Cet été, #DonaldTrump a proposé d'acheter le #Groenland. Proposition très maladroite diplomatiquement parlant, mais aussi surprenante sur le fond : peut-on ainsi acheter un territoire ? Au Moyen Âge, c'était une pratique courante. Un thread ! ⬇️ #histoire 
En 1191, Richard d'Angleterre (Cœur de Lion) part en croisade. En chemin, une tempête déroute sa flotte sur l'île de #Chypre, qui est à ce moment là un petit Etat autonome dirigé par un général byzantin
Richard conquiert l'île en quelques mois, puis part pour aller délivrer Acre, assiégée par Saladin. Aussitôt, une révolte éclate à Chypre. Richard réalise alors que tenir l'île va lui coûter des hommes et de l'argent... et décide de la vendre
Sitôt dit, sitôt fait : il propose l'île aux Templiers. Ceux-ci, très riches, ont les moyens de l'acheter, et vu leur vocation (défendre la Terre sainte), c'est une décision très stratégique. Pour 100 000 besants, versés en plusieurs fois, ils achètent Chypre
Mais eux aussi font face à une révolte et décident d'annuler la vente. Exactement comme quand vous vous faites rembourser un produit acheté en magasin : l'île est un bien comme un autre, qu'on peut vendre ou échanger... Très surprenant à nos yeux, normal à l'époque.
Richard se retrouve donc avec Chypre sur les bras... Heureusement, voilà un autre client : Guy de Lusignan, ex-roi de Jérusalem (il a perdu la couronne après le décès de sa femme, héritière du trône), qui lui fait la même offre que les Templiers. Et hop, vendu !
En achetant l'île, on achète également tous ses châteaux, ses routes, ses ports, etc. Les habitants, évidemment, n'ont pas leur mot à dire, ne sont ni consultés, ni même, a priori, prévenus. On vend la terre, et les habitants viennent avec.
Ce point nous paraît profondément anormal, car évidemment il s'oppose radicalement au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, principe fondamental des relations internationales depuis plusieurs décennies
Mais il s'agit en réalité d'une pratique banale à l'époque médiévale, qu'on retrouve à toutes les échelles. Dans les chartes, les seigneurs passent ainsi temps à vendre, acheter et échanger des terres, et le plus souvent on vend la terre avec ses paysans
Au fond, pour un homme de l'époque, il n'y a pas grande différence entre le fait de vendre une vigne avec ses deux familles de paysans... et une île avec ses 20 ou 30 000 habitants. Les grands s'échangent et s'achètent la terre : les petits suivent, de gré ou de force.
Ce ne serait plus aujourd'hui acceptable, ni même réellement faisable. Derrière le décalage, deux visions du pouvoir et de l'espace très différentes, preuve de l'évolution des mentalités et des pratiques politiques... Retrouvez notre article sur @libe !
actuelmoyenage.blogs.liberation.fr/2019/10/20/don…
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