Cette photo qui date de 2019 circule sans source.
Pas d’info sur son origine, sur la durée de vie de la pale ou le contexte, notamment le site d'installation de l'#éolienne
Mais c’est l’occasion de vous parler de l’érosion des pales d’éoliennes #Thread ⤵️
Il est faut éviter les conclusions simplistes sur des sujets complexes. Je le répète souvent : la durabilité des matériaux et équipements dépend de nombreux paramètres. Sans contexte, une photo comme celle-ci ne veut rien dire
(c'est pas moi qui le dit c'est @dirtybiology 😉)
L’érosion des pales d’éolienne est un phénomène connu. Un article de référence qui date de 2013 identifie en détails le problème et les solutions existantes. La photo ci-dessous présente un exemple avec durée de service
Cette érosion touche le revêtement appliqué sur le composite de la pale pour le protéger des agressions environnementales, dont les effets d’impacts transversaux pouvant réduire ses performances. Mais ces revêtements peuvent se dégrader en fonction des conditions d’exposition.
Les éoliennes sont exposées aux conditions météorologiques locales : pluie, grêle, vent. Les particules, à grande vitesse, impactent le revêtement de la pale comme des projectiles et l’usent, de manière plus ou moins lente en fonction des cas
La vitesse de rotation élevée des pales (280 km/h) associée à la forme des pales fait que cette érosion n’apparait qu’au niveau des bords d’attaque (« leading edge » ci-dessous), dans la partie extérieure des pales, qui va entrer en contact avec l’air en premier.
Ces dégradations ont un impact significatif sur les performances aérodynamiques de l’éolienne, dès l’apparition des premières rugosités sur le revêtement. Cela peut aller jusqu’à atteindre l’intégrité de la pale, lorsque le revêtement est complètement dégradé
En fonction des cas ce sera réparation ou remplacement de la pale. Les réparations peuvent se faire en atelier, ce qui demande beaucoup de temps d’immobilisation. In situ les conditions d’applications peuvent être critiques pour l'application des patchs de réparation.
Si mal appliqués les patchs ne dureront que quelques mois. Il faut également trouver une fenêtre d’intervention favorable, mobiliser les moyens de réparation offshore. Ce sont donc des coûts importants pour les exploitants, en termes de perte de production d’électricité
mais aussi de couts de réparation, à inclure à celui des inspections périodiques (2-3 ans). Cela touche à la rentabilité de l’éolienne. La période de garantie constructeur des pales est de 5 ans. Ensuite c’est l’exploitant qui sera en charge des réparations.
[aparté] La prise en compte du bruit dans la règlementation a limité la vitesse de pointe des éoliennes terrestres. Mais elle est bien moins restrictive en mer. C’est aussi l’une des raisons, en plus de la présence de l’environnement agressive (eau+sable+sel)
qui explique que les éoliennes offshores sont plus sujettes à ce type de dégradation. Cela augmente la vitesse d’impact de la pluie et des particules sur la pale et donc les conséquences sur le revêtement de protection. [FIN d’aparté]
il n’y a pas que l’eau ou le sable. Ici le cas d’une pale en Australie dans une zone où il y a de nombreux insectes. Photo prise au bout d’un an.
Le problème n’est pas insurmontable. Et les cas extrêmes sont rares, l'érosion prématurée se voit dès la 1ère inspection
Il y a des propositions de classification des dégâts associés à l’érosion des pales, afin d’adapter la réparation associée mais aussi pour mettre en place des essais en soufflerie sur les revêtements ou autres solutions proposées pour une évaluation de leur résistance à l’érosion
Il existe plusieurs solutions permettant de répondre à cette problématique. Elles doivent répondre à un cahier des charges précis dont :
✅Résister à l’abrasion dans les conditions d’exposition réelles (à étudier en détail au préalable)
✅Adhérer parfaitement au composite structurel
✅Générer peu de défauts au moment de la mise en œuvre
✅Générer peu de problèmes aérodynamiques
La base pour éviter les problèmes c'est de bosser le cahier des charges !!
Les solutions de revêtements:
➡️thermodurcissables (époxy, polyesters) classiques. Peu résistants à l'érosion dans les cas de chocs très violents
➡️souples, qui résistent très bien à l’abrasion par amortissement mais pouvant avoir une adhérence limitée avec le composite
Les solutions peuvent être un intermédiaire entre ces deux types de revêtement pour maximiser la résistance à l’abrasion et l’adhérence.
Comme toute application non automatisée, la surveillance à la mise en œuvre est un point clé pour éviter les défauts et décollement précoces.
Il y a aussi des produits manufacturés qui ont l’avantage d’être moins sensibles aux défauts de mise en œuvre comme
➡️les bandes adhérentes (souples)
➡️les boucliers anti-érosion intégrés à la structure (coque métallique ou polymère) déjà utilisées sur les hélices d’hélicoptères
La solution est à choisir en fonction des cas, parfois les revêtements ou les bandes adhérentes suffiront, dans d’autres cas, il faudra utiliser une coque de protection.
La réduction de ce phénomène peut aussi se faire en réduisant la vitesse des pales. Mais cela implique une réduction de la production d’électricité. Il y a donc un compromis à trouver entre tous ces paramètres en fonction de l’agressivité de l’environnement.
Même avec un revêtement durable, il sera nécessaire de réaliser des réparations sur une durée de vie de 25 ans. Mais le choix de la solution la plus adaptée permet de réduire considérablement les fréquences et coûts d’intervention ainsi que l'indisponibilité de l’éolienne.
Je suis experte dans une commission @isostandards qui intègre des spécifications techniques pour les revêtements de protection des pales d’éoliennes.
Mais ce n’est pas la seule instance à traiter le sujet, avec mise à dispo d'un référentiel d'essais conséquent
Je pourrais vous faire un thread spécifique à chaque notion évoquée dans celui-ci (je suis frustrée !!!) mais ce n’est pas l’objet.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, les sources citées sont une bonne base 😉
Plusieurs d’entre vous m’ont posé la question concernant ce chiffre cité dans @Qofficiel.
J’ai eu du mal à le retrouver… mais voici d’où il vient. Je vous préviens ça n’a pas été facile 😅
Poke @Marc_Beauge n’hésitez pas à me dire si j’ai loupé quelque chose 😉 #Thread ⤵️
Je suis tombée sur de nombreux articles qui citaient d’autres articles, qui eux-mêmes citaient des documents dans lesquels ce chiffre n’était pas mentionné…
J’ai finalement retrouvé un document d'information de la commission européenne qui en parle europarl.europa.eu/RegData/etudes…
La source citée pour cette valeur est issue d’un rapport annuel du cabinet @McKinsey sur l’impact de la mode. Mais la référence n’était pas bonne dans le document de @EU_Commission (mauvaise date du rapport...)
Il y a quelques jours @SiemensGamesa annonçait le lancement de la première pale d’#éolienne recyclable à destination de l’éolien offshore.
En quoi est-ce une innovation ? #Thread ⤵️
Je remercie @SiemensGamesaFr de m'avoir permis d'échanger librement avec leur expert. C'était très intéressant, toujours un peu frustrant (vous verrez pourquoi) mais vu les enjeux c'est compréhensible 😉
C’est un sujet important parce que la majorité des matériaux constitutifs d’une éolienne sont recyclables (80-90% en poids), excepté les pales et certains éléments difficiles à séparés. Mais le gros des volumes est représenté par les pales.
Comment les fondations des tours du #WorldTradeCenter ont pu être construites ?
Quelques explications concernant la méthode de la paroi moulée dans ce contexte. #Thread ⤵️
Les travaux de construction du WTC ont débuté en 1966 sur l’île de Manhattan à New York. Le site se situait à l’emplacement d’une ancienne décharge publique, avec un substratum rocheux accessible à plus de 20 m de profondeur.
Il a donc fallu creuser jusqu’à la roche et extraire plus d’1 million de m3 de terre et déchets enfouis (poutres des anciens quais, épaves de navires enterrées). Le lieu de construction impliquait de creuser dans un sol gorgé d’eau, avec de forts risques d’inondation du site.
Parier sur le scénario 100% #ENr sans possibilité de backup par le #nucléaire c’est prendre un énorme risque de dépendance aux #fossiles.
La stratégie manque de cohérence au regard de l’objectif.
Les constructions de réacteurs nucléaires doivent être anticipées. D’après le rapport RTE/IEA la date jalon pour le développement technologique (flexibilité) est 2035. C’est demain… le programme pari là dessus sans backup.
Delphine Batho n’est pas la seule, loin de là, à proposer un programme sur l’énergie avec des incohérences. S’appuyer sur des hypothèses aussi fortes est très risqué. Les programmes devraient être confrontés aux réalités techniques, technologiques et industrielles.
Être responsable @yjadot c’est surtout arrêter de propager des #fakenews sur le #nucléaire et sortir de cette vision dogmatique du sujet.
Un exemple ? 1/3
Dire que la question climatique est une priorité pour ensuite prôner l’arrêt du nucléaire au profit des énergies #fossiles c’est contradictoire et irresponsable.
3/3
#LeSaviezVous?
Dans son dernier rapport, le #GIEC précise que le phénomène de carbonatation du béton contribue à absorber 50% du #CO2 émis au cours de sa production. Etonnant non ?
Avant de réagir à cette information, quelques explications semblent nécessaires #Thread ⤵️
Certains matériaux absorbent ou réagissent avec le CO2 au cours de leur vie, ce qui peut être considéré sous certaines conditions comme une séquestration carbone.
La première condition est la durée de vie du matériau et donc de séquestration, qui sont souvent associées.
Comme pour le #bois. Mais comme déjà expliqué, la séquestration CO2 pour le bois ne peut être prise en compte que pour des durées d’utilisation très longues, 100 ans, comme c’est le cas dans la construction. J’avais écrit une tribune sur ce sujet : forbes.fr/environnement/…