Thread by @3emeDroite

[Thread 5] Comment j’ai découvert un nouveau niveau de terreur (et que mon job pue littéralement la merde).

Donc j’ai commencé mon nouveau taff dans l’immeuble de Mr K depuis deux semaines.

Le terme exacte est “assistant technique de surface”. Ce qui ne veut rien dire. Il l’a inventé et le contrat que j’ai signé a l’air bidon.

Mais je m’en fiche. Ça me permet de faire une pierre deux coups.
1/Garder l’appart
2/Me rapprocher de Mr K pour découvrir ce qu’il cache.

Alors oui, j’ai quitté des taffs plus nazes et en moins de temps. Mais au moins, je vis sur mon lieu de travail.

Le reste est une torture. Je me nique le dos à cirer des marches et oui, j’ai eu le droit à un tuto pour ça.

Mr K est toujours sur mon dos. Il a une vision d’aigle pour voir le moindre recoin mal ciré. Il pointe un endroit et dit juste “Là”.

Il me mate sans arrêt. Je me sens comme un esclave sexuel de l’Antiquité grecque ou comme une fille dans la rue à notre époque.

A part ses tutos de merdes, il me parle peu. Je sais que je devrais en profiter pour lui poser des questions mais c’est trop dur.

Le gars est un Malaise TV ambulant qui peut basculer à tout moment dans le snuff movie.

Une fois il m’a fait une blague. Enfin, je crois. Il est arrivé derrière moi et il m’a dit “Attention, je pourrai être un tueur hein.”

Son ton disait “Je blague” mais pas ses yeux. J’ai fait semblant de rire et j’ai pas fait semblant de m’uriner un peu dessus.

Du coup, non. Je lui parle pas trop.

A part le côtoyer, le pire aspect de ce job c’est que je pue les ordures. Mais je le cherche aussi. C’est pour mon enquête perso.

Régulièrement, j’ouvre chaque poubelle de l’immeuble pour voir s’il y a des trucs bizarres. Et voilà ce que j’ai trouvé :

La bouffe pour chien périmée d’Aude pue un peu plus que la bouffe pour chat périmée de Mr K. Oui j’ai eu le temps de comparer.

Quelqu’un dans l’immeuble fume des Marlboro.

J’ai aussi découvert des couches pleine de merde. J’étais ravi. Surtout que c’était pas des couches de bébés.

Je pense que c’est Mr K. D’une certaine manière, ça le rend 10% plus touchant mais 50% plus dégueu.

J’ai aussi vu autre chose.

Dans le local poubelle, il y a une autre porte.

Je ne sais pas où elle va.

La porte est fermée. Impossible de l’ouvrir sans clés. Si je la force, je vais alerter Mr K qui vit à côté du local.

J’ai demandé à Mr K où ça allait. Il était en train de m’expliquer comment faire rouler les poubelles pour les amener dans la rue.

“C’est le compteur. C’est fermé. Faut pas y aller.”

Et il a enchaîné sur comment pousser le conteneur pour que les roues soient parallèles

Petit bonus des familles sur le job: la tenue que m’oblige à porter Mr K. Une combinaison rouge trop grande, trouée et over moche.

Je lui ai dit que je préfère mettre mes vêtements mais il refuse :
“Les gens doivent savoir que tu travailles pour moi.”

Quels gens ? On est que 3 dans l’immeuble. 4 si on compte la fille de Mr K au premier étage. Et que je n’ai JAMAIS vu d’ailleurs.

Et puis un soir, ça n'a pas loupé. Je croise Aude alors que je suis en train de balayer la cour avec cette combinaison de merde.

J’ai préparé des blagues pour désamorcer la situation. Genre “Qu’est-ce tu penses de mon cosplay Mario Bros version Lidl ?”

Mais je réussis pas à la sortir. Je suis perturbé par un autre élément.

Y’a un mec avec elle...

Un gars en costume cravate dont le métier ne doit pas consister à balayer les merdes des autres. Je le hais instantanément.

Du coup, je fais juste un vague “salut” de la main. Aude a l’air gênée et elle me répondu à peine du même geste.

L’autre gars ne m’a même pas vu. A croire que ma combinaison de technicien de surface me rend invisible aux yeux des connards.

Je finis mon taff et je passe devant chez Aude pour remonter chez moi. J’écoute à sa porte. Ça se fait pas, je sais.

Y’a une musique. Le genre de musique qu’on met trop fort pour couvrir des sons de baise. Du Ed Sheeran.

Je remonte et j’appelle Gwen pour qu’elle vienne chez moi.

Moi: Ramène pas de drogue hein
Elle: T’inquiète, je suis déjà foncedée

Elle arrive. Je lui parle de mes découvertes dans les poubelles, de la porte bizarre et aussi d’Aude qui doit baiser en ce moment.

Elle: Attends mec, tu m’as appelé juste pour coucher avec moi et rendre ta voisine jalouse ?

Moi: Mais non !...Pourquoi ? Y’a moyen ?

Elle: Plus maintenant. J’étais partante mais là, je me sens utilisée. C’est mort.

Je suis le jouet du destin et des femmes.

Moi: Je veux juste ton opinion sur Mr K et toutes ces merdes.

Elle: Les merdes dans les couches ?

Moi: Les merdes au sens large.

Elle: Tu veux pas de mon opinion. Tu veux juste coucher avec moi.

Moi: Je veux ton opinion. Et je veux pas coucher avec toi putain !

Gwen: Parce que je suis plus assez belle pour toi ? Sympa...
Moi: MAIS !
Gwen: Je te troll.
Moi: Tu me rends ouf.
Gwen: C’est le but.

Gwen: Ok. Voilà mon opinion. Je pense qu’il t’a drogué la première nuit et qu’il est venu te prendre du sang pour l’analyser.

“Je pense que tu vas te réveiller un jour avec un organe en moins. Ou pire, tu vas pas te réveiller du tout.”

“Parce que je pense que c’est un cannibale qui chie dans des couches pour adultes. Dans le meilleur des cas.”

Oooook…

Quand Gwen m’a conseillé de créer ce compte Twitter, je pensais que c’était pour que je la lâche avec mes histoires.

“Je pense que tu devrais déménager.”
Moi: J’ai des raisons de rester.
Gwen: Oui. Que des mauvaises.

Elle semble triste. Ou en descente.

Elle se lève et commence à prendre ses affaires. Je lui propose de rester pour la nuit.

“Tu veux juste coucher avec moi, arrête.”

Moi: Je couche pas avec toi quand t’es foncedée, tu le sais. J’ai l’impression d’abuser. C’est mal. Aussi, quand tu fumes, tu daubes vener.

Ça la fait rire. C’est ça qui est bien avec elle. Elle n’a pas de limite du moment que ça fait une bonne blague.

Gwen: Je dois y aller. Cisco m’attend.
Moi: Il t’attend où ?
Gwen: Chez moi
Moi: Mais il a déjà un chez lui...

Des fois, je suis con.

Alors je comprends. Elle me regarde d’un air désolé. Ça me véner encore plus. Je veux pas de sa pitié.

“Ok donc pour coucher avec moi, faut suivre un protocole précis mais avec lui, c’est open-bar ?”

Lourd silence.

“Open Bar ?” Elle fait exprès de le répéter pour que je comprenne bien que
1/ elle a une limite
2/ je viens de la franchir.

A ce moment précis, je devrais m’excuser. Je le sais. A la place, je dis “Tu fais ce que tu tu veux. Je m’en fiche.”

LA NULLITÉ

“Encore heureux que je fais ce que je veux !”
Elle claque la porte. Je reste seul.

En dessous, la musique continue de jouer.

J’entends alors le morceau suivant. C’est du Taylor Swift. Du coup, j’ai envie de tuer quelqu’un.

Et comme je suis tout seul, j’ai envie de me tuer.

Je décide alors de sortir les poubelles.

Le local poubelle est devenu un endroit qui me détend. Bizarre, je sais. Je m’y sens bien. Non pas bien ok. Mais isolé.

Je reste dans le local poubelle. Puis ça commence vraiment à puer. Même la dépression a des limites que le nez ne peut ignorer.

Et c’est là que je vois que la porte du local, l’autre porte. Celle qui était tout le temps fermée...

...est mal fermée.

C’est maintenant ou jamais.

Je me rapproche doucement de la porte. J’ai peur que le moindre mouvement d’air la fasse claquer. J’attrape la poignée. Je l’ouvre grand.

Il y a un escalier qui descend. La lumière est déjà allumée. Je sors mon téléphone et je prends des photos.

Je descends les marches en faisant le moins de bruit possible. Peut-être qu’il y a quelqu’un en bas. Après tout, y’a de la lumière.

J’arrive dans une sorte de long couloir avec des portes. Y’a des numéros. C’est une cave d’immeuble. Et une bien glauque.

Mr K nous a caché qu’on avait une cave. Il y a plusieurs embranchements. Je continue de marcher dans un des couloirs.

J’entends alors un truc qui coule. Ça me fait sursauter. C’est les tuyaux. Quelqu’un a dû tirer la chasse dans l’immeuble.

J’arrive dans un cul de sac. Bizarre. Les portes ne sont pas pareils. Les murs non plus. Plus modernes. On dirait pas des caves.

Je fais demi-tour et j’arrive dans un autre long couloir. Sauf que la lumière s’arrête au bout.

Mais ça va jusqu’où, putain ?

Marcher dans une cave inconnue, c’est flippant.
Mais marcher dans une cave inconnue ET dans le noir...

Et je me suis rappelé que j’avais une lampe torche sur mon téléphone. Ça m’a rassuré de 10%.

Je marche dans ce couloir sombre et je découvre un autre angle. Au loin, je vois un autre escalier qui monte.

C’est pas possible. J’ai trop marché. Ça doit donner sur un autre immeuble.

J’entends un truc.

Quelqu’un a rouvert la porte. Celle d’où je viens. Mon coeur s’accélère. Je sais pas quoi faire.

J’éteins ma lampe torche et je me retrouve dans le noir. Enfin presque, je vois encore la lumière du couloir d’où je viens.

Je reste immobile. J’entends l’individu descendre les marches. Merde. Merde. Merde.

Si c’est Mr K, je pourrais lui expliquer que la porte était restée ouverte. Mais si c’est pas lui...si c’est Sam ?

Je reste planté comme un con. S’il continue d’avancer il va sûrement me voir. Et j’ai rien pour me défendre. C’est injuste.

Sauf que l’individu s’arrête avant. Il attend. Il guette ?

Je retiens ma respiration.

Je l’entends remonter les marches. Ouf... Il repart. Il referme la porte.

Mais il éteint la lumière.

Je me retrouve dans le noir complet.

Je veux partir au plus vite. Mais j’ai un doute. Et si l’individu avait fait semblant de partir pour me tendre un piège ?

Merde. Je dois attendre. Dans le noir. Je suis obligé. Juste 5 minutes. Allez. Je peux le faire. Allez.

Je n’entends que ma respiration. Elle est lourde. Sifflante...comme une respiration de vieux...merde...c’est vraiment la mienne ?

J’essaie de me convaincre qu’il n’y a rien dans le noir. J’échoue face à mon esprit qui me remet en tête tous les films d’horreur du monde.

J’essaie de refouler ma peur, de garder le contrôle, de ne penser à rien. Il faut que médite.

Sauf que je sais pas faire ça.

J’ai juste écouté une interview de Christophe André une fois. Et je me suis endormi en 5min. La preuve que ça marche peut-être...?

Vite. Qu’est-ce que dirait Christophe André maintenant ? Il dirait : “Inspire. Expire. Et CASSE TOI DE LA PUTAIN PAUVRE CON !”

J’écoute mon Christophe André imaginaire. J’allume mon téléphone-lampe torche. Je pars en courant sans regarder en arrière.

J’arrive à la porte d’où je viens. Heureusement, c’est une porte qui s’ouvre que dans mon sens du coup, je peux sortir sans soucis.

J’arrive dans le local poubelle. Personne. Je sors en faisant le moins de bruit possible. Je m’attends à voir Mr K dans le couloir.

Toujours personne. Je remonte chez moi rapidement mais en silence.

Je referme la porte et je vais me coucher. Chez Aude, la musique s’est arrêtée.

Je me calme enfin. Mais je n’arrive pas à dormir. Je décide de tout raconter sur twitter. Ça m’a toujours aidé de faire ça.

Partager tous ces trucs... ça me donne l’impression de contrôler la situation. C’est faux, je sais. Je contrôle rien. Mais ça m’aide.

Ce compte twitter...c’est mon Christophe André.

Je me sens mieux. J’arrête là. Je me couche.

J’ai reçu plein de commentaires bizarres.

Apparemment, y’a un truc que j’avais pas vu sur la dernière photo que j’ai postée.

Je check.

NON MAIS C’EST QUOI CE TRUC ?!

La suite dans le THREAD 6 ⬇️

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