Thread by @MaeWest31

Vous avez sans doute entendu parler d’un @TER_Occitanie pour Mazamet dont les passagers ont mis sept heures pour arriver à destination ? @ladepechedumidi @bleuoccitanie . Ce n’est pas acceptable mais ce n’est pas si simple que ça. Petit thread inspiré largement de @conducteur_PSE

21:20 samedi, au cœur de la campagne occitane. Il fait nuit le conducteur du TER ressent un choc important. Il effectue un nombre conséquent d’actions de sécurité de manière à arrêter le train, déterminer le lieu exact et précis où il se trouve pour sécuriser la zone.

Le but est aussi de s’assurer également qu’il s’agissait bien uniquement d’un choc avec un animal...

21:35 Ces actions prennent du temps mais les conducteurs sont entraînés. Il fait ensuite un certain nombre de vérifications sur le train et la voie afin de diagnostiquer leur état. Hors de question de se mettre en mouvement si il existe un risque pour les passagers ou pour lui.

A l’issue de ces différents essais, il s’avère que le train n’est pas en état de repartir immédiatement. Le choc a été important et des canalisations d’air nécessaires au système de freinage sont déformées et fuient.

Le système est bien fait puisque en cas de fuite d’air le train freine. Dans notre cas : en plus d’avoir un système de freinage détérioré, impossible de desserrer les freins. Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer : Le train ne va pas pouvoir repartir sans aide extérieure.

Le secours est demandé. Nous sommes un samedi soir vers 22:20, au beau milieu du Tarn, il faut mobiliser du monde rapidement et prendre les bonnes décisions. Une cellule de crise est crée à Toulouse. Deux véhicules d’intervention léger sont envoyés vers la zone.

Un secours via le rail est organisé en parallèle avec les moyens matériel et humain disponibles ce samedi soir. Des solutions supplémentaires sont recherchées notamment afin de permettre des dessertes en autocar.

23:20 Le convoi routier s’approche de la zone mais impossible de trouver le train. Les coordonnées GPS sont obtenues via le conducteur mais ni route ni passage à niveau ou pont ne se trouvent à proximité.

Sur des images satellites les traces laissées par les tracteurs sont observées pour savoir où faire passer les véhicules légers. 
Le train, plongé dans la nuit, caché derrière la végétation est finalement localisé un peu avant minuit.

Pour accéder au train il faut couper des taillis et ronces à la scie sabre (sur batterie) pour se faufiler un peu plus près.
Plus près il y a un fossé de quelques mètres. Une échelle est acheminé et utilisée comme pont afin de pouvoir finalement accéder au train.

Ces derniers mètres sont difficiles : il aura fallu environ 20 minutes pour les parcourir. Après installation d’un éclairage de fortune, le dépannage commence.

Pendant ce temps le train de secours arrive. Pour cela le train rencontre des signaux fermés (feux rouges). Ceci est normal puisque la zone est occupée par le train en détresse. De nuit sur une portion délicate : du temps de préparation et une vitesse très réduite sont imposés.

Différentes autorisations sont nécessaires. Il serait catastrophique que le train de secours percute le train en détresse, même à faible vitesse.

Une fois les deux trains suffisamment proches, un transbordement est effectué. L’opération consiste pour les voyageurs à passer d’un train à l’autre en descendant hors de tout quai (la marche est très haute) pour cheminer dans le ballast afin de rejoindre le second train.

Il existe une multitude d’obstacles : déclivités, trous, installations métalliques diverses, câbles, etc. La sécurité des voyageurs même hors du train reste la priorité pour les cheminots présents sur place. Le transbordement aura duré environ 20 minutes et s’achève vers 00:40.

Grâce à l’équipement qui s’est acheminé via l’itinéraire décrit plus tôt ainsi qu’à l’expérience des agents dépanneurs la fuite est finalement contenue. Il est décidé que les deux trains partirons ensemble.

Un certain nombre d’opérations est ensuite nécessaire : Les agents doivent être minutieux malgré leur fatigue et malgré la pression temporelle que les voyageurs subissent. Plusieurs opérations techniques dont beaucoup concernant le freinage ont été effectuées.

Dans la conscience cheminote ce genre d’événement nous évoque la catastrophe de la Gare de Lyon et les nombreux décès et blessés provoqués. En outre bcp de cheminots sont intervenus sur cette crise. Il est indispensable que tous donnent leur go.

Le train peut enfin repartir un peu avant deux heures du matin après de nombreuses heures d’attente et comme trop souvent : beaucoup d’incompréhension.

De nombreuses enquêtes sont en cours afin de déterminer comment s’améliorer. Les différentes solutions, celles retenues et celles écartées seront analysées et il est facile a postériori de donner son avis.

Il est certain que dans notre société actuelle, il est très préjudiciable de n’obtenir aucune information sur l’heure à laquelle le train va pouvoir repartir et surtout arriver. Ce point est bien sûr un axe sur lequel un travail sera effectué

Quoi qu’on en dise ou écrive, cette crise était complexe. Les cheminots qui ont travaillé sans relâche ce week-end étaient compétents et impliqués pour leurs clients.