Pour rappel, une personne intersexe nait avec des caractéristiques sexuelles ambiguës sur le plan binaire mâle/femelle (génitales, chromosomiques, internes, externes, hormonales) et subit parfois dès la naissance des opérations et des traitements agressifs pour les "rectifier".
Nous sommes le I du cigle LBGTI. Notre condition est biologique avant tout, ms aussi identitaire et militante, car les intersexes dans leur majorité luttent pour leur droit à la dignité et à l'intégrité physique et morale. Nos luttes ont tout à fait leur place dans la comu LGBT+.
Non-binaire ne veut pas dire intersexe et inversement, même si certains sont non binaires. Les intersexes subissent des violences liées à leur genre et leur corps sans arrêt et se battent pour leur reconnaissance, en particulier parmi les mouvements LGBTI+. Voilà pour le rappel !
(j'ajoute que mon ressenti est personnel, même s'il est partagé par tous les intersexes à qui j'ai parlé, ça n'est pas forcément représentatif de tout le monde)
Tout d'abord, j'étais plein d'espoir. La pride de Tours (ma première) m'avait laissé un drôle de goût : j'étais le seul intersexe et j'ai reçu un déluge de questions et de remarques majoritairement intrusives et gênantes, auxquelles je n'étais pas préparé. J'ai meme voulu partir.
Mais non, je n'avais pas fait ce chemin pour rien, je suis resté, j'ai marché jusqu'au bout et enduré les questions et les remarques "maladroites". Haut les coeurs
Malgré une grande fatigue, je me suis préparé pour Paris, en espérant que ce serait différent. J'étais très deter.
Malgré une grande fatigue, je me suis préparé pour Paris, en espérant que ce serait différent. J'étais très deter.
La veille et même le matin, malgré un soutien soudain et inattendu sur Twitter suite au partage de mon témoignage épinglé (merci à tous!!) jétais devenu super hésitant et effrayé. Javais plus envie dy aller. Le collectif intersexe n'avait pas trouvé la force et je les comprenais.
J'y suis quand même allé la boule au ventre. Quelques moqueries dans le RER, je cache ma pancarte et me laisse guider par mon alliée car je déteste les transports. J'espère que j'aurais la force d'être fier. J'attends de voir quelques drapeaux rainbow et je brandis enfin le mien!
La foule me fait super peur mais je sais que quand on marchera ça ira. Je cherche un.e camarade inter que je devais rejoindre mais je lae trouve pas et ellui non plus, malgré mon grand drapeau brandi.
Et BAM, les premières remarques, les premiers regards, les questions entendus-
Et BAM, les premières remarques, les premiers regards, les questions entendus-
à la volée mais jamais posées directement. Je me rends compte que jai plus envie de brandir mon drapeau, de montrer ma pancarte. Je les baisse. Je me rends compte que : J'AI HONTE.
Je dois vous dire que ça me fait bien mal, avoir honte le jour de la marche des fiertés.
Je dois vous dire que ça me fait bien mal, avoir honte le jour de la marche des fiertés.
Personne ne vient me voir, mais j'entends les phrases murmurés entre potes, entre gens qui se ressemblent, petit privilège du jour hyper important que je nai pas, là.
"C quoi ça?" (x100000)
"Ms c lbgt ??"
"Encore une nouvelle sexualité ?"
"Il existe ce drapeau ?"
"WTF ça ??"
"C quoi ça?" (x100000)
"Ms c lbgt ??"
"Encore une nouvelle sexualité ?"
"Il existe ce drapeau ?"
"WTF ça ??"
D'un coup je sais plus, est ce que c vraiment ma marche, est ce que je fais bien dêtre là, est ce que je suis safe ici, est ce que jai assez de force dans la tête et les bras pour porter à moi tout seul la cause de mes camarades (dsl pr ce vocabulaire bancal)
Je me sens vmt mal.
Je me sens vmt mal.
Tout se bouscule les gens se mettent en mouvement, je me laisse pas le temps de penser et je répète en boucle à mon alliée "cortège de tête", je veux être le plus devant possible (mais pas devant le cortège en non mixité bien sûr je précise lol) pour que mon drapeau soit visible
Pdt un long moment je comprends rien du tout et je me retrouve ds le cortège des élus, une élue trans nous a fait entrer. Je me retrouve à qq pas d'hidalgo et ts ses journalistes assoiffés et j'essaye de lever ma pancarte le plus haut possible pour qu'il apparaisse sur les photos
Vous l'avez compris, une obsession : la visibilité !!! J'écrase les "cest quoi ca" avec ma petite tête vnr à coup de drapeau jaune sans ouvrir la bouche, je me surprend moi même à bousculer tout le monde sans m'arrêter pour être devant, pour être vu, pour EXISTER
J'ignore les gens qui maccostent pour me parler de leur brochure sur les intersexe et avoir ma validation, j'ignore les questions, je veux juste que mon drapeau soit vu par la France entière je suis un robot.
Je rejoins enfin le cortège de tête derrière les racisés.
Je rejoins enfin le cortège de tête derrière les racisés.
Les slogans sont agressifs, anticapitalistes et efficaces, c cool. Aucun ne mentionne les intersexes. Je crie "et les IS!!" personne ne m'entend. Un mutu me trouve, on marche un peu ensemble, ce sera le seul qui tentera un slogan incluant les inter (merci @Mattestosterone).
Ça dure, jcommence à me sentir très mal, jme sens seul, invisible, et honteux. Les questions m'embarassent. Cmt se battre pr ses droits qd personne connait mm notre existence? Je distribue des brochures à la volée, sans parler, g pas la force. Tjs zéro slogan ou banderole sur ns.
Je bouge, je cherche, jsuis comme affamé de reconnaissance, je trouve pas. Je me résigne: c pas grave on avance. Je fatigue qd même. Zéro allié pour la marche des fiertés. J'existe pas alors que moi aussi, j'ai que ce jour, comme vous.
Un petit miracle se produit alors...
Un petit miracle se produit alors...
Je vois apparaître Hanne Gaby Odiele, la top model intersexe, celle qui a rendu notre cause visible, celle qui m'a donné la force de parler, elle vient vers moi ??? Incroyable moment qui me donne trois coeurs d'un coup façon Zelda. 
Suite du thread ici :
Voici mon témoignage sur le sujet si ça vous intéresse :
(je rappelle en prime mon témoignage qui décrit en détail ce que peut vivre une personne intersexe au cours de sa vie !) :
