Le 9 novembre, un étudiant s’est immolé devant le #CROUS de Lyon pour pointer la #precariteetudiante grandissante. Un geste politique extrêmement fort qui nous interpelle beaucoup. Au Moyen Âge, cette précarité étudiante existe déjà... Un thread ! ⬇️ #histoire #MedievalTwitter 
Galère étudiante n°1 : se loger. Comme la plupart des étudiants ne sont pas originaires de leur ville d’étude, cela crée très vite, dans les grandes villes étudiantes de l'époque, une crise du logement
Les propriétaires n’hésitent pas à augmenter les loyers. En 1310, le roi Philippe le Bel doit intervenir en personne pour bloquer la hausse des prix à Orléans... !
Galère étudiante n°2 : le matériel. À l’époque, les fournitures scolaires, et notamment les bougies pour les longues journées d’hiver, coûtent cher.
Last but not least : manger. Les poètes médiévaux se font fréquemment l’écho de la faim qui tiraille les « ventres vides » des étudiants.
Face à ces dépenses tous les étudiants ne sont pas égaux : les plus riches font la tournée des tavernes ; les plus pauvres doivent travailler
Les "jobs étudiants" sont alors nombreux : on peut copier des manuscrits, se faire embaucher comme domestique... Mais tous payent assez mal : au XVe siècle, à Leipzig, un étudiant gagne environ la moitié de ce que gagne un ouvrir non qualifié
On fait donc appel aux parents : de nombreuses lettres nous sont parvenues d’étudiants demandant l’aide des proches. Par exemple, à la fin du XIIIe siècle, un certain Boterel, étudiant à Orléans, demande à ses parents "de l'aider à payer les frais des examens"
François Villon résume cette situation difficile d'un trait superbe : "Pauvreté nous suit tous à la trace"
Comme le CROUS aujourd’hui il existe toutefois des dispositifs d’aide. Le "privilegium paupertatis" donne droit à une bourse pour financer les frais d’inscription. Mais cela semble exceptionnel et seule une poignée d'étudiants y ont droit
Il existe aussi les collèges : des lieux de vie pour loger gratuitement les étudiants pauvres. En 1358, Étienne de Vidé fonde par exemple le collège de Boissy pour permettre « à des étudiants nécessiteux, enfants du bas peuple misérable », de poursuivre des études
Ces collèges se multiplient assez rapidement à Paris : on en compte 44 à la fin du XIVe siècle. Néanmoins, dans les faits, ces institutions reçoivent aussi un nombre important d’étudiants venant de familles aisées, souvent descendants des fondateurs du collège...
La précarité estudiantine peut susciter l’indignation des prélats de l’Église et même du pape. En 1250, le cardinal Ottavia Ubaldi menace par exemple les professeurs de Bologne d’excommunication s’ils soumettent le savoir à des conditions financières...
Cependant, dans un contexte de diabolisation croissante des pauvres, l’étudiant pauvre est souvent considéré comme suspect : à Bologne et Pérouse au XVe siècle, "ceux qui ne vivent pas de leurs propres frais" n'ont pas le droit de voter dans les assemblées étudiantes !
La précarité étudiante ne date pas d'hier : mais aujourd'hui il devient plus urgent que jamais de trouver des solutions pour que, enfin, "Pauvreté" ne suive plus "à la trace" les étudiant.e.s... Retrouvez notre article du jour !
actuelmoyenage.wordpress.com/2019/11/21/dec…
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