Thread by @GrainHedger

Salut tout le monde ! Petit #thread pour montrer tout ce qui est vraiment top dans notre agriculture en cette nouvelle année. On va parler céréales pour cette fois-ci.

Pour commencer, c’est nous les champions !! La France à la plus grande surface cultivable de toute l’union Européenne. Bon On y est pour rien, mais c’est tombé sur nous, et c’est plutôt chouette

Ça veut dire qu’on a assez de surface pour nous nourrir tous, mais aussi des gens ailleurs. C’est plutôt bien, mais c’est le cas d’une quinzaine de pays environ sur la planète. Une quinzaine. Seulement. On n’imagine pas le luxe que cela représente, d’être autonome en nourriture.

La France exporte donc des millions de tonnes de céréale par an. Nous importons très rarement des céréales du coup. par contre on importe du tourteau de soja , qui est la partie de la graine de soja la plus riche en protéine.

Pourquoi importer du soja ? Parce qu’il est OGM? Non, parce qu’il est moins cher que celui produit en France. Un peu comme les vêtements. Et que les marges de manœuvre sont faibles.

Revenons aux céréales. Est-ce que ça pousse tout seul ?

Pas vraiment.Par exemple si les conditions leurs sont favorables (humidité, chaleur) Les céréales sont naturellement colonisées par de sympathiques champignons microscopiques, qui ont la désagréable habitude de produire des toxines que l’on appelle des « mycotoxines ».

Ils peuvent se développer dans les champs, ou après, pendant le stockage. La plus connue sur le blé est la déoxinivalénol , ou DON. Quelles conséquences ont-elles. C'est assez divertissant en fait. La DON par exemple, à haute dose, est cancérigène

Une autre s’apelle la « vomitoxine ».C’est assez parlant comme nom. Ne soyez pas choqués, c'est mère nature, gaïa, tout ça.

Et du coup au-dessus d’un certaine contamination par ces champignons, la marchandise n’est plus consommable. Il faut donc tout mettre en œuvre pour ne pas qu’elle s’installe. Mais si malgré tout elle est là, il faut traiter avec un produit fongicide.

Un autre champignon rigolo qui se développe sur les céréales est lui bien connu : l’ergot, qui contient un alcaloïde dont est dérivé le…LSD. Il provoque ce qu’on appelait au moyen-âge le « mal des ardents » #grospacecake

L’ergot arrive soit par des semences contaminées, soit par des graminées présentes dans le champ ou aux abords. Pour être certains de ne pas en avoir, il faut donc des semences protégées, et ne pas avoir de graminées dans le champ.

On arrive donc à un sujet très… clivant : les pesticides

Bon, déjà,on parle de « produits phytosanitaires » ou « produits de traitements des plantes ». Le mot « pesticide » a été vilainement importé de l’anglais, le mot « pest » signifiant « ravageur ».Donc pesticide veut dire « qui tue les ravageurs ». Aucun lien avec la peste du coup

Quand on regarde les chiffres avec un peu de recul, on voit aussi que la consommation de ces produits de traitements, les fameux pesticides, a été divisé par deux en 20 ans. Les molécules les plus dangereuses ont aussi étés interdites.

D’ailleurs, la dose appliquée à l’hectare est plus faible qu’ailleurs : nous sommes exactement au 9ème rang Européen. C’est pas si mal quand même !

On commence par contre tout doucement à arriver à un palier : Sur les dernières années ça reste stable. Pour descendre encore en dessous il va falloir très vite de nouvelles innovations .Si quelqu’un à des idées ??

Toutes les agricultures ont besoin de soigner les plantes qu’elles cultivent. D’une manière ou d’une autre. Et toutes les agricultures utilisent des pesticides. Même l’agriculture bio. Et ce n’est pas grave !Sont-ce pour autant des produits moins toxiques ? oui et non

Par exemple ,(pour ne parler que de lui, mais il y en a d'autres) on a un gros problème avec le sulfate de cuivre... C’est @emma_ducros qui en parle le mieux (attention, ça parle de CU):
lopinion.fr/video/decrypta…

Et donc, pourquoi continuer à en utiliser alors que c’est massivement ""rejeté par la société ? Ba tout simplement Parce qu’une plante malade ou attaquée doit être soignée. On ne reproche pas à quelqu’un de malade de prendre des médicaments quand il en a besoin

Les agris disposent depuis quelques années de logiciels très efficaces pour appliquer la bonne dose, au bon endroit. Ils se forment également en continu. Parfois, il n’y a pas besoin de traiter, donc on ne fait rien. Et parfois, malgré toute la prévention, il est urgent d’agir

L’achat, la consommation de ces produits est enregistrée et contrôlée. Ces produits sont aussi taxés, et leur taxation va (très) fortement augmenter début janvier. C’est la fameuse RPD, redevance pour Pollution Diffuse.

Ces traitements sont donc chers et tout le monde souhaite s’en passer. Le coût est parfois tellement élevé, qu’on préfère s’en passer quitte à perdre un peu de la production. Est-ce gênant de produire moins ? Non, si on vend le reste plus cher pour compenser.

Sans compter qu'il faut aussi que les autres régions compensent le manque de production pour nourrir les gens qui, eux, mangent tous les jours

Et puisqu'on est dans le thème, n’oublions pas le mot magique pour animer vos discussions entre amis : le #glyphosate . Ce truc est–il un démon comparable qui décime nos campagnes ? @GeWoessner a fait une réponse très détaillée (spoiler : non)

https://twitter.com/Europe1/status/935755189256114176

Les agriculteurs sont-ils accros au glyphosate ? non. Ont-ils tous besoin de désherber ? oui, tous. Même le jardinier du dimanche enlève les mauvaises herbes. A la main, à la pioche, à la charrue ou avec un désherbant .

Les agris sont des gens habitués à prendre des décisions et qui reçoivent de nombreux conseils. Ils ne sont pas seuls. Et non, ils ne sont pas soumis-a-l-industrie-des-pesticide-qui-veut-que-gagner-des-sous.

Le mythe du plouc qui ne connaît rien à rien et qui fait ce qu’on lui dit de faire, c’est ….un mythe, justement. Allez vérifier, vous le verrez vite.des milliers de parcelles d’essai sont semées chaque année pour tester de nouvelles pratiques. On progresse tous les ans.

Mais alors,qu’est-ce qui reste de tous ces produits dans notre assiette ? L’@EFSA_EU est très claire la dessus : » 50,7% ne comportaient aucun résidu quantifiable
45.5 % contiennent des traces en-dessous des limites légales
3.8 % en contiennent, au dessus de la limite légale

On est pas loin du 100% , et c’est une bonne nouvelle.
Donc, non, personne ne risque de s’intoxiquer en mangeant ce que l’on produit en France. Personne. On se détend. La nourriture produite est-elle saine ? Oui, 1000 fois oui !

Et les premiers concernés dans tout ça, comment vont-ils ? et bien , Quand on est agriculteur, on est en général en meilleure santé que le reste de la population. Par exemple, on a 30 % de cancer de moins cancerspreventions.fr/wp-content/upl…

Et aussi, on a une espérance de vie plus longue, comparable aux cadres insee.fr/fr/statistique…

L’état des rivières s’est grandement amélioré en quelques années. C’est une bonne chose

https://twitter.com/YBotochay/status/1077615772095127553

Les algues vertes en Bretagne aussi reculent énormément. Les efforts ont payés et continuent à payer.

Et si on parlait économie maintenant ? Quel est le modèle dominant dans l’agriculture Française ?Il y a environ 600 000 agriculteurs en France. Il y a presque autant de systèmes différents. Parler de « modèle agricole » est un confort intellectuel, mais il n’y a rien de plus faux

Pour faire simple, ce qui est un succès chez moi peut être un échec chez mon voisin, même s’il fait tout pareil que moi. Pourquoi ? Parce que le climat, les précipitations, le sol ne sont pas les mêmes. Il faut bien connaître son sol, c’est la base du travail d’agriculteur.

Cette science qui étudie les caractéristiques des sols, c’est la pédologie. (et non, ça n’a rien à voir avec des enfants) A à 100 mètres près, le sol peut être très différent, et donc donner des résultats qui n’ont rien à voir… Alors imaginez a 200 km de distance

Mais alors qu’est-ce qui marche comme modèle ? Ce qui marche, c’est ce qui est le plus adapté à son climat, à son sol, à sa région, à ses débouchés bien sûr parce que le but c’est d’en vivre. Sans parler des sources d’approvisionnement pour ce qu’il faut acheter à l’extérieur

Donc selon tous ces critères, ce qui marche le mieux peut être au choix une ferme en maraichage bio, un élevage bovin conventionnel, une très (très) grande exploitation céréalière, un petit élevage en vente directe, de la volaille industrielle, de la vigne, etc.

Avec toutes les variantes : labour du sol, non labour, couverts végétaux, monoculture, rotations, bio, conventionnel, en filière, ou autre. Et chacune de ces « catégories » nécessite une formation spécifique, et continue.

Donc : dire à un agri « regardez comme lui s’en sort bien, vous devriez faire pareil chez vous » est totalement absurde. (et aussi, un pti peu agaçant, il faut le reconnaître) . C’est comme dire à un plombier qu’on recrute dans l’hôtellerie.

De même, soutenir ou empêcher l’un ou l’autre par pure idéologie reste…de l’idéologie justement.

Avec en plus quelques données sympathiques : le climat est très variable d’une année sur l’autre, le marché des céréales aussi. Des efforts de plusieurs mois peuvent être remis en cause par une sécheresse, un excès d’eau, un coup de froid tardif ou précoce..

... il faut alors tout repenser, tout changer, bref s’adapter. Et ce n’est pas si facile que ça : On ne change pas de culture en place en un claquement de doigts. il faut tout prendre en compte, y compris les précédents. pas simple

Et avec tout ça ? et bien la France à le système agroalimentaire le plus durable au monde. Pour la 3ème année consécutive !! Ce n’(est pas moi qui le dit, c’est the economist : lesechos.fr/industrie-serv…

Il y aurait encore tellement, tellement à dire...et ce sera pour plus tard 👍Si vous avez des doutes, des demandes, n’hésitez pas. Il y a beaucoup d’agriculteurs par ici qui répondront à toutes les questions ... Les @fragritwittos sont la pour ça 😁 #fragtw . et merci 🙏🙏