#SocioNoel n°12 avec cet ouvrage d'Esther Duflo, premier volet d'un diptyque sur l'évaluation des politiques publiques de lutte contre la pauvreté via des méthodes d’expérimentations randomisées. (1/?). 
Elle inscrit ses travaux dans deux axes prioritaires de développement : l'éducation et la santé qui font consensus chez les économistes de tous bords politiques même si parfois pour des raisons différentes. (2/?)
Ainsi Amartya Sen va défendre la notion de "capabilité" qui s'ajoute à celle, insuffisante selon lui, de liberté. Que signifie avoir la liberté de se soigner si on a pas les moyens pour se payer les médicaments par exemple ? (3/?)
Robert Lucas va lui insister sur les effets de contagion, les externalités positives, justifiant l'intervention étatique sur ces sujets. (4/?)
Une fois le consensus constaté se pose la question de l'action et de l'évaluation. Duflo fait remarquer que certains indicateurs privilégiés par certaines actions de l'ONU sont insuffisants. (5/?)
Ainsi le taux de scolarité très élevé en Inde cache le fait que les compétences des élèves sont parfois très faible (dans certains secteurs ruraux la moitié des élèves de niveau CM2 ne sait pas lire un paragraphe de niveau CE1). (6/?)
La méthode des expérimentations randomisées nécessite le soutien des autorités locales mais va permettre d'évaluer très finement les facteurs améliorant l'éducation et la santé. (7/?)
La méthode évoque les stratégies mises en œuvre par les biologistes pour tester les effets des médicaments : on sélectionne aléatoirement des bénéficiaires de politiques publiques dans une population et on compare son évolution à un groupe témoin. (8/?)
Je vais en citer deux dont une fait apparaitre une limite contournable mais intéressante de la méthode. (9/?)
Première expérimentation à New Delhi en Inde en se posant la question de savoir comment inciter les enfants à mieux étudier et à avoir de meilleurs résultats à un test de lecture. (10/?)
L'idée est d'offrir une récompense à ceux qui réussissent et se pose la question de la nature de la récompense : un cadeau à l'enfant ou de l'argent pour les parents ? (11/?)
Résultats du test : cela dépend de la situation des familles, dans les familles les plus pauvres avec une forte part analphabétisme chez les parents (qui ne peuvent donc pas aider leurs enfants à étudier) le cadeau aux enfants marche mieux. (12/?)
Dans le cas contraire mieux vaut verser de l'argent aux parents.
=>on teste ici un paramètre très spécifique et on obtient des résultats très fins
(13/?)
=>on teste ici un paramètre très spécifique et on obtient des résultats très fins
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Deuxième expérimentation en Afrique subsaharienne cherchant à lutter contre des vers intestinaux qui, s'ils ne provoquent pas de séquelles graves, fatiguent les élèves et génèrent de l'absentéisme. (14/?)
Une première expérience randomisée avec des élèves sélectionnés au hasard au sein de certaines classes montrait une apparente inefficacité des traitements. (15/?)
En fait c'était dû au caractère contagieux de ces vers, les élèves malades re-contaminaient immédiatement les élèves traités par les médicalement. (16/?)
Ce n'est qu'en sélectionnant des écoles entières, où tous les élèves étaient traités, que les études ont pu montrer l'impact positif des traitements. (17/?)
On sort évidemment de la lecture en se disant que la méthode, si elle nécessite des situations favorables pour être mise en œuvre (i.e. l'implication des pouvoirs publics), met l'analyste dans une situation idéale pour identifier les causalités. (18/18)
