Thread by @3emeDroite

[Thread 13] Comment j’ai essayé de ne plus y penser.

Je sais, ça fait 2 mois que j’ai rien posté. Certains étaient même inquiets.

Alors, voici ce qu’il s’est passé.

Après ses SMS bizarres, Monsieur Equerre voulait qu’on se rencontre.

(Je l’appelle comme ça parce qu’il avait acheté une équerre la première fois que je l’ai vu. Remember ?)

Et il s’est avéré que « Monsieur Equerre » était même « Inspecteur Equerre ». Il travaille pour la police et il m’a donné rdv au commissariat du 12ème.

Donc j’y vais. Et je sens rapidement mes tripes danser la tecktonik.

Je suis pas loin de l’immeuble de Mr K...

Je vais pour entrer dans le commissariat. Et là, première surprise, le gars arrive en voiture et me demande de monter avec lui.

Je rentre dans sa caisse et il repart direct.

Je me dis, MERDE ! Et si c’était un pédophile ? Puis je me rappelle que je suis plus un enfant. OUF !

Puis je me dis que ça change rien et que je suis dans la voiture d’un inconnu.

Et là, le gars sort un truc de la boîte à gant. Un bonnet.
“Enfilez ça.”
-Pourquoi faire ?
-Faites le. Sinon, vous sortez.

Le bonnet est noir, banale, mais il a une sorte de doublure interne en aluminium. Je l’enfile.

Ça me donne un style de rappeur breton du futur.

Inspecteur Equerre: “Ok maintenant on peut parler.”

Bah oui ! Normal quoi !

Moi: Donc on va pas au poste ?
Lui: Non.

Et là je réalise que j’ai même pas vu sa carte de police.

Il me jette un coup d’oeil. “Vous voulez voir ma carte de police ?”
- Oui. S’il-vous-plaît.
- Dans ma poche arrière.

Sous son cul. Parfait.

Il soulève sa fesse, tout en conduisant, et je fouille sa poche arrière droite.

Lui : L’autre poche.

Evidemment.

Après un léger effleurement rectal, j’arrive à retirer sa carte. Je la regarde. Ça ressemble à une vraie carte de police.

Moi: Ok, je vous crois.
Lui: Vous avez déjà vu une carte de police ?
Moi: Non...

Inspecteur malin.

Il sort son téléphone et lance l’application dictaphone.
“Donc on a bien lu votre pré-plainte en ligne. Mais on veut que vous nous résumiez encore la situation.”

Je me lance alors dans un récapitulatif des épisodes précédents.

Je lui dis que j’ai trouvé une annonce pour un appart super pas cher (pour Paris) et qui ne demandait pas grand chose au locataire à part être en bonne santé.

Je lui dis que Mr K, le proprio, était grave chelou et qu’il m’a sûrement drogué la première nuit pour me prélever du sang.

Je lui dis que l’ancien locataire avait disparu et que Mr K se faisait passer pour lui sur facebook pour faire croire qu’il allait bien.

Je lui dis que ce même ancien locataire avait essayé de rentrer chez moi une nuit et qu’il semblait complètement perdu...voire drogué.

Je lui dis que j’ai accepté de travailler comme homme à tout faire pour Mr K et que j’ai découvert une cave secrète dans l’immeuble.

Je lui dis qu’il y a une sorte de créature bizarre aveugle à la gueule béante dans la cave. Et que Mr K l’appelle « Munch ».

Je lui dis qu’il y a aussi dans la cave l’ancien locataire qui y est séquestré et que Mr K lui pompe du sang régulièrement.

Je lui dis que Mr K donne ce sang à sa fille qui s’appelle Mia mais qui n’est pas sa fille mais plutôt sa femme et qu’elle ne vieillit pas.

Je lui dis que Mia a des “suiveurs”, des sortes d’esclaves avec qui elle peut parler par la pensée et que Mr K en fait parti.

Je lui dis qu’un de ses suiveurs (Axel) m’a sauvé en m’empêchant de coucher avec Mia et que du coup, ça a l’air de se transmettre par le sexe.

Je lui dis qu’Axel m’a dit qu’il y en avait beaucoup de gens comme Mia et qu’ils s’appellent entre eux les “Supérieurs”.

J’ai fini de parler. Il reste impassible. Zéro réaction. Cela m’énerve.

“Ah oui et j’ai vomi sur Mia aussi. Mais c’était pour l’empêcher de me sucer.”

Il lève un sourcil. ENFIN !

L’inspecteur: “Dans toute ma carrière, je n’ai jamais entendu un truc pareil. (Silence) Un gars qui vomit sur une fille pour l’empêcher de le sucer. Vous êtes presque un héros de la nation.”

Moi: Ah ah… Et pour le reste ?
Lui: C’est enregistré.
Moi: Ok mais ça vous parle ce que je dis ?
Lui: C’est enregistré.

Moi: Mais vous allez faire un truc ? Genre faire une descente ?
Lui: Non
Moi: Mais vous allez quand même me protéger ? Genre me faire changer de nom et tout ?
Lui: Non

Et là, il arrête la voiture sur une place (handicapée).

Il me regarde toujours avec son air impassible. “Comme je vous ai dit, on a besoin que vous retourniez là bas.”

Je ne dis rien. Il continue. ”Le propriétaire a de l’affection pour vous. Il peut nous être utile. Mais vous devez y retourner. Une dernière fois.”

Moi: Vous réalisez qu’il faudrait me payer TRÈS CHER pour que je refoute les pieds là bas ?

Lui: On ne comptait pas vous payer.

J’ouvre la portière et je sors.

Lui: Attendez !!!
Moi: QUOI ?
Lui: Le bonnet !

Je l’ai encore sur la tête. Je l’enlève et je lui rends.

Lui: Appelez moi quand vous aurez changé d’avis.
Moi: Ouais ouais bien sûr et on se fera une bouffe !

Je claque la portière.

Et puis je me casse. Je rentre chez mes parents.

Ça, c’était en Décembre.

Je n’avais pas vraiment de plan. Juste un seul désir. Ne plus penser à Mr K, Mia et toutes ces merdes.

J’ai même ghosté Aude… Plus de messages. Rien.

C’était lâche je sais. Mais j’avais besoin de tout oublié. Même elle.

Du coup, je me suis investi dans ma famille en mode « super fiston ». J’ai aidé mon père à ranger le garage. Je suis même allé à la messe de Noël avec ma mère.

Ce qui est bien avec la messe de Minuit, c’est qu’elle est à 21h chez nous.

Et puis au moment de la communion, le prêtre sort du pinard dans une coupe et dit “Ceci est mon sang”.

BOUM. Ça me fait penser direct à Mia. Je pars en crise de panique. Je sors juste avant la fin de la messe

Au nouvel an, je retrouve Cisco et Gwen. La soirée est conviviale. Gwen ne me fait plus la gueule. On arrive même à ne pas évoquer Mr K.

On boit, on fume, on déconne sur des sujets complètement débiles. Et là, Gwen sort la meilleure punchline de la soirée.

“La zoophilie, c’est pour un public de niche.”

Je me marre. Puis mon cerveau fait des connections improbables.

Niche -> Chien -> Maître -> Supérieur -> Mia

Je passe le reste de la soirée en badtrip la tête dans les chiottes.

A la maison, c’est un autre délire. Je remarque que mon père dort dans le salon. Au début, je pense que c’est parce qu’il ronfle. Mais non.

Ma mère, au petit dej: “Ton père et moi allons divorcer.”

J’en lâche ma tartine. Elle dit ça avec un tel détachement. Soit c’est de la dignité, soit c’est du déni.

Ma mère: Ce n’est pas de ta faute. Il a beaucoup changé depuis qu’il a quitté son travail.
Moi: Donc… c’est de ma faute un peu.
Ma mère: Oui, tout à fait.

Je finis ma tartine et je vais voir mon père dans le salon. Il est encore en pyjama. A 10h. Même moi je suis habillé. Je ne le reconnais plus.

Moi: Alors, tu vas faire quoi ?
Mon père: Je sais pas encore.

Je vois que son ordinateur portable est ouvert...sur un site de rencontre. Je pense qu’il sait très bien ce qu’il va faire.

Il voit que je vois son site. Il hésite à fermer son ordi. Puis il se retourne vers moi et prend un air inspiré. C’est parti pour une leçon de vie.

Mon père :

"Les femmes, c’est comme les fleurs, il faut les arroser.
Mais avec le temps, l’amour se flétrit et il faut replanter ailleurs."

Moi: Je comprends pas. Les fleurs, c’est les femmes ou c’est l’amour ?

Mon père: C’est les deux. Je sais plus. Fais pas chier. J’ai pas encore pris mon café.

Il reçoit un message sur le site de rencontre. Un simple “On se voit quand ?” mais relié à une photo d’une jeune femme.

Une très jeune femme.

C’est Mia…

Je suis figé. Je vois que mon père veut répondre mais il attend que je parte. Je reste fixe, transi de peur.

Au final, mon père ferme son ordinateur et part dans la cuisine.

Mia. Elle m’a retrouvé. Par mon père.

Je dois agir. Vite.

Je rouvre son ordi. Pas de mot de passe. Le noob.

La fenêtre de discussion est encore ouverte. Je tremble mais je réponds quand même à toute allure.

“Ecoute-moi bien connasse. Je suis en contact avec la police et on va te faire la peau alors TU TOUCHES PAS À MON PÈRE, OK !”

J’appuie sur “envoyé”.

Et je vois que la fille sur la photo n’est pas Mia. FUCK !

Elle lui ressemble. Vaguement. Mais c’est pas du tout elle.

Je referme l’ordi de mon père et je vais faire un tour. Dehors, je tremble encore. Evidemment mon père m’appelle assez vite et assez véner.

« T’as touché à mon ordi ? »
Moi: T’avais pas de mot de passe !
Lui: Et alors ? Tu rentres chez les gens qui ne ferment pas clé chez eux ?

Je lui dis que je suis perturbé à cause du divorce tout ça. Il me croit.

Les jours d’après, je décide de passer plus de temps hors de la maison.

Je vais au cinéma. Chaque film me fait bader. Même Star Wars. Le méchant tout maigre. Il a une tête de Munch.

Un soir, Gwen me propose de passer chez elle. Cool. Je m’attends à voir Cisco là bas. Mais non. On est que tous les deux. Very cool.

Je suis content de la revoir, seule. J’ai l’impression qu’on va arriver à devenir de vrais amis. Sans aucune ambiguïté.

Elle voit que je suis serein. Pas distant. Juste serein. Elle aime ça. Elle se rapproche. Je ne fais rien. Alors elle m’embrasse.

AND THAT’S HOW YOU DO IT, KIDS !

Sauf que j’ai encore un gramme de conscience. “Et Cisco ?”
Elle: Il est ok, t’inquiète.
Moi: Vraiment ? Je veux dire, il va pas ...

Mon portable vibre. Un sms de Cisco. Juste un symbole de pouce en l’air.

Bon, allez, c’est parti !

Sauf que non, c’est impossible. Je suis excité. Mais je ne peux pas. Physiquement. Ça ne veut pas. Ça reste en semi-molle, voire semi-très molle.

Limite, ça rétrécit.

Je sais exactement ce qui me bloque. Toujours elle. Toujours la peur qu’elle soit passée par Gwen pour m’atteindre. J’en peux plus…

Mia m’a rendu impuissant.

Moi: C’est pas toi hein.

Gwen: Je sais bien que c’est pas moi. Je suis super bonne. Si je pouvais, je me baiserais moi-même de ouf.

Je remets mon pantalon. Je repars chez moi. J’ai besoin d’être seul.

Sur le chemin du retour, je réalise l’horrible vérité.

Mia n’est pas seulement dans ma tête à longueur de journée. Elle est aussi dans mon corps. Je ne pourrai jamais me débarrasser d’elle.

Finis de broyer du noir. C’est elle qui va rire jaune. Maintenant, je vois rouge parce que j’ai les couilles bleues.

(J’aurais dû être rappeur putain.)

Dans le froid des rues de Paris, j’appelle l’Inspecteur Equerre. Il décroche et je pars directe en négociation brutale sans préliminaire.

“Voilà mes conditions. Et il faut les respecter sinon TCHAO !”

Lui: Bonsoir déjà.
Moi: Oui bonsoir. DONC...
Lui: Et bonne année aussi.
Moi: Et bonne année ok.

“Je veux des infos sur eux. Les Supérieurs, tout ça. Sinon…

(Attention, le plus gros bluff de l’histoire arrive)

...je raconte tout sur twitter. TOUT !”

Lui: Ecoutez-moi. Admettons un instant que vous racontiez tout sur twitter...
Moi: Ouais !
Lui: Et admettons que vous faîtes ça depuis Septembre…
Moi: Ouais…

Lui: Et admettons que ce compte twitter s’appelle 3ème Droite.

Oh merde.

Lui: Et bien, même si vous avez fait ça...et je dis pas que vous avez fait ça...
Moi: Ouais bien sûr…
Lui: Et bien cela ne servirait à rien. Vous comprenez ?
Moi: Oui. Enfin non. Enfin pourquoi ?

“Je vais vous révéler des choses sur eux d’accord ?”

Mon coeur s’accélère. Je ne sens plus le froid autour de moi.

“Ils existent depuis longtemps. Très longtemps. Et ils n’aiment pas qu’on parle d’eux. Ils préfèrent vivre en marge de notre société.”

“Si les gens se mettent à croire qu’ils existent, ils pourraient trouver leurs points faibles et les éliminer. Ils ne sont pas si difficiles à tuer. Avec les bons outils.”

“Il y a environ deux siècles, ils ont trouvé une méthode pour que les gens ne croient plus en leur existence. Ils sont entrés dans la fiction.”

“Ils ont influencé des auteurs qui ont écrit des histoires romanesques les mettant en scène. Vous connaissez ces histoires. Tout le monde les connaît.”

“Ces histoires sont devenues des classiques. Et puis même des films et des séries. Dans certains, ils sont mêmes les gentils de l’histoire.”

“Du coup, les gens ont arrêté de parler d’eux sérieusement parce que personne ne peut croire un fou qui pense que les films sont des histoires vraies. »

« Et comme ça, ils ont pu continuer à se développer en marge de la société…mais pas seulement. Certains sont juste des petits dealers de quartier. Mais d’autres sont très intégrés. Et très influents.»

“Et puis, les réseaux sociaux sont arrivés. C’est une propagation de l’information que personne n’avait pu prévoir. Et les gens ont recommencé à parler d’eux.

Alors ils ont dû adapter leurs méthodes. »

“Pour étouffer un bruit, vous pouvez soit essayer d’enlever ce bruit...soit créer plus de bruit. »

“Alors ils paient des gens pour, justement, créer du bruit sur twitter.”

“À chaque révélation compromettante sur eux, il y a tout de suite un nouveau hashtag qui sort pour faire diversion. #ilpleut #ilneige #vousaussiçavousarrivedepéterdanslebain ”

“Et si ça ne suffit pas, ils demandent à leurs trolls de créer des polémiques sur des sujets sensibles et ils regardent la toile s’embraser.”

“Toute info capitale est noyée dans le bruit ambiant de la stupidité et la colère qu’ils ont eux-mêmes créé. Et au final, plus personne ne parle d’eux.”

“Donc voilà pourquoi, ça ne sert à RIEN. Voilà pourquoi un compte twitter dédié à eux ne sert à RIEN. Parce qu’au final, ils feront en sorte que tout le monde s’en fiche.”

J’écoute tout ça en serrant les dents. Ma rage est grandissante.

Elle est en full érection.

Il reprend. “Mais il y a une bonne nouvelle. Techniquement, ils ne sont pas considérés comme des humains. Du coup, certains droits basiques du type convention de Genève ne s’appliquent pas à eux.”

“Quand on en chope un. Ou une. Il ou elle est à nous.”

Je ne le vois pas. Mais je sais qu’il sourit. Et moi aussi.

“Donc maintenant que j’ai répondu à vos conditions. Voici ma question. Est-ce que vous voulez nous aider à les fumer ces bâtards ?”

Moi: GRAVE.

La suite dans le THREAD 14 ici ⬇️

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