Thread by @Mangeon4

Savez-vous que dans les 70’s, la #France a fourni un réacteur #nucléaire à l’#Irak de Saddam Hussein ?

Ça ne s’est pas très bien passé...

Thread : L’incroyable #histoire d’Osirak.

🔽🔽🔽

1/ L’histoire du programme nucléaire irakien débute en pleine guerre froide. La Commission irakienne de l'énergie atomique est créée en 1956 avec le soutien des #USA au moment où est lancé le programme de développement du #nucléaire civil « Atoms for peace ».

2/ En juillet 1958, un putsch #militaire mené par le général Kassem renverse la monarchie irakienne et instaure un régime marxiste. Le nouveau régime se tourne vers l’#URSS. En 1959 un accord de coopération sur le #nucléaire est signé entre les deux pays.

3/ En 1968, alors qu’un certain Saddam Hussein devient premier ministre, l'#Irak met en service un réacteur de recherche IRT-2000 (de 2 MW) fourni par la #Russie, utilisant de l’eau comme modérateur et réfrigérant.

4/ Un certain nombre d'autres installations pouvant être utilisées pour la production de radio-isotopes voient également le jour au centre de recherche nucléaire de Tuwaitha au sud-est de #Bagdad.

5/ L'Irak ratifie le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) le 29 octobre 1969. De nombreux pays vont alors signer des contrats économiques, industriels et militaires avec l’Irak, qui possède notamment de grandes réserves de #pétrole.

6/ Début-milieu 70's, la #France et l’Irak commencent à signer un certain nombre de contrats et à discuter #nucléaire. Le président Pompidou reçoit Saddam Hussein à l’Élysée en 1972. Jacques #Chirac, premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing se rend à #Bagdad en 1974.

7/ En 1975, Saddam Hussein visite en #France le centre nucléaire @CEAMarcoule dans le #Gard en compagnie de Jacques Chirac. Le dirigeant irakien déclare à son retour à Bagdad que « l'accord avec la France est le premier pas concret vers la production de l'arme atomique arabe ».

8/ Évidemment, cette déclaration inquiète certains pays (notamment #Israël en grande tension avec les pays arabes). Un accord est toutefois signé à Bagdad en novembre 1975, qui reprécise le caractère « pacifique » de cette nouvelle collaboration #nucléaire.

9/Au départ, l’idée de la France est de fournir à l’Irak un réacteur de 500 MWe de type uranium-graphite-gaz mais ce projet est abandonné. C’est finalement un petit réacteur de #recherche, qui n’a pas de vocation #militaire, qui est retenu.

10/ Le réacteur, nommé Tammuz 1 par les irakiens, est une copie du réacteur de type « piscine » Osiris (photo) du @CEAParisSaclay (qui démarre en 1966) et de sa maquette Isis (Tammuz 2).

11/ Ces réacteurs ont pour objectif d’étudier les matériaux et combustibles des centrales nucléaires mais également de produire des radioéléments pour la #médecine.

12/ En plus d’Osirak (photo du réacteur en construction), la France fournit d’autres installations à Tuwaitha : un laboratoire d'essai à chaud des matériaux (LAMA), des ateliers et une station de traitement des déchets radioactifs (RWTS).

13/ D’autres pays participent également au programme #nucléaire irakien. Par exemple, les Italiens construisent un laboratoire de radiochimie pour la manipulation du #plutonium et un laboratoire expérimental de fabrication de combustible.

14/ Le réacteur Osiris d’Irak est nommé ironiquement « Ô Chirac» par ses opposants. La France tente alors de rassurer sur les possibilités offertes par le réacteur Osirak dans ce secteur très sensible du Proche et Moyen-Orient.

15/ Le 6 avril 1979, le #Mossad, une agence de renseignement israélienne, détruit à la bombe la cuve du réacteur Osirak en construction à la Seyne-sur-Mer (#Var).

varmatin.com/vie-locale/ce-…

16/ La France répare la cuve mais les tensions persistent. En juin 1980, un membre de la Commission atomique irakienne est assassiné à #Paris et des ingénieurs du CEA reçoivent des menaces.

17/ Au Proche et Moyen-Orient, la situation devient critique. La guerre entre l’Iran et l’Irak est déclarée le 22 septembre 1980. Le site nucléaire de Tuwaitha est bombardé par l’#Iran mais le réacteur Osirak, encore en construction n’est pas touché.

18/ Le contrôle par l’AIEA du site de Tuwaitha devient alors de plus en plus compliqué...

lemonde.fr/archives/artic…

19/ En 1981, c’est #Israël qui attaque par les airs le réacteur Osirak, avec plus de réussite, lors de l’opération Opera le 7 juin 1981. Le réacteur Tammuz 1 « Osirak » est intégralement détruit.

20/ Alors que de nombreux pays soutiennent l’Irak (#France, #USA, #URSS…) dans sa #guerre contre l’Iran, l’attaque israélienne sur Osirak est condamnée par la communauté internationale. Le CEA publie un communiqué et reprécise le caractère pacifique du réacteur détruit.

21/ La France abandonne son partenariat #nucléaire avec l’Irak. Selon les services secrets US, l’Irak va tenter, à partir du milieu 80’s, de poursuivre un programme plus clandestin d'enrichissement d'uranium pour une arme nucléaire sans toutefois réussir à produire une #bombe.

22/ Au début des années 1990, le pays dispose de nombreuses installations sur plusieurs sites. Pour la petite histoire, si Tammuz 1 est détruit, le réacteur Tammuz 2 fonctionne de 1987 à 1991 pour réaliser des expériences.

23/ Le 2 aout 1990, l’#Irak envahit le #Koweït. C’est le début de la première guerre du Golfe. Une coalition de 35 pays entre alors en guerre contre l’Irak. L’opération « Tempête du désert » débute avec des bombardements stratégiques pilotés par les #USA à partir de 1991.

24/ Le site de Tuwaitha est alors en grande partie détruit par ces bombardements, notamment le petit réacteur #nucléaire Tammuz 2 et d’autres installations.

25/ Cet épisode remet les relations France-Irak sur le devant de la scène médiatique. Les responsables politiques français (ici Raymond Barre), se justifient d’avoir soutenu Saddam Hussein en remettant ces aides dans le contexte du tournant 70’s-80-s.

26/ L’AIEA mène, après ces bombardements, une série d’inspections qui confirment que l’Irak avait l’intention de se doter de l’arme nucléaire, ce qui amène à renforcer les prérogatives de l’agence en matière de surveillance et d’inspection.

27/ A la fin des 90’s, l’AIEA constate que le programme #nucléaire irakien est à l’arrêt depuis 1991. Début 2000, les agences de renseignements US soupçonnent (reconnu plus tard comme une erreur de jugement) que l’Irak est en train de reprendre son programme.

28/ Suite aux attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center, les #USA attaquent l’#Afghanistan, puis, une coalition menée par les USA (sans la #France du président Chirac !) attaque l’Irak en 2003.

29/ Dans un discours célèbre, délivré le 5 février 2003 devant l’#ONU, Colin Powell explique que l’Irak de Saddam Hussein possède des armes de destructions massives (au sens d’armes biologiques, chimiques et/ou nucléaires).

30/ L’Irak est envahi et les militaires et enquêteurs US se dirigent vers le site de Tuwaitha…. Les nouvelles inspections américaines, puis par l’AIEA, confirment l’arrêt du programme nucléaire irakien après les bombardements de 1991.

31/ Au milieu du site nucléaire détruit, on trouve les traces de ce petit réacteur français chargé d’une histoire longue et tumultueuse… Osirak.

FIN

32/ Pour rappel, je ne suis pas spécialiste de l’histoire du Proche/Moyen-Orient et nous sommes sur Twitter ! Le récit est donc forcément très condensé et centré sur les éléments en rapport avec le réacteur Osirak. N’hésitez pas à partager de la littérature sur le sujet !

33/ Rapports et notes

cia.gov/library/report…
isis-online.org/isis-reports/d…
nuclearweaponarchive.org/Iraq/IraqAtoZ.…
fas.org/irp/offdocs/wm…
researchgate.net/publication/26…
rgn.publications.sfen.org/articles/rgn/p…
inis.iaea.org/collection/NCL…
asn.fr/sites/rapports…
iaea.org/sites/default/…
cea.fr/multimedia/Pag…

34/ Vidéos :
ina.fr/video/CAB91002…
ina.fr/video/CAF90041…
ina.fr/video/I0409160…
ina.fr/video/CAB81011…

ina.fr/video/I0409058…
ina.fr/video/I0409059…

35/ Autres (articles + ouvrages)
nouvelobs.com/rue89/rue89-mo…

Si quelqu’un a bossé ou connaît bien le réacteur #nucléaire Osiris de Saclay, je serais curieux d’avoir son avis sur cette histoire !
Merci