Ça vous dirait, un petit #Thread sur l’étalement urbain ?
Comment ça, c’est un sujet ch...
Certes, mais c’est un sujet où on vous raconte beaucoup de bêtises, qui justifient des politiques douteuses.
Comprenez: qui vous coûtent du pognon.
Comment ça, c’est un sujet ch...
Certes, mais c’est un sujet où on vous raconte beaucoup de bêtises, qui justifient des politiques douteuses.
Comprenez: qui vous coûtent du pognon.
Alors OK, c’est moins intéressant que les épopées historiques de pappy @ordrespontane Guillaume, mais on y va quand même ?
Merci pour vos encouragements.
Merci pour vos encouragements.
Si vous lisez la presse, la situation est apocalyptique.
« L’urbanisation mange la terre agricole ! »
« La France perd un département tous les 10 ans ! »
« L’artificialisation des terres, voilà l’ennemi ! »
Etc, etc...
« L’urbanisation mange la terre agricole ! »
« La France perd un département tous les 10 ans ! »
« L’artificialisation des terres, voilà l’ennemi ! »
Etc, etc...
OK, mais que dit la science ?
Première surprise (source: un article de Jean Cavailhès, grand professeur d’aménagement du territoire, dans « la revue foncière », hélas pas en ligne),
« La notion d’artificialisation des terres est mal définie »
« La notion d’artificialisation des terres est mal définie »
Une maison de 200m2 au sol avec 2000m2 de jardin sera comptée comme 200m2 artificialisés pour certains systèmes, 2000 pour d’autres.
La littérature internationale préfère des termes plus rigoureux comme « sols scellés » ou « imperméabilisés ».
Sauf qu’un chemin de terre non revêtu sera « artificialisé » mais pas « imperméabilisé ». Et je ne vous parle pas des subtilités de comptage de certaines artificialisations.
Retenons en gros qu’un sol artificialisé est un sol ni naturel, ni agricole, ni forestier, et qui ne peut pas être rendu à la nature par simple abandon, sans « nettoyage ».
Bref, il existe en France deux systèmes «exhaustifs » de mesure de l’occupation des sols: l’un, satellitaire, dénommé Corine Land Cover.
L’autre, par « sondages sur échantillons de territoires représentatifs », appelé Teruti Lucas.
L’autre, par « sondages sur échantillons de territoires représentatifs », appelé Teruti Lucas.
Et le problème est que ces deux systèmes donnent des chiffres totalement différents !
Pour CLC, les sols artificialisés représentent 5,5% du territoire métropolitain, pour Teruti, 9,3 !
Pour CLC, les sols artificialisés représentent 5,5% du territoire métropolitain, pour Teruti, 9,3 !
(Source: colloque INRA, accessible ici : v institut.inra.fr/Missions/Eclai… )
Pire encore, le rythme d’artificialisation des sols, pour CLC, est compris entre 160 et 330 km2 /an, alors qu’il est de 610 km2/an pour Teruti !
Bref, pour Corine Land Cover, l’artificialisation se fait au rythme d’un département tous les 17 à 34 ans (en moyenne 25), et pour Teruti, tous les 9 ans !
Forcément, un des deux au moins se trompe.
CLC a un défaut: sa maille de mesure par satellite est un peu grande. Certains petits hameaux, certaines petites routes lui échappent.
Certaines communes ont réalisé des mesures plus précises par avion (donc plus précises), qui ont été comparées à CLC. Résultat: parfois, CLC et ces mesures donnent le même résultat, parfois, un écart pouvant aller jusqu’à 20% est observé.
Mais le plus important, c’est que les petits hameaux et les petites routes oubliées par CLC ne sont pas le siège des plus grosses « pressions d’urbanisation »
Autrement dit, le chiffre d’évolution de CLC n’est pas mauvais car il en oublie peu. Plus encore, si une maille passe de « non détectable » à « détectable », l’artificialisation ainsi mesurée est un peu exagérée.
Comparé à CLC, Teruti est nettement moins précis. Le système a été conçu au départ pour connaître les usages agricoles du sol, pas pour mesurer la taille des taches urbaines.
De surcroit, puisque il y a intervention humaine dans la caractérisation des terrains, un biais de sondage est possible.
La moyenne CLC est proche de celle recensée par les « fichiers fonciers » des administrations d’état (1 département tous les 20 ans). (...)
Ce petit tableau hélas peu lisible vous résume peu ou prou les twitts précédents de ce thread
On peut espérer que les prochaines données CLC seront plus précises car basées sur des observations haute résolution. En tout cas, au niveau européen, seule la méthode CLC est considérée comme sérieuse pour mesurer l’artificialisation réelle des sols et son évolution.
Mais quand nos médias veulent faire du sensationnel, curieusement, ce sont des chiffres proches de ceux de Teruti-Lucas qui ressortent...
Un chercheur Lyonnais, E. Charmes, calcule que si tous les ménages urbains vivaient comme des ménages ruraux, la consommation réelle d’espace totale ne serait que de 11%, y compris avec les résidences secondaires
(Source halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-0084942… )
(Source halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-0084942… )
Soit à peine plus que la « réalité » mesurée par TERUTI. Pourtant, son calcul multiplie par 8,5 la surface réellement occupée par les ménages urbains.
On ne saurait mieux dire que TERUTI, outil conçu pour connaître les usages de culture des terres agricoles,
On ne saurait mieux dire que TERUTI, outil conçu pour connaître les usages de culture des terres agricoles,
N’est pas adapté pour mesurer précisément l’artificialisation des sols, et on peut se demander si ceux qui l’utilisent en en détournant sa finalité sont juste dans l’erreur ou ... foncièrement (sic) malhonnêtes.
Bref, selon les mots mêmes d’Eric Charmes, « l’artificialisation des sols en France n’est pas un problème quantitatif ».
La façon dont elle se produit pose d’autres problèmes qu’il ne faut pas ignorer, (mais ce sera pour une autre fois), ...
La façon dont elle se produit pose d’autres problèmes qu’il ne faut pas ignorer, (mais ce sera pour une autre fois), ...
Mais sachez que tous ceux qui brandissent des chiffres effrayants sur l’étalement urbain pour justifier des politiques anti-construction toujours plus coercitives sont soit des perroquets régurgitant un prêt à penser politiquement orienté, soit des menteurs.
Et comme d’autres chercheurs le font remarquer, l’artificialisation des sols en France n’est pas plus rapide que l’augmentation de sa population (+31% en 50 ans)
Et ils notent que la part de terres agricoles grignotées par l’enfrichement ou la forêt grandit plus vite que celle perdue au profit de l’urbanisation...
Depuis La fin de la guerre, la Surface Agri Utile à diminué 2,5 fois plus vite que n’ont augmenté les territoires urbanisés.
Depuis La fin de la guerre, la Surface Agri Utile à diminué 2,5 fois plus vite que n’ont augmenté les territoires urbanisés.
Bref, si la surface agricole a reculé depuis l’après guerre, c’est parce que l’agriculture est plus productive... Et a sans doute, comme la France en général, un problème de rentabilité.
Bref, là encore, les discours de peur sur « la fin » des terres agricoles » est absolument sans fondement. Et sauf choc migratoire imprévisible, il y aura toujours nettement moins de 12-15% de terres artificialisées en France à la fin de ce siècle.
Dormez tranquilles.
#Fin
Dormez tranquilles.
#Fin
POST SCRIPTUM: si vous avez aimé ce thread sur l'étalement urbain, il a une suite ici
![Mike[.]Rosebird[@]electronicprivacy[.]eu / spam RGPD](https://pbs.twimg.com/media/Dratj7rWoAEhjkw.jpg)
