Thread by @ecoute_ca

Cet article va me donner l’occasion de parler de sujets qui me tiennent à cœur. Merci @roussette de me l’avoir envoyé !

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Doit-on oublier le génie de Michael Jackson parce qu'il s'est comporté comme un monstre? slate.fr/story/174150/m… via @slatefr

Jean-Luc Lahaye, R Kelly, Ian Watkins, MJ… accusés de pédophilie. Ike Turner, Axl Rose, John Lennon, Cantat accusés de violences conjugales allant jusqu’au meurtre pour Cantat. Misogynie, racisme, homophobie, nos stars ne valent parfois pas mieux que les autres.

L’article met bien cela en avant et soulève la question de la position du public. Est-ce qu’il existe une forme de connivence voire de complicité à l’égard des artistes criminels de notre part ?

Je ne vais pas donner de leçon mais exposer mon point de vue personnel (pas celui de Tom donc). Libre à vous de me suivre ou pas, l’idée est surtout de s’interroger sur notre responsabilité (car oui, on en a une).

Tous les ans, nous avons droit à la question « doit-on lire Céline, auteur antisémite au lycée ? ». On peut transposer avec d’autres cas : « Doit-on continuer d’écouter John Lennon qui, battait sa première femme ? ».

Dans le monde de la musique occidentale, Lennon est d’une importance capitale. Ne pas l’admettre serait une erreur. Tout comme l’est Céline dans la littérature. Mais ils ont un avantage énorme : ils sont morts.

Aujourd’hui, mon acte de consommateur ne permet plus de rendre la vie plus facile à son auteur en l’enrichissant. Dans le cas d’artistes vivants, c’est plus compliqué et là, la moral, l’éthique personnelle entrent davantage en ligne de compte.

Acheter, consommer, promouvoir, partager c’est enrichir financièrement et personnellement l’artiste. Quand on combat l’homophobie, le sexisme, la pédophilie, les violences, on se retrouve face à un dilemme : se cacher derrière son petit doigt ou appliquer cet ensemble de valeurs?

Dans mon cas, je suis partisan du boycott, c’est une question de cohérence. Bien sûr, il y a ce qu’on ne sait pas encore, ce qu’on ignore, ce sur quoi on doute… mais quand on ne doute pas, on lâche.

On m’objectera que l’œuvre et l’artiste, ce n’est pas la même chose. Pour les morts, à la limite. Encore que ça peut éclairer certaines paroles (comme le dit l’article avec l'omniprésence du thème de l'enfance chez MJ).

Pour les vivants non. Consommer c’est conforter le niveau de notoriété de l’artiste, c’est donc valider ce qu’il est auprès de la société : une personne qui compte voire un modèle.

Si son comportement vous heurte, comment le lui faire comprendre ? Saura-t-il que vous le condamnez ? Et puis, on ne parle que du bourreau mais… Quid de celles et ceux qu’on oublie toujours, les victimes ?

Que ressent une victime quand elle voit l’impunité sociale des actes ? Les décisions de justice sont une chose mais elles ne sont pas tout. La société juge par le biais des tribunaux certes mais les condamnations ne lavent rien.

Qu'ont ressenti les femmes victimes de violences dans le public ce jour-là : blog.lefigaro.fr/daccord/2011/1…
Un 25 novembre bordel. Journée internationale pour l'éradication des violences faites aux femmes!

Mais non, la justice aurait parlé donc on ne devrait pas être choqué, gêné, dérangé. Et quand on s'en plaint, on fait partie des censeurs. Non. On fait juste partie des personnes qui n'ont pas le confort de l'oubli.

Le droit à l’oubli ? Le pardon ? Ce n’est pas à nous de gérer, c’est aux victimes. Oublieront-elles ? Et nous ? Ne faisons-nous pas partie du problème en applaudissant à tout rompre un criminel ?

Comment se reconstruire en voyant à quel point il est facile de continuer à vivre normalement pour le bourreau ?

Notre plaisir d’auditeur dans le cas de la musique est léger face à ce que produit l’acceptation de certains comportements. Cmt faire comprendre socialement ce que sont certains crimes quand on pardonne facilement aux artistes parce qu’ils sont artistes? Quid de l’exemplarité?

Dans le cas des morts maintenant, l’article dit encore une fois une chose intéressante. Impossible d’oublier Thriller ou l’album blanc des Beatles. Leur poids sur la suite de l’histoire de la musique a été colossal, on ne peut pas les oublier comme ça.

En revanche, il serait bon de relever les ambiguïtés et de les faire connaitre. Qui savait que Lennon battait sa femme ? Honnêtement ? Faites le test, demandez autour de vous, vous verrez ça ne se sait pas. On connait l’antisémitisme de Céline alors pourquoi pas ça ?

Mais non, on a retenu Imagine. Un pacifiste ne peut pas avoir fait ça. Et puis, ça gâche quand même pas mal le titre… Si on n’oublie pas l’œuvre, alors n’oublions pas les crimes.

Mettons toujours en avant ces histoires douloureuses pour avoir un regard juste sur nos artistes préférés.

Si je résume ma position donc… Un mort ? On peut parler de son œuvre mais on doit rappeler régulièrement son autre visage pour ne pas sacraliser une personne ne le méritant pas. Ce sont des humains.

Un vivant ? Boycott. La musique est vaste et personne n’est irremplaçable (surtout aujourd’hui avec internet : il existe des milliers d’inconnus au talent fou). Regarder en face la réalité. Se rappeler de ses propres valeurs.

Ne pas pardonner ce qu’on ne pardonnerait pas à un.e proche. IL FAUT SAVOIR TUER SES IDOLES.

Enfin, je conclurai en rappelant que prendre ces positions, ce n'est pas être un fragile ou que sais-je encore. Au contraire, ça demande du courage. C'est loin d'être la position de la majorité et, you know what? La majorité n'a pas toujours raison, loin de là.

Et pour celles et ceux que ça intéresse, j'ai un peu parlé de ces questions dans le n°37 de @RetourTurfu où j'etais récemment invité (encore merci pour l'accueil d'ailleurs) et que vous trouverez ici : retour-vers-le-turfu.lepodcast.fr/le-4-juillet-2…