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C’est un argument récurent que celui de pointer le faible nombre des participants, que ce soit à une manifestation, un débat, ou même un vote, pour délégitimer leur opinion. Cet argument est non seulement mal fondé mais dangereux, car il sert des idées fort peu démocrates.
La démocratie, ce n’est pas « le pouvoir au peuple ». C’est un slogan de démagogues, et ceux qui le tiennent sont, paradoxe en apparence seulement, peu démocraties. La démocratie, c’est « la souveraineté appartient au peuple ».
Par opposition à la souveraineté appartient à Dieu (théocratie), à un homme (monarchie), à un petit groupe (oligarchie). Ceci étant posé, la démocratie n’est PAS en soi une garantie de modération ou de respect des libertés.
Beaucoup de despotes s’accommodent fort bien de la démocratie, et prennent même la peine d’organiser des élections qu’ils remportent avec des scores extraordinaires, qui démontrent selon eux leur légitimité.
Au-delà d’une certaine masse critique, la démocratie directe ne fonctionne plus. Cette masse est très variable selon les peuples et les cultures, et m’a toujours paru assez basse en France (Impression 100% subjective, je le reconnais, mais assez peu démentie par des exemples).
Donc il faut des intermédiaires : c’est la démocratie représentative. L’élection est le mode de désignation le plus courant mais pas le seul possible (citons le tirage au sort, utilisé pour les jurys populaires aux assises, qui représentent le peuple dans sa fonction judiciaire).
Dans tous les pays vraiment démocratiques, où il existe un pluralisme politique, ou les minorités sont protégées de la dictature de la majorité, cet éloignement produit chez certains un désintérêt pour la politique.
Et c’est aisément compréhensible. Mon vote est dilué parmi des millions d’autres, et j’ai bien conscience que mon vote n’a pas changé le résultat de la dernière présidentielle. J’aurais pu voter pour l’autre candidat, ou ne pas voter, le résultat eût été le même.
Et cela vaut pour toutes les éecltions auxquelles j’ai participé, puisqu’aucun candidat dans ma circonscription n’a jamais été élu avec une voix d’avance.
Et pour peu que l’impétrant élu ne soit pas celui qui avait mes faveurs, il peut être tentant de lui contester sa légitimité en faisant une simple opération : ramener le nombre de voix qu’il a obtenu au nombre d’élécteurs.
Et constater que non seulement il n’a pas fait 50% + 1 voix mais en est loin. Et feindre de s’en étonner. Ce raisonnement est un sophisme dangereux car il sape la confiance dans la démocratie représentative.
Regardez donc qui profite de cette crise de la représentativité, et vous verrez vite le problème.
La démocratie n’est pas la souveraineté de la moitié des français en âge de voter plus un.
La démocratie n’est pas la souveraineté de la moitié des français en âge de voter plus un.
Le peuple est la source de toute souveraineté, et il l’exerce en désignant ses représentants. Cela suppose d’accepter que parfois iceux ne soient pas ceux qu’on aurait choisi.
Et que ce n’est pas parce qu’on a pas voté pour tel président qu’il n’est pas légitime, qu’il n’est pas « notre » président, ce qui est absurde puisqu’il est président de la République, pas des Français.
Peu importe qu’il soit élu par une majorité relative, ça reste une majorité. Un pays se dirige en prenant des décisions, pas en empilant des refus de prendre des décisions. Demandez aux Anglais.
Ce qui constitue la garantie fondamentale du régime est que d’une part ces personnes quitteront spontanément et sans violence le pouvoir au terme de leur mandat (c’est important, demandez aux Algériens),...
… et que d’autre part quelle que soit la majorité avec laquelle ils seront élus, même 50% des citoyens en âge de voter +1, il y a certains droits fondamentaux auxquels ils ne pourront pas toucher.
C’est ça, la démocratie, pas le pourcentage d’électeurs qui a vraiment élu Untel ou Unetelle.
Et même le moins bien élu des candidats exercera la plénitude de sa fonction avec toute la légitimité que lui donne, non pas le nombre, fluctuant, de ses soutiens, mais la loi.
Et même le moins bien élu des candidats exercera la plénitude de sa fonction avec toute la légitimité que lui donne, non pas le nombre, fluctuant, de ses soutiens, mais la loi.
