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[Thread] Je ne sais pas si certains d'entre vous suivent les débats sur l'école à l'Assemblée, mais ce qui est en train de se passer est gravissime...
C'est l'idée de l'école telle que portée depuis 45 qui est en train d'être enterrée, au profit d'une vision passéiste revêtue des habits de la III° République (patriotisme suranné, ségrégation entre élèves) mais sans contenu et avec une orientation clairement entrepreneuriale.
Je veux bien qu'on me dise que c'est de la com', reste qu'à force de saupoudrage, on crée un état d'esprit général et une direction. Là on fonce tout droit vers un abîme.
Les options prises sont "à droite toute", et les inspecteurs sont déjà en branle pour idéologiser tout le monde. Comme je le disais il y a quelques jours, dans les réunions, il ne faut pas parler de "réforme" mais de "transformation". Et Blanquer s'auto-institue comme gourou.
Je travaille dans un collège REP+ en banlieue parisienne, dans une zone extrêmement défavorisée. Un nouveau principal est arrivé il y a trois ans et, profitant de la réforme de NVB à l'époque, s'est rendu tout-puissant au sein de l'établissement.
Il a réussi à casser toute solidarité entre collègues, à instaurer un climat de peur, à tel point que nous ne parvenons même plus à travailler correctement tous ensemble.
La méthode managériale employée: ne jamais permettre à l'ensemble de l'équipe pédagogique de se rencontrer. Privilégier les discussions en catimini, les promesses individuelles, pour tout verrouiller et casser toute tentative de mouvement collectif contre la direction.
Bien sûr, on accueille des contractuels: ces derniers sont malmenés par la direction et baillônnés de par leur statut. Ils ne participent pas aux réunions syndicales, se voient menacés, infliger des inspections surprises, etc...Car le chef à le bras long.
Je ne vais pas m'étendre sur les nombreuses entraves à la loi dont nous avons été témoins dans le bahut: conseils d'administration bidonnés, utilisation arbitraire des budgets, rétention d'information, tout cela mâtiné d'autoritarisme et d'intimidations.
On a déjà un public d'élèves relativement difficile et fragile, et tout cela n'aide en rien au bon fonctionnement d'un service scolaire digne de ce nom. Sans compter le fait que nos effectifs augmentent en même temps que les seuils légaux de remplissages d'établissements...
L'an dernier, une collègue avec qui je m'entendais très bien, hyper investie pour ses élèves et dynamique, a quitté le collège à cause de la nouvelle direction. Elle n'en pouvait plus: elle est allée jusqu'à faire un signalement à un médecin du travail.
Avec une partie de l'équipe péda, on est parvenus à la fin de l'année dernière à obtenir une audience auprès du DASEN de notre académie. On a mis en cause notre direction concernant les abus de pouvoir et l'ambiance délétère qui plane dans le collège.
Réponse du DASEN: "Ben à ce que je vois l'établissement fonctionne quand même, donc je vous renvoie aux instances dédiées en interne pour régler les "petits" problèmes". Sauf que ces instances sont systématiquement piratées par notre direction qui les utilise à sa guise.
Du coup on a un collège qui fonctionnait bien mais où règne désormais la défiance, une ambiance moribonde, et où de nombreux collègues se désengagent peu à peu de projets qui fonctionnaient avant mais qui sont désormais parasités.
Et puis logique entrepreneuriale oblige, le collège devient aussi une vitrine sous l'impulsion du chef: des projets sont imposés aux équipes par celui-ci, parfois sans contenu et sans intérêt, mais c'est pas grave, ce qui compte c'est qu'ils soient dans les bilans de fin d'année
On nage en pleine société du spectacle à l'éducation, donc. Et il y aurait encore tant à dire...Voilà un exemple de ce qu'est un bahut "éducation prioritaire" en 2019. Ca fait envie, non?
Et on veut maintenant mettre des drapeaux dans toutes les classes et nous empêcher de nous exprimer. Que va devenir l'école sous ce quinquennat? Elle ne sera bientôt plus un service public, et ces nouvelles méthodes ne permettront pas d'améliorer la réussite des élèves.
Soutien total aux collègues déjà engagés dans la lutte contre la réforme du lycée. M'est avis que c'est quelque chose de bien plus large et dangereux qui nous guette avec Blanquer et ses adeptes.
La fétichisation des idéaux républicains intervient au moment même où on se torche avec ces mêmes idéaux. J'espère que mon collège est un cas isolé, mais je crains que non: c'est a priori le nouveau modèle de management qu'on veut impulser dans toute l'éducation.
Et Cc @rachidowsky13 que ça intéressera aussi
