Comme vous le savez certainement, ce lundi un instrument français🇫🇷, SEIS (@InSight_IPGP) se pose sur Mars, amené par la sonde américaine @NASAInSight. Mais ce n'est pas le premier œil français sur cette planète.
Soyons honnêtes, si la France a rapidement eu une fusée en état de marche, l'exploration planétaire c'est compliqué. Du coup, Mars est resté très longtemps la chasse gardée (et l'objet d'une rivalité) des américains et soviétiques.
"Chasse gardée", c'est le cas de le dire : 32 échecs pour 17 réussites à ce jour si je compte bien. Mars ne se dévoile pas facilement.
Bref. La première fois que la France peut envoyer "ses" yeux sur Mars, c'est en 1988. L'URSS n'en a plus pour longtemps mais, après de nombreux échecs et demi-échecs, elle envoie deux sondes, Phobos 1&2, vers... Phobos, une des deux (petites) lunes martiennes. 
Dans l'idée, la mission #Phobos ressemble pas mal à #Hayabusa2 qui explore Ryugu aujourd'hui. Survoler de près un astéroïde (ici capturé il y a bien longtemps par Mars), y balancer des atterrisseurs et lui tirer dessus (à coup de canons à ion et laser)
Ces sondes de plus de 6 tonnes chacune emportent de nombreux instruments européens. Les Français apportent des instruments d'observation des rayons cosmiques, des spectromètres (avec déjà JP Bibring) et le fameux canon à ions. Ainsi qu'une caméra sur un des atterrisseurs.
Manque de bol (et surtout à cause d'une erreur humaine), Phobos 1 désactive en plein voyage ses moteurs, vide ses batteries et continue seule un voyage infini.
Phobos 2, elle, arrive bien autour de Mars. Arrive le premier survol rapproché de Phobos, quand... la sonde se prend une bouffée de particules solaires et s'éteint sans dire au-revoir.
Bref, pas une grande réussite d'ingénierie. Mais le spectromètre ISM, en particulier, a eu le temps de fournir des milliers de spectres qui permettront de réaliser les premières cartes minéralogiques de la planète.
En 1992, le @CNES participe à une expérience de la sonde américaine Mars Observer et rajoute un relais radio pour la sonde russe Mars 94 (qui ne verra finalement jamais le jour)
Seulement trois jours avant la mise en orbite autour de Mars, le contrôle est perdu avec la sonde, probablement à cause d'une fuite de carburant. Échec.
Sur la base de Phobos et après quelques années de trouble qui ont abouti à l'annulation des missions Mars 92 et Mars 94, la Russie envoie en 1996 la sonde... Mars 96. Une mission super ambitieuse, avec une grosse sonde en orbite, mais aussi des pénétrateurs et des stations au sol
A son bord, 15 (!) expériences bénéficient d'une participation française, dont l'ancêtre de SEIS, Optimism Sismo. Autant vous dire qu'au @CNES et dans les labos français, on serre les fesses au décollage.
Ce ne sera pas suffisant : ce qui est -il me semble- la mission la plus ambitieuse lancée vers une autre planète finit en feu d'artifice au-dessus du désert d'Atacama après une défaillance de son lanceur Proton.
En 1999, un relais radio est fourni pour la sonde américaine Mars Climate Orbiter. Mais ce n'est pas sa faute si les ingénieurs américains confondent miles et km et envoient la sonde jouer à l'avion dans l'atmosphère martienne.
GRS a tracé les cartes d'abondance de plusieurs éléments à la surface de la planète rouge, ce qui permet à la @NASA de crier sur tous les toits que ça y est, on a trouvé de l'eau sur Mars (plusieurs fois)
Vient 2003. Les européens décident d'envoyer leur première mission vers Mars, avec à son bord quelques instruments à l'origine embarqués sur Mars 96.
Aucune inquiétude à avoir, l'@ESA a l'expérience d'une (1) (!) sonde spatiale, Giotto, 18 ans plus tôt, et c'est toujours une fusée russe qui est utilisée.
A son bord, Mars Express avec 9 instruments dont 3 français, Omega, Spicam et Aspera.
Lancement réussi par une fusée Soyouz (quand même plus prudent que la Proton si vous voulez mon avis, mais faut un poids plume...), insertion en orbite martienne fingers in the nose.
15 ans après, Jean-Pierre Bibring a de nouveau un spectromètre autour de Mars.
15 ans après, Jean-Pierre Bibring a de nouveau un spectromètre autour de Mars.
15 ans plus tard, cette sonde tourne toujours et nous permet d'affiner nos connaissances sur l'eau (passée et présente) martienne, a cartographié la planète en 3D, étudié l'atmosphère de la planète, etc etc etc... 👍
Jamais deux sans trois ? En 2011, deux gros instruments du rover américain @MarsCuriosity, Chemcam et SAM, sont en grande partie fournis par le @CNES.
La @NASA, qui reste sur 3 atterrissages réussis d'affilée, décide de déposer le rover à la surface de Mars à l'aide d'une grue volante.
Ce qui laisse penser qu'il n'y a pas qu'Elon Musk qui fume de l'herbe dans le milieu spatial américain.
Ce qui laisse penser qu'il n'y a pas qu'Elon Musk qui fume de l'herbe dans le milieu spatial américain.
Pour autant, tout se déroule sans encombre et la mission est un immense succès. Le FIMOC, à Toulouse, programme régulièrement des petits tirs laser #pewpew sur des cailloux martiens.
Cette réussite fait du bien aux scientifiques français, car, la même année, les instruments MicrOmega, GAP-GC et Timm-2 embarqués à bord de la sonde russe Phobos-Grunt finissent au large du Chili, qui doit décidément préférer les télescopes de l'@ESO.
Voilà où nous en sommes. 9 missions dont 3 vraies réussites. Space is hard.
Alors, demain, il n'y a évidemment pas de raisons que ça ne se passe pas aussi bien que pour Curiosity ou les plus vieux Phoenix, Spirit et Opportunity.
Mais au Centre Spatial de Toulouse et dans des labos partout en France, j'en connais qui ne vont pas être tranquilles.
Mais au Centre Spatial de Toulouse et dans des labos partout en France, j'en connais qui ne vont pas être tranquilles.
Croisez les doigts pour eux.
Et envoyez-leur plein d'ondes positives avec #SEISsurMars #Insight #MarsLanding
Et envoyez-leur plein d'ondes positives avec #SEISsurMars #Insight #MarsLanding
(et maintenant je laisse la parole aux experts qui vont pointer inexactitudes et oublis ; vous privez pas)
