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Vendredi dernier j'ai rendu visite à l'imprimerie en charge de sortir chaque jour Le Monde, Le Figaro, Les Échos, L'Équipe...petit thread sur le circuit d'un journal papier, du bouclage à la vente, en passant par l'impression et la distribution, en prenant l'exemple du Monde.
Le Monde boucle chaque jour son édition papier à 10h30. Au fil de la matinée, la rédaction envoie les pages à l'imprimerie, qui prépare le travail d'impression et tout ce qui suivra. Le dernier élément envoyé par la rédaction est la Une, vers 11h. Le journal ne bougera plus.
L'imprimerie dont on parle ici est située en Île-de-France. Lancée en 2009, elle est un prestataire du Monde et remplace l'imprimerie d'Ivry-sur-Seine, autrefois propriété du journal.
Cette dernière n'était plus jugée assez fiable : "Elle accusait tout le temps 1h à 2h de retard dans l'impression du journal. La nouvelle est fiable."
Le Monde travaille avec une seconde imprimerie, située du côté de Montpellier. Elle dispose aussi de plusieurs relais à l'international. Fun fact : du côté de l'Italie, l'édition quotidienne du Monde est imprimée dans un format légèrement plus petit.
Revenons à notre présente imprimerie, où travaillent près de 120 employés. Il est 10h30 et nous faisons le tour des lieux. L'occasion de découvrir la salle de stockage des rouleaux de papier, matière de base de nos journaux.
Celle salle, ou plutôt ce hangar, est gigantesque. Elle accueille des bobines d'environ...2,8 tonnes chacune, soit à peu près l'équivalent de deux Renault Clio. 
Sur cette photo, vous pouvez vous rendre compte de la taille de ces bobines de papier comparée à un être humain. L'une de ces bobines = environ 45 000 exemplaires du Monde.
Pour aller plus loin dans les caractéristiques, le papier utilisé pour imprimer Le Monde mesure 55 grammes. Le Monde Diplomatique, c'est 60 grammes.
Ça en fait du papier pour imprimer un journal, me direz-vous. Le personnel de l'imprimerie précise que le papier utilisé pour imprimer Le Monde est composé de papier recyclé. Le prix de la bobine ? Environ 1500€.
Pour déplacer de tels objets, l'imprimerie utilise des robots. Ces derniers scannent les bobines et les transportent.
Fun fact #2 : bobines de papier des pages saumon du Figaro croisées.
Fun fact #3 : l'hiver, l'imprimerie commande davantage de bobines et effectue un surstockage en prévision du froid. Une bobine de papier gelée nécessite trois semaines pour revenir à un état exploitable...les impressions des quotidiens, elles, n'attendent pas.
Direction ensuite une salle où est stockée puis pompée l'encre, autre élément indispensable de l'impression du journal. Il y fait chaud "pour ne pas que l'encre fige". Chaque bac = 700 kilos d'encre. Une cuve = une semaine d'impression.
On en vient ensuite au gros de l'imprimerie, le tirage. Les pages du quotidien sortent, sont triées puis coupées. Le tout à une cadence folle : 80 000 exemplaires du Monde par heure.
Je vous laisse admirer la vitesse de la mécanique.
Ce vendredi 15 février, près de 130 000 exemplaires du Monde prennent forme.
Les exemplaires retournent dans les airs...
...pour partir dans une autre grande salle, dédiée à l'étape suivante.
Avant d'y parvenir, le journal fraîchement imprimé passe entre les mains de personnes chargées de vérifier la qualité du produit fini. Cadrage des photos, lignage...tout est vérifié et, si besoin, corrigé.
L'un de ces employés vient justement de repérer un élément à corriger : sur cette double page, la partie droite de la photo est mal alignée, il y a une micro marge blanche. La modification est effectuée par ordinateur. Les prochains tirages seront corrigés.
Le journal du jour. Quotidiennement, 3000 à 4000 exemplaires sont jetés dès la sortie des machines, la faute à de multiples défauts d'impression.
Les journaux sont ensuite empaquetés...
...et étiquetés, en vue d'être livrés à un revendeur bien précis.
Puis le paquet s'en va rejoindre le véhicule de l'un des cinquante livreurs, chargés s'approvisionner la région parisienne.
À l'arrière de l'imprimerie, ça s'active. Il est 11h20 et les camions partent vers les kiosques et autres revendeurs.
À peine une heure plus tard, le quotidien est livré. Ici, chez un kiosque de porte Dorée, dans le 12e arrondissement de Paris.
L'homme chargé de faire tourner le kiosque réceptionne aujourd'hui seize exemplaires du Monde. "J'en mets trois ou quatre chaque jour de côté, pour les habitués. Le reste part, en général", détaille-t-il.
Suite (ou plutôt prologue) de ce thread à retrouver dans quelques jours. On y suivra les dernières étapes du bouclage du Monde et le choix de la Une du jour.
