Thread by @CamilleVernier1

Lettre ouverte de désamour aux journalistes.

Chers journalistes, n'y voyez pas de la haine, je ne vous déteste pas, juste, comme beaucoup, je n'ai plus confiance en vous.

Et cette situation, chers journalistes, vous en êtes responsables.

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Petite, je voulais être Lois Lane.
Elle était forte, elle était belle, elle était indépendante, intrépide et intègre, elle était journaliste.
Elle était mon héroïne.
Mais ça, c'était avant.
Superman, Lois Lane et le journalisme qu'elle incarne, tout ça, c'est de la fiction.

Combien sommes-nous à nous y connaître un peu dans un sujet et à nous exaspérer des inexactitudes, interprétations idéologiques et mensonges quand un article sort sur ce sujet ?
Combien sommes-nous à nous demander si ce n'est pas le traitement réservé à tous les sujets ?

Chers journalistes, je ne remets pas en cause votre sincérité, je remets en cause votre crédibilité.
D'autant plus que vous faites tout pour la perdre cette crédibilité.
Arrêtez de vous prendre pour des héros ou des missionnaires prêchants la bonne parole.

Votre boulot, chers journalistes, ce n'est pas de me dire quoi penser. Non.
Je vous demande trois choses: objectivité, exactitude, vérité.
Je ne demande pas votre interprétation des faits, ni votre opinion, ni la lune.
J'ai un cerveau, laissez moi réfléchir par et pour moi-même.

Quand je lis un article, regarde ou écoute un reportage, je passe plus de temps à douter, à me questionner sur le biais idéologique, à tenter de prendre du recul qu'à réfléchir aux problématiques soulevées par le travail du journaliste.
Et ça, c'est grave.

Chers journalistes, j'ai besoin de vous pour m'aider à voir le monde, pas pour me montrer quoi voir, pas pour me dire comment voir, pas pour me sermonner quand j'interprète différemment de vous.

Au bout d'un moment, c'est normal que je vous trompe et que j'aille voir ailleurs.

Chers journalistes, les blogs, podcasts, chaînes YouTube et autres sites d'information "alternatifs", leur existence, vous ne la devez qu'à vous même.
Ces sources d'information sont une nécessité, ça comble un manque, un manque que vous avez vous même créé.

Chers journalistes, blâmer celles et ceux qui ne vous font plus confiance, qui ne vous aiment plus, les qualifier d'idiots, d'extrémistes, de beaufs, de complotistes, ça vous permet de vous dédouaner.
Perso, j'y vois de l'arrogance, de la condescendance, un manque de respect.

Chers journalistes, le danger pour le journalisme, c'est vous même. Pas moi, pas lui, pas eux, c'est vous.
C'est à vous de faire l'effort, à vous de me prouver que je peux vous faire confiance à nouveau, vous aimer à nouveau.
C'est à vous de me reconquérir.

Chers journalistes, vous qui êtes si prompts à critiquer tout et tout le monde, l'heure n'est-elle pas venue pour une autocritique ?
Les raisons de ma perte de confiance en vous, de mon désamour, elles ne sont pas externes.
Mettez-vous face à un miroir.

Chers journalistes, je ne vous demande pas d'être parfaits, je vous demande d'être irréprochables.
Tout le monde fait des erreurs. La plupart d'entre nous doivent rendre compte de nos erreurs. Certains d'entre nous même, assument la responsabilité de nos erreurs.
Et vous ?

Le fact checking, ce n'est ni rendre des comptes ni assumer, c'est couvrir.
Le fact checking, pour moi, c'est des journalistes qui font une opération de com pour rattraper les erreurs d'autres journalistes, mais sans les blâmer, juste pour embellir l'image du journalisme.

Chers journalistes, blâmez, pointez du doigt, dénoncez et demandez des comptes à vos confrères coupables d'être mauvais.
Et en public, aux yeux de tous.
Cassez votre image de corporation unie et solidaire, ça aidera votre cas.
Il est temps de faire le ménage.

Je le vois venir le procès d'intention. Oui, je généralise mon désamour à tous les journalistes. D'exprès.

Oui il y a de bons journalistes. Je sais. Mais il y a aussi des mauvais.
Et ces mauvais journalistes nuisent à l'image de tous les journalistes. Et vous le savez.

Chers journalistes, je ne suis rien, je ne suis personne, mais je pense que mon désamour pour vous est représentatif.
Ce n'est pas encore le divorce, juste un break.
Je suis ouverte. Je suis à reconquérir . À vous de jouer maintenant. Offrez moi de quoi vous aimer à nouveau.