1/ Comme promis, et avec l’aimable autorisation de mon éditeur @Ellipses_Off, #thread sur la pensée économique en Grèce antique. Extraits du premier chapitre de l'Histoire Impertinente de la Pensée Economique, intitulé "les Grecs, dans la Cité plutôt qu’à la City".
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EPISODE 1
Nous sommes tous grecs. Nous avons tendance à l’oublier en ce début de 21e siècle mais nous, les hommes et femmes d’Occident, sommes les fruits d’une des plus grandes civilisations de l’histoire. Une civilisation née sur les rivages orientaux de la Méditerranée.
EPISODE 1
Nous sommes tous grecs. Nous avons tendance à l’oublier en ce début de 21e siècle mais nous, les hommes et femmes d’Occident, sommes les fruits d’une des plus grandes civilisations de l’histoire. Une civilisation née sur les rivages orientaux de la Méditerranée.
3/ Dans l’un de ses merveilleux ouvrages, l’helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly nous rappelle que nous respirons l’air de la Grèce à chaque instant de notre vie : des milliers de mots dans nos vocabulaires ; la première littérature du monde occidentale avec Homère;
4/ la pensée historique avec Hérodote puis Thucydide ; la médecine et le fameux Hippocrate dont on parle beaucoup ; la réflexion politique et la première théorisation de la démocratie ; l’architecture, source inépuisable d’inspirations pour les futures générations ;
5/ la tragédie et ses trois grands auteurs Eschyle, Sophocle et Euripide ; la comédie avec Aristophane. La force de sa mythologie bien sûr. Mais il y a peut-être un domaine où nos ancêtres ont définitivement changé le cours de l’humanité : la philosophie.
6/ L’historien Bernard Williams écrit d’ailleurs avec justesse que l’héritage légué par la Grèce à la philosophie occidentale n’est autre….que la philosophie occidentale elle-même ! Des présocratiques jusqu’au stoïciens,
7/ en passant par Socrate, Platon, Aristote, Epicure, les Cyniques, les Sceptiques et tant d’autres, les penseurs grecs ont ouvert toutes les branches de la philosophie : métaphysique, logique, éthique et morale, politique, sciences, religions, épistémologie, langage, arts, etc.
8/ Toutes les branches… sauf une ! Car malgré leur curiosité insatiable, leur passion de la raison et leur capacité à formaliser des systèmes et des concepts, les Grecs n’ont fait "qu’effleurer" la théorie économique.
9/ Le mot lui-même "économie" a certes été inventé par un disciple de Socrate. Mais, les Grecs n’ont jamais pensé ce thème distinctement de leur sujet de prédilection : la politique !
10/ Les premières réflexions à caractère économique dans des documents écrits ne sont toutefois pas issues d’un philosophe, ni même d’un scientifique mais… d’un poète ! Il s’agit d’Hésiode, écrivain du 8e siècle avant J.C., contemporain d’Homère.
11/ Nous sommes bien avant le fameux Siècle de Périclès (5e siècle av. J.C.). La Grèce connaît alors son premier âge d’or au cours de la période dite "archaïque", c’est-à-dire à partir de -800. Cette période est marquée par de profonds changements politiques et culturels.
12/ Les cités de Sparte et d’Athènes progressent, l’influence de la civilisation hellénique commence à se diffuser dans le bassin méditerranéen, notamment grâce aux colonies qui s’étendent de la mer Noire jusqu’à Massalia (fondée vers -600 av J.C.), devenue Marseille.
13/ La période archaïque voit également la création de l’alphabet grec et la construction du fabuleux sanctuaire de Delphes. C’est aussi l’époque des premiers philosophes, dont Thalès et Pythagore.
14/ Les premiers jeux panhelléniques sont organisés sur le site d’Olympie dans le Péloponnèse (776 avant J.C.) tandis que deux frères appelés à devenir célèbres, Romulus et Rémus, voient le jour sur un site aux sept collines de l’autre côté de la Mer Adriatique.
15/ En Orient, cette époque correspond au premier développement de la philosophie chinoise ainsi qu’à la rédaction des Upanishad, les traités sanskrits à la base de l'hindouisme.
16/ Dans son recueil de poèmes intitulé Les travaux et les Jours, Hésiode s’intéresse à une valeur appelée à un grand avenir : le travail ! Sa vision est, sans surprise pour l’époque, empreinte de mythologie.
18/ Pour lui, le travail, c’est le destin de l’homme voulu par Zeus. En raison d’une sombre histoire de règlements de compte entre Dieux, Zeus aurait en effet décidé de se venger en forçant l’homme à travailler.
19/ Il aurait certes été plus facile de faire en sorte qu’un seul jour de récolte par an suffise. Mais l’homme serait sans doute devenu fainéant et n’aurait pas su quoi faire le reste du temps. Dès lors, le voilà condamné à labourer avec ardeur s’il ne veut pas mourir de faim.
20/ Hésiode se montre très clair : "souviens-toi toujours de mon conseil et travaille, afin que la famine te déteste et que Déméter remplisse ta grange. Car la faim est la compagne inséparable du paresseux".
21/ Le poète paraît regretter la décision de Zeus, évoquant avec nostalgie les temps révolus car alors "les générations des hommes vivaient sur la terre exempte de maux et du rude travail, et des maladies cruelles que la vieillesse apporte aux hommes".
22/ Mais il s’attache à positiver le monde présent et voit de nombreuses vertus au travail. Il est d’abord la base de la richesse : "par le travail, les hommes deviennent opulents et riches en troupeaux, et c’est en travaillant que tu seras plus cher aux Dieux et aux hommes"
23/ Le travail est d’ailleurs considéré comme la seule forme d’enrichissement acceptable : "Ne fais pas de gains déshonnêtes, ils équivalent à la ruine".
24/ Anticipant les théologies de la prédestination selon laquelle la fortune est un signe divin, Hésiode nous dit que celui qui s’enrichit par le travail recevra la richesse accordée par les Dieux, qu’il sera lui-même "semblable à un Dieu".
La suite bientôt... 😉
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