[thread #Vajont] épisode 3
Autour du futur barrage, l'inquiétude grandit.
Autour du futur barrage, l'inquiétude grandit.
Cette inquiétude est motivée par une ligne qui se apparaît peu à peu au dessus de la route de contournement, du côté du mont Toc. Une sorte de fissure qui court et qui se creuse, jour après jour. Une fente. Qui rappelle que l’on a toujours pas fait les études commandées par Rome. 
Alors Semenza fait appel à un jeune géologue réputé, l’autrichien Muller. Un Autrichien en Vénétie. Comment dire...C’est comme un Allemand en Lorraine, un Russe en Pologne, un Japonais en Corée, un Parisien à Marseille ou quelqu'un qui met de la crème dans la carbonara en Italie.
Même s’il applique une méthodologie rigoureuse, des méthodes de carotages et de relevés modernes, ça ne passe pas très bien auprès des ingénieurs et géologues locaux. Le vieux Dal Piaz, un brin vexé, lui savonne la planche.
Et avant même qu’il rende ses conclusions, son travail a déjà été largement mis en doute. Pendant ce temps, le barrage continue de grimper sous l’œil bienveillant des responsables politiques qui saluent cette noble entreprise italienne.
La commission de contrôle vient enfin au barrage. Suspendus dans une cabine, secoués par le vent à près de 300m du sol, les Romains ne tiennent pas à rester si longtemps sur place. Cortina d’Ampezzo et Venise ont d’autre charmes et des standards de confort supérieurs aux auberges
Ils réussirent l’exploit de repartir à Rome en oubliant les documents devant servir de base à leur rapport. Heureusement, les gens de la Sade, qui font bien les choses, trouvèrent le temps de leur rédiger un mémo “prêt à signer” à la suite de cette visite de tourisme.
Et hop, c'est signé. Et cette signature vaut aussi subvention publique !
C’est d’autant plus important que l’on parle de plus en plus d’une nationalisation de l’électricité.
C’est d’autant plus important que l’on parle de plus en plus d’une nationalisation de l’électricité.
Et que tout ce qui peut être fait (en terme de travaux) et pris (comme subvention) avant une nationalisation compte beaucoup pour les actionnaires de la Sade, car la valeur de l’entreprise en sera décuplée au moment de sa vente.
Autant dire que l’Etat Italien se met à subventionner auprès d’un constructeur privé un bien.. qu’il va lui acheter d’autant plus cher qu’il sera abouti ! Payer la construction du barrage, puis acheter le barrage quoi… Un classique.
Le géologue Muller rend son rapport. Douche froide. S’il n’existe pour lui, malgré les dires des habitants, aucun problème du côté des villages, sur la partie nord de la vallée, le côté sud, le Mont Toc, présente un grave problème. Une faille de 2km sur une profondeur de 600m.
Déjà décrédibilisé auprès des responsables de la Sade ce rapport est reçu avec scepticisme. On fait appel à un géophysicien qui arrive à des conclusions plus optimistes, n’évoquant au pire qu’un risque d’éboulement superficiel, de 20 à 30m de profondeur.
Semenza charge alors son fils, géologue de son état, de réaliser une autre étude. Il se met au travail. Pendant ce temps, on achève le barrage. La commission vient, passe, jette un oeil sur le bel ouvrage enfin terminé et donne son feu vert pour le début des essais de remplissage
L'autorisation est donnée pour un niveau d'eau correspondant à une altitude de 600m au dessus du niveau de la mer. L’eau commence lentement à monter dans l’immense espace conçu à cet effet. Et il a fière allure ce barrage !
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