Thread by @GeWoessner

Vous voulez un exemple de vrai populisme ? Cette campagne de mesure de glyphosate dans les urines, relayée par la télévision publique. Comme le M. Jean-Jean du reportage me serre le coeur, on va reprendre 2-3 points, histoire de l'informer. C'est parti. ⏬

D’abord M. Jean-Jean, sachez-le : OUI. On VA retrouver du glyphosate dans vos urines. C’est normal, on le sait : soit parce qu’il y en a des traces dans votre alimentation, soit parce qu’il y a dans l’eau que vous buvez...

Le glyphosate se dégrade en AMPA (Acide aminométhylphosphonique ), COMME les détergents d’ailleurs. Bref : on ne sait pas trop si le glyphosate et l’AMPA mesuré chez vous viennent des pesticides ou de votre lave-vaisselle, mais il y en a.

Les résultats, ensuite. Vous attendez les vôtres, M. Jean-Jean, mais lors des précédentes campagnes, on a retrouvé en moyenne 1,25 µg/L d’urine de glyphosate. On va vous dire : « c’est 15 fois plus que le taux maximum autorisé dans l’eau ! » Rassurez-vous : ❌ C’est faux. ❌

Le seuil d’autorisation d’1 µg/L évoqué n,est PAS un seuil sanitaire. C’est un seuil réglementaire, établit dans les années 1970, qui indique simplement : Oh ! Il y a quelque chose dans cette eau. Elle n’est pas pure.
La norme règlementaire est fixée, en France...

...à 0,5 µg/L pour le total des substances trouvées dans l'eau potable. MAIS ! Cette norme n’est pas NON PLUS un seuil sanitaire. C’est une limite fixée politiquement, pour garantir la qualité de l’eau. Quel taux retenir, alors ? Pour vous : le seuil SANITAIRE...

... La Vmax (valeur maximale admissible), établie selon des critères de RISQUE TOXICOLOGIQUE. La Vmax du glyphosate dans l’eau destinée à la consommation est fixé à… 900 µg/L.

L’organisation de cette campagne devrait donc vous dire : « Tout va bien, M. Jean-Jean : la concentration de glyphosate dans votre urine est 720 FOIS INFÉRIEURE à la valeur limite admissible fixée pour l’eau potable.»
On se sent mieux, non ? Mais poursuivons.

Parce que l’eau, c’est bien joli, mais ces traces rejetées prouvent bien que vous en avez avalé, du glyphosate ! Alors… Combien ?
Je vous le dit tout de suite, M. Jean-Jean : très peu.

Après administration orale, l’élimination du glyphosate, nous disent les toxicologues, est rapide et presque totale, principalement dans les matières fécales sous forme inchangée, et via l’urine (environ 30 %).
Faisons un bref calcul :

Admettons que vous ayez pissé, Mr Jean-Jean, la dose maximum de glyphosate observée l’an dernier, soit 2,89 µg/L. Le corps humain évacuant 1 à 1,5 L par jour, on peut estimer, en comptant large, que vous avez ingéré 10 µg de glyphosate.
AÏE ! Et c’est grave, ça ?

NON. A vu de nez, M. Jean-Jean, vous pesez 70 kg. Vous avez donc mangé 0,14 µg/j/kg. Or la Dose Journalière Autorisée (DJA) pour le glyphosathe, seuil SANITAIRE en-dessous duquel il ne se passe rien, fixée avec un facteur 100 de sécurité, est de…500 µg/j/kg ! 1ère conclusion :

Même si le glyphosate trouvé dans vos urines atteignait10 µg/L, vous pourriez encore vous goinfrer de Müesli : cela voudrait dire que vous avez mangé 0,1% de la DJA autorisée. Vous conviendrez que cela laisse une marge… Rassuré, M. Jean-Jean ? Non ?!?

Vous vous inquiétez du possible « effet cocktail » de traces, même infimes. Car vous avez lu que le glyphosate est cancérigène. Eh bien… Non, M. Jean-Jean.

L’écrasante majorité des agences sanitaires à travers le monde, convaincues par les études épidémiologiques conduites pendant 20 ans sur des dizaines de milliers d’agriculteurs, penchent plutôt pour l’hypothèse inverse.
On ne peut préjuger de rien, naturellement, en sciences...

... et les effets du glyphosate sur les sols et la biodiversité sont bien documentés. Mais pour votre santé, vous avez infiniment plus à craindre du tabac, de l'alcool, de la malbouffe...

C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, les autres pays n'ont pas opté pour une interdiction rapide du glyphosate. Ils attendant de trouver des substituts économiquement acceptables, et aussi peu dangereux. C'est un choix qu'on peut contester. Mais pas en vous faisant flipper.

Je vous souhaite donc, Mr. Jean-Jean, une année sans angoisses inutiles, sans peurs, sans culpabilité. Bref : une belle année.