Thread by @MaitreMo

Huit ans de latin et 27 ans de pénal "dur" me font dire ceci :

1/ En latin "homo" c'est l'être humain, tous genres confondus ; l'homme, comme genre, c'est "vir", "maritus" comme mari ; la femme, comme genre, c'est "femina", au sens "épouse" c'est "uxor", plus rarement "femina".

2/ Je ne crois pas, du tout, que les meurtres conjugaux ont lieux parce que l'autre est de l'autre genre (ce qui au demeurant serait extraordinairement difficile à prouver), mais parce qu'elle/il est l'épouse ou l'époux. Il y a peut être des tarés qui tuent les femmes parce...

qu'elles sont des femmes, sûrement même, mais je pense qu'ils sont rares, et qu'alors les meurtres surviennent indifféremment d'un lien marital ou similaire ; là, et là seulement, il s'agit de "féminicides", s'il faut surqualifier le crime commis.

[ Car faut-il distinguer les homicides par nature ? Je ne sais pas, étant rappelé que les circonstances aggravantes le font déjà avec, elles, un sens pénal réel, comme leur nom l'indiquent : un meurtre est puni de 30 ans, un meurtre "par le conjoint" ou assimilé, perpétuité.

Le même débat a eu lieu pour le viol, désormais qualifié "viol incestueux" si commis par "ascendant, frère...", sans conséquence pénale autre que débat sur autorité parentale - qui pouvait déjà avoir lieu avant, la circonstance d’ascendance existant aussi avant (de 15 à 20).

Je vais refermer cette parenthèse-là mais je ne suis pas sûr que les victimes d'incestes aillent mieux parce que désormais on qualifie ces crimes de "viols incestueux par ascendant" plutôt que de "viols par ascendant" (c'était l'argument à l'époque) ; passons... ]
Pour revenir...

à mon sujet, je crois donc que dans les meurtres qui nous occupent, le ou la meurtrier(e) ne tue pas parce que la victime est une femme/ un homme, mais bien plus parce qu'elle est SA femme (son mari).
C'est, très souvent, la vie commune qui permet l'emprise, elle qui, à tort...

mais utilisée, dévoyée, transformée en carcan, fait croire à la victime qu'elle ne peut s'enfuir, n'ayant nulle part où aller, pas d'issue, les enfants pris dedans aussi et en plus - souvent... Qui permet le huis-clos et la toute puissance invisibles du dehors... Et, bref, qui...

un jour va faire qu'un meurtre finit par être commis - combien disent avoir tué dans une rage paroxystique, combien d'autre "par amour", en fait par possessivité absolue et refus d'accorder à l'autre une autre vie que le huis-clos conjugal..?

Si donc une surqualification doit...

avoir lieu, alors qu'au moins elle ait lieu d'une façon juste, pénalement comme factuellement : il s'agit d'"uxoricides", et, plus rarement mais réellement, j'en ai défendu plusieurs, de "maricides" (et au moins ainsi cette réforme visera tous les cas, pour le coup).
Voilà, je...

comprends ce débat ; mais sincèrement je ne crois pas qu'il solutionne quoi que ce soit, et encore moins si on laisse le droit pénal glisser dans des approximations, qu'il prohibe, et qui pourraient même devenir des ennemies : par exemple, prouver qu'un meurtrier n'était pas...

sexiste par ailleurs dans sa vie aboutirait à quoi exactement, aux assises où il comparaîtrait pour "féminicide"..? On requalifierait en "meurtre par conjoint", comme actuellement ? Mais après quels débats, imposés à toutes les parties, parties civiles incluses.. ?

Rédiger un texte pénal est difficile et mérite une véritable réflexion, un vrai sens, et une véritable insertion intelligente dans l'arsenal répressif (considérable ici, si les moyens de sa mise en œuvre étaient réels...) existant - pardon : devrait...

Là-dessus, café.

A noter que c'est cet article, relatif à nos amis belges, qui m'a plongé dans ces abîmes de réflexion - évidemment dans le contexte de tout ce qui est dit et se passe actuellement en France : lesoir.be/262330/article…