Pourquoi ça n'est pas grave de déposer des manuels scolaires devant des rectorats : un fil, starring @jmblanquer et l'Education Nationale. (1/14)
Aujourd'hui, Monsieur Blanquer est furieux, Monsieur Blanquer tempête et gronde, Monsieur Blanquer est indigné. En cause d'affreux professeurs qui ont osé profaner des livres, rappelant les heures les plus sombres de notre histoire. (2/14) 
Le symbole est fort, violent, le genre de symbole qu'affectionne Monsieur Blanquer, grand pratiquant des médias : une foule en colère de profs censés être les garants du savoir, profanant des manuels scolaires, réceptacles dudit savoir.
Honte ! (3/14)
Honte ! (3/14)
Mais en fait, si on prend le temps de respirer par le nez, on s'aperçoit que la quasi totalité des ouvrages déposés devant les rectorats sont en réalité des manuels scolaires périmés. Car oui. Les changements de programmes sont si nombreux que les manuels se flétrissent. (4/14)
Et ce de plus en plus rapidement. On se retrouve très rapidement, dans les établissements scolaires, avec des jeux entiers de manuels obsolètes. Qui finissent bien souvent au pilon.
Et ils ne sont pas les seuls, figurez-vous. (5/14)
Et ils ne sont pas les seuls, figurez-vous. (5/14)
Parce qu'avec tout le respect que je lui dois, est-ce que Monsieur Blanquer s'indigne des bouquins invendus que l'on met au pilon ? Du désherbage des bibliothèques qui bazardent des ouvrages jaunis et écornés ?
Ah, mais ça n'est pas au grand jour ! Voilà la différence. (6/14)
Ah, mais ça n'est pas au grand jour ! Voilà la différence. (6/14)
Tant que les choses se font dans le noir, loin des caméras, cela n'importe pas à Monsieur Blanquer. Qui couvre les murs de nos classes de reliques et de symboles, reproductions de textes fondateurs sur papier A3, en espérant ainsi sacraliser les établissements scolaires. (7/14)
Votre école idéale, Monsieur Blanquer, est-elle recouverte intégralement de drapeaux et de textes de loi, afin que quiconque la touche soit soumis à l'anathème ? Drôle de vision de la laïcité, qui fait des images de la République des reliques. (8/14)
Déposer des ouvrages surnuméraires devant des rectorats n'est pas un blasphème. Et évitons les "donnez-les à des associations", il n'y aurait pas assez d'associations pour écluser les tétrachiées de manuels que des éditeurs se frottent les mains à remplacer sans cesse. (9/14)
Ce n'est pas le "rapport au livre" (étrange et religieux singulier, d'ailleurs) qui fait notre vocation, Monsieur Blanquer. C'est notre rapport aux élèves. C'est notre envie de leur fournir une éducation de qualité. (10/14)
Sans avoir à nous soucier de devoir sacrifier des options ou des classes parce qu'il nous manque des heures (oui, oui les enveloppes horaires sont arrivées pour 2020-2021 et elles sont FAMELIQUES). Notre vocation, c'est éduquer sans lésiner sur les moyens. (11/14)
Mais ça on ne peut pas le prendre en photo. C'est plus facile de balancer sur un réseau social des manuels éparpillés et une affiche déchirée. Mais bon, on apprend aussi la dignité à nos élèves, donc nous, enseignants, on évitera. (12/14)
Mais à chaque fois que vous relayerez une représentation biaisée, Monsieur Blanquer, vous ou qui que ce soit d'autre, nous ferons notre travail d'enseignant : nous expliquerons. Sans jamais nous décourager. (13/14)
Parce que si vous croyez que vos incessantes fictions finiront par nous lasser, vous n'avez visiblement jamais essayé d'apprendre le subjonctif ou le théorème de Thalès à des élèves. Nous avons la patience, et la passion, pour déliter des mensonges. (14/14)
