Thread by @vincentglad

Thread: Tony Duvert, l'écrivain pédophile, devenu "culte" depuis sa mort en 2008.

Il est avec Gabriel Matzneff, René Scherer et Guy Hocquenghem un des principaux activistes du mouvement pro-pédophilie des années 70/80.

Son destin est bien différent de celui de Matzneff : écrivain reconnu dans les 70s, il sera ostracisé à partir de 82 pour ses vues sur la pédophilie. Oublié de tous, il finira sa vie tout seul, sans que personne ne remarque sa mort en 2008. Avant que la postérité le reconnaisse.

C'est donc à sa mort en 2008 qu'on redécouvre cet écrivain "maudit", qui revendiquait de coucher avec des enfants à partir de 6 ans.

A sa mort en 2008, Médiapart publie en Une de son site un article de blog titré "Duvert est mort. Vive Duvert."

"C’est la trace littéraire, non la biographie de l’auteur, qui devrait retenir et attirer l’attention sur une œuvre", écrit Anne Simonin.

blogs.mediapart.fr/anne-simonin/b…

Comme dans le cas de Matzneff, il est impossible de dissocier l'oeuvre littéraire des pratiques pédophiles de son auteur. Les livres de Duvert, aux qualités littéraires indéniables, sont nourris de cette obsession pour la sexualité infantile.

Le succès de Duvert dans les années 70 et son ostracisation (c'est ainsi qu'on disait "cancel", pour les plus jeunes) par la suite témoigne parfaitement des ambiguïtés de l'époque.

En 1973, Tony Duvert obtient, grâce au soutien de Roland Barthes, le Prix Médicis pour "Paysage de fantaisie", un roman qui dépeint un bordel de petits garçons.

Il s'embrouillera lors de la remise du prix avec Barthes, vraisemblablement à cause de la question pédophile.

Mais Duvert est surtout connu alors pour "Le Bon Sexe illustré" un essai publié en 74 qui voulait "reconnaître aux mineurs, enfants et adolescents, le droit de faire l’amour".

Détail sordide : chacun des chapitres du livre est illustré d'une photo représentant un jeune garçon en érection, tirée d'un livre d'éducation sexuelle destiné aux 10-13 ans, "L'Encyclopédie de la vie sexuelle" édité par Hachette.

C'est à peine croyable mais "Le bon sexe illustré" sera recommandé dans une brochure du ministère de la Jeunesse et des Sports en 1982 intitulée "J'aime, je m'informe".

Ce qui suscita à l'époque l'indignation du Figaro Magazine qui titrera "Cette gauche qui salit nos enfants"

Une interview dans Libération en 1979 détaillait les vues de Tony Duvert sur la pédophilie. Il vouait une haine toute particulière aux mères (qui l'empêchaient d'assouvir ses désirs) et appelait à un "Nuremberg" des mères.

Chroniqueur à Gai-Pied, Tony Duvert y défendait notamment le tourisme sexuel. Il jugeait ainsi "anti-homosexuelle" la campagne de presse contre ces pratiques.

Duvert va disparaître en 1982, alors que l'affaire de pédophilie dite du Coral (Matzneff sera cité, puis innocenté) défraye la chronique. La défense militante de la pédophilie devient inaudible.

Le vent tourne. Les temps ont changé. Tony Duvert s'auto-cancel.

C'est donc à sa mort que Tony Duvert revient à la mode.
Comme d'autres titres de presse, Libération publie un portrait laudateur de l'écrivain: "Tony Duvert a donc bien fait de mourir, pour renaître, on l'espère, à la littérature."

next.liberation.fr/culture/2008/0…

Gilles Sebhan lui consacre deux livres biographiques, en 2010 puis 2015. A l'occasion de la sortie du second, France Culture lui consacre une émission de 2h: "Tony Duvert, le dernier des maudits".

franceculture.fr/emissions/mauv…

En 2016, La Revue des deux Mondes publie un article pour le réhabiliter : "Haro sur Tony Duvert". En 2013, une revue suisse avait publié une "lettre inédite" censée montrer un "aspect plus ludique" de son oeuvre. En fait,une description d'actes sexuels avec des enfants marocains.

Signe du retour en grâce de cet écrivain devenu "culte", Têtu le présentait récemment dans une liste des meilleurs auteurs queer.

tetu.com/gallery/10-liv…