1- Étant donné l'état de l'art de notre discipline, on trouve une question. Soit une bonne prochaine étape pour faire avancer les connaissances, soit un soucis technique limitant pour aller plus loin.
C'est là que ça pêche. Parce que "publier", on pourrait croire que ça veut dire "rendu public". Mais en fait non, enfin, si, mais pas là.
Alors faisons un petit détour historique…
Son but est de diffuser "ce qui se passe de nouveau dans la République des lettres".
(C'est rigolo, ces deux revues existent toujours :D.)
Elles sont publiées par des sociétés savantes ou des instituts publics (comme ceux créés suite à la Révolution française dans le but de reconstituer et de conserver le patrimoine scientifique).
On peut citer Masson (1804), Wiley (1807), Springer-Verlag (1842), Dunod (1876), ou encore Elsevier (1880).
On est maintenant en présence de multinationales dont la priorité est tout naturellement le profit.
Sauf à réquisitionner tout ça de force et à les dissoudre. Mais ça n'a jamais vraiment été à l'ordre du jour, malheureusement :D.
Thanks Internet!
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Faut savoir que le business de la publication scientifique est fort juteux. Les chiffres d'affaires des gros éditeurs sont en milliards d'€ et les taux de profits de l'ordre de 40%. Ça n'existe presque nul par ailleurs (la drogue peut-être ?).
Lire ce témoignage édifiant paru dans le Tigre par exemple : le-tigre.net/De-la-mondiali…
Évidemment, on a toujours besoin d'avoir accès aux anciens articles. Avec le passage au numérique, l'article n'est plus physiquement à la BU mais on y accède en ligne, donc si on arrête de payer l'abonnement, on perd l'accès.
En tant que chercheurs et chercheuses, on est constamment évalué·e·s. Déjà comme je l'ai expliqué à chaque fois qu'on rajoute un article. Mais en plus, notre carrière, à commencer par l'obtention d'un poste, est fortement corrélée à nos publications.
Du coup on a beau être contre ce système, si on veut un boulot, on doit publier dans les revues prestigieuses.
Bien sûr, les chercheurs et chercheuses en fin de carrière pourraient s'en fiche, mais illes collaborent souvent avec des jeunes qu'illes ne peuvent pas décider de sacrifier.
Les maisons d'édition scientifique bien sûr !
Avec plusieurs milliards de bénéfices nets, on ne perd pas le nord.
Certain·e·s d'entre nous ont peur de l'open access. Parce qu'illes ne connaissent pas, et aussi parce que beaucoup de mauvaises information circulent (à nouveau, lobby des maisons d'édition).
C'est même plutôt le contraire : non seulement innover sur les formes de publications permettraient en même temps d'innover sur les pratiques de peer review, mais en plus >>
C'est même tout le contraire ! Vu qu'on peut (et veut !) faire du libre accès en arrêtant de donner les droits des articles au détenteur de la revue, mais en la laissant aux auteurs et autrices.
Mais il faut bien reconnaître qu'a minima ces coûts sont ridiculement plus faibles que ceux du système actuel, sinon la publication scientifique ne serait pas un tel business de crapules, ni aussi profitable.
À nouveau, être en libre accès ≠ libre de droit. Un article en libre accès à toujours ses auteurs et autrices. Le plagiat est toujours aussi sévèrement puni. Et même mieux ! Comme il n'y a plus d'intérêt commercial >>
Le coût en € du système actuel n'est qu'un symptôme. Le vrai problème c'est l'entrave aux missions de la recherche publique, à savoir l'accès de tou·te·s à la connaissance produite.
(Par ailleurs, on constate collectivement mon échec total sur ma tentative d'être bref… -_-').
Vous l'aurez compris, c'est la mise à disposition de tou·te·s des résultats de la recherche gratuitement et sans condition d'accès en ligne.
Mais ces soucis sont déjà présents dans le système actuel.
Problème les droits sur les articles sont toujours détenus par les maisons d'édition, donc elles doivent autoriser ces dépôts.
– une ressource partagée, matérielle ou immatérielle ;
– un mode d'accès à cette ressource, et les règles de son partage ;
– un mode de gouvernance de cette ressource.
La ressource, c'est disons des pommes, c'est une ressource matériel. C'est à dire que si j'en prend une, les autres n'y ont pas accès.
La ressource, c'est du savoir encyclopédique. C'est immatériel. C'est cool parce que quand je puise du savoir dans WP, je l'ai, et il y reste pour les autres.
Ça concerne je crois surtout les communs matériels.
Je reviens maintenant au libre accès.
La ressource, c'est facile : ce sont les connaissances produites par les chercheurs et chercheuses.
(Oui, la propriété intellectuelle, je trouve ça débile dans l'immense majorité des cas, et toujours quand elle est lucrative).
Par exemple la licence Creative Commons Attribution (creativecommons.org/licenses/by/4.…) correspond déjà à ce qui ce fait dans les mœurs avec les articles scientifiques.
Facile : les auteurs et autrices ! Plus les articles sont lus plus illes sont connu·e·s, ce qui est dans leur intérêt. Donc illes ont tout intérêt à ce que les articles soient le plus facilement accessible au plus grand nombre.
Par ailleurs je vous invite à lire ça : the-tls.co.uk/articles/publi…
La bonne nouvelle c'est que techniquement, tout est déjà là !
L'autre bonne nouvelle, c'est que du coup financièrement, il n'y a quasi pas de nouveaux coûts !
Déjà, il faut réussir malgré la bibliométrie à lancer ces nouveaux types de journaux. Ça demande un effort collectif et conscient des communautés scientifiques.
En plus, il risque trop de leur arriver le même sort qu'à SSRN ou Mendeley (càd être racheté et détruit par des grands éditeurs).
Ou, encore mieux, on pourrait imaginer créer des emplois de secrétariat d'éditions dans les BU qui feraient ce travail en proche collaboration avec les chercheurs et chercheuses…
La délocalisation du secrétariat d'édition dans des pays à bas coûts par les grands éditeurs fait des dégâts monstrueux. Un ami a déjà eu un paragraphe dupliqué et des figures inversées dans la version finale d'un article.
Ça a un réel impact.
pablo.rauzy.name/openaccess.html