,
18 tweets,
3 min read
Read on Twitter
Petit point sur la situation politique (surréaliste as usual) en Italie 🇮🇹
Salvini, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur de la Ligue (extrême-droite) allié au mouvement 5 étoiles lance donc une motion de défiance contre son propre gouvernement pour provoquer des élections anticipé et devenir seul maître à bord.
On appréciera la nature de ses ambitions, puisque dans sa déclaration, en forme de candidature à la présidence du conseil il n'a pas demandé qu'une majorité aux Italiens, mais "les pleins pouvoirs".
Les sondages, qu'il parte seul à ces élections ou allié aux formations de droite et d'extrême-droite le confortent : il serait, avec un tiers de l'électorat, en situation d'avoir une majorité seul au Parlement.
Mais faire voter une motion de défiance contre son propre gouvernement est un premier obstacle. Il n'est pas acquis que les adversaires résolus du gouvernement jaune et vert actuel... votent contre la défiance à ce gouvernement puisqu'elle servirait Salvini.
Et sur le papier, si le M5S et le centre gauche (PD) ne votait pas cette motion, elle ne pourrait pas être adopté. Salvini ne pouvant rester au gouvernement dans cette hypothèse, on parle de plus en plus d'un gouvernement "institutionnel" voir de "salut national".
En gros, ce serait un gouvernement soutenu par le M5S, le PD, et peut-être une partie de la droite non Salvinienne. C'est évidemment difficile à concevoir, puisque le M5S s'est construit dans un affrontement vif avec le PD. Et parce que le PD est l'adversaire résolu de leur gvt.
Et le gros temps s'annonce. C'est peut-être d'ailleurs, au-delà de l'opportunité électorale pour un Salvini qui a "mangé" le M5S dans l'exercice du pouvoir, la vraie raison de sa manœuvre : le budget à venir donne des sueurs froides.
Entre la croissance en berne, le coût de la flat tax (cadeaux fiscaux sur l'IR), du nouveau revenu citoyen (plutôt un RSA en fait), la perspective à éviter d'une hausse massive de la TVA, ce sont des dizaines de milliards qu'il va falloir trouver.
Salvini préfère que d'autres endossent les choix à faire et leurs conséquences, pas toutes populaires. Comme l'UE tirera sans doute la sonnette d'alarme, il a une occasion de se remettre en scène comme combattant contre Bruxelles. Et remettre sur la table la sortie de l'euro.
Pour conclure provisoirement face à ces tristes perspectives, je vous rappelle le principe de base de la politique italienne : le scénario le plus probable, c'est celui qu'on avait pas prévu.
*votent la défiance et pas contre la défiance évidemment*
Faudra que je vous raconte aussi ce qui se passe dans le PD, fracturé entre autres entre les renzistes et les soutiens à Zingaretti, le nouveau secrétaire, qui sont dans des positions opposées et presque à "contre-pied" sur une alliance avec le M5S
Justement, le secrétaire Zingaretti publie à l'instant une tribune : "Franchement, non. Un petit accord d'appareil PD M5S offrirait à Salvini un espace immense. N'ayons pas peur du vote" huffingtonpost.it/entry/con-fran…
Les renzistes, pourtant plus à droite, poussent à l'accord avec le M5S. En jeu, il y aussi la composition des groupes parlementaires PD, où les renzistes sont plus forts que le chef du parti, qui pourrait les évincer avec une nouvelle élection...
Suite : Renzi semble prêt à la rupture avec le PD, il prépare le lancement de groupes parlementaires "Action civile" et d'un parti. Ses troupes semblent suffisantes pour bloquer la motion de défiance rep.repubblica.it/pwa/generale/2…
Si le plan Renziste fonctionne et qu'un "gouvernement institutionnel" se met en place, il pourrait être soutenu par un arc politique déroutant : Libres et égaux (gauche), aile droite scissionniste du PD (ex-centre gauche), peut-être Forza Italia, et le M5S...
À droite, c'est désormais officiel, Forza Italia devrait soutenir Salvini, qui affirme même pouvoir piquer quelques éléments au M5S. ilfattoquotidiano.it/2019/08/12/cri…
