1/ Leona Harriet Woods est née dans une ferme de l'Illinois (USA), le 9 août 1919. Après des études de chimie, elle réalise une thèse de doctorat sur la spectroscopie des molécules d'oxyde de silicium auprès du futur prix Nobel de Chimie Robert Mulliken et de Stanisław Mrozowski.
2/ A partir de 1942, elle travaille seule car ses jeunes collègues étudiants hommes sont réquisitionnés pour l’effort de guerre. Elle rencontre alors Herbert Anderson (à gauche) qui travaille avec un certain Enrico Fermi (à droite) sur la réaction en chaine…
3/ Elle rejoint cette équipe de scientifiques du Metallurgical Laboratory (Met Lab) de Chicago. Elle a la charge de créer un compteur de trifluorure de bore pour détecter l'activité des neutrons, une étape cruciale pour valider la réalisation d'une réaction nucléaire en chaîne.
4/ Les scientifiques construisent en 1942 une « pile atomique » (nom donné à l’époque au réacteur nucléaire) nommée « Chicago Pile 1 » dans une salle de squash abandonnée, sous les gradins du stade de football américain de l'université de Chicago.
5/ La 1ère réaction en chaîne maîtrisée de l’histoire se déroule donc le 2 décembre 1942, dans le réacteur nucléaire « Chicago Pile 1 ». Lors du démarrage, Leona Woods, seule femme présente pose une question à Enrico Fermi : « Quand devrons-nous commencer à avoir peur ? ».
6/ A cette époque, la priorité n’est pas à la protection face au danger pour les scientifiques engagés dans cette course atomique. Leona reçoit par exemple une dose 200 röntgens (2 Sv) lors d’une manipulation, ce qui provoque une chute momentanée de ses leucocytes de moitié.
7/ L’équipe quitte Chicago pour un site plus éloigné et discret nommé A/Plot M (où travaillera le Metallurgical Laboratory puis le laboratoire national d’Argonne à partir de 1943). De nouvelles expériences sont réalisées (Photo Chicago Pile 2) sous la direction de Fermi et Zinn.
8/ En plus de son travail de scientifique, Leona aide sa mère qui gère seule une petite ferme près de Chicago. Laura Capon Fermi (sur la photo avec son mari Enrico) dira d’elle qu’elle « partageait son temps entre les atomes et les pommes de terre ».
9/ Leona épouse un scientifique du projet, John Marshall, en juillet 1943 (photo). Peu de temps après, elle tombe enceinte et décide, avec Enrico Fermi, de cacher sa grossesse de peur que Walter Zinn l’apprenne et décide de la retirer du projet.
10/ Pendant des mois, Leona va couvrir son ventre de femme enceinte avec ses vêtements de travail et cacher ses nombreuses nausées. L'enfant, un garçon appelé Peter, est né en 1944. Leona sera de retour au travail quelques jours plus tard, confiant l'enfant à sa mère.
11/ Alors qu’elle est enceinte, un chantier monumental débute à Hanford en 1943. Il s’agit de construire des grands réacteurs pour produire du plutonium pour la bombe atomique. L’équipe d’Argonne est chargée de superviser la mise en marche du premier réacteur d’Hanford.
12/ En septembre 1944, le réacteur nommé « Hanford B » (photo) démarre mais rapidement, le niveau de puissance baisse et le réacteur s’arrête. Après de longues heures, Leona et l’équipe d’ingénieurs et scientifiques comprennent que le réacteur est « empoisonné » au Xénon-135.
13/ Une fois ces difficultés résolues, le réacteur démarre normalement. Le plutonium produit à Hanford va servir pour l'essai atomique Trinity (16 juillet 1945, Nevada (USA), voir vidéo) et pour « Fat Man », la bombe utilisée lors du bombardement de Nagasaki (9 août 1945, Japon).
14/ Leona, dont une partie de sa famille était engagée sur le théâtre Pacifique (son beau-frère était le capitaine d’un dragueur de mines et son frère un Marine sur l’ile d’Okinawa (vidéo combats en 1945)) considèrera jusqu’à sa mort que la bombe atomique était un mal nécessaire.
15/ De même, dans un ouvrage, elle montrera comment la peur que les Allemands obtiennent la bombe avant les USA fut à la fois source d’angoisses terribles mais également d’une motivation incroyable.
16/ Après la guerre, elle continue sa carrière de scientifique à l'Université de Chicago, puis dans différentes universités, notamment le prestigieux Institute for Advanced Study de Princeton.
17/ Elle devient ensuite professeure associée de physique de l'université de New York en 1962 (ici avec son mari Willard Libby en 1968) où elle mène des recherches en physique des hautes énergies, en astrophysique et en cosmologie. Elle intègre ensuite la Rand corporation.
18/ Ses derniers travaux (à l'université de Californie à Los Angeles, UCLA) portent notamment sur la datation radioactive des cernes des arbres pour étudier les changements de température et de pluviométrie des centaines d'années avant l'existence des documents écrits.
19/ Ce travail a été l'un des premiers à étudier sérieusement le changement climatique. Après une carrière riche de près de 200 articles scientifiques et plusieurs ouvrages, Leona Woods décède le 10 novembre 1986 à 67 ans.
1/ Avant-propos : Nous ne sommes sismologues, mais nous avons étudié la façon dont les experts du nucléaire évaluent les risques et élaborent la réglementation. Si vous voulez plus de détails techniques, vous pouvez vous référer aux rapports de l'AIEA (@iaeaorg, voir sources).
2/ Après les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagazaki (1945) et la fin de l’occupation US du Japon (1952), les Japonais se lancent dans le nucléaire civil dans le cadre du programme US « Atoms for peace » lancé par le président Eisenhower en 1953 aux Nations unies (photo).
Tournant 1960-1970, la France vend sa 1ère et unique centrale #nucléaire de la filière « uranium naturel graphite gaz » à l’Espagne.
Un réacteur au cœur d’un projet d’une bombe atomique espagnole qui va connaitre une fin tragique…
Thread : La grande histoire de Vandellòs 1
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1/ Après les premiers réacteurs de recherche fin 40’s et 50’s, le réacteur militaire G1 du CEA Marcoule produit en 1956 les premiers kilowatts-heures d’électricité et entrouvre la porte au #nucléaire civil en #France.
2/ C’est à Chinon, au début des années 1960, que débute réellement l’ère industrielle de la filière CEA - EDF « Uranium Naturel Graphite Gaz » (UNGG) avec 3 réacteurs, modérés au graphite et refroidis au CO2.
Un épisode de #neige impressionnant est en cours en #Espagne ! La neige peut aussi créer des problèmes sur une installation #nucléaire.
C’est déjà arrivé…
Mini thread « Neige et sûreté nucléaire ».
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1/ Sur la Hague, un épisode de neige marquant se déroule en février 1970. Le site est coupé en électricité du 13 au 17 février et fonctionne via des groupes électrogènes de secours, alimentés au fuel domestique. Un second épisode se déroule en février 1979 (photo).
2/ L’épisode récent le plus marquant sur la Hague a lieu en mars 2013. L’accès au site est rendu très compliqué par une tempête de neige historique. De nombreuses congères se forment et entravent la circulation.
Je suis tombé par hasard sur cette photo du couple Joliot-Curie avec un de leur élève, le physicien chinois, « Qian Sanqiang ».
Pourquoi ? Comment ? J’ai mené ma petite enquête.
Thread : Qian Sanqiang, le père de la bombe #nucléaire chinoise.
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1/ Avant-propos : Ce thread n’a pas vocation à faire un récit historique du programme nucléaire Chinois mais se concentre sur le parcours et le rôle de quelques scientifiques Chinois et leurs liens avec les pionniers du nucléaire français.
2/ Qian Sanqiang est né à Shaoxing, dans la province du Zhejiang. Il obtient son diplôme de physique de l'université de Qinghua en 1936 (Sur la photo, il pose non loin de la scientifique He Zehui) puis étudie la physique à l'Academia sinica (Taiwan).
Le 27 décembre 1999, à la suite de la #tempête Martin, la centrale #nucléaire du Blayais est inondée.
L’histoire longue cet incident fut au centre de mon travail de thèse pendant 4 ans.
Un jour, je vous proposerai un thread sur la genèse de cet événement.
En attendant...
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1/ ...Voici quelques sources pour vous faire une idée de l’évènement :
Savez-vous qu’en 1967 et 1969, la France participe à 2 campagnes d’immersion de déchets nucléaires dans l’Atlantique Nord coordonnées par l’OCDE ?
Thread à 4 mains avec @e_punctatus : L’immersion des déchets nucléaires français dans l’océan Atlantique.
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1/ Avant-propos : Ce thread ne prétend pas à l’exhaustivité et ne traite pas en détails d’autres formes de déchets radioactifs (effluents liquides notamment), d’autres sites d’immersion (Polynésie française) et des autres moyens de stockage/élimination.
2/ Dès le début de l’ère nucléaire, la gestion des déchets nucléaires est une problématique importante. Si la plupart des déchets sont stockés sur les sites nucléaires, la recherche de solutions « d’évacuation définitive » est une constante.