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Ace of spades @spades_libre
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#Thread de réponse au thread de Conall, sur la « réfutation systématique des trois racines bancales des théories économiques libérales ». De qualité et dont je salue l’effort argumentatif, même si je sais qu’il s’en fout royalement venant d’un libéral :)
Tout d’abord, ce thread part du principe que le libéralisme repose sur ces trois racines. C’est erroné, mais pas le sujet. J’en parlerai en fin de thread pour conclure.
Et j’affiche d’entrée de jeu que si je suis ouvert au débat tranquille et que je tâcherai de répondre à la critique, je ne répondrai à aucune insulte. Aux rigolos qui donnent dans l’insulte, faites-le, ça ne décrédibilise que vous.
1 – La liberté est-elle indépendante des conditions matérielles d’existence ? Son raisonnement s’appuie sur le fait que la liberté de faire quelque chose n’existe pas si on n’est pas en capacité de le faire. (1/14)
Les gens n’ayant pas tous les mêmes capacités ne peuvent exercer leur liberté de la même façon. Et de là, cela suffirait à invalider les théories économiques libérales. Parce que. (2/14)
Faisant fi de la rareté/abondance des choses, son propos est donc de dire que le fait de ne pas pouvoir satisfaire tous ses besoins économiques est un manque de liberté. (3/14)
Dit avec un exemple : « Je ne peux me loger avec vue sur la tour Eiffel si je le souhaite car je n’en ai pas les moyens, donc je ne suis pas libre, remballez votre libéralisme, ça ne marche pas. » (4/14)
Notez que si tout le monde avait ces moyens, cela ne permettrait pas plus à tout le monde de se loger avec vue sur la tour Eiffel. Ou comme le disait Sowell : « La première leçon de l’économie est celle de la rareté ». (5/14)
L’ambiguïté est donc ici dans la définition même de la liberté. (6/14)
Au sens libéral, la liberté n’est pas un droit à disposer de tout ce que l’on souhaite. Elle est définie négativement comme l’absence de contrainte exercée par les autres individus, et s’arrête là où commence celle d’un autre individu. (7/14)
On peut aussi la définir positivement comme le droit d’agir sans contrainte dans la limite des droits légitimes des autres. (8/14)
Et c’est dans cette acceptation de la liberté que la liberté est indépendante des conditions matérielles d’existence. La liberté de faire quelque chose n’est pas la capacité de le faire. (9/14)
Je suis libre de manger des produits d’exception si je le souhaite. Ca n’implique pas que j’ai la capacité de le faire, ni que cela me donne le droit de contraindre autrui pour me fournir cette capacité. (10/14)
Mais la question des ressources matérielles d’existence a du sens. Permettre au plus grand nombre de sortir de la pauvreté est une préoccupation propre à toutes les tendances, libérales comme collectivistes. Seuls les moyens changent. (11/14)
Ces moyens peuvent être compatibles avec la liberté individuelle au sens libéral ou non. (12/14)
La question est donc « quel système économique permet au plus grand nombre de sortir de la pauvreté ? ». Je ne la traiterai pas ici, ça fait l’objet de nombreuses discussions. Les mesures de pauvreté existent et sont disponibles pour étudier ça. (13/14)
Mais cela ne change rien au fait que travailler à améliorer les conditions de tous est une préoccupation de chaque tendance, ni au fait que liberté et capacité ne sont pas les mêmes choses. (14/14)
2- Sur la propriété privée et le droit naturel
Cette partie là n'est pas de ma spécialité. J'en laisse un traitement plus approfondi à toute personne ayant fait des études de droit.
Juste quelques remarques
D’abord que conclure sur si la propriété privée est un droit naturel ou non n’invalide pas la théorie économique libérale, ni si elle fonctionne concrètement ou non.
En termes de droit, la propriété est définie comme droit naturel dans la déclaration des droits de l’homme de 1789, qui figure dans notre bloc de constitutionnalité.
Sur la propriété du corps : les libéraux parlent avant tout de propriété de soi-même, avant de parler de propriété de corps. La notion de propriété de corps rend simplement plus compréhensible des actions comme la vente ou le don d’organes.
Bref, je laisse cette partie qui n'est pas de mon ressort en travail, et saute directement au point 3.
3- L’échange crée-t-il la richesse ? (1/9)
La démonstration débute par le fait que toute production vient du travail. Elle termine ensuite sur le fait que l’échange de richesses ne créée aucune richesse car elle permet juste une allocation de richesse au détriment d’un acteur. (2/9)
La première assertion peut être considérée exacte dans la mesure où la production vient de travail et de capital, et que le capital est un stock de travail passé. OK là-dessus. (3/9)
Pour le reste, la question est mal posée. Les libéraux n’affirment pas que l’échange crée physiquement de la richesse, mais que l’échange est une condition nécessaire à la création de richesse. (4/9)
Si je sais produire de la farine et que mon voisin sait produire du sucre, sans échange nous nous retrouvons chacun avec notre farine et notre sucre. En échangeant, nous pouvons AUSSI produire des pâtisseries. (5/9)
C’est bien le travail, et lui seul, qui produirait physiquement ces pâtisseries, mais sans l’échange elles n’auraient simplement pas vu le jour, même moyennant beaucoup de travail. (6/9)
Deux parties sont donc toujours gagnantes d’un échange libre, sinon l’échange n’aurait pas lieu puisque l’une d’elle n’y trouverait pas son avantage. En échangeant chacun mutuellement, nous avons tous deux permis la création de biens qui n’auraient pas vu le jour sinon. (7/9)
L’échange, en permettant la création de biens qui n’auraient pas vu le jour sans lui, est donc une cause directe de l’abondance et de la prospérité économique. Et ça ne vient même pas d’un déséquilibre lors de l’échange. (8/9)
C’est encore plus vrai aujourd’hui ou de plus en plus de produits sont complexes. A l’image de ce simple stylo, comme en parlait Milton Friedman (9/9)
4 – Sur ces fameuses bases libérales
Le libéralisme n’a pas comme pilier les 3 éléments ci-dessus. En fait il n’y en a qu’un seul : la primauté des principes de liberté/responsabilité individuelle sur l’autorité. Tout le reste en découle. Le libéralisme est une doctrine de droit avant d’être une théorie économique.
Pire : chacun peut avoir sa propre interprétation sur le droit naturel ou telle économie, et il se trouvera des libéraux en désaccord sur certains points. Il est juste erroné d’espérer abattre le libéralisme en démontant simplement ces 3 socles qui n’en sont pas vraiment. #fin
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