Thread by @GuillaumeAuda

Jour 13 du #proces13novembre. Les débats ont repris.
Les dépositions de parties civiles se poursuivent. La Cour est à l'écoute en ce début d'après midi des victimes du Stade de France. Suivront celles du bistrot Le Carillon.
#proces13novembre /403

Actuellement à la barre, après une femme nommée Snezana, blessée physiquement, c'est au tour de Mirjana de raconter son enfer. Elle était au McDo à côté du Stade de France le 13 novembre 2015. À la barre, sa voix n'a jamais cessé de trembler.
#proces13novembre /404

Mirjana raconte ce qui la trouble encore, 6 ans après le triple attentat suicide du SDF. "Après l'explosion, les sifflements, l'odeur si forte, j'ai vu de la chair humaine. ça m'a marqué à vie. C'est quelque chose qui me poursuit encore." Elle s'effondre...
#proces13novembre /405

- Prenez votre temps Madame, lui propose toujours aussi sobrement le président de la Cour.
Mirjana inspire et poursuit. Elle explique qu'elle est maman, de deux enfants. Elle raconte ses difficultés de réinsertion. En somme, retrouver une vie normale.
#proces13novembre /406

On réalise collectivement en salle d'audience que ces journées de témoignages vont être longues, intenses, pénibles. Mais nécessaires. Elles concourent à la manifestation de la vérité. Ou des vérités. Tant les souffrances sont éparses, multiples, intimes...
#proces13novembre /407

3ème témoin. Vladimir Buric. Et lui aussi s'effondre. Il pleure. Et rituellement, le président: "Prenez votre temps." Vladimir Buric raconte avoir cherché son ex-compagne après l'une des explosions. "Ce jour là, c'était plus des noms, c'était des chiffres"
#proces13novembre /408

Son ex-compagne, il a fini par la retrouver. Elle a échappé à la mort. Touchée par 17 boulons. "Psychologiquement elle est au plus mal, physiquement je vous en parle pas. Malheureusement on s'est quitté." regrette Vladimir Buric
#proces13novembre /409

Et puis en larmes, pendant son récit, Vladimir Buric se tourne vers Salah #Abdeslam dans son box, le regarde et l'invective :
- Toi t'es un lâche...tu l'as pas gardé ta ceinture hein ?...t'es un lâche...
Frissons. Silence.
Son récit reprend.
#proces13novembre /410

"On est quoi aujourd'hui ? s'interrogeait-il peu un instant plus tôt, la voix éraillée. On est des morts-vivants M. le président. On survit face à l'Etat, pour nos logements, face au fonds de garantie, on survit pour nos enfants..."
#proces13novembre /411

Vladimir Buric apporte une précision inédite dans son témoignage, un élément qu'il n'avait pas fourni lors de ses dépositions. "J'ai entendu le kamikaze dire sa prière. Je m'en rappelle maintenant. J'avais ma cigarette au bec. J'allais l'allumer. Et Boom.."
#proces13novembre /412

Tina Buric à présent. L'ex compagne de Vladimir. Elle livre un élément dingue à la barre. Elle a échangé avec un kamikaze juste avant son attentat.
Il lui a dit : "Ma soeur si tu peux partir, pars ! Pars, car ce soir Paris va cramer..."
#proces13novembre /413

Après l'attentat du 2eme kamikaze au SDF, elle marche vers le McDo. Elle est sure, dit elle, qu'il ne s'agissait pas à ce moment d'1 fuite de gaz . Puis elle repère un homme en casquette, au téléphone, qui disait "Colis posé".
Parle-t-elle d'Abdeslam??
#proces13novembre /414

Tina Buric raconte l'explosion dont elle a été victime. ...Fracture ouverte. Ecrous sous la peau. 6 mois d'hospitalisation. De psychiatrie. Pronostic vital engagé. Ablation du poumon. "Aujourd'hui, j'ai plus de bras, j'ai plus de souffle." lâche-t-elle..
#proces13novembre /415

Puis ces mots de Tina Buri : "J'ai de la colère. Mais qu'est ce que ça va donner ?"
Une devise peut-être. La sienne
"Liberté, Egalité, Fraternité...Laïcité. Vous ne nous empêcherez pas de parler, ni de dessiner, ni d'aller en terrasses, ni de nous aimer"
#proces13novembre /415

Le président Périès questionne Tina Buric sur cet homme à casquette qu'elle a vu, à côté d'une voiture, qui disait au téléphone : "Colis Posé"

- Pour moi c'était Salah #Abdeslam...il était près d'une borne d'arrêt d'urgence, vers l'A86. Je suis formelle"

#proces13novembre /416

L'assesseure du président interroge Tina Buric sur l'un des kamikazes qu'elle dit avoir croisé.
La jeune femme assure qu'un homme lui a acheté l'écharpe du match France-Allemagne. "Je suis certaine que celui qui me l'a offert s'est fait exploser après"...
#proces13novembre /417

Me Ronen, l'avocate de Salah Abdeslam, précise qu' en effet un téléphone a été retrouvé. Celui utilisé par Bilal Hadfi, justement l'un des kamikazes du SDF.
"Peut-être que votre témoignage, madame la témoin, a-t-il été influencé..." conclut l'avocate.
#proces13novembre /418

Un 5ème témoin à la barre. Qui remercie le président de souligner que les attentats du #13novembre2015 concernent également le Stade de France. De nombreuses victimes du SDF ont soulevé ce point. Ce sentiment d'être des victimes "oubliées" en quelque sorte. #proces13Novembre /419

Image troublante. Cet homme, M. Pavlovic, la 50taine, assez sec, témoigne debout. À ses côtés, légèrement en retrait, assise sur un fauteuil roulant, son épouse, cheveux blonds en chignon, essuie une larme.
"C'est une enfant de 5 ans" dit-il d'elle...
#proces13Novembre /420

Le témoin ajoute qu'aujourd'hui, "c'est un légume"...
Lui a perdu une partie de son audition. Il souffre de très violents acouphènes. Et compare son sort à celui d'autres victimes "...Eux au moins ils ont des enfants. Moi j'en aurai jamais. On peut plus..."
#proces13Novembre /421

"Ah oui j'ai oublié de vous dire...je me suis disputé avec les médecins poursuit-il. Je leur ai demandé pourquoi ils m'avaient sauvé la vie...".
Ce que décrit cet homme c'est un quotidien désespéré depuis les attentats au Stade de France.
#proces13Novembre /422

Une vie si morne, entre leur souffrance physique et le sort qui s'acharne toujours et encore. "Ah oui j'ai oublié de vous dire...Son frère de Serbie, il a essayé de kidnapper ma femme pour récupérer l'argent. Chez eux, une pension de 900€ c'est 3 salaires"
#proces13Novembre /423

Il y a dans son témoignage, douleur et mise à nu. Ou le quotidien d'un homme rongé par la tristesse et par l'aigreur. Il parle de sa femme, aujourd'hui hémiplégique, "elle était superbe...aujourd'hui encore... Elle a son p'tit charme, elle est mignonne"
#proces13novembre /424

Il dit avoir "la haine contre la société". Il dit "avoir été abandonné, laissé pour compte". Il dit encore : "il y a les terrasses et le Bataclan, le Stade de France tout le monde s'en fout..."
Il fustige les "profiteurs" du 13 novembre
#proces13novembre /425

Il ne s'interrompt plus. Ce que le pdt Périès, en toute bienveillance, essaye de faire. À la barre, cet homme a eu ces mots, terribles: "Si j'aurais été bon (sic) je m'aurais suicidé 10 fois. Ma seule force, c'est de me battre pour elle." Lilia, son épouse.
#proces13novembre /426

Fin de la très longue déposition du témoin :
- Vous avez franchement beaucoup de courage pour entendre tout ce que vous entendez.
- Je ne pense pas que ce soit nous qui soyons le plus à plaindre Monsieur. Merci. Conclut le président Périès.
Quelle plongée.
#proces13novembre /427

Désormais, ce sont les victimes du Carillon qui déposent. Florient Renaud, avocat, était sur place il y a 6 ans. Il se dit "très ému de témoigner d'une expérience très difficile à décrire...une rencontre avec la mort"
#proces13novembre /428

"Le Carillon, c'est un petit bar anodin du 10ème arrondissement, mais très sympa. On était 4 amis. je me suis dit en arrivant, ici il peut rien nous arriver. On était là pour jeter un oeil, à l'intérieur, au match France Allemagne. Vers 21h25..déflagration"
#proces13novembre /429

Il s'interrompt longuement. Florient Renaux étouffe un sanglot. "On ne se rend pas compte mais c'est très fort le son d'une arme automatique. ça tire en rafale. Je me jette à terre. Je comprends. Je suis mal caché. C'est mon heure, ils vont me trouver"
#proces13novembre /430

Florient Renaux décrit l'homme qu'il voit. L'assaillant. Très calme dit-il: "tout allait bien pour lui. Je pensais qu'il allait entrer à l'intérieur du Carillon. Je me suis dit que c'était vraiment fini pour moi. En fait il reste à l'extérieur, il achève surement des gens" /431

Puis il entend une portière claquer, une voiture démarrer. "Et là, silence de mort...puis les premiers cris à l'extérieur. Sur le trottoir une mare de sang...je retrouve mes 4 amis en vie à l'intérieur du Carillon. Un miracle."
#proces13novembre /432

"On ne se rend pas compte, mais ces armes, elles sont faites pour faire mal. Les blessures sont impressionnantes" poursuit Florian Renaux. Il décrit l'extérieur, un carnage dit-il, une scène d'horreur. Les mots viennent difficilement, sa gorge est nouée...
#proces13novembre /433

Florian Renaux poursuit son récit, très sobre : "Comprendre pourquoi nous on est encore là et pas d'autre. tout est surréaliste. Rien ne fait sens. Des gens de notre âge qui attaquent des gens de leur âge, dans un quartier multiculturel en plus..."
#proces13novembre /434

Il dit encore : "À partir du moment où on est pas touché physiquement, on se dit qu'on a pas été touché. Alors que ces images restent. Vous vous dites que vous avez rencontré la mort, elle était là, elle est partie. J'ai réussi à en parler, ça va mieux"
#proces13novembre /435

"Je suis très fier que ce procès ait lieu. Je ne suis pas dans un esprit de vengeance. Je suis en colère, enfin plus vraiment. On est là pour que ce procès se passe bien. Et surtout pour que chacun assume ses responsabilités."
#proces13novembre /436

Sur la colère, Florian Renaux répond au président "Oui colère sur le coup. Plus maintenant. Mais incompréhension. J'ai entendu que certains accusés se justifiaient. Il y'a un problème quand on prend une arme de guerre, qu'on tire sur des gens..."
Très sobre
#proces13novembre /437

Un nouveau témoin se présente. Il ne souhaite pas être identifié. Il s'agit d'un homme d'une 30aine d'années. Il était au Carillon. Comme la précédente partie civile, il raconte son histoire à l'aide d'un schéma des lieux qui identifie les victimes.
#proces13novembre /437

Il était au Carillon ce soir là, avec celle qui est devenue son épouse. Et des amis. Les déflagrations, tout à coup. Une silhouette, armée. Des étincelles qui sortent de son arme. "Un ami fait un bond à l'intérieur. M'y entraine. J'avance vers un sellier.."
#proces13novembre /438

Premier reflexe : "Où est mon amie ? Je ne la vois pas immédiatement. ça dure 2 minutes, c'est long. Puis je la retrouve. On cherche à se protéger. À l'intérieur, puis à l'extérieur. On nous dit de partir." Son récit est saccadé, emprunt d'émotion.
#proces13novembre /439

Il poursuit : "On prend la direction du 9ème, où l'on habite. J'appelle l'un de mes amis qui devait nous rejoindre. Il répond au téléphone. Il était à l'intérieur. Et il me dit 'Raphaël est mort'."
Un autre de ses amis, allemand, tué à l'intérieur dit-il
#proces13novembre /440

Sa voix est presque éteinte. Son débit est lent. Son récit est sobre. Et bref. Il répond aux questions de la Cour :"Je n'ai pas été blessé. Je me suis dit à ce moment là que j'étais vulnérable. Que tout est relatif. J'ai été suivi. ça m'a fait du bien... "
#proces13novembre /441

"Il y a peut-être une cassure avec Paris dit-il. Le stress, les suspicions dans le métro. Nous ne sommes pas parisiens avec mon amie. Nous avons quitté la capitale. Je fais la part des choses mais Paris que j'adore reste le théâtre de ces souffrances..."
#proces13novembre /442

Avant de conclure, ce témoin, a tenu à rendre hommage à son ami "Raphaël, Allemand, ouvert d'esprit, tolérant."
Il a été le seul parmi ses amis à se constituer partie civile. Une vie bousculée. Une de plus. Une de trop.
C'est ce qui vient à l'esprit.
#proces13novembre /443

Olivier arrive devant la Cour. Blessé au bras "Je n'avais pas très envie de venir. Mais on le doit à Sebastien mort de 7 balles. BOOM BOOM BOOM BOOM BOOM BOOM BOOM. ça fait ça, 7 balles de Kalachnikov!" décrit-il à forte voix le bras rageur vers les accusés
#proces13novembre /444

"Mon ami Sébastien" dit Olivier. Il lit un texte. À forte connotation politique, très engagé. Voici en substance ce qui a été dit. ça a été vite. "on cherche partout les raisons de cet étrange destin, celui d'un petit fils d'une femme rescapée de la Shoah"
#proces13novembre /445

"Devenir la cible déshumanisée et sacrifiée d'une idéologie (mortifère). Je suis là pour régler mes comptes avec de minables petits démons." Olivier connaît l'Islam. Il a vécu et travaillé en Iran, pays chiite a-t-il précisé. "mes amis m'ont reçu à Téhéran"
#proces13novembre /446

"je leur ai expliqué qu'on m'avait tiré dessus. Qu'on avait tué mon ami. Ce tireur, c'était Brahim Abdeslam (le frère de Salah) poursuit-il. Guerrier de pacotille...brandissant pour unique argument les bombardements en Syrie."
Olivier élève la voix.
#proces13novembre /447

Le témoin ironise sur l'ignorance en matière géopolitique de la cellule du 13 novembre. Il fait référence aux armes vendus par la France au front Al Nosra en Syrie. Et aux aux armes vendues par Paris à l'Arabie saoudite et au Qatar, soutiens de l'EI dit il
#proces13novembre /448

Gros Incident de séance. Et soudain , grosse montée en température. Une avocate de parties civiles demande à ce que les accusés soient entendus.Puis, très franche explication à suivre entre les avocats de Salah Abdeslam et le président de la Cour. #proces13novembre /449

Les avocats de Salah Abdeslam s'étonnent vertement de la tonalité de certains témoignages et de celui du dernier témoin en particulier. "Il y a de l'émotion, de la souffrance, je le comprends dit Me Ronen. Mais j'ai du mal à laisser passer les insultes."
#proces13novembre /450

Dans les faits, le jeune témoin, très marqué a parlé de "minable petite racaille" en parlant d'Abdeslam. Il a ajouté qu'il aurait "préféré qu'il se fasse péter mille fois. Il aurait eu le maigre courage de soustraire à un monde auquel il n'apporte rien."
#proces13novembre /451

"On ne peut pas laisser passer cela M. le président ! tonne Me Olivia Ronen, ça trouble la sérénités des débats." A +sieurs reprises elle a cherché à interrompre le pdt de la Cour alors qu'il s'exprimait sur sa conduite de l'audience
#proces13Novembre /452

Le témoin se tourne vers Olivia Ronen, l'invective à propos de Salah #Abdeslam qu'elle défend :
- vous savez quoi ? Il faut bien choisir ses clients, car à la fin on finit par leur ressembler !
L'ambiance est très électrique à ce moment là.
Enorme tension
#proces13novembre /453

Me Vettes qui défend également Salah Abdeslam, au soutien d'Olivia Ronen, face à un avocat de la partie civile :
- On ne doit pas laisser passer ce genre de propos, tolérer des insultes dans une salle d'audience. Il avant out est question de sérénité.
#proces13novembre /454

En substance, le président a rétorqué qu'il ne fallait pas s'étonner que certains témoins aient ce genre de réactions, "quand on projette de tels images et que votre client explique que les terroristes sont ses frères"
Il a fini par reprendre le contrôle
#proces13Novembre /454

Et là, je dois bien admettre la limite de l'exercice qui consiste à faire état en "live" de ce qui se déroule. Je m'en excuse. Tout va très vite. Alors qu'à la barre depuis de très longues minutes, une jeune femme raconte son "Carillon." Son témoignage est bouleversant.
/455

Elle porte des cheveux blonds. Son visage est tout à la fois pâle et rougi par les larmes. Le 13 novembre, au Carillon, ils étaient 5 en terrasse. Elle a perdu ses deux amies, deux jumelles, et l'homme de sa vie
"Nous étions 5 et nous ne sommes plus que 2"
#proces13Novembre /456

Amin, son petit ami est mort. Mehdi a survécu. "Nous nous sommes revus dit-elle. Mais ça n'a pas duré. Nous étions cinq et aujourd'hui je suis seule." Elle ne contient plus ses larmes. Elle parle lentement. Elle décrit la nuit avec des mots très choisis.
#proces13novembre /457

Elle raconte l'après fusillade au Carillon: "Je vois Amin, mon petit ami. Je sais que ce sont les derniers instants de sa vie. Je le vois mourir de manière très intime. La mort a fini par arriver. Et avec elle le silence..."
#proces13Novembre /458

Chacune des phrases de cette jeune femme est découpée. Lors de son récit, sa respiration est saccadée. "Après le silence poursuit-elle, la voix des secours...'les conscients d'abord, occupez des conscients d'abord'. Je réalise que cela me concerne"
#proces13Novembre /459

"Je pense aux 9 projectiles qui ont traversé mon petit ami. Les balles qui ont traversé son coeur, son foie, ses poumons...dit-elle. Moi tout ce que je vois ce sont ses yeux, vides, le néant. Et puis Emilie et Charlotte, elles ne bougent plus..."
Effroi.
#proces13Novembre /460

"C'était la table où nous étions cinq.Aujourd'hui, j'ai la tête haute mais je suis épuisée". Maya, 27 ans, a été blessée à la jambe, tibia et pied droit notamment. "Des blessures de guerre, en temps de paix" dira sa mère un peu plus tard à la Cour.
#proces13Novembre /461

Maya, à nouveau, brûlante : "aujourd'hui je ne cours plus. Je ne rêve plus. Ce que je voudrais c'est me sentir libre. Libre de tomber amoureuse sans culpabiliser. Libre d'être insouciante, lors de soirées entre amis."
#proces13Novembre /462

On est frappé par l'immense pudeur de cette jolie jeune femme, ses larmes, sa voix nouée. Elle n'a rien dit de ses blessures physiques dont parlera sa mère à la barre... Les opérations, deux fixateurs externes, la douleur intense, la pompe à morphine...
#proces13Novembre /463

Depuis un long moment, la mère de Maya témoigne. Elle a d'abord lu une lettre de la mère d'Amin, marocaine, qui n'a pu se déplacer. Puis une lettre qu'elle a écrite. Elle raconte sa détresse de maman. Et à quel point elle aimait le petit ami de sa fille
#proces13Novembre /464

Une jeune médecin témoigne à présent. Elle était interne, en dernière année. Elle était à l'intérieur du Carillon. Elle a échappé à la mort et immédiatement a cherché à réanimer, sauver, prodiguer des soins "les blesses agonisaient, hurlaient de douleur"...
#proces13Novembre /465

Interruption de séance depuis un moment. Audience intense. Colère, larmes, douleur, invectives, silences, larmes à nouveau, inspiration, et larmes encore. Incidents, échanges vifs, fatigue et détresse profondes. Ce n'est que le 2ème jour de témoignages...
#proces13Novembre /466

Sylvain est à la barre. 37 ans au moment des faits. Il était au Carillon avec l'un de ses amis. Raconte les premières "étincelles" puis le mouvement de panique, dans lequel il est entrainé. Se réfugie avec 1 rescapé qui lui raconte la scène qu'il n'a pas vu
#proces13Novembre /467

Il retourne sur les lieux pour voir ce qu'il a entendu.En un trait de temps, sa voix s'effondre. Les images remontent. Il fond en larmes. Raconte les cadavres, son incompréhension, le chaos, les carreaux cassés. Son incapacité à aider. Ce dont il se désole
#proces13Novembre /468

Il rentre seul chez lui ce soir là. Et avoue avoir noyé son traumatisme dans l'alcool. "J'ai sombré pendant un an et demi. C'est pas l'évènement qui m'a traumatisé, c'est ce qui s'est passé après...ça a tout grillé, ma vie personnelle, professionnelle..."
#proces13Novembre /469

"Et là, poursuit-il, on ne peux pas dire que je passe un très bon moment à la barre..." Il se mouche. Essuie quelques larmes. Il parle du saccage de sa vie. Anxiété, angoisse...il parle de l'alcool qu'il a beaucoup bu, trop, tout ce qu'il a noyé.
#proces13Novembre /470

"Voilà c'est tout ce que j'avais à dire". Son récit était bref. Très bref. Honnêtement, c'est assez troublant de voir les victimes basculer d'un état à l'autre, en un court instant. Le traumatisme du #13Novembre2015 est d'une force que je ne soupçonnais pas. #proces13Novembre/471

"Je pense aussi à ces jeunes gens qui sont accusés dans le box. Pour les aider peut-être. J'espère qu'ils prendront conscience. Qu'ils entendront les témoignages. On est tous pareils. j'espère qu'ils réaliseront." Voilà comment a conclu Sylvain.
#proces13Novembre /472

A présent, l'un des serveurs du Carillon. Une figure bien connue de celles et ceux qui ont fréquenté le bistrot.
Il était à la pompe ce soir là. Raconte son itinéraire, de la Kabylie jusqu'à Paris. Se tourne vers les accusés. Reprend son récit.
#proces13Novembre /473

"C'était comme si c'était hier. Je connaissais tout le monde, les clients étaient beaux, je servais des verres. Je suis ami avec Maya, la petite amie de Amin"raconte-t-il. Et puis l'horreur. Les déflagrations, les corps, c'était pas un rêve mais la réalité. #proces13Novembre /474

"Ce soir là je suis rentré jusqu'à 4 heures du matin. À regarder les corps, j'aurais pas du...Je suis venu parler pour dégager ce qu'il y a en moi. J'ai la rage en moi. Je les regarde les accusés. Ils sont en bonne santé..." poursuit-il
#proces13Novembre /475

Ramdane avoue avec difficulté que s'il avait ce choix à faire "si j'avais une Kalachnikov je tirerais aussi sur eux." Il regarde les accusés, en larmes."il ont fait tellement de mal à des gens qui ne voulaient que vivre. Pardon, j'ai parlé avec le coeur, vous avez compris" /476

Puis Ramdane rend hommage à la justice et à la façon dont elle est rendue ici. Il espère qu'un jour, ce sera la même chose en Algérie. Il raconte avoir quitté la France pour la Kabylie après le #13Novembre2015 .Et puis il est revenu pour se reconstruire.
#proces13Novembre /477

Dernier témoignage à la barre. Une jeune femme brune, les cheveux courts. Elle lit une lettre. Remercie le président de lui avoir permis de témoigner. Elle était enceinte au moment des faits. La fusillade, son conjoint qu'elle cherche dans le chaos.
#proces13Novembre /478

"Je voulais témoigner pour vaincre ma culpabilité d'aller moins mal que les autres. Je pense à Maya, son témoignage, et celui de sa maman m'ont bouleversé" Voilà ce qu'on entend. C'est intense. elle raconte son itinéraire. Ses parents qui ont fui l'Iran...
#proces13Novembre /479

Elle parle très vite. Elle parle de l'obscurantisme qui ronge le proche et le moyen orient. En substance, elle rappelle, et assène, aux accusés que les 1ères victimes de l'idéologie dont il se réclament sont des Musulmans, à Téhéran, à Kaboul, à Raqqa...
#proces13Novembre /480

Elle souhaite à ceux qui vivent au Proche et Moyen Orient que la justice de leur pays puisse juger les assassins, les terroristes comme "on le fait ici, lors de ce procès". On explore toute la palette des sentiments.
Un témoignage humaniste. Audience levée
#proces13Novembre /481

Bonjour. #proces13novembre jour 14.
Après deux difficiles journées, et tendue hier, poursuite des témoignages de victimes aujourd'hui. Le Carillon et Le Petit Cambodge.
17 parties civiles sont attendues à la barre. 13:04 : l'audience est reprise annonce le président Périès. /482

Une Jeune femme brune se présente à la barre. Elle s'appelle Alice Barraud. Elle était au Petit Cambodge le #13Novembre2015. Elle avait 23 ans au moment des faits, avec son frère, rugbyman dit-elle. Le restaurant est bondée. Ils doivent revenir. Puis les 1ers tirs...
/483

"Je pensais que c'était la fête, des pétards dit-elle d'une voix très douce. Mon frère Aristide a tout de suite compris. Il m'a plaqué au sol pour me protéger. À partir de là je n'ai que des flashs. J'ai été touché au bras. J'ai l'image de corps agonisants"
#proces13novembre /484

Elle poursuit après avoir étouffé un sanglot :"Mon frère a pris les balles pour moi. 2 balles. Un homme, M. Simon, un habitant de l'immeuble au dessus, nous a apporté de l'aide, s'est occupé d'Aristide."
#proces13novembre /485

Sa déposition était brève. Anne-Laure a dit à la Cour qu'elle était voltigeuse "mon métier c'était de faire rêver." souligne-t-elle. Elle a été grièvement blessée au bras et à la main : "Je me suis battu pour récupérer et faire mon métier, faire rêver".
#proces13novembre /486

Avant de quitter la barre, Anne-Laure a précisé qu'elle n'était plus aujourd'hui la même avec sa troupe qu'elle a retrouvée, amoindrie physiquement et psychologiquement. "Mon bras est cassé à vie. Je ne sens plus ma main.Mais je continue, je me suis battue"
#proces13novembre /487

Aristide, son frère est à la barre. Un beau jeune homme de 32 ans, les cheveux bruns et frisés. Il dépose très calmement. Il raconte l'histoire d'un sportif de haut niveau, impacté à vie par les 3 balles qu'il a reçu ce soir là, protégeant sa soeur...
#proces13novembre /485

Il raconte : "j'étais en 1ère division italienne de Rugby. J'étais sur le point d'être sélectionné en Equipe nationale. Je suis retourné à Paris, pendant 3 jours de grève internationale, hyper heureux de réaliser que ma soeur était libre ce soir là"
#proces13novembre /486

Aristide, très digne, poursuit son propos : "On s'est retrouvé avec ma soeur et des amis. Un instant j'ai regardé cette place. Une pause avant la rigueur des entrainement à venir. Une place très cosmopolite. Avec des gens de toutes origine et religion."
#proces13novembre /487

Aristide, toujours d'une voix calme et humble : "Je suis N°10 au rugby. Mon point fort c'est la vision du jeu."
- Vous êtes demi d'ouverture appuie le président Périès, de son accent méridional, qui raconte peut-être sa passion commune pour l'ovalie.
#proces13novembre /488

"Et puis j'ai vu une voiture s'arrêter, un homme en descendre, il ressemblait énormément à un de mes amis...mais avec une Kalachnikov. J'ai vu le danger immédiatement. J'ai plaqué ma soeur. Pour la protéger. J'ai été touché par 3 balles. "
#proces13novembre /489

Du même ton, très posé, Aristide poursuit. Paradoxalement, il est très agréable à écouter. Il raconte "les montagnes de douleur, physique et psychique." Sa cheville détruite, sa reconstruction, la reprise, la course à pieds, son combat...et la rechute.
#proces13novembre /490

"Là je retombe dans les espaces du 13 novembre explique-t-il. Mon corps dit stop physiquement. Et psychiquement. Je suis pris de fièvres intenses. Je suis interné à Saint-Anne, 2 fois trois jours. En 2017 j'arrête le rugby..." Aristide tire un trait.
#proces13novembre /491

Ce qui suit, c'est un regard très sage que pose Aristide sur ce qu'il a traversé : "Je n'ai aucun désir de justice individuelle. Pour moi cet événement, c'est une étape à franchir. Un combat à mener. Pas contre une idéologie mais contre moi-même." ./...
#proces13novembre /492

"Qu'est-ce qui amène de jeunes hommes à tirer sur des jeunes avec lesquels ils auraient pu grandir ?" s'interroge-t-il devant la Cour. Aristide a grandi dans une cité cosmopolite de Massy, entouré d'amis qui disent "Dieu est grand" a-t-il relevé
#proces13novembre /493 ./...

Le jeune homme ajoute: "Je place bcp d'espoir et de confiance dans ce procès. Ce soir là on a atteint un point culminant dans l'histoire de la violence et de la tristesse. La justice est la réponse. Ma génération a énormément besoin de croire en la justice"
#proces13novembre /494

"Je suis très heureux que les accusés puissent être défendus et écoutés affirme-t-il sur le même ton, sobre. Et je voudrais redire tout mon respect à celles et ceux que j'ai vu mourir devant moi, dans leurs soupirs...je garde ces images en moi..."
#proces13novembre /495

Aristide conclut ainsi : "Ce que j'attends aussi, c'est que mes amis qui disent que 'Dieu est grand' puissent continuer à vivre dans ce pays, sans peur et sans crainte."
Il n'a pas versé une larme. Il a juste dit qu'il devait sa vie à sa soeur, comme elle.
#proces13novembre /496

"C'est un message plein d'humanité, il n'y a pas d'autre mot relève le président Périès à l'issue de la déposition d'Aristide. Un message qu'on ne peut que saluer, au nom de l'Humanité justement."
On ne pouvait pas mieux dire.
Tout le monde le pense ici.
#proces13novembre /497

Aujourd'hui Aristide, le frère d'Anne-Laure, a arrêté le rugby. Il écrit et il photographie. Ses derniers mots : "Pour me reconstruire, je ne me suis jamais concentré sur ce qui me manquais."
Quelle leçon donnée à tous par Aristide. À tous, accusés compris.
#proces13novembre /498

Yann a suivi à la barre. Il a raconté son Petit Cambodge, ses réflexes de photographe, "objectiver ce qui s'est passé" juste après la fusillade, il a pris des photos, malgré le sang, le chaos, la douleur après avoir encaissé une balle dans le dos...
#proces13Novembre /499

Yann s'est brièvement tourné vers les accusés. "Excusez moi messieurs, mais je n'ai pas très envie de vivre avec vous..." Le jeune homme a remercié la Cour de donner tant d'importance aux détails, aux lieux et personnes touchées. Avant de s'en retourner...
#proces13novembre /500

Une jeune brésilienne à présent. Brune, visage clair et yeux bleus. Elle s'exprime en français. En préambule, elle dit avoir étudié, notamment sur la question des migrants. Le point commun des victimes des Carillon / Petit Cambodge: l'ouverture d'esprit...
#proces13novembre /501

Camilla a été touché de 3 balles ce soir là. Elle raconte avec son léger accent, en français très clair : "Je me suis dit que j'allais mourir, sans finir mon master !" Incroyable.
Elle vit au Brésil aujourd'hui. Elle est psychologue "pour écouter la souffrance"
#proces13novembre

Le président Périès, à dessein, interroge la jeune femme sur ses origines. "Italo portugaise par ma mère dit-elle Mon père vient de Syrie. C'est pour cela que je me suis intéressée aux migrations"
Sans soute un parcours qui résonne aux oreilles de accusés.
#proces13Novembre /503

Une autre brésilienne, une amie de Camilla e. Le visage rayonnant, un peu, malgré son récit, ses larmes. Elle n'a pas été blessée. Elle a très souvent les mains liés et, parfois, les yeux pleins d'effroi. Un avocat s'avance, glisse une boite de mouchoirs...
#proces13novembre /504

Puis elle retrouve son amie Camilla, grièvement blessée. Elle revit la scène. la raconte avec tant de sobriété. La voix qui accélère, mais toujours dans un français très clair. Son amie lui demande si "elle allait mourir", elle lui dit bien sûr que non...
#proces13novembre /505

Elle poursuit : "Une personne était en train de mourir à côté de moi. Je voulais l'embrasser. Je suis si désolé dit-elle en pleurant. Dans ma tête je devais choisir entre la vie et la mort. Alors je suis restée avec Camilla..."
Vraiment fort. Bouleversant
#proces13novembre /506

Oui en effet Alice. Je suis confus et m'en excuse. Et rectifie. Merci

Elle s'appelle Alice pardon. J'ai commis une erreur.

Elle s'appelle Alice. Je me suis emmêlé pardon.

Elle s'appelle Alice. Je me suis emmêlé pardon.

"Aristide le frère d'Alice" (erreur pardon).

Cette jeune femme s'appelle Alice et non Anne-Laure. Pardon pour l'erreur.

Cette jeune femme s'appelle Alice et non Anne-Laure. Pardon pour l'erreur.

Amanda quitte la barre. Elle a gardé, malgré son récit, beaucoup d'innocence. Elle retrouve sa place à côté de son amie Camilla qu'elle enlace longuement.
C'était un très joli témoignage.
#proces13novembre /507

Il s'agit de "trêve internationale" et non de grève (cqfd clavier auto, sorry)

3 proches de victimes se succèdent désormais. Une mère de famille, la maman d'une jeune femme blessée le 13 novembre au Carillon, lit un texte qu'elle a écrit en guise de déposition. Elle souhaite rester anonyme.
#proces13novembre /508

Puis Sira, musulmane d'origine malienne, qui a perdu sa soeur Asta, sa "meilleure amie, meilleure complice". Elle était dans une voiture qui s'engouffrait dans la rue Bichat. Elle est avec l'une de ses soeurs pour raconter son histoire. Grande force morale
#proces13novembre /509

Salah #Abdeslam demande la parole. Le pdt l'avertit d'être moins provocateur que les fois précédentes.
"Je ne serai pas provocateur dit Abdeslam. Certainement pas plus provocateur que les personnes qui se sont exprimées hier..."
Le salle d'audience bruisse
#proces13novembre /510

"Ce que je veux dire à ces deux victimes qui viennent de parler, poursuit #Abdeslam, c'est que si nous avons visé des Musulmans, ce n'était pas notre intention...
Nous, on a visé les mécréants."
Le pdt Périès hausse le ton, la salle d'audience s'échauffe.
#proces13novembre /511

"J'entends bien que les gens qui se sont exprimés souffrent, je ne doute pas qu'ils avaient bcp de qualité . Mais nous aussi nous avons des gens qui n'avaient rien demandé, bombardés par les avions de la coalition..." se justifie à nouveau l'accusé n°1
#proces13novembre /512

#Abdeslam abonde: "Des gens simples qui allaient à la mosquée, à la boulangerie..."
- M. Abdeslam ! interrompt sévèrement le président Périès, vous aurez l'occasion de vous exprimer. Là ce n'est pas le moment
-Oui je vais finir. Je vais aller droit au but.
#proces13novembre /513

Salah #Abdeslam se tourne vers les 2 femmes qui viennent de témoigner : "On a pas visé les musulmans. Si votre soeur est décédée, c'était un accident de notre part"...
- Ce n'était pas un accident M. Abdeslam coupe le président Périès. Merci.
#proces13novembre /514 ./...

Haussant la voix, c'est ainsi qu'#Abdeslam conclut ainsi son propos : "On ne vise pas les musulmans, on vise les mécréants"
...
-M. Abdeslam, merci pour les non-musulmans interrompt définitivement le président Périès.
#proces13novembre /515

Après la déposition brève et sobre de la mère de des deux jumelles Charlotte et Emilie, tuées au Carillon, l'accusé Yacine Atar tient lui aussi à s'exprimer.
Le président l'avertit, pas de provocation, je vous préviens !
- Oui Monsieur le président.
#proces13novembre /516

"Très sincèrement, je n'en peux plus. Je suis très sincèrement touché M. le président débute Yacine Atar dont les propos tranchent avec ceux d'Abdeslam. Je n'ai pas dormi de la nuit, je l'ai dit à mon avocat. J'ai été très touché par le témoignage de Maya."
#proces13novembre /517

Atar poursuit : "Il peut y avoir dans ce box des gens peinés parce qu'ils entendent...je lis beaucoup dans la presse l'expression'terroristes dans le box'. Mais les gens dans le box sont encore présumés innocents. On pourra reparler du fond plus tard..."
#proces13novembre /518

Yacine Atar, a la voix qui tremble :"je demande aux victimes...je ne sais pas si c'est utile...je voudrais leur faire part de ma plus grande compassion."
Y.Atar est soupçonné d'avoir été le destinataire de msg retrouvés dans un ordi de la cellule terroriste
#proces13novembre /519

Sans présumer de la sincérité des propos de Yacine Atar, on peut dire que "ça se fissure" dans le box des accusés. On a disons "deux salles deux ambiances." Reste que les prises de parole d'Abdeslam sont "redoutées" car provocatrices. Elles créent du remous
#proces13Novembre /520

Retour en salle d'audience après une petite interruption pour ma part. Echange très enthousiasmant avec des Etudiants de l'École de journalisme de @sciencespo sur la couverture du #proces13novembre. Merci à @alicanth et @soizboisard !

Nicolas Vicente est à la barre. Il était serveur à la Belle Équipe le #13novembre2015. Il a cité Aragon : "Quand il faudra fermer le livre ce sera sans regretter rien. J'ai vu tant de gens si mal vivre et tant de gens mourir si bien."
Magnifique.
#proces13Novembre /521

À présent, un témoin qui ne souhaite pas identifié. Rescapé. Il a perdu "une 10aine de potes" à la Belle Équipe. Il a la voie rauque. Il raconte précisément la façon dont il a vu mourir son meilleur ami. "Je suis resté auprès de lui pour ne pas l'oublier."
#proces13Novembre /522

Il sourit nerveusement quand il évoque son traumatisme. La mort de ses amis. Sa vie aujourd'hui. "J'ai repris le boulot. Je prends pas le métro ni l'avion, je vais pas au cinéma ni au théâtre, je repère les sorties de secours, en terrasse je regarde la rue"
#proces13Novembre /523

Témoignage très touchant de simplicité. "J'ai du choisir entre 2 potes...Je suis resté auprès de mon meilleur ami Romain. Je pense qu'on a tenté de le réanimer devant moi pour me laisser penser qu'on tentait tout. En vrai il est mort sur le coup. Voilà..."
#proces13Novembre /524

La mère de Romain justement est en ce moment à la barre. Elle lit une lettre qu'elle a écrite. Elle ne cesse de pleurer. Elle a apporté l'une des peluches de son fils décédé, qu'elle a posé sur le pupitre.Elle tremble beaucoup. Une femme effondrée, terrible
#proces13Novembre /525

Elle lit maintenant une lettre que leur fils a envoyé, un soir de Noël. Une femme si simple, si douce qui ressuscite son fils, sa voix, le temps d'un témoignage. Dans cette salle d'audience, plus que jamais, les morts qui parlent sont des êtres vivants.
#proces13Novembre /526

Enfin, le grand frère de Romain. Il raconte la façon dont il a appris la mort de son frère. La aussi, la voix étranglée, les yeux rougis. Il sanglote. Il raconte avoir frappé un mur qui porte encore la trace de son poing.
6 ans après, un garçon effondré...
#proces13Novembre /527

Il a ces mots, brûlants : "Le film de cette nuit noire, c'est son meilleur ami qui me l'a raconté. Je le remercie. Mais je n'arrive pas à me dire, excusez moi l'expression, que j'aurais pu le sauver et prendre ces putains de balles à sa place..."
#proces13Novembre /528

Vincent parle de Romain, et de sa compagne. Elle est de religion musulmane précise-t-il. Romain s'était converti pour l'épouser. "Je suis agnostique mais je suis convaincu que religion et extrémisme sont deux choses à ne pas confondre."

Audience levée.
#proces13novembre /529

manquait*