Thread by @LarrereMathilde

22 - 25 février 1848
Révolution à Paris
révolution démocratique, sociale, fraternelle!

il y a donc...

171 ans

bonne anniversaire ma grande!

(histoire à dérouler sur x jours)

1)Tout commence par un banquet interdit et une manifestation illégale….

Depuis plusieurs mois un vaste mouvement réclamait la « réforme électorale », entendez, l’extension du droit du suffrage, voire… le suffrage universel masculin

2)Il faut savoir que sous la Monarchie de Juillet il fallait payer 200 f d’impôt pour voter. 200fr c’était énorme ! l’équivalent de feu l’ISF. seuls 6% des hommes en âge de voter
Les revendications démocratiques sont puissantes mais se heurtent au mur du conservatisme du régime

3)Depuis la 1847 une campagne des banquets réclame le suffrage universel. Les opposants organisent des banquets car ils échappent à l’interdiction de réunion, vu qu’il s’agit d’assemblées privées
Dans ces banquets, on porte des toasts à la souveraineté du peuple!

4)Mais autant pisser dans un violon, le ministère Guizot n’a pas la moindre intention d’ouvrir les urnes…

5)Le tout dans un contexte de crise économique larvée, agricole à prolongement industriel…
vous ajoutez à cela qq scandales politiques….

Et vous avez une situation bien gentiment explosive !

6)Or voilà que l’opposition démocratique veut organiser un banquet en plein Paris ! dans la ville des Révolutions !

Alors ça, non, pas possible pour le gouvernement.

Interdiction du banquet !

7) L’opposition décide de maintenir le banquet (mais l’organise dans une plus petite salle et un arrondissement plus bourgeois, ce qui ça, est autorisé)
(la médaille ci dessous fait référence au banquet interdit, dans le 12e arrondissement)

8)Aussi, le 22 février 1848, l’opposition organise une manifestation pour se rendre sur le nouveau lieu du banquet et commence à chanter…. La Marseillaise (alors interdite et donc subversive)

9)Le pouvoir mobilise les forces de l’ordre. Notamment la garde nationale... qui ne répond pas à l’appel…
Elle était il faut dire très engagée dans le mouvement des banquets, d’autant que de nombreux gardes n’avaient pas le droit de vote
certains gardes manifestaient même

10)Dans l’hémicycle les députés de l’opposition protestent contre l’atteinte au droit de réunion des citoyens

11)La manif se déploie donc dans Paris au cri de Vive la Réforme (électorale, soit le suffrage universel), A bas Guizot !

12)
En fin d’après midi, les premières barricades sont érigées rue Saint Florentin, Duphot, Saint Honoré. QQ casernes sont attaquées

L'insurrection gronde, mais encore doucement

13)Mais l’ordre semble plus ou moins rétabli à la tombée de la nuit

« Les ouvriers sont rentrés chez eux. Après un pareil tumulte, un calme si morne a quelque chose d’effrayant » rapporte Daniel Stern.

14)Daniel Stern est un pseudo
c'était une femme, de son vrai nom Marie d’Agoult mais comme Georges Sand elle écrivait ss un pseudo masculin, a laissé un récit de ces journées

Alors...

Vous pensez vraiment que l'ordre est rétabli????

Ou que c'est le calme qui précède la tempête????

et ben ...

vous le saurez demain!!!!!!!

allez, je reprends

donc

la nuit semblait calme le 22 au soir

oui mais....

15) Le 23 fev, au matin, des rassemblements se forment à nouveau.

Des barricades se dressent dans Paris.

L’atmosphère est presque joyeuse.

16)Les soldats n’ont pas d’ordres.
Ils discutent avec les ouvriers.
Tout le monde semble attendre.
Sans trop savoir quoi….

17)Plusieurs incidents éclatent dans la ville.

Souvent la garde nationale s’interpose, empêche les soldats de détruire une barricade

18) Inquiet, le roi renvoie Guizot et demande à Molé, plus proche de l’opposition (mais monarchiste libéral) de former un nouveau gouvernement.

19) Au soir du 23, la foule célèbre le renvoi de Guizot.
Des lampions sont allumés aux croisées des fenêtres.
Des cortèges, joyeux, se forment.

"Rien n’annonçait que cette nuit qui commençait dans les splendeurs d’une illumination fut la dernière de la monarchie" Lamartine

20) Car à 21 h 30 : Le cortège se déploie sur les boulevards, acclame les chefs de l’opposition, les directeurs des journaux républicains.

La colonne populaire arrive boulevard des Capucines .....

21)Soudain, un coup de fusil éclate

Suivi d’une série de détonations

La troupe vient de tirer sans sommation sur une foule pacifique.

Des dizaines de personnes tombent sous les coups.

c'est le massacre des Capucines

22) Les victimes de la fusillade des Capucines sont promenées aux flambeaux dans la ville.

« Vengeance ! Aux Armes ! Aux barricades ! »

Paris, debout, se soulève!

23) Le gouvernement confie le maintien de l’ordre au général Bugeaud.
Le massacreur de la rue Transnonain.
Le « pacificateur » de l’Algérie.
Le responsable des enfumades 😱😱😱😱😱😱😱

24)Mauvaise idée ! voilà qui soulève la colère des Parisiens !

25)Toute la nuit, les Parisiens entassent chaises, tonneaux, pavé, becs à gaz pour ériger des barricades.
Scient les arbres pour consolider les édifices défensifs
La révolution se dresse...

26) Le 24 février 1848 au matin, Les insurgés contrôlent presque tous les points stratégiques du centre ville.

27)Des centaines de barricades obstruent les rues.

Des tessons de bouteilles sont disposés pour freiner l’artillerie.

28)Des arbres ont été abattus.
Bureaux d’octroi, guérites sont renversés.
Des hommes pénètrent dans les églises, y sonnent le tocsin
Partout on coule du plomb, on roule des cartouches.
Les combats commencent en différents points de la ville

29)La garde nationale ne rejoint pas la répression, mais pas l’insurrection non plus. La ligne hésite.
Seule la garde municipale réprime.

« Crosse en l’air ! Crosse en l’air ! La paix ! » crient les émeutiers aux forces de l’ordre.

Les gardes nationaux souvent s’interposent.

30)Le roi tente une nouvelle solution ministérielle avec un gouvernement Thiers- Barrot (à nouveau des monarchistes libéraux)

(trop tard coco ! le sang a coulé)

31) A Midi, voyant que son nouveau ministère ne désarme pas la rue, le roi décrète la dissolution de la Chambre.
Mais le peuple maitre de l’Hôtel de Ville et du Palais Royal se dirige vers le Château des Tuileries.

32)Louis Philippe fuit par un sous-terrain, abdique, laissant le trône à son petit fils de dix ans et la régence à sa bru, la duchesse d’Orléans.

33) Le peuple prend les Tuileries

Un cri enthousiaste retentit pour la 1er fois: Vive la république !

34)
Les Tuileries sont mises à sac. La fête populaire se déploie dans les appartements royaux !
Le décor du pouvoir est brisé.
Seuls les symboles religieux sont préservés de l’iconoclasme

35) Le peuple s’empare du trône, le porte en cortège place de la Bastille…

Et l’y brule ! (ça, c’est fait !)

36)Pendant ce temps la duchesse d’Orléans tente non sans un certain courage d’imposer sa régence.
Son enfant à la main elle se rend au palais Bourbon.

37)Loupé.
Les députés rejettent la solution de la régence et font sortir la duchesse.

Ils discutent du gouvernement provisoire.

38) Durant l’après midi, les députés ne se mettent pas d’accord sur la composition du Gouv provisoire
ça tergiverse dans l'hémicycle

Le peuple réclame à grands cris la République.
Et des ouvriers au gouvernement!!!!!

39) à 22 h, sous la pression de la foule, le Gouv provisoire est proclamé.
Il mêle des républicains modérés comme Marie à des plus radicaux comme Ledru Rollin
Mais surtout deux socialistes y sont présents : Louis Blanc, l’auteur de l’Organisation du travail, et l’ouvrier Albert

40) Et ça’est une grande victoire pour le peuple parisien !
A la différence de 1830, il a réussi à imposer un Gouv provisoire.

Au soir du 24 la 1ère proclamation du GP est affichée dans Paris : on y dit vouloir la forme républicaine, sauf ratification contraire du peuple

41) Bien que content de la proclamation de la République le peuple veille. Il ne veut pas se faire voler la révolution comme en 1830

Les barricades sont consolidées dans la nuit du 24 au 25

42) Le 25 février 1848 au matin, Les mots d’ordre du peuple sont de plus en plus précis. « Droit au travail » « vraie république »
Des groupes demandent la proclamation de la RÉPUBLIQUE SOCIALE Ils arborent le drapeau rouge

43) Dans la matinée est affiché dans Paris un décret de Louis Blanc qui instaure le droit au travail sans le nommer (le gouv s'engage à fournir du travail)
et reconnaît le droit d’association (une revendication essentielle des ouvriers ! la mort de la loi Le Chapelier)

44)C’est une énorme victoire pour le peuple parisien !
Il cherche alors à imposer que la nouvelle république adopte le drapeau rouge, drapeau de la république sociale, le tricolore étant associé à la monarchie libérale
(détail de la toile de Philippoteaux)

45) Mais Lamartine s’adresse au peuple place de l’Hôtel de ville et parvient à le convaincre d’abandonner le drapeau rouge….
Après la victoire du décret de Louis Blanc, le rejet du drapeau est la 1ère défaite de la Sociale….

46)« Le peuple savait bien, et Lamartine aussi, qu’à une société nouvelle il faut un drapeau nouveau », note, amer, Louis Ménard, dans son "Prologue d’une révolution".

47) Néanmoins confiants après la proclamation de Louis Blanc, les ouvriers démontent les barricades dans la soirée du 25.

48)Dans les jours suivants, alors que le Gouv prov se met au travail
mais en parallèle, clubs et sociétés fleurissent dans le Paris post révolutionnaire, cadre d'une politisation populaire, masculine comme féminine, active!

49)Bientôt le Suffrage universel masculin est proclamé

50)suivi de l’abolition de l’esclavage

51)l’abolition de la peine de mort en matière politique…

52) L’annonce de l’élection d’une assemblée nationale constituante et la création d’atelier nationaux pour donner du travail.

53)L’atmosphère est à la liesse. Même l’église est de la partie : les curés de Paris bénissent les arbres de la liberté !

54)Bientôt, les nouvelles de la révolution à Paris éveillent à Vienne, Berlin, Rome, Buda, Venise le Printemps des Peuple !

55)La suite sera plus triste mais je la raconterai plus tard…

en attendant, un peu de bibliographie