soir, les débats seront en tout cas clos entre accusés.
A partir de demain, commenceront les plaidoiries des parties civiles. Il y a des dizaines d'avocats de victimes de #CharlieHebdo, #Montrouge et de l'#HyperCacher. Ils ont dû s'organiser pour plaider et les négociations entre eux ont été plutôt âpres, semble-t-il.
La cour entend actuellement un témoin en vision, qui parle du fameux sac d'armes caché, qu'il a vu. Ce témoin est un proche d'Abdelaziz Abbad, un des accusés. Il a vu dans ce sac, des armes "aussi vieilles que mon père !"
L'assesseur : "Est-ce que c'est vous qui avez monté le sac ?" Ce sac d'armes. "Qui vous l'a donné ?"
Le témoin : "Aziz" (Abdelaziz Abbad). La deuxième personne il ne veut plus dire que c'était Miguel Martinez (autre co-accusé), comme il l'a dit en garde à vue.
Le témoin dit aujourd'hui qu'il n'est plus du tout sûr que c'était Miguel Martinez qui accompagnait Abdelaziz Abbad le jour du dépôt de ce sac d'armes. Le témoin : "Il faisait nuit, on était dans le couloir, on était capuchés, ça a duré dix secondes".
L'assesseur s'étonne car il n'a pas dit ça en garde à vue.
Le témoin : "Pendant la garde à vue, ils m’ont fait dire que c’est Miguel, aujourd’hui que je ne suis plus contraint, je le connais de nom, mais je connais pas son visage, je peux pas confirmer que c’était lui".
Le témoin ajoute : "Pour moi c’était Miguel parce que c’était un mec costaud, et Miguel il est costaud". C'est tout.
L'assesseur : "Vous aviez dit, j’ai entendu que la famille de Miguel était une famille de bagarreurs, il était barbu. Dans les Ardennes, on dit que Miguel est dangereux. C’est quelqu'un de radicalisé".
Le témoin : "Excusez-moi, c’est moi qui aurais dit ces choses là ?"
Le témoin veut savoir si on a notifié une garde à vue qu'il décrit comme difficile, après un passage aux urgences.
L'assesseur lui demande d'expliquer "rapidement".
Le témoin : "J’allais au boulot, on me saute dans le dos, la SDAT, c'est pas des rigolos. J’ai résisté. Y a un policier qui est tombé, il s’est cassé l’épaule. Ils ont vu un policier voler.
Ils m’ont savaté par terre".
Le témoin se décrit comme "un petit gars de la cambrousse" qui a eu peur en garde à vue pour l'affaire des #AttentatsJanvier2015.
C'est pourquoi il a dit qu'il avait "peur de mourir". En garde à vue. "A un moment, le cerveau, il craque". Mais il affirme qu'il n'a pas eu peur de l'accusé Abbad ou l'accusé Martinez.
Il avait dit aux policiers : "Si je meurs, vous aurez ma mort sur la conscience". Mais donc, répète qu'il n'aurait pas eu peur des accusés. Il dit juste de l'accusé Martinez, qui mesure 2 mètres : "On se prend une tarte par lui, ben on fait trois tours sur soi-même".
Il affirme en tout cas que les armes qui étaient dans le sac étaient vieilles, et n'aurait même pas été utiles "pour braquer un marchand de glaces".
De Miguel Martinez, le témoin avait aussi dit aux policiers qu'il était "barbu", une barbe impressionnante à l'époque, dont il a déjà été question à ce procès, comme une preuve de la radicalisation islamiste de l'accusé Martinez.
Mais le témoin en visio, note : "Moi dans ma famille y a des gens ils sont barbus !"
Il ajoute que dans sa ville des Ardennes : "Y a un gendarme, il a une barbe, elle lui arrive aux pectoraux !"
L'assesseur rétorque qu'à Paris aussi.
L'avocate générale a moult questions sur ces armes. La plupart dans un sac de sport. Et un fusil 22 Long Rifle enroulé dans un chiffon.
Et l'avocate générale revient sur les déclarations du témoin sur la radicalisation qu'il avait confirmée à propos de Miguel Martinez. Le témoin dit que c'est cause de l'enquêtrice de la SDAT qui le pressait de questions alors qu'il "pissait le sang dans son salon" ! Selon lui.
Le témoin : "Dans les Ardennes, y a pas de place pour les radicaux. On a beaucoup de barbus.
Des beaux barbus." Il sous-entend, non radicalisés.
Et il ajoute : "Vous savez les reconvertis (sic), chez nous, ils sont plus sérieux dans l’islam que nous les musulmans de souche".
Le témoin dit : "Si y aurait eu (sic) une kalachnikov, je l'aurais dit" dans le sac d'armes. Il dit qu'il sait ce qu'est une kalach car il "y en a en Algérie". Et il dit que "y en a dans les jeux vidéo".
L'avocate d'Abbad demande au témoin s'il a déjà croisé les frères Kouachi à Charleville-Mézières. Il rit. "Même si je les avais déjà croisés je m’en souviendrais pas !"
Il dit qu'en tant que trafiquant de stup avec Abbad, "on fait dans le shit, on voit des femmes", il "a toujours esquivé" les radicaux, "parce que nous les musulmans on a honte, et il ajoute : "Je considère pas un radical comme un musulman mais comme un fou qui fait des folies".
Et de son box, Polat s'énerve contre "le témoin à deux francs. J'attendais les confrontations moi ! Casse-toi !"
Son avocate, Me Coutant-Peyre tente de le calmer : "Laissez-moi faire !"
Le président demande à Polat de se taire, "sinon on suspend tout de suite !" Et on suspend quand même. Plus de question. Reprise à 14h45.
L'audience n'a pas repris comme prévu à 14h45. Le principal accusé, Ali Riza Polat, a été malade durant la suspension et on attend les pompiers.
Le président revient pour dire que l'audience va être suspendue car Ali Riza Polat "est malade" et "pas en état de reprendre l'audience. Il a été renvoyé dans sa maison d'arrêt pour voir un médecin. Tous les autres accusés renvoyés aussi" dans leurs cellules.
Son avocate, Me Coutant-Peyre, dit qu'il "a été épuisé" après ses deux jours d'interrogatoire. Elle regrette qu'il n'ait pas vu de médecin plus tôt. L'audience doit reprendre demain matin, 9h30, dit le président, si l'état d'Ali Riza Polat le permet.
#AttentatsJanvier2015
Et voici le compte-rendu d'audience du jour 43, avec des imprévus. Et encore un joli dessin de Matthieu Boucheron pour @franceinter
franceinter.fr/justice/l-accu…

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