Donc, les @decodeurs, concernant les oiseaux et les pesticides, on va devoir refaire une petite mise au point. (Ce thread ouvre le concours du plus ridicule exercice de fact-checkeur fact-checké qui fact-checke le contre-fact-ckecking. Vous me suivez ? C'est parti.)
D'abord, non, cette chronique ne visait pas à relativiser, mais à répondre à une affirmation précise, relayée par de nombreux médias : "Les pesticides sont la PREMIÈRE cause du déclin des oiseaux." Je dis : "Non, c'est n'est pas la seule." (Tiens ? Comme le titre des Décodeurs) 
Affirmation étrange. Un lien de causalité est démontré, ou il ne l'est pas. En l'occurence, c'est non, on est rassurés de voir que les Décodeurs sont d'accord, évoquant "un ensemble d'indices concordants pour un éventuel lien de causalité."
Puis vient cette précision (c'est chouette, les décodeurs ont plus de 2'30, ils peuvent tout citer), avec laquelle nous sommes tous d'accord :
Tous d'accord, sans que personne, toutefois, n'ait encore réussi à établir la responsabilité relative d'un facteur par rapport à un autre. Dans le cas de la France, le fait est qu'on manque d'études sur les molécules précises, à quelle dose...
Dans le cas des néonicotinoïdes, c'est très clair. Des arguments hyper-solides militent pour leur interdiction. Ça l'est moins pour une foule d'autres. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, me direz-vous...? Il se trouve que pour agir, ce serait tout de même bien utile...
N'oublions pas la question de départ : "Les pesticides sont-ils la PREMIERE cause de déclin des oiseaux" Il faudrait rappeler, à toutes fins utiles, que les ventes de néonicotinoïdes en France sont de 395,2 tonnes, sur 68 000 tonnes de produits phytosanitaires vendus.
Ce n'est pas "trompeur", l'affirmation ne "sous-entend" rien du tout, elle est bêtement factuelle : les populations d'oiseaux diminuent de 30% en ville. On ne sait pas l'expliquer. Et moi, c'est con, mais ça m'intéresse, dites...
Les autres paramètres seraient amplement étudiés ?
Les auteurs de l'étude citée écrivent pourtant : (et là il faut bien reconnaître qu'on choisit de retenir tel ou tel aspect de l'étude... On ne peut voir que les signaux, en faisant le choix d'écarter les biais.) ,
Bref, nos conclusions, semblent-il, se rejoignent. Rien ne permet d'affirmer que les pesticides sont la première cause de déclin des oiseaux. Pourquoi il était important de le préciser ? (Car non, Bayer-Monsanto ne nous finance pas)
Car l'opinion s'émeut, et les politiques se ruent sur ce type d'études, qui permet à peu de frais de se construire une image en exigent à hauts cris des actions rapides et radicales, compatibles avec un cycle électoral. Exemple : l'interdiction des néonicotinoïdes...
...Qui serait une excellente chose. Mais après, le problème des oiseaux retombera dans l'oubli. Et je ne suis pas certaine DU TOUT, au vu des études justement, que cela suffise à enrayer quoi que ce soit. En revanche,
mettre en place un plan de réduction d'intrants, réduire les dimensions des champs, repenser les espaces, les haies...à échelle de chaque ferme: c'est long, complexe. Mais c'est aussi vital (et ce n'est pas moi qui le dit, n'en déplaise à la police du bon goût environnemental.)
Bref, il faut pousser des "cris d'alarme". Mais on les étouffe en les relayant mal. C'est tout ce que j'avais à dire. Bonne nuit aux oiseaux.
