Thread by @EnDirectDuLabo

Bonjour à toutes et tous ! Voilà c'est le dernier jour que je passe avec vous et je ne pouvais pas partir sans vous parler une dernière fois de science-fiction, de mines et d'Anthropocène

Comme vous l'avez peut-être compris durant cette semaine, je m'intéresse à l'Anthropocène, cette période où les activités humaines sont censées des traces dans les couches géologiques de la Terre.

Et quand on s'intéresse à l'Anthropocène, on s'interroge sur le devenir de l'espèce humaine et sur sa possible disparition.

Et en se posant cette question, on se demande quelles traces de notre existence subsisteront ?

Quand l'Humanité aura disparu, que restera-t-il de nous ?

Pour le savoir, il faut faire un effort de réflexion et se lancer dans un exercice de pensée stimulant: "existait-il une espèce technologique antérieure à la nôtre dans notre système solaire et si oui, quelles traces de leur existence ont-elles pu laisser ?"

Cette question qui paraît incongrue fait l'objet de nombreuses réflexions que ce soit en astrobiologie, en archéologie spatiale ou dans la science-fiction.

Récemment plusieurs articles scientifiques et de journaux sur cette hypothèse sont parus: arxiv.org/abs/1704.07263
arxiv.org/abs/1804.03748
themercury.com.au/news/tasmania/…

Quand on y réfléchit, ce n'est pas si étrange que cela. Actuellement, les recherches portent surtout sur la découverte d'exoplanètes et de vie extrasolaire, mais, il y a un système où la vie foisonne et peut-être pas uniquement sur Terre: c'est le système solaire.

On peut se poser la question d'éventuels prédécesseurs disparus, éteints ou presque éteints, sur la Terre, mais aussi pourquoi pas sur Vénus et Mars ? La science-fiction envisage cette possibilité depuis longtemps

Martiens, Siluriens du Doctor Who, Voth de Star Trek, Anciens de Stargate, Isu d'Assassin's Cree, Heechee vénusiens, les exemples ne manquent pas

La science-fiction nous invite à nous interroger sur notre réaction si nous venions à découvrir un espèce technologique antérieure à la nôtre mais aussi à nous interroger sur notre propre influence sur notre environnement et sur l'impact que nous avons sur celui-ci

En effet, découvrir l'existence d'une espèce technologique disparue nous amènerait à nous interroger sur les raisons de sa disparition ?

S'il s'agit d'une catastrophe naturelle, on ne pourra que se désoler pour eux. Par contre, si elle a disparu à cause de son impact sur l'environnement et de son incapacité à assurer sa survie, cela pourrait remettre en question la foi dans les solutions technologiques

comme la géoingénierie et nous amener à une réflexion sur notre place dans l'histoire de la Terre.

Cette question est loin d'être anodine au vu des modifications environnementales profondes qui nous touchent. Si eux n'ont pas pu survivre à leur environnement perturbé et dégradé, comment le pourrions-nous ?

L'Anthropocène, s'il existe, est en effet une période pleine d'ambiguité. D’un côté, notre développement technologique n’a jamais été aussi avancé dans l'histoire: le monde est relié par Internet, les ordinateurs nous permettent d’effectuer des tâches complexes en peu de temps

nous maîtrisons le voyage spatial, nous plaçons des satellites autour de notre planète, des humains peuvent même vivre dans l’espace pendant une durée relativement longue, nous explorons le Système solaire et repoussons sans cesse les limites de nos connaissances scientifiques.

les agences gouvernementales et les sociétés privées nous entraînent vers la course à l’espace et les fantasmes spatiaux des années 1960-1970 qui ont servi de socle pour la science-fiction sont p-e sur le point de devenir une réalité

exploration de Mars, bases lunaires, stations spatiales résidentielles, création d’une économie spatiale, etc. semblent à portée de main. Une civilisation humaine essaimant dans le Système solaire à l’instar de celle décrite dans The Expanse semble de moins en moins fictionnelle.

Mais d’un autre côté, l’Anthropocène nous confronte à notre fragilité. Jamais l’éventualité d’une extinction massive des espèces vivantes à cause des activités humaines n’a été aussi forte et le changement climatique menace de perturber durablement l’habitabilité de la Terre.

Le monde semble devenir hostile à l’espèce humaine. Dès lors, s'interroger sur l'Anthropocène en imaginant des précurseurs disparus ou presque éteints permet de réfléchir sur ce que nous faisons à la planète et sur le risque que nous faisons peser sur notre survie

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Comment imaginer le futur de l'Humanité sur une Terre close ? Est-ce que les solutions technologiques régleront tout ? Et si pas, que laisserons nous derrière nous ?

Dès lors la question n'est pas de savoir si des prédécesseurs ont réellement existé mais de savoir quelles types de traces ils auraient pu laisser, et, par jeu de miroir, quelles types de traces nous laisserons

Et la réponse est assez déprimante: les artefacts technologiques et les constructions disparaissent en quelques millénaires, les traces d'exploitation minière ou de radioactivité peuvent passer pour naturelles au bout de millions d'années,

les objets spatiaux finiront pas disparaître également sauf exception. Il ne restera probablement presque rien à trouver de l'Anthropocène dans des dizaines voire des centaines de millions d'années si l'Humanité venait à disparaître.

Hormis peut-être quelques traces d'exploitation minière des astéroïdes (si nous arrivons jusque là) et des archives conservées du quartz dont la durée de conservation peut s'étendre sur des milliards d'années.

Ce type de réflexion n'est pas neuf. On le retrouve par exemple dans certains ouvrages de Carl Sagan mais aussi dès la fin du 19e s. et le début du 20e s. lorsque la "fièvre des canaux martiens" s'empare du monde.

Elle se base sur les théories Lowell dans "Mars"(1895), "Mars and its canals" (1906) et "Mars as the abode of life" (1908) pour qui les canaux martiens observables avec les techniques de l’époque auraient une origine artificielle et seraient dus à une espèce martienne ancienne

Pour certains comme le géologue Robert Sherlock en 1922, ces canaux sont une tentative désespérée des Martiens pour s'approvisionner en eau. Ces canaux dépassant de loin les ouvrages terrestres, comment les humains pourraient s'en sortir sur leur planète finie et close ?

Toutes ces hypothèses permettent, comme vous le voyez, de relativiser nos actions et de nous interroger sur notre avenir. Les espèces, même technologiques, sont faillibles et mortelles. Si la Terre ne craint rien, il n'en va pas de même pour l'Humanité.

En quelques siècles, l'Humanité serait entrée dans l'ère de l'Anthropocène. Et certains prévoient son effondrement dans les années 2030-2050. Comment envisager l'avenir dans ce cas là ?

Vaste question à laquelle l'exercice de réflexion sur une espèce technologique antérieure nous invite. Si vous êtes intéressé par cette question, je vous invite à lire "Molecular Red" de McWenzie Wark qui base son analyse de l'Anthropocène sur des récits de science-fiction.

Et voilà qui conclut notre semaine. J'ai été ravi de la passer en votre compagnie et vous donne rendez-vous sur @kevintroch85 pour suivre l'évolution de mes recherches ;-). Je vous souhaite un bon dimanche et une très bonne semaine à venir sur @EnDirectDuLabo