Thread by @SocioTonyo

#AFS2019
Dernier jour du congrès @afs_socio, je suis à la session croisée RT50 Socialisations et RT4 Éducation et formation. N'hésitez pas à suivre le LT de @cle_perronnet. ⬇
Pour ma part je ferai un live tweet de sa communication (la 4ème à venir).

https://twitter.com/cle_perronnet/status/1167407210277851136

@afs_socio @cle_perronnet (On passe au bloc suivant, je croise les doigts pour pouvoir faire le + possible avec une batterie presque vide)
La communication de Clémence Perronnet s'intitule "Scientifique, pourquoi pas toi ? Sociogenèse des identifications et aspirations scientifiques pendant l’enfance."

@afs_socio @cle_perronnet Son objectif : expliquer comment les sciences sont un principe de classement des individus. Le sens employé par les institutions scolaires et culturelles c'est celui des sciences de la nature ou formelles. Elles se situeraient à priori "en dehors" des hiérarchies sociales.

On considère même parfois à l'école une possibilité d’ascenseur sociale. Ce travail montre que les sciences sont une "culture" et pas seulement une somme de connaissances neutres. Elle s'exprime dans des musées, des jeux, activités, productions audiovisuelles, etc.

Il s'agit de voir comment cette culture scientifique produit des classements et déclassements d'enfants comme "scientifiques" ou "non-scientifiques". Résultats issus de sa thèse dans laquelle elle s'intéresse aux représentations de la science en milieux populaires.

Les carrières scientifiques excluent largement les femmes, les individus des classes populaires et des catégories ethno-raciales minoritaires. Pour montrer les liens entre culture scientifique et exclusion elle à réalisée une étude longitudinale avec des enfants du CM2 à la 5e.

Également, observation d'un atelier de familiarisation aux sciences. La question : comment se construisent les rapports différenciés aux sciences ? Cela vient de leurs lectures des sciences, leurs activités, leurs jeux et sorties.

Deux choses sont à souligner :
1) Plusieurs instances de socialisation culturelles entrent en compte : parents, famille, école, etc. qui se combinent pour favoriser ou entraver le développement aux sciences. Chances différenciées d'accéder à des contenus culturels scientifiques.

2) Même avec cet accès, il y a cependant des représentations des sciences étrangères et dénuées de possibilités identificatoires quand on est une fille ou un petit garçon de classes populaires.

Pour cette présentation, Clémence Perronnet souhaite insister sur la manière dont les classements fonctionnent au travers du portrait de Kamel, un garçon rencontré d'abord en CM2. Immigré avec son père de l'Algérie (lors d'une séparation), il arrive en France à 3 ans.

Premier aspect important : Kamel aime les sciences, c'est un "amateur". Il se présente comme un fan de sciences et techniques, il s'intéresse au fonctionnement des voitures, au corps humain et archéologie. Il a de nombreux livres de sciences et est fan de C'est pas sorcier.

En CM2, il parle beaucoup des robots et du fait d'être scientifique. A propos de l'école il dit que les maths et sciences sont ses matières préférés, ce qui est observé durant les ateliers scientifiques: il réussit les tâches, finit en premier, est sollicité pour aider les autres

L'entretien avec lui permet de voir l'origine des goûts et pratiques : l'activité mécanique/bricolage est importante. Son père mécanicien, invite souvent son fils à bricoler avec lui sur une voiture. Son fils le fait aussi tout seul et de manière assez "brillante".

Une partie de ses pratiques scientifiques (lectures) sont à associer à un capital culturel famillial. Son grand-père est un Youtuber politique, et il suit les activités de son petit fils. Le lien reste fort : le grand-père paye l'inscription de Kamel au club de sport par ex.

Sauf que : en dépit de ce goût pour les sciences et de ses réussites, Kamel ne se perçoit pas et n'est pas perçu comme "bon élève". Surtout en raison de ses difficultés en Français (pas sa langue maternelle) et Histoire. Il déteste les activités liées à l'écrit.

Il y a donc d'un côté l'atelier et les maths et d'un autre ce qu'il appelle les "leçons", ce qu'il doit recopier. A ce propos il dit "en CE2 c'était trop nul, pour la science ils parlaient 50mn et après on devait recopier... 5mn pour écrire la leçon !".

Autre élément intéressant : ses performances scolaires sont traitées très différemment par son père et sa belle mère. Il récompense ses réussites, tandis qu'elle punit ses échecs dans les matières + littéraires. Quand il réussit les maths/sciences il gagne 20 euros de son père.

(La belle-mère ne le sait pas). Répartition genrée : le père/grand-père vont s'occuper des loisirs (jeux vidéo, jeux de société, bricolage) et qui vont gérer les dépenses (matériel informatique et technique). De l'autre côté la belle-mère et grand-mère gèrent la dimens° scolaire.

On voit que la division genrée (qui est aussi scientifique/littéraire) à des conséquences directes : + on va vers le CM2 plus il a des difficultés. La fiche de liaison CM2/6e indique que Kamel avec un positionnement scolaire ++ (avec "Très bien en science" et "Assez bien" en lit)

Commentaires encourageants, mais malgré cela il est orienté en fin de CM2 en SEGPA. La famille, qui n'est plus investie scolairement, accepte. Impossible donc ensuite de rejoindre une classe générale et de faire des sciences.

Tout en étant valorisé, considéré comme "super fort", ça ne suffit pas d'aimer les sciences pour Kamel. Car la classe sociale et l'origine éthno-raciale entrent en compte et favorisent l'exclusion.
C'est un cas particulier qui rejoint plusieurs conclusions :

- Les sciences ça classe : intériorisation de hiérarchies très tôt. Lui t les copains ont intériorisées ces éléments (bon en science mais "pas intelligent").
- En dépit de ces goûts il est difficile pour des jeunes de classes pop. de s'identifier au scientifique.

Cette dernière catégorie est perçue par les enfants comme des dominants du monde social : difficile d'y voir des femmes ou des gens "ordinaires". Ces catégorisations des scientifiques et de soi sont produites et reproduites par le goût et usages des sciences, notamment à l’École.

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On enchaîne avec Anaïs Collet : "Scientifique, pourquoi pas toi ? Sociogenèse des identifications et aspirations scientifiques pendant l’enfance." (enquête menée avec J-Y Authier, I Mallon, S. Lehman-frisch)
(7% de batterie :D)

Travailler sur les socialisations enfantines liées aux lieux "habités". Dans quelle mesure ces lieux contribuent à façonner les pratiques, sociabilités, représentations et les goûts des enfants ?

Comment, en articulation avec les autres instances de socialisation, les lieux habités et pratiques par les enfants façonnent-ils leurs représentations de l'espace urbain et du territoire et, à travers eux, du monde social ?

Méthodo : enquête sur les vies urbaines entre 2011 et 2013 à Paris et San Francisco. Une classe de CM2 en école privée, une classe de CM1 e école publique (REP). Entretiens individuels avec les enfants prenant appui sur un jeu e 10 photos; entretiens en + avec parents/enseignants

"Atelier quartier" : moment collectif qui précède les entretiens pour faire produire aux enfants un dessin avec la consigne "Dessinez votre quartier". Les photos utilisées servaient à questionner les jugements, les pratiques, fréquentations, etc.

Quartiers aux physionomies différentes :
- Auteuil, quartier bourgeois, très aisé. 50% de logements HLM. 44% employés/ouvriers (Villette)
- Crimée (ou Riquet), urbanisé avec des catégories d'immeubles et logements destinés aux classes moyennes/populaires. 50% HLM. 50% de cadres

17 enfants enquêtés à Auteuil : familles dont les pères sont quasi tous cadres sups ; mères dont 1/3 sont au foyer ou cadres sups. Origines: françaises, Paris Ouest.
23 enfants à Crimée : pères chômage, employés ; mères au foyer, chômage, employées. Origines: parents nés étranger

Ce qui frappe le + chez les enfants d'Auteuil : l'ancrage résidentiel des membres de la famille dans l'Ouest de Paris. Bcp des enfants partent en vacances dans des résidences secondaires.
A Crimée : grande dispersion dans membres de la famille, aucun mentionne résidence sec.

A Auteuil l'école a un ancrage familial, citent la bibliothèque. Équipements privés (polo club, du tir au pigeon, automobile club), achats persos.
A Crimée : bcp d'enfants font de périscolaire. Les équipements publics, parcs, squares, sont très investis (bibliothèque, piscine).

Pour les enfants de Crimée, Paris c'est autre chose que leur quartier, c'est les monuments (La Tour Eiffel) vus notamment en photo. "La banlieue" est perçue comme un mélange de ville et de campagne, ou Paris en "moins bien" avec davantage de "voyous".

Pour les enfants d'Auteuil cela ne leur évoque souvent rien ou un endroit pas fréquentable. La catégorie "campagne" pour ces enfants évoque une résidence où tout est fait pour le plaisir.

Les enfants ont un sens pratique de leur position sociale : on voit qu'il est souvent fait référence à des lieux "normaux". Pourtant celleux de Crimée sont souvent silencieux, comparativement à des enfants d'Auteuil beaucoup plus à l'aise.

🔋Je suis à court de batterie ! Je suis forcé d'arrêter le LT...
La dernière enquête est de Fabienne Montmasson-Michel "Des classements sociaux dans une institution « pas comme les autres » : le groupe de pairs de jeunes enfants dans l’enceinte de l’école maternelle"

Malheureusement je ne peux donc pas continuer les tweets (fallait penser à charger l'ordi avant...). Merci d'avoir suivi :)
Je ferai bientôt une petite compilation des différents LT #AFS2019 produits durant ces 4 super journées !