#LectureConfinement 1/ Nouvelle et passionnante lecture avec l’essai de @benjaminhaddad « Le paradis perdu », publié en 2019 chez @EditionsGrasset. Un essai mêlant histoire, sociologie et science politique au service d’une thèse implacable : 
la Présidence Trump n’est pas un accident de parcours dans l’histoire américaine, une intempérie éphémère de 4 (voire 8) ans, mais bien le reflet d’une mutation profonde des 🇺🇸 à laquelle le reste du monde devra bien s’adapter.
2/ Fort de sa longue expérience aux Etats-Unis (en particulier au sein du think-tank @HudsonInstitute), @benjaminhaddad dresse le portrait d’une Amérique profondément traumatisée par le fiasco irakien, une Amérique aux plaies sociales et économiques considérables ...
... une Amérique, surtout, de sentant chaque jour un peu plus déconnectée de cette élite politique et économique qui a longtemps dicté sa politique étrangère.
3/ En résulte, un replis sur soi inexorable, une « normalisation » du positionnement des Etats-Unis dans le monde ne souhaitant plus jouer le rôle de gardien de l’ordre international mais seulement protéger ses intérêts nationaux.
4/ Face à cette évolution structurelle, @benjaminhaddad livre un plaidoyer pour une Europe véritablement souveraine, prenant davantage conscience de ses atouts actuels (normes, influence culturelle, poids économique) ...
... et construisant les outils de sa souveraineté en particulier dans le domaine de la défense. Une Europe moins technocratique et davantage politique voire géopolitique pour peser dans le jeu des puissances.
5/ Quelques extraits enfin : « Les deux présidents, opposés dans leur parcours, leur tempérament, leur éthique, représentent néanmoins les deux pôles d’une puissance qui rejette son exceptionnalisme pour aspirer à une forme de normalité ».
« Cette Amérique ne veut plus porter le fardeau de l’ordre libéral international. L’Amérique assume de défendre brutalement une définition rétrécie de ses intérêts, sécuritaires et commerciaux, dans un monde de compétition et de rapport de force face à la Chine ou la Russie ».
« Une demande de protection, de radicalité et d’identité forte - nationalisme, souverainiste, radicalisme religieux - face à l’inquiétude d’un universalisme vide de sens et de repères ».
« Un monde dans lequel l’Europe est forte peut ressembler à l’Europe. Un monde dans lequel l’Europe est faible ressemblera à la vision promue par Trump ».
« L’Amérique est gouvernée par les Américains. Nous rejetons l’idéologie du globalisme et acceptons la doctrine du patriotisme. A travers le monde, les nations responsables doivent se défendre contre les menaces contre la souveraineté, venant non seulement ...
... de la gouvernance globale mais aussi de nouvelles formes de coercition et de domination » (D. Trump aux Nations Unies en septembre 2018)
« Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour expliquer comment vivre, qui être, auprès de qui prier » (D. Trump en Arabie Saoudite en mai 2017).
« Trump a su capter l’angoisse de la classe moyenne blanche inquiète de son déclassement économique, mais aussi culturel, en jouant sur les fantasmes de la transformation ethnique du pays et le décrochage avec les élites ».
« La prudence d’Obama mélange un pessimisme réaliste sur les limites de la puissance et un optimisme libéral sur les forces profondes de la globalisation ».
« La pensée bruxelloise de plaçait hors de l’espace et du temps, au dessus de la géographie et de l’histoire. A un antagonisme politique, elle opposait un récit d’interdépendance économique » (Luuk Van Middelaar)
« La sphère européenne ne peut plus être celle de la policy without politics ».
« L’émergence des mouvements populistes sur la scène européenne doit être vécue comme une opportunité, l’irruption d’un espace public au niveau européen, où peuvent enfin s’affronter des visions différentes qui transcendent les seuls intérêts nationaux ».
« Le retrait américain exige un réveil stratégique des Européens s’ils ne souhaitent pas devenir le théâtre passif des ambitions rapaces de grandes puissances ou subir l’instabilité exportée par les pays voisins ».
