Thread by @LarrereMathilde

hi hi hi celui là m'amuse

il me traite de tricoteuse de 93!!!!

alors ça me donne envie de vous dire un peu qui étaient les tricoteuses!⤵️

En 1789, si les femmes sont privées du droit de vote, on leur reconnait celui d'assister aux réunions de l'Assemblée constituante
Elles s'installent dans les tribunes et s’arrogent un droit de contrôle des élus, les invectivant, applaudissant, huant.
(image un peuple et son roi)

Comme elles arrivaient en avance dans les tribunes pour avoir de la place, elles s’occupaient en attendant l'ouverture de la séance par des travaux d’aiguilles. Elles y gagnèrent le surnom de tricoteuses…

(gouache de Le Sueur)

Ce qui reviennait qd même à les renvoyer à une activité féminine (le tricot) ce alors qu' elles venaient pour faire de la politique… m’enfin… il faut croire qu'il était difficile de reconnaitre la place politique des femmes...

Cela explique au demeurant que le titre du 1er livre sur les femmes sous la révolution, un excellent livre de Dominique Godineau ait été : les citoyennes tricoteuses

mais au fur et à mesure de la Révolution, cette place (grandissante) que prennent les femmes n'a pas l'heur de plaire aux révolutionnaires, ce d'autant plus que nombreuses s'engagent dans les clubs les plus radicaux, comme la Société des femmes révolutionnaires et républicaines

à partir de 1793, puis à nouveau en 1795, plusieurs décret sont pris pour limiter les droits politiques des femmes
le décret Amar (oct 1793) les prive du droit d'association
un décret de 95 les prive du droit d'assister aux séances de l'Assemblée

Elles n'ont même plus le droit de s'assembler à plus de 5 dans la rue!

au lendemain du décret, les tricoteuses qui voulaient assister à la séance ont été chassée à coup de fouet...

parallèlement un image négative des femmes révolutionnaires se construit et se propage dans les milieux contre-révolutionnaires
Les tricoteuses de l’assemblée deviennent les tricoteuses de la guillotine, cruelles harpies assoiffée de sang, dévorées par des furies utérines

je ne trouve pas des images de l'époque, même cette représentation négative des tricoteuses a longtemps perduré, on la voit par ex dans cette bande dessinée

De nos jours encore, la "tricoteuse", ou plutôt "les tricoteuses" car le mot est plus souvent employé au pluriel, tient incontestablement une place de premier rang dans la mythologie contre révolutionnaire. le tweet sus-cité en est un bon exemple

si vous voulez en savoir plus, je vous conseille la lecture de cet excellent article de Dominique Godineau
revolution-francaise.net/2008/04/01/223…

au final oui je suis une tricoteuse, mais au sens premier, une femme qui entend jouer un rôle sur la scène publique, politique même, qui le considère comme légitime, qui prend la parole.

n'en déplaise aux facheux (et au facho)