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Conall @ConallOg
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Réfutation systématique des trois racines bancales des théories économiques libérales, à savoir :
1. La liberté serait indépendante des conditions matérielles d’existence ;
2. La propriété serait un droit naturel ;
3. Ce serait l’échange qui créerait la richesse.
Trois threads
1. La liberté est-elle indépendante des conditions matérielles d’existence ?
Pour unE matérialiste, c'est une question rhétorique, puisque la réponse est évidente : un grand NON.
Ceci étant, il faut comprendre que les libéraux ne sont pas matérialistes. (1/8)
Ainsi, les libéraux s'attachent aux libertés formelles, peu importe que vous soyez ou non en capacité d'en jouir.
C'est la raison pour laquelle ils/elles estiment que sans le code du travail, un contrat de travail serait équilibré puisque signé par deux individus libres. (2/8)
Il s’agit bien entendu d’un sophisme, dont on peut facilement démontrer par l’absurde qu’il ne tient pas.
Ainsi, vous avez le droit de vous envoler en battant des ailes (aucun règlement ne l’interdit) pourtant personne ne peut sérieusement prétendre être libre de s'envoler. (3/8)
Même le plus acharné des défenseurs de la liberté formelle est d’ailleurs obligé de reconnaître qu’une prison à ciel ouvert reste une prison & restreint bel et bien la liberté de mouvement, quand bien même vous serait donnée la liberté de vous envoler. Reductio ad absurdum. (4/8)
Vous préférez un contre-exemple concret ? Soit.
Une personne en fauteuil roulant est-elle libre d’accéder à sa mairie si celle-ci n’est pas accessible aux PMR ?
Non. Vous n’êtes pas libre de faire quelque chose si vous n’êtes pas en capacité de le faire. (5/8)
Voilà donc infirmée la grotesque prétention des libéraux selon laquelle la liberté serait indépendante des conditions matérielles d’existence.
Ainsi, dans les faits, votre liberté de mouvement dépend-elle (entre autres) de votre situation financière et de votre santé. (6/8)
Votre liberté à échanger et contracter, si chère aux libéraux, est elle aussi dépendante de vos conditions matérielles d’existence, et influe sur ce que vous êtes prêtE à échanger contre ce dont vous avez besoin, y compris en signant un contrat de travail, bien entendu. (7/8)
Bref, la conception libérale de la liberté est un sophisme grotesque, ce qui invalide toutes les théories économiques libérales se basant d’une manière ou d’une autre sur une égale liberté des agents économiques. (8/8)
2. Le droit de propriété est-il un droit naturel ?
Et d’ailleurs, qu’est-ce que le droit de propriété et qu’est-ce qu’un droit naturel ? Ça commence mal : il y a différentes définition dans les deux cas.
Commençons déjà par la propriété privée. (1/11)
Bien que dérivant tous deux du droit romain, les droits français et anglo-saxon concernant la propriété sont différents, mais s'accordent sur le fait que posséder une chose, c'est détenir un droit d'exclusivité sur celle-ci, l'usage qui en est fait et ses fruits. (2/11)
Le droit romain définit trois caractéristiques de la pleine propriété : l'Usus (droit d'utiliser et de contrôler), le Fructus (droit de s'approprier le produit, le fruit) et l'Abusus (droit de détruire ou de céder). On peut aussi les séparer, mais là n'est pas la question. (3/11)
Quant au droit naturel, si tant est qu'il existe, sa définition et ses limites varient d'un auteur à l'autre, mais là encore il y a des caractéristiques communes : un droit nécessitant l'absence de coercition plutôt que la coercition et préexistant à toute société humaine. (4/11)
Malheureusement pour les libéraux, l'exclusivité, caractéristique majeure de la propriété, non seulement est coercitive (puisqu'elle permet d'interdire à autrui l'usage de la chose qu'on possède), mais nécessite quelqu'un à exclure, donc a minima une proto-société. (5/11)
C'est sur les travaux de Locke (oubliant son soutien à l'esclavage, ses délires bibliques et les limites morales qu'il impose à la propriété) que les libéraux s'appuient pour justifier que notre corps est notre propriété, et que le fruit de notre travail l'est donc aussi. (6/11)
C'est un sophisme :
tout d'abord elle ne donne aucune légitimité à la propriété foncière (Locke prétend que les fils de Noé se la sont accaparés en bonne intelligence et sans léser quiconque) ;
ensuite, notre corps n'est pas notre propriété mais une part de nous-même. (7/11)
Preuve en est que nous ne pouvons pas vendre notre corps, quand bien même nous le voudrions, puisque c'est toujours notre volonté qui l'anime et non celle d'autrui : on ne peut séparer corps et esprit. (8/11)
Cette notion de propriété privée sur son propre corps est d'ailleurs postérieure aux travaux de Locke, et n'est pas nécessaire pour réclamer le fruit de son travail. Bref, pas de bol pour les libéraux, la propriété est un droit positif. (9/11)
Ce n'est pas un drame, mais ça anéantit toutes leurs prétentions à placer par essence la propriété privée au-dessus du reste du droit positif et de ce qu'ils appellent "faux droits" ou "droits-créances", qui comme la propriété nécessitent une coercition pour s'appliquer. (10/11)
Cette coercition, typiquement celle de l'état, est à l'origine de droits qu'ils ont en horreur, comme le droit au logement, à la sécurité sociale, à l'instruction, etc...
Étrangement, cette même coercition étatique est vue comme bénéfique quand elle défend leur propriété. (11/11)
3. L’échange crée-t-il la richesse ? Et d'abord, qu'entend-on par richesse ?
La richesse est l'abondance de biens ou de revenus. Ce n'est pas moi qui le dis, je suis même allé chercher cette définition sur Wikibéral pour m'épargner toute réclamation des libéraux. (1/13)
Il est bien évident pour tout le monde que les biens et services n'apparaissent pas par magie quand on souhaite les échanger. Il faut les produire, et la création de ces biens et services passe par le processus de production économique. (2/13)
Les 2 facteurs de production, comme chacun sait, sont le capital et le travail. Or, l'argent n'étant qu'un intermédiaire, le capital est lui-même le fruit d'une production, qu'il s'agisse d'une matière première sortie de son "état de nature", ou d'un produit transformé. (3/13)
Attendu qu'il existe des processus de production simples qui ne nécessitent pas de capital, et que le capital à l'état natif n'existe pas, puisqu'il est lui-même le fruit d'une production, on en déduit que tout capital et est le fruit, direct ou indirect, du travail. (4/13)
Toute production économique est donc le fruit du travail, le capital et l'argent n'étant que des intermédiaires (l'argent n'est qu'un symbole facilitant les échanges, aucun outil de travail n'est constitué d'argent). Donc les biens et services sont les fruits du travail. (5/13)
Par conséquent, les biens et services en abondance, qui constituent la richesse, sont les fruits du travail en abondance. C'est le travail qui crée la richesse, fermez le ban.
Vraiment ? Non, pas tout à fait. Il reste à répondre à l'objection des libéraux sur l'échange. (6/13)
En effet, l'échange, en tout cas quand il a lieu dans une hypothétique situation de liberté égale des acteurs économiques omniscients et motivés par leur seul intérêt, a une propriété intéressante : bien que physiquement à somme nulle, les gens échangent volontiers. (7/13)
Et même en intégrant les pauvres qui échangent la montre du grand-père contre un morceau de pain pour ne pas crever de faim, les gens préfèrent échanger que de garder la montre qu’ils ne peuvent pas manger : chacun attribue + de valeur à ce qu'il prend qu'à ce qu'il donne. (8/13)
Il serait simpliste de prétendre que chacun des deux acteurs y gagne.
Le pauvre sait parfaitement qu’il se fait arnaquer, et qu’il est le perdant de la transaction, pourtant il échange quand même : la valeur d’un bien ou d’un service est subjective. (9/13)
Forts de cette subjectivité des valeurs, les libéraux affirment que les deux parties s’enrichissent par l’échange, et que l’échange est donc créateur de richesse.
C’est absurde : le bout de pain avait la même valeur avant et après l’échange, idem pour la montre. (10/13)
Tout ce qu'on peut en déduire, c'est que l'échange a permis d'allouer les biens et services échangés aux personnes qui leur attribuaient le plus de valeur : l'échange permet une allocation (juste ou injuste, c'est une autre question) des richesses, pas leur création. (11/13)
En revanche, oui, il y a enrichissement dans l’échange. Pas enrichissement global, mais enrichissement de l'agent qui fait la meilleure affaire, au détriment de celui qui a perdu au change. Ce n'est pas de la création, mais du transfert de richesse entre agents. (12/13)
Bref, la création de la richesse par l’échange est elle aussi un sophisme libéral grotesque. Non seulement c’est le travail qui crée la richesse physique, mais l’échange ne crée aucune richesse, tout au plus permet-il d’évaluer sa valeur et de la faire circuler. (13/13)
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