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Fervellasverzas @Fervellasverzas
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On va tenter de résumer ce qui s'est passé et ce que les saisonnières (temporeras) ont vécu ces derniers mois. Pourquoi elles demandent du soutien économique (gofundme.com/temporeras-con…) et pourquoi elles ont choisi de rester et lutter au lieu de repartir dans leur pays.
Fil FR⤵️
"Ce que l'on raconte ici n'est pas le fruit d'infos journalistiques ou d'interprétations biaisées, nous avons été là dès le début et on y est encore". Les avocats @AUSAJasociacion savent de source sûre tout ce qui s'est passé dans un des domaines de l'entreprise Doñana 1998 S.L.
Les twiteur.se.s pourront juger s'il s'agit, comme certains médias ont affirmé, d'un montage pour avoir nos papiers, ou de la plainte d'un groupe de femmes travailleuses, lasses d'un traitement inhumain et dégradant propre du Moyen Âge. Certaines des saisonnières montrent leurs passeports
Le 30 avril la web allemande correctiv.org publiait un reportage intitulé “Er kommt am Abend” (Il vient l'après-midi). Un reportage bouleversant qui dénonçait les viols, abus et exploitation dans les champs de fraises de Huelva.
[lien en ES] puntocritico.com/2018/05/15/fem…
Si le document lui-même était terrifiant, un fait le rendait d'autant plus honteux : la dénonciation était portée par un média étranger, et pas par un espagnol. Comme si ce qui se passait depuis de longues années dans les champs de Huelva n'intéressait à aucun média national.
30 mai. Les avocats d'AUSAJ reçoivent un appel dans lequel on les prévient que deux travailleuses sont dans les alentours d'Almonte. Une a une hanche cassée et l'autre doit aller aux urgences, et la gérante de l'entreprise leur demande 40€ pour les emmener à l'hôpital.
Quand ils arrivent par surprise au "champ de travail", par hasard, à ce moment précis il n'y a sur place, comme responsable, que la "manijera", une femme roumaine qui ne comprenait pas pourquoi une paire d'avocats était là, inquiets de la santé des travailleuses.
La femme ouvrit la porte, avec une clé dont elle était la seule dépositaire. Là-bas il y avait plus de 200 femmes dans un terrain grillagé duquel elles ne pouvaient pas sortir, dans des conteneurs avec des lits superposés qui faisaient office d'habitacle pour 6-7 femmes chacun.
La travailleuse accepte que les avocats les emmènent à l'hôpital. Peu après leur départ du domaine, deux voitures tentent de sortir la voiture de la route, et elles reçoivent un appel menaçant, disant qu'elles auront "l'accueil qu'elles méritent" à leur retour.
La travailleuse reste jusqu'à 6h30 AM à l'hôpital. Le lendemain elle est allée au tribunal de Huelva, avec l'AUSAJ, le SAT* et un traducteur pour porter plainte, car ce tribunal a l'obligation d'enquêter sur la situation de ces +200 femmes.
*Syndicat Andalou des Travailleur·se·s
Le 1 juin, le Tribunal d'Instruction num. 3 de La Palma del Condado (Huelva) a refusé de prendre la plainte des graves abus professionnels et sexuels, y compris des viols, dont ces femmes avaient fait l'objet, nous renvoyant au lundi d'après, sans aucun argument.
Surtout, elles voulaient porter plainte pour avoir été forcées à la prostitution, sous contrainte, sous chantage. La plainte au Tribunal nous ayant été empêchée, elle est déposée à la Guardia Civil d'Almonte.
À ce moment-là est remise à la Guardia Civil la liste avec les coordonnées des plus de 100 saisonnières séquestrées par l'entreprise, qui avaient demandé aux avocats d'AUSAJ de communiquer à la Guardia Civil leur intention de porter plainte.
Les hommes se plaignaient et les menaçaient avec des phrases comme : "Cette année on nous a emmenées les putes marocaines aux champs de Huelva", "Tu les touches et elles portent plainte", "Les maisons de prostituées", "On va envoyer les clips à vos familles au Maroc".
Le 3, avec la collaboration de la Guardia Civil d'Almonte, toutes les travailleuses qui étaient dans la liste ont été forcées de monter dans des bus les renvoyant au Maroc, et ce même quand elles avaient un contrat et un visa valables.
[lien ES] puntocritico.com/2018/06/16/lo-…
Un petit groupe de femmes a échappé et ni la Guardia Civil ni les employeurs ont réussi à les capturer. Des saisonnières à côté d'une voiture de la Guardia Civil
Le lundi 4 il ne restait plus aucune d'entre elles dans le domaine, sauf un petit groupe dont les composantes avaient été trompées par l'entreprise, pour qu'elles signent une fausse contre-plainte.
Ce même jour-là, neuf des saisonnières qui avaient réussi à s'échapper comparaissent et déposent une plainte devant l'Inspection de Travail de Huelva. Elles le font à leur propre nom et à celui des travailleuses qui n'ont pas pu comparaître. Un groupe de saisonnières montrent leurs passeports
Dès ce moment-là, les journalières ont mis en évidence qu'elles n'avaient reçu de copie ni de leur contrat de travail, ni de leurs salaires ; et qu'elles n'avaient pas vu leurs propres bulletins de paie. Rien ne leur avait été payé. Trois femmes, dont deux portant des hijabs, de profil devant le soleil
Non seulement rien ne leur avait été payé, mais les terribles conditions dans lesquelles elles étaient forcées de vivre et les abus soufferts bafouaient leur dignité (et celle de tous).
vimeo.com/283779821
Le 6 juin, selon les informations parues dans la presse, a lieu la visite d'inspection dans l'entreprise accusée. Le résultat étant la "NORMALITÉ" absolue de l'activité de l'entreprise dénoncée, Doñana 1998.
Le Tribunal a empêché l'accès aux actions judiciaires jusqu'à il y a quelques jours ; cependant, les acolytes des chefs d'entreprise connaissaient déjà le contenu de ces actions, et en ont profité pour tenter de tromper, contraindre et acheter les travailleuses plaignantes.
Ils ont promis aux travailleuses des papiers, des contrats pour les années à venir, et le paiement de l'argent dû dans leurs bulletins de paie, afin qu'elles retirent leur plainte et qu'elles accusent à tord tous ceux qui les avaient aidées pour échapper.
Par exemple : "Parle avec elles, voir si tu les convaincs pour qu'elles retirent ça, elles se sont faites avoir par ceux-là..." ; "Tu ne figures pas dans la plainte. Celles qui figurent sont..." Portrait de plusieurs femmes
Ni la brigade centrale de l'unité de réseaux d'immigration et falsifications de documents (UCEIF), ni les brigades départementales, ni l'autorité du gouvernement ont débuté leurs enquêtes correspondantes, ou activé les protocoles d'action-prévention en cas de traite de personnes.
Cecit étant, les saisonnières ont déposé plainte le 31 juillet pour des délits présumés de traite de personnes et de lèse-humanité au Tribunal Central d'Instruction de l'Audience Nationale (plus haute instance pénale esp), organe en charge vu le caractère transnational des faits.
En conséquence, le Tribunal Central d'Instruction N°1 de l'Audience Nationale a prononcé l'ouverture d'une enquête préliminaire, admettant la plainte déposée. C'est la première occasion d'enquêter intégralement les faits décrits
[NdT : désolée imprécision dans termes juridiques]
Le plus grand souhait des 10 journalières est de retourner dans leur pays, avec leurs enfants, "la tête haute", ce qu'implique dans un pays musulman d'avoir pu attester que toutes leurs souffrances sont avérées, qu'elles n'ont jamais désiré ni été prostituées.
Mais surtout ces 10 femmes se sont unies pour faire Justice, pour que plus jamais personne ne subisse ce qu'elles ont subi. Elles veulent Justice par-dessus de tout. Pour leurs enfants, leur honnêteté, leur avenir. Pour tous.
Aidez-les !
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