Thread by @Mangeon4

Saviez-vous qu’en 1948, en banlieue parisienne, le réacteur « Zoé » démarre et fait entrer la France, en ruine, dans l’ère du #nucléaire ?

Thread 3 : Zoé, premier réacteur nucléaire français.
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Après avoir fait démarrer le réacteur ZEEP, en septembre 1945, on retrouve les atomistes de retour dans une France en ruine mais libérée, rejoignant leurs collègues restés au pays. De Gaulle est sensibilisé dès l’été 1944 au potentiel du #nucléaire lors d’une visite au #Canada.

Dès la fin du conflit mondial, Frédéric Joliot envisage avec Irène Joliot-Curie, Raoul Dautry, Pierre Auger et Francis Perrin, la création d'un établissement de caractère #scientifique, technique et industriel, chargé des questions concernant l'énergie #nucléaire.

Le 18 octobre 1945, le Commissariat à l'énergie atomique est créé avec pour mission de "poursuivre les recherches scientifiques et techniques en vue de l'utilisation de l'énergie atomique dans les différents domaines de la science, de l'industrie et de la défense nationale".

Joliot-Curie est nommé haut-commissaire tandis que Dautry est nommé administrateur général. Autour de ces 2 personnages, on retrouve tous les pionniers du #nucléaire français.

Dans ce monde très masculin, le rôle d’Irène Joliot-Curie est à souligner. Prix Nobel de chimie en 1935 et première femme à entrer au gouvernement en 1936, elle devient en 1945 une des six commissaires du nouveau Commissariat à l'#énergie atomique.

Le CEA jouit d’un statut très particulier, preuve de l’importance stratégique que les politiques et scientifiques donnent à l’organisme. Il est directement relié au chef du gouvernement mais il dispose en même temps d'une autonomie administrative et financière.

Dès 1946, le @CEA_Officiel se donne pour objectif la construction d'une pile à eau lourde : le stock d'uranium disponible est suffisant et l'on dispose de l'eau lourde norvégienne. Cette pile est confiée à Kowarski, qui a piloté la conception du réacteur ZEEP au #Canada.

Sur proposition de Goldschmidt en juillet 1947, il est décidé d'utiliser de l'oxyde d'uranium, au lieu d'uranium métal qui pose des problèmes métallurgiques importants. On renonce du coup à un dégagement notable d'#énergie.

Les initiales "Zoé" témoignent de ces choix (puissance Zéro, Oxyde d'uranium, Eau lourde). Elle sera également appelée EL 1 (comme Eau Lourde 1). Dans l’urgence, on décide de construire la pile dans l'ancien fort de Châtillon, mis à disposition par le Ministre des Armées.

La construction de la pile, dans une #France détruite par la #guerre où l’alimentation est encore rationnée, est une prouesse technique. Il faut 15 mois (seulement) à 400 ingénieurs et techniciens pour réaliser Zoé.

Dans un hall imposant, le cœur d’oxyde d’uranium (1950 kg) est inséré dans une cuve d’aluminium remplie de 5 tonnes d’eau lourde. Un réflecteur en graphite entoure la cuve, bordée elle-même d’un mur de béton de 1,5 m d’épaisseur pour la protection contre les rayonnements.

Les premiers stocks d’oxyde d’uranium sont récupérés au #Maroc. Ils étaient cachés dans une mine de phosphate pendant la seconde guerre mondiale. L’uranium sera purifié dans l’usine du Bouchet (Essonne) du @CEA_Officiel, qui démarre en 1946.

Le 15 décembre 1948 à 12h12, c’est l’aboutissement. Après une nuit de travail pour l’équipe de chercheurs, ingénieurs et techniciens, la réaction en chaine se produit…la pilé Zoé démarre !

Comme l’expliquera Joliot-Curie : « L’atmosphère était analogue à celle qui règne dans une salle d’accouchement auprès d’un être que l’on aime ». Kowarski fixe rapidement une plaque commémorative sur le flan de la pile.

Zoé est ensuite inaugurée en grande pompe par Vincent Auriol, premier président de la IVe République. On retrouve dans cette vidéo quelques pionniers du #nucléaire français, notamment Lew Kowarski, aux côtés de Frédéric Joliot-Curie.

On prête au président Vincent Auriol ces mots : « Voici une réalisation qui ajoutera au rayonnement de la France ». Si, progressivement, l’eau lourde ne sera plus utilisée dans les réacteurs français, Zoé reste le point de départ du développement du programme #nucléaire français.

Dans un monde marquée par le début de la guerre froide, le démarrage de cette pile est considéré par les anglo-saxons comme une menace. Au-delà du général de Gaulle, c’est Joliot-Curie, ouvertement communiste et contre la bombe nucléaire, qui inquiète.

Joliot-Curie déclare en 1950 « que jamais les scientifiques (…) ne donneront une parcelle de leur #science pour faire la guerre contre l’URSS ». Il est démis de ses fonctions au CEA et remplacé par Francis Perrin. L’ère des pionniers du #nucléaire est terminée.

10 ans plus tard, la France construit son premier réacteur pour produire de l’électricité #nucléaire à Chinon (@EDFofficiel ). Le 13 février 1960, 3 ans après la mort de Joliot-Curie, la première bombe atomique française, « Gerboise bleue », explose dans le Sahara Algérien.

La pile Zoé poursuit son aventure en délivrant des radioéléments pour la #médecine et, en 1949, ses premiers milligrammes de plutonium. Elle est améliorée en 1952 et 1953 pour atteindre une puissance thermique de 150 kW, puis, définitivement arrêtée en mars 1976.

Le bâtiment qui abrite Zoé est reconverti en musée de l'atome qu’on peut visiter sur le site @CEA_Officiel de Fontenay-aux-Roses. En attendant, vous pouvez visiter virtuellement Zoé ici : cicerone360.com/panoramiques/p…

C’est la fin de ces trois épisodes consacrés aux débuts du nucléaire Français. Pour relire les précédents, c’est ici :
- 1 :

https://twitter.com/Mangeon4/status/1269970993621196800?s=20

- 2 :

https://twitter.com/Mangeon4/status/1270739995448479744?s=20

Sources et ouvrages en photo 1/2

cutt.ly/iueVQc3
cutt.ly/dueVUf3
cutt.ly/DueVStC
cutt.ly/gueVKi5
cutt.ly/OueV1kW
cutt.ly/MueV7VV
cutt.ly/DueBtfA

Sources et ouvrages en photo 2/2

cutt.ly/zueBoaJ
cutt.ly/cueBf8d
cutt.ly/lueBxoS
cutt.ly/1ueBWM7
cutt.ly/eueBOEz
cutt.ly/xueBD5Z
cutt.ly/due4NDt