Thread by @ZorroCheminot

Sujet : la grève « sauvage » SNCF, « le droit de retrait » qui n’en est pas un, la grogne partout ... les gilets jaunes ?
Cause : la fracture interne, le gouffre global.
Explications : ce thread

On s’étonne : « mince alors, dans ce monde pourtant bien agencé, normé, contrôlé, il y a de l’imprévu, de l’incontrôlable. Plus on leur dit que ça va bien, plus ils grognent. Ils ne doivent pas comprendre, il faut expliquer à nouveau. »

Expliquez tant que vous voudrez, on ne parle plus la même langue. Tout ça s’est joué en deux étapes :
1) je chamboule tout en continu
2) je t’explique comment est le monde aujourd’hui
Sauf qu’il y a l’étape 3 conséquence directe des deux premières.

Changer les organisations en continu c’est perdre les gens. Ça tombe bien c’était un peu le but : on veut des gens « agiles ». Comprendre : sans attaches et qui donc acceptent de changer en continu. Problème : on perd toute notion de collectif.

Sauf que l’être humain est de par nature un être sociable qui a besoin de vivre en groupe. Mais on allait résoudre ça à grands coups de com interne : le monde de oui oui vendu comme nouvelle famille. Travailler bien c’est désormais parler à un chien.

Nouveau problème : tous n’acceptent pas ce concept. Pire même : en fait il n’y a qu’une poignée qui adhère. Tant pis pour les autres, on avance.
Ça ne vous rappelle pas quelque chose tout ça ? Une certaine démarche gouvernementale ?

Et oui, on découvre un peu tard que les mêmes causes produisent les mêmes conséquences : on invente un nouveau monde avec un nouveau langage et ceux qui ne suivent pas sont désignés réfractaires. La SNCF qui avance est celle de l’after work, du digital et des 574.

La SNCF qui avance c’est celle qui parait plus qu’elle n’est. Il faut faire parler de sa réunion post-it et peu importe si on en sort qu’un plan d’action qui ne sera jamais appliqué. La SNCF qui avance c’est celle qui qui est belle à 14h, pas celle qui bosse à 3h.

La SNCF qui avance c’est celle des rails connectés, pas celle du gars qui brasse le ballast avec sa fourche. La SNCF qui avance c’est celle des appli, pas celle de l’humain. Sauf que la SNCF qui avance, elle a oublié qu’elle n’était rien.

Rien en nombre et surtout rien sans tous les autres. Rien aussi par sa production : du vent et des sourires commerciaux, voilà tout ce qu’elle fait. Car fondamentalement il faut toujours les mêmes ingrédients pour faire du train.

Et les mêmes compétences, avec des gens pour faire et non pour se faire voir. Nous avons donc tout un paquet de parasites venus se greffer sur le dos de ceux qui font et qui leur expliquent que eux sont importants et font avancer le train.

La société du paraître récompense les parasites et donne des miettes à ceux qui font. Alors reprenons : diviser, chambouler, nier la compétence, nier l’humain et mettre en avant du flan. Et on s’étonne ? Ce qui est étonnant c’est d’être aussi aveugle .

Les mêmes recettes donnent des gilets jaunes en France. A la SNCF ça donne des grèves « surprises » pour les aveugles vendeurs de flan. Ces conflits on une cause directe : rémunération, sécurité, congés, mais surtout un moteur interne :

On existe, on est là, sans nous vous n’êtes rien et vous nous nié. Ok, pendant un temps on accepte et puis un jour on explose. Vous n’avez rien vu venir car vous ne servez à rien sinon à vous convaincre mutuellement que vous êtes essentiels.

Plus vous communiquez, plus vous alimentez le feu qui couve car vous ne savez rien de ceux qui font, vous ne voyez que ceux qui paraissent. Vous avez voulu nous ignorer. Vous allez apprendre à nous regarder.