La centrale #nucléaire d'Indian Point a fermé notamment parce que son exploitant n'a pas pu (ou pas voulu) modifier le système de refroidissement pour réduire ses prélèvements d'eau.
Sur fond de réchauffement climatique et d'aridification, comment ne pas y voir un avertissement ?
Indian Point est dotée d'un refroidissement en cycle ouvert : l'eau est prélevée dans l'Hudson, refroidie les turbines puis elle est immédiatement rejetée.
Ce système nécessite des prélèvements en eau importants (de l'ordre de 100m3/s) et entraine le rejet d'eau très chaude.
En 2011, l'état de New York a modifié sa réglementation sur la protection des milieux aquatiques.
Objectif : généraliser le refroidissement en circuit fermé, qui réduit beaucoup les besoins en eau et les rejets thermiques des centrales et des industries. dec.ny.gov/docs/fish_mari…
Le refroidissement en cycle fermé est devenu obligatoire pour les nouvelles installations mais aussi pour les installations existantes lorsque c'est techniquement possible.
Le régulateur de l'état de New York a estimé que c'était le cas pour Indian Point. reuters.com/article/us-uti…
Problème : si construire un refroidissement en cycle fermé n'est pas particulièrement difficile, modifier une centrale nucléaire en service c’est une autre histoire...
L'exploitant, @Entergy, estime que construire un refroidissement en circuit fermé lui couterait 1.5 à 2 Mds$.
Pour comparaison, Entergy a racheté Indian Point en 2000 pour 1.6Mds$. Donc, en gros, il lui faudrait ressortir la valeur de la centrale...
Donc c'est non.
Et c’est comme ça qu'Indian Point se retrouve en infraction avec la réglementation sur l'eau de l'état de New York.
Cette infraction rend impossible le renouvellement des licences d'exploitation des deux réacteurs, qui expirent en 2013 et 2015.
Après avoir échoué devant les tribunaux, il ne reste plus à Entergy qu'à négocier la fin de vie de la centrale.
Un accord est trouvé en 2017 : les poursuites sont abandonnées et Indian Point fermera en 2021 (avec une extension possible jusqu'en 2025). entergynewsroom.com/news/entergy-n…
La modification du système de refroidissement, d'un cycle ouvert à un cycle fermé, est souvent présentée comme une sorte de solution miracle pour adapter une centrale #nucléaire si la ressource en eau baisse ou le #climat devient plus chaud.
Ça n'était pas la motivation dans le cas d'Indian Point, mais l'histoire est quand même intéressante.
Elle montre que la modification du système de refroidissement, même techniquement possible (ce qui n'est pas le cas partout) peut être insurmontable économiquement.
Avertissement donc pour les acteurs du #nucléaire : s'ils négligent la question climatique parce qu'ils pensent qu'une modification du système de refroidissement sera toujours possible le moment venu, ils préparent sans doute d'autres sabordages comme celui d'Indian Point.
Avertissement aussi pour les régulateurs : les installations ont leur inertie, en modifiant les règles en cours de route ils peuvent les acculer à la disparition.
Et à la fin tout le monde est perdant.
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Petite digression par rapport mes sujets habituels pour vous signaler que le conseil chinois de l'#électricité a publié ses statistiques pour 2020. cec.org.cn/detail/index.h…
Traduction des principaux points ci-dessous.
⤵ ⤵ ⤵
Production totale d'électricité en #Chine en 2020 :
⚡7623 TWh (+4.0%)
En 2020, les fossiles ont représenté 67.9% de la production électrique en #Chine, un point de moins qu'en 2019.
L'hydro est stable à 17.8%. L'#éolien (6.1% en 2020 contre 5.5 en 2019) creuse son avance sur le #nucléaire (stable à 4.8%). Le #solaire (3.4%) progresse de 0.3 point.
Au Creusot, Emmanuel Macron a ouvert le débat sur le nouveau #nucléaire avec la perspective d'une décision en 2023.
A titre de première contribution, je vous propose un petit thread sur les sites qui pourraient accueillir de nouveaux réacteurs compte-tenu des contraintes #climat.
L'enjeu : un réacteur #nucléaire qui entrerait en service vers 2030 serait encore en service en 2070 voire 2100. Comment s'assurer qu'il puisse fonctionner à la fin du siècle ?
D'abord en choisissant un emplacement qui lui donne accès à une ressource en eau fiable à cet horizon.
Supposons que l'on parle de réacteurs d'une puissance d'environ 1600MW comme l'EPR et qu'ils soient construits par paire : 2 EPR par site.
Limitons les options aux sites sur lesquels se trouvent déjà des centrales nucléaires.
Pour une étude sur laquelle je travaille en ce moment, j'ai fait une belle image satellite de Palo Verde, la fameuse centrale #nucléaire située dans le désert en Arizona.
Je ne résiste pas au plaisir de vous la partager, avec quelques explications dans les tweets suivants :
Palo Verde le plus gros producteur d'électricité aux États-Unis et la 2e centrale du pays en puissance installée (derrière le barrage hydroélectrique de Grande Coulée).
Et cela malgré sa position improbable au milieu d'un désert sans accès à une masse d'eau naturelle.
Palo Verde est la seule centrale nucléaire au monde dans cette situation ce qui en fait le poster boy de l'adaptation aux climats extrêmes.
Mais la centrale en elle-même (encadrée en rouge) n'a rien de bien original, c'est autour que ça se passe.
Vous vous en souvenez ? On s'est beaucoup engueulé en août pour savoir si les délestages en Californie, c'était la faute des EnR, du réseau, de la canicule…
Un rapport d'enquête vient de sortir et il pointe surtout une régulation électrique inadaptée face aux aléas climatiques.
Rappel des événements : mi-août 2020, une vague de chaleur sans précédent touche l'ouest des États-Unis. Les californiens montent la clim' et la production d'#électricité ne suit pas. Après plusieurs jours de tensions, l'état subit des délestages tournants les 14 et 15 août.
Plus précisément, les réserves d'exploitation (la puissance que l'on garde disponible en cas d'incident) passe sous le seuil de sécurité le 14 à 18h38. L'opérateur du réseau ordonne des délestages pendant une heure environ : 492.000 clients sont touchés pendant 15 à 150 minutes.
Ça vous dirait de parler de l'impact du #climat sur la dégradation des routes en béton sous l'effet de la pression exercée par dilatation thermique des dalles sur les joints de chaussées ?
Comment ça, ça a pas l'air fun ? Mais si, regardez ça donne ça ⤵ ⤵ ⤵
Cette vidéo () a été enregistrée dans le Minnesota pendant la vague de chaleur qui a touché les États-Unis mi-juin 2016.
Au cours de cette période, plusieurs dizaines d'incidents du même genre ont été signalés dans l'Iowa, le Nebraska, le Colorado, etc.
Ce phénomène touche les routes à chaussées rigides, en particulier celles construites avec des dalles de béton.
Sous l'effet de la chaleur, le volume de ces dalles peut augmenter jusqu'à les soulever, comme dans la vidéo...
#Climat : en juillet et août, la chaleur et la sécheresse ont été responsables d'une perte de production de 1.9TWh sur la parc #nucléaire français, soit ~4% de la production électrique française sur la même période.
C'est le niveau le plus élevé depuis au moins 2014.
Ces pertes ont eu lieu majoritairement à Chooz - et la centrale reste complètement indisponible à ce jour.
Blayais, Golfech et St Alban ont aussi perdu 40 à 60GWh chacune. #nucléaire#climat
En termes de puissance, le pic d'indisponibilité a été atteint dans la nuit du 25 au 26 août avec 4600 MW arrêtés pour des raisons climatiques, soit 7.5% du parc #nucléaire français.
(et 15% de la puissance disponible à cette date, telle que prévue par RTE en début d'été !)