[FIL] PARUTION du rapport @IRSEM1 sur "Les opérations d’influence chinoises : un moment machiavélien" par @PaulCharon et moi-même. Cette somme de plus de 640 pages et 3000 notes est désormais en libre accès sur irsem.fr/index.html
Fruit de 2 ans de travail, d’entretiens dans une vingtaine de pays, de l’analyse de sources en chinois, combinées aux travaux scientifiques et à la recherche en sources ouvertes (OSINT), ce rapport offre un panorama relativement complet de l’influence chinoise dans le monde.
Il montre que, depuis 2017 environ, le Parti-Etat est entré dans "un moment machiavélien" (sous-titre) au sens où il semble désormais estimer que, comme l’écrivait Machiavel dans "Le Prince", "il est plus sûr d’être craint que d’être aimé".
Le principal symptôme de ce "moment machiavélien" est la "russianisation" des opérations d’influence chinoises. Nous le signalions brièvement dans @WarOnTheRocks en janvier 2020. Ce rapport le développe. warontherocks.com/2020/01/russia…
Il procède en 4 parties, présentant 1) les concepts et doctrines fixant le cadre de ces opérations, 2) les acteurs les mettant en œuvre au sein du Parti, de l’Etat, de l’Armée et des entreprises, 3) les actions elles-mêmes, dans tous les domaines et 4) quelques études de cas.
Pour faciliter la navigation dans cet épais volume, il y a des résumés à la fin de chaque partie en plus du résumé général, sur des pages de couleur différente ; la mise en gras permet une lecture en diagonale ; il y a des renvois dans le texte, des encadrés et des onglets.
Les études de cas portent sur #Taïwan, #HongKong, #Singapour, la #Suède, le #Canada, et la pandémie de #Covid19. La France ne fait pas l’objet d’une section distincte mais de nombreux exemples, tout au long du rapport, en sont tirés.
La conclusion revient sur cette "russianisation" en 3 temps (inspiration, différences, coopération) avant d’évaluer l’efficacité de cette nouvelle posture chinoise qui, en dépit de succès tactiques, est un échec stratégique.
En France, la prise de conscience des risques posés par l’influence chinoise a été tardive mais elle est vive et croissante depuis 2019, avec une accélération en 2020-21. C’est dans ce contexte de "réveil français" que nous publions ce rapport. liberation.fr/planete/2020/1…
En un sens, ce travail est aussi une suite au rapport CAPS/IRSEM sur "Les manipulations de l’information" (2018) mais il est à la fois plus étroit (focalisé sur un seul acteur étatique) et plus large (il porte sur l’influence en général, pas seulement le champ informationnel).
Il s’inscrit dans une politique scientifique de l’IRSEM visant à développer ces travaux, comme en témoignent une série de publications depuis 2017, le recrutement de @PaulCharon en 2019 et la création d’un nouveau domaine @IRSEM_RAMH en 2020.
Enfin, dans le contexte actuel, ce rapport est aussi une réponse à ceux qui profitent d'une crise entre alliés pour proposer un rapprochement avec la Chine (entre autres), qui serait contraire à nos intérêts et nos valeurs, en plus d'être intenable sur le long terme.
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[FIL] Exemple typique de confusion persistante, chez les journalistes, entre la question des armes autonomes et celle - différente - des drones armés. lemonde.fr/international/…
Cet article de @lemondefr sur l'avis du Comité d'éthique de la défense sur les armes autonomes, qui vient d'être rendu public, porte en réalité sur la "question de l’usage de drones armés" et est illustré par une photo de MQ-9 Reaper français.
Or, les drones armés utilisés aujourd'hui tels que le Reaper ne sont ni des systèmes d'armes létaux autonomes (SALA), ni intégrant de l'autonomie (SALIA) : en clair, ils ne détectent ni n'engagent pas leurs cibles tout seuls. C'est toujours l'humain qui le fait.
[FIL] Guerres et #terrorisme, épisode 4. Le débat sur les causes du terrorisme se poursuit @lobs@BibliObs. Nous répondons à la tribune mobilisant "des études" pour faire croire à un lien de causalité entre interventions militaires et attentats terroristes nouvelobs.com/bibliobs/20201…
1/ Passons sur les attaques ad hominem nous reprochant d’être tous "affiliés ou proche de l’Ecole militaire", ce qui est faux en plus d’être ignorant (l’EM est un lieu, pas un établissement), et nous comparant à G. W. Bush (reductio ad Bushum, sophisme de la mauvaise compagnie).
[FIL] Régulièrement, comme hier dans Mediapart, on tente de créer un "débat" sur les #drones armés en France. Si ça ne prend jamais, ce n’est pas parce qu’il est "confisqué", mais parce qu’il repose sur au moins quatre prémisses erronées. mediapart.fr/journal/intern…
1) D’abord, la prémisse que, si les Français ne se révoltent pas, c'est simplement parce qu'ils ne savent pas. En 2013 déjà, Grégoire Chamayou s’étonnait que la décision française d’acheter des drones américains n’ait pas "déclenché un tollé". telerama.fr/monde/un-drone…
Il faut dire que, pour lui, acheter des drones américains était comparable à "importer en France les méthodes de torture de la CIA". D’où sa surprise. Et la seule explication qu’il y trouvait était que "l'opinion publique française est mal informée sur la question des drones".
[FIL] Le risque d’une pandémie avait bien été anticipé, parfois très précisément, par les prospectivistes des 15 dernières années, alertés par l’épidémie de SRAS (2002-3).
1/ En 2004, le National Intelligence Council (NIC) américain anticipe qu’en 2020 seules deux choses pourraient stopper la globalisation (et non pas seulement la ralentir) : une guerre mondiale ou une pandémie.
2/ En 2008, le NIC anticipe pour 2025 "l’émergence d’une maladie respiratoire virulente, nouvelle et hautement contagieuse pour laquelle il n’y aurait pas de traitement et qui pourrait initier une pandémie globale".
[FIL] Quelques commentaires sur cet excellent papier de @piosmo qui pose les bonnes questions : "jusqu’où la bascule doit-elle aller ? Le contraire de l’ingérence est-il la froide indifférence ?". lemonde.fr/idees/article/…
1/ Je ne pense pas qu’@EmmanuelMacron partage avec le président russe une vision selon laquelle "la question des valeurs s’efface au profit de la souveraineté". Ce qu’il dénonce est d’avoir voulu "imposer" nos valeurs, pas de les avoir tout court ou de les défendre.
2/ Il y a depuis toujours en politique étrangère une tension entre valeurs et intérêts et la question n’est pas de renoncer à l’un au profit de l’autre mais au contraire de trouver le point d’équilibre permettant de défendre les deux.
[FIL] Utiles rappels de @GerardAraud sur la #Libye (2011) dans son livre (p. 232-7). 1/ La résolution 1973 du CSNU autorisant l’intervention a bénéficié du soutien de la Ligue arabe via le Liban, prouvant au passage "que l’affaire n’était pas un ‘complot occidental’".
Elle a aussi bénéficié du ressentiment que Kadhafi suscitait en Afrique où "il n’y avait pas un Etat qui n’ait eu à déplorer ses ingérences", et du contexte des Printemps arabes faisant "qu’aucun pays ne voulait se retrouver du mauvais côté, celui des dictateurs en fuite".
2/ La proposition franco-britannique initiale ne demandait pas de "recourir à tous les moyens nécessaires". C’est la volte-face américaine qui a rendu le texte plus robuste, Washington ayant conditionné son soutien à la non-ambiguïté sur l’autorisation de recours à la force.