Thread by @3emeDroite

[Thread 6] Comment j’ai fait une rencontre surprenante.

Je ne sais toujours pas ce qu’est la chose sur la photo dans la cave. Je sais juste que ça m’a empêché de dormir toute la semaine.

J’ai plusieurs théories. Ça peut être Sam. Mais il avait vraiment pas cette gueule la dernière fois. Il avait une gueule plus...humaine.

Ou c'est quelqu’un qui veut me faire peur. Et il me doit un slip de rechange.

Autre possibilité bizarre (mais on est pas à ça près).

C'est la fille de Mr K. Celle qui habite "sois disant" au premier étage.

Le pire c’est de savoir que j’étais tout près de ce truc sans m’en rendre compte... Je dois en parler à Aude. Elle est concernée de près.

Je lui envoie donc l’image. Elle semble être sous le choc et l'incompréhension. Normal. On décide de se voir dans un café.

J’arrive en avance et elle en retard. Je passe outre ce manque de respect. Mon but c’est de ne pas la brusquer.

Comme disait mon père:“Une femme c’est comme une flamme. Ça réchauffe mais ça brûle aussi. En plus, les deux mots se ressemblent donc voilà”

J’ai préparé un speech pour la rassurer :

“Non, je sais pas ce que c’est. T’inquiète, je suis pas blessé. Oui, tu peux dormir chez moi.”

Sauf qu’elle me prend de court dès qu’elle arrive.

“Espèce de connard !”

Moi: Heu...pardon ?
Aude: Tu pensais que j’allais jamais le savoir ?
Moi: Mais de quoi ?

Je ne comprends rien.

Mon père m’a dit: “Une femme peut devenir hystérique juste en entendant le mot hystérique. Tu me crois pas ? Appelle ta mère tu vas voir ! ”

Moi: Calme toi. Assis toi et parle moins fort. Je suis sûr que...

Elle: Je sais pour ton compte twitter.

OH MERDE

Mon père m’a dit: “Quand une femme dit qu’elle sait, elle croit qu’elle sait, mais elle ne sait pas forcément... A part si elle sait.”

Moi: Quel compte twitter ?
Aude: Celui où tu parles de Mr K. Et de moi !
Moi: Ah, CE compte twitter !
Aude: T’en as d’autres ?
Moi: Heu..Non

Aude: Tu passes ton temps à m’espionner en fait. Et tu balances tout sur internet !
Moi: J’ai changé ton nom…
Aude: D’une lettre !

Moi: Ecoute, j’allais te parler de ce compte mais c’est pas le plus urgent. T’as vu la photo que je t’ai envoyé ?
Aude: Oui.
Moi: Et ?

“Qu’est-ce qui me prouve que c’est pas du photoshop ton truc ?”
Moi: J’ai pas photoshop.
Elle: Non mais c’est pas ça le problème…

Aude: T’es peut-être qu’un malade mental qui aime écrire des histoires pour se faire kiffer sur twitter.

Ouch

Moi: C’est pas le cas.
Aude: Qu’est-ce que j’en sais ?
Moi: Tu me connais.
Aude: Mais non ! On est juste voisin ! Pas ami !

C’est un boulet de canon qui m’arrive droit dans la gueule. Il arrache la mâchoire et l’emporte au loin. Je ne peux plus parler.

Comme dit ma mère: “Des fois. Tais toi. Juste...tais toi.”

Aude: Je pourrais jamais te faire confiance. Mais tu sais c’est quoi le pire ?

Moi: Non...

“Tu vas quand même raconter cette conversation sur Twitter et te faire passer pour une victime.”

Elle a raison. Mais juste sur un point.

Elle ne s’est toujours pas assise. Elle ne comptait pas rester. Elle va pour partir. Mais elle me balance un dernier truc.

“Et le connard à la cravate qui était avec moi l’autre soir. C’est mon frère. Et désolé s’il n’a pas un job de merde comme toi.”

Elle part.

Je réalise que je suis aussi con que mon père. Et qu’on peut écouter du Ed Sheeran autrement que dans le but de couvrir des sons de baise.

Pendant le reste de la semaine, je me suis concentré sur mon métier d’assistant technique de surface. Mon boulot de merde quoi.

Je n’ai pas croisé Aude. Elle a tout fait pour m’éviter et elle a réussi.

Quand je passe au local poubelle, je flippe ma race. Mais la porte de la cave est toujours fermée. Good.

Mais en même temps, si elle était ouverte... Si le truc horrible sortait et allait bouffer le chien d’Aude, elle me croirait...

Faut que je trouve quelqu’un à qui parler. Quelqu’un qui va VRAIMENT m’aider. Et pas me juger.

De son côté, Mr K semble avoir arrêté les tutos de merde. Mais il s’est mis aux blagues de merde. Et c’est pas mieux.

“Qu’est-ce qui est jaune et qui attend ?”
Moi: Oui, oui c’est...
Lui: Un chinois !

Blague raciste ? Il me perd tellement vite ce gars.

Moi: Ok…heu...Mais il attend quoi le chinois ?
(Silence. Il baisse les yeux)
Lui: La Mort. Comme nous tous.

Ok j’abandonne.

Il part enfin chez lui. (Pour se pendre j’espère.) Je me retrouve seul à cirer le parquet.

J’arrive au premier étage. Je cire.

Je réalise que la porte de l’appartement est entrouverte.

Je me rapproche de la porte tout en continuant ma tâche. Je lève les yeux en scred.

Juste un couloir qui donne sur un salon avec de vieux meubles et de la poussière qui flotte dans l’air. Raisonnablement creepy.

Puis, j’entends quelqu’un marcher à l’intérieur. C’est des pas assez rapides.

Quelqu’un fait des allers-retours dans le salon.

Les bruits continuent. Je vois même la poussière de l’appart remuer. Je rêve pas. Il y a quelqu’un dans l’appart.

Puis une silhouette passe très rapidement.

C’est une jolie jeune fille. Genre 18/20 ans. Pas très grande mais bien proportionnée.

Et en sous-vêtement.

Je suis figé tel un lapin pris dans les phares d’une voiture. Une belle voiture à la carrosserie impeccable et aux pneus bien gonflés.

Dans cette analogie, le lapin n’a pas baisé depuis longtemps mais il espère que la voiture ne sort pas tout juste de l’usine.

Putain Papa, sors de mon corps ! Non je veux dire...AAAAHHH

Je l’entends revenir. Cette fois je baisse les yeux. Mais je vois dans ma vision périphérique qu’elle m’a vue. Elle se rapproche.

Sauf qu’elle ne ferme pas la porte. Elle s’y cache derrière et pointe sa tête. Elle continue de m’observer en silence.

Moi je frotte le sol au même endroit depuis 5min. Y’a trop de cire, c’est sûr. Je fais semblant de ne pas l’avoir vu. C’est très grillé.

Elle: Bonjour.
Moi: Heu...votre porte est ouverte.

Captain Obvious au pays des vérités évidentes.

Elle: Je sais.
Moi: J’allais vous le dire hein.

Je continue de baisser les yeux. Elle continue de me regarder over-cirer le sol.

Elle: Vous faîtes quoi ?
Moi: Je...cire le sol.

Captain Obvious et la revanche des banalités flagrantes.

Elle: Vous travaillez ici ?
Moi: Oui. C’est votre père qui m’a embauché.
Elle: Quoi ?
Moi: Mr K. Il m’a donné le job.

Elle: Mais vous habitez pas au troisième ?
Moi: Heu... Si.

Donc je ne l’ai jamais vu mais ELLE oui.

“Je savais pas qu’il avait un boy”
Moi: Un boy ?
Elle: Un gars comme vous. A son service.

Je préfère Assistant Technique de Surface.

Elle: Je peux vous voir debout ?
Moi: Heu...oui pas de soucis.

La demande est bizarre. Pourtant, je me lève comme un bon soldat.

Je vois enfin son visage. Merde. Elle est super belle. Et elle fait super jeune. Mais pas trop. Enfin j’espère. Enfin je m’en fous !

Je rappelle qu’elle est toujours presque nue derrière sa porte.

C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup.

Elle me mate avec un air de jugement à la Meryl Streep dans le Diable s’habille en Prada. Oui j’ai vu ce film. Fuck les rageux.

Elle: Vous faîtes plus grand sur la photo de votre dossier.

C’est donc là qu’elle m’a vu.

Être debout face à elle renforce la gênance totale de la situation. Je cherche une blague à faire. Qu’est-ce qui est jaune...NON !

Moi: Mr K a déjà eu un ...gars comme moi à son service ?
Elle: Non. Et je vois pas à quoi ça lui sert. L’immeuble est pas grand.

Moi: Pourquoi il m’a proposé ce taff alors ?
Elle: Je sais pas. Il est bizarre.
Moi: MAIS TELLEMENT !

Merde. C’est sa fille bordel !

Et là, elle sourit. Ouf. Je souris aussi.

Celui qui sourit pas, c’est Mr K qui nous regarde depuis le Rez-de-Chaussée.

SHIT !!!! Comment j’ai fait pour pas l’entendre ?! Il a l’air air furieux. Il grimpe les marches et je me remets à cirer le sol.

Il regarde sa fille, toujours derrière sa porte. Il va pour dire un truc. Mais elle referme la porte juste avant. Ça claque fort.

Alors il se tourne vers moi. Il trépigne. Il serre ses poings. Je suis dans une position de faiblesse totale. J’ose rien dire.

Mr K: Vous...ça...c’est pas bien...PAS BIEN !
Moi: La porte était ouverte...
Mr K: Vous devez faire ce que je dis. Vous lui parlez pas !

Il va pour s’en aller. Mais je refuse qu’il ait le dernier mot. Alors je lui balance “Je suis pas votre boy”.

Il se fige.

J’ai peur qu’il s’en prenne à moi. Il reste un moment à trépigner. Mais il s’en va.

Ouf de chez ouf à Oufland.

Je passe le reste de la journée à finir mes tâches. Le soir, je me change et je décide de sortir. Je convainc Cisco de me rejoindre.

Je lui raconte tout ça autour d’une bière. J’attends qu’il me fasse un High-Five en mode “Bien joué bro !”.

Sauf que c’est Cisco.

Cisco: Du coup, le truc flippant dans ta cave, on l’oublie et on en parle plus ?
Moi : J’ai pas oublié. Je chie mou depuis une semaine mec

Cisco: Faut que t’y retournes.
Moi: Oui mais j’ai pas la clé. Et peut-être que sa fille l’a. Donc faut que je me rapproche d’elle.

Je m’attends à ce qu’il me dise “Tu penses encore avec ta bite. Et c’est pas une flèche, ta bite. Je le sais parce que je baise ton ex.”

Mais il réfléchit et il me dit “Ok. Ça se tient”.

Ça fait plaisir qu’à défaut de me soutenir, il ne me descende pas. On finit nos bières.

Je rentre chez moi. J’hésite à frapper chez la fille de Mr K. Il fait nuit.

Faut pas la jouer creepy. Faut la jouer comme Beckham. (Nul !)

Alors, je rentre dans mon appart. Je pose ma veste sur le dos de ma chaise à vestes. J’en ai 4 empilés. Oui, ma chaise tombe souvent.

Je ne vois pas tout de suite qu’il y a quelqu’un sur mon canapé.

C’est Mr K.

Moi: PUTAIN !

Mr K me fixe avec les yeux les plus vitreux qui puissent exister.

Je recule contre la porte, prêt à l’ouvrir et à me barrer. Mr K regarde autour de lui. Comme s’il cherchait un truc...une arme ?

Moi: Vous faîtes quoi ici ? C’est chez moi.
Mr K: Non, c’est chez moi.
Moi: Oui, non, bon bref cassez vous.

Mr K parle très très bizarrement. De manière très intense et en même temps, son regard passe d’un endroit à l’autre.

Mr K: Y’a des règles ici et faut les respecter.
Moi: J’ai rien fait de mal
Mr K: Vous êtes allé dans la cave ?

Merde

Mr K: Vous avez vu quoi ?
Moi: Rien. Pourquoi ? Y’a quoi à voir ?
Mr K: Rien.

On ment tous les deux et on le sait.

Moi: Et pour votre fille, c’est elle qui est venue me parler.

Là, il s’énerve."Vous travaillez pour moi ! Vous faîtes ce que je dis !"

J’en ai marre de l’entendre me faire des menaces vagues. Je monte d’un cran. (Et je peux toujours me barrer au cas où)

Moi: Ecoutez. Je sais pas quelle âge a votre fille mais je pense qu’elle est assez grande pour faire ce qu’elle veut.

Mode grosses couilles

Mr K commence à se lever.

Moi: Mais bon, vous êtes son père aussi. Je comprends que vous soyez inquiet.

Mode petites couilles

Il va se jeter sur moi.

Oh putain, on y est !
Lui contre moi !
Je serre les poings. C’est parti.
ALLEZ RAMÈNE TOI GROS PORC !

Sauf que Mr K titube. Il bascule en avant et se rétame sur mon plancher comme une merde.

Et il ne bouge plus.

Putain ! Je l’ai tué ! Avec la force de mon esprit on dirait...

Je me rapproche doucement. Il grogne. Ouf. Il est vivant.
Mais c’est pas la grande forme.

Il se relève. Ses yeux mettent du temps à faire la mise au point. Je réalise qu’il n’est pas du tout dans un état normal.

Il me regarde. Longtemps. Trop longtemps. Puis il me sort: “Je vous aime bien, vous savez ?”

OoooooooooKaaaaaaay !

Et là je vois qu’il va pleurer. Oh non ! Tout sauf ça. Comment on en est arrivé là putain ? J’allais le défoncer y’a deux secondes !

Moi: Je vais vous raccompagner chez vous d’accord ?

Mr K baisse les yeux. J’ouvre la porte et il me suit.

On descend les marches. Mais je vois qu’il galère. Je mets mes bras autour de lui. Je veux pas qu’il tombe.

Mr K: Je peux descendre tout seul…
Moi: Sûr ?
Mr K : Sûr !

Deux étages plus bas, il se rétame.

Genre salement. Il tombe face contre terre juste devant la porte de l’appart du premier étage qui se met à trembler.

Le bruit semble avoir réveillé sa fille. Elle ouvre la porte, habillée cette fois.

Moi: Il était chez moi. Il est dans un état bizarre.
Elle: C’est son Stilnox.
Moi: Son quoi ?

“Son somnifère. Il le prend mais s’il se couche pas , il fait des trucs de somnambules.”

Elle a l’habitude. Clairement.

“Y’a trop de cire ici…” C’est Mr K. Il est toujours parterre et regarde un coin où, effectivement, il y a trop de cire. Le bâtard.

Sa fille me dit “Je m’occupe de lui. Rentrez chez vous.”

Moi: Je peux aider…
Elle: Non.

Elle a l’air blasée de devoir s’occuper de son père. Mais aussi gênée. Je comprends. J’aimerais pas qu’on voit mon daron comme ça.

Je remonte chez moi. Je vais pour refermer la porte. J’entends une dernière chose en bas.

C’est Mr K qui parle à moitié endormi.

Sauf que j’entends que des voyelles et certaines consonnes. Il est trop loin et trop shooté. Mais j’essaie de retenir.

Je note tout direct sur un post-it. J’identifie trois morceaux de phrase.

1/ “che-eu-pa-ui-fai-u-ma”
2/ “pa-com-am”
3/ “é-tou-é-ot”

Je me couche. Je ne dors pas. Je vais au toilettes. Je chie en spray. Je me recouche. Je ne dors pas.

Quand je ferme les yeux, c’est le truc horrible de la cave que je vois. Alors je les laisse ouverts…

Je me repasse en boucle la phrase de Mr K que j’ai mal entendue. J’essaie d’y rajouter des consonnes.

Je vais finir par trouver.

Je viens de voir les commentaires. Donc ce qu’il a dit :

“Je veux pas lui faire du mal...pas comme Sam... et tous les autres.”

Fuck.

La suite dans le THREAD 7 ici ⬇️

https://twitter.com/3emeDroite/status/922138970045276161