1/n Pett thread sur un article que je trouve très intéressant pour comprendre les mécanismes qui entretiennent et font enfler le hype autour de technologies innovantes qui ont une faible valeur pour la société issues.org/behind-technol… 
2/n Jeffrey Funk est professeur de commerce associé à l'université de Kobe au Japon avec un focus sur les technologies durables.
3/n Nous vivons une époque qui se caractérise par la perversion de la notion de valeur: on assume que ce qui a de la valeur c'est ce qui rapporte aux actionnaires et que le reste est réputé être sans valeur, comme l'expliquait un article du Financial Times.ft.com/content/e00099…
4/n La technologie est réputée avoir de la valeur pour elle-même en dehors de tout autre critère. En tous cas elle est valorisée financièrement par les investisseurs en capitaux risque et génère des flux financiers, indépendamment de la création de valeur pour la société.
5/n Ceci n'est pas entendable par les citoyens et c'est là que le hype intervient pour générer l'illusion de la valeur. Pour faire enfler la bulle technologique qui génère des flux et une bulle financiers, le capitalisme a besoin de hype.
6/n En réalité le hype, comme la concentration des moyens freinent l'innovation, le type d'innovation qui pourrait représenter de la valeur pour la société en diminuant les coûts, économiques, sociaux et écologiques générés par la société, en la rendant ainsi plus efficiente.
7/n Voici ce que dit J Funk: l'innovation ralentit mais personne ne veut l'admettre. Une gigantesque bulle financière et technologique ne cesse d'enfler alimentée par le hype. P exp le marché des actions a triplé en 10 ans.
8/n Un point pour moi: pourquoi cette bulle enfle? Car il y a des groupes de personnes qui accumulent beaucoup d'argent et qui veulent à tout prix l'investir dans des projets très rémunérateurs. Ils investissent donc dans des projets innovants technologiquement et prometteurs.
9/n Le hype autorise aussi de très importants investissements publics qui, non encadrés, sans projet d'ensemble cohérent, ne font que contribuer à alimenter le hype et la bulle technologique
10/n Les sources du hype se trouvent dans les analystes spécialisés facilement relayés par les medisas plus généralistes.
11/n K Funk décrit le hype comme une sorte de contagion psychologique autour d'1 story telling (c'est le travail des services marketing des entreprises de générer du story telling autour d'un produit), ms q gagne aussi les universités, intéressées financièrement au succès du hype
12/n Ce qui favorise le hype c'est une certaine conceptualisation de l'innovation portée par la théorie de l'innovation disruptive. Elle prône que le succès d'une innovation est imprédictible et non analysable: si on ne réussit pas c'est qu'on n'a pas essayé.
13/n Les business models d'innovation enseignés dans les écoles de commerce sont désormais centrés sur la capture de valeur plus que sur la création de valeur (visant l'acquisition de monopoles) comme dans les différentes plateformes telle q Airbnb.
14/n Autour de cela et pour le favoriser se créée un réseau médiatique spécialisé relayé par les medias traditionnels et les réseaux sociaux qui fonctionne désormais sur le même modèle que les réseaux qui diffusent des fake news. Chacun y gagne qq chose, notamment de l'audience.
15/n Un aspect intéressant et contre-intuitif: les groupes d'intérêts contribuent au hype, dès lors qu'ils priorisent leurs objectifs sur l'analyse raisonnée et les écologistes peuvent favoriser le hype des technologies dites "vertes".
16/n Ce qui manque terriblement pour J Funk, c'est un pilote dans l'avion. Les décideurs politiques, tant que l'Etat ne disparaît pas à force d'être appauvri, doivent prendre en charge le bien commun par la mise en cohérence et l'analyse de rationnelle des innovations.
17/n Le hype produit un gigantesque gaspillage de ressources et, je dirais, une mauvaise orientation des politiques publiques. J Funk propose de tenir les prévisionnistes comptables de leurs prévisions car sinon les promesses restent faciles à faire et faciles à ne pas tenir.
18/n Il propose aussi de juger les unviersités par l'output plutôt que par l'input. Et également d'améliorer la formation des étudiants en école de commerce.
19/n On est bien loin de la théorie de la tribune des no-fakescience, rendant les journalistes seuls responsables d'une mauvaise transmission de l'information scientifique.
20/n Et la question des conflits d'intérêts n'est jamais abordée, quoique centrale dans le hype. Les acteurs du hype n'y contribueraient pas s'ils n'y trouvaient pas un intérêt, généralement financier. C'est un peu le point aveugle de cet article, qui est pourtant très bon.
