La journée étant calme et comme je l’avais promis quelque part dans mon thread sans fin sur l’homme à la pancarte voici une autre histoire de photos qui m’interroge beaucoup sur mon métier et plus particulièrement sur l’utilisation que les médias font de nos images.
Certains d’entre vous ont probablement déjà du voir passer cette photo d’un camion de pompiers prise par le photographe Philippe Huguen pour l’AFP. Ce que peu ont peut-être remarqué c’est à quel point cette photo est utilisée à toutes les sauces qu’on parle ou non de pompiers.
Je ne sais donc ce qui m’a pris en 2016 de faire une capture d’écran de chaque tweet dans lequel apparaissait cette photo. Deux plus tard, et des centaines de captures sous la ceinture, me font me questionner sur plusieurs points. 
D’abord qui donc au sein de chaque rédaction détermine l’utilisation de telle ou telle photo? Et comment diable est-ce que ces personnes arrivent à tomber quasi systématiquement sur celle là et pas une autre? Possède-t-elle les mots clés “Illustration parfaite pour fait divers”?
Je connais la portée tentaculaire de l’AFP et sais que la grande majorité des médias possèdent un abonnement à cette agence qui donc les oblige quelque peu à aller piocher dans son catalogue de photo (avec tous les travers que cela peut avoir quant à la richesse iconographique…
… je vous plains sincèrement amies et amis iconos!) mais pour autant comment tomber sur CETTE photo? Est-ce que quelqu’un à ce poste pourrait m”éclairer car je suis réellement sans explication.
L’autre point est donc qu’à force d’aller se fournir exclusivement chez une seule source aussi bonne soit-elle (là n’est pas la question) on se retrouve avec les mêmes photos dans différents supports. Pourquoi est-ce un problème? Je vous remercie de me poser la question.
Si l’on met de côté les pigistes, chaque rédac travaille avec “ses” rédacteurs. Tout le monde trouverait cela quelque peu bizarre qu’un rédacteur de Libération aille écrire des articles pour le Figaro et vice versa (sauf à tester à être journalistes dans une autre rédac).
Chaque journal a donc sa propre écriture, ses propres plumes. Et donc, pour en revenir avec l’histoire qui nous concerne, un photographe (photojournaliste de surcroit) écrit avec la lumière donc il semble normal que chaque rédac ait aussi son écriture photographique non?
Ces histoires de forfaits font que Libération, le Figaro et tous les autres peuvent utiliser la même photo alors même qu’il existe vraisemblablement d’autres sources qui pourraient d’ailleurs mieux convenir à leur style. Mais, et c’est là qu’il peut y avoir un couac…
…c’est que tout ça coute de l’argent de payer les photojournalistes (“bouuuuuh les privilégiés ils se font payer pour leur travail qui est une passion pour plein d’autres personnes!”) a fortiori lorsqu’il n’y a plus trop de budget pour les photos hors forfaits donc.
Comment résoudre tout cela? Je n’en ai pas la moindre idée mais je me pose fréquemment la question … Bon sur ce, je vais aller faire des photos en filé d’un camion de pompiers, sait-on jamais! /fin @threadreaderapp unroll please
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