Thread by @kamacess

En finir avec le héros solitaire, une table ronde du #stunfest2019

Avec Eugénie, joueuse et blogueuse de jeux de rôle, Laura Goudet, maîtresse de conf en linguistique et Nicolas Bourgeois, ancien GD maître de conf en informatique

C'est déjà très intelligent, je vais avoir du mal à live tweeter

Le problème du héros : un individu qui ramène l'ordre

Un truc qui a à voir avec le culte de la personnalité. Des œuvres portent le nom d'un héros, c'est lui qu'on va suivre

Le titre de la conf est volontairement non inclusif, contrairement aux autres : le héros est souvent un homme, qui appartient à un groupe dominant

En jeu de rôle, le héros solitaire c'est pas génial. Hantise de mj : le murder hobo

NB : quel rapport entretient le héros avec le monde ? Un mécanisme revient souvent : le héros amnésique ou le personnage étranger à l'univers

Pratique scénaristiquement : le joueur comme le personnages découvrent l'univers

Mais ça pose le héros comme une sorte de héros colonial

Un côté Michel Sardou : le mec arrive pour nsauver le monde. Fallout : perk Lone Wanderer, un bonus à celui qui ne prend pas de compagnon

D'autres configurations sont possibles (Laura Goudet cite Nier automata mais je rate le fond, désolée)

Eugénie : en jdr, des tas de meca pour lier les joueur·ses. Jauges de confiance, feuilles de groupe, possibilité de jouer un flashback pour donner une substance à la relation qui unit le joueur à un PNJ

The Chosen One, statut d'exceptionnalité. Péché originel pour NB. Exceptionnel, donc intrinsèquement supérieur, idéologiquement c'est pas génial. Ou alors, à force de volonté, un individu lambda devenu exceptionnel

Dernière modalité : héros choisi a posteriori (position plus honnête), moins porteur de présupposés

Eugénie : Sur la route, d'Olivier Stein (à paraître). On joue deux personnages, on sait qu'on meurt à la fin. On joue pour mettre ses proches, figurants au départ, à l'abri. Perspective différente

FFXV : payer pour jouer certains personnages dans la bataille finale.
Mass effect : Laura Goudet se sent beaucoup plus proche de Garrus que de ses compagnons dans FFXV

NB pose la question de l'Adéquation entre objectifs assignés au groupe et la taille du groupe

Une coterie de sidekicks qui accomplit avec le héros une mission à l'échelle du Monde/de la société, ça reste un petit groupe qui impose sa volonté sur une société

Collaboration entre le mage le roi et le voleur qui sauvent le monde, pas forcément si excitant

Chez les GNistes, le Play to lift : jouer pour porter les personnages des autres

Implique d'être fan des personnages des autres à la table

Le 19 en intelligence d'un autre personnage, c'est une partition pour toute la table : les autres aussi rendent intelligent ce que dit ce personnage

@TheSchwatterer dans divinity OS, on joue directement deux héros (on peut jouer seul·e ou à deux), ils ont une personnalité, des conflits se résolvent à chifoumi

NB : qu. connexe à la question du héros, dans le cas d'un groupe, comment se prennent les décisions

Problème aggravé par l'urgence de la décision

La temporalité tend à pousser à déléguer le pouvoir. Difficile de s'astreindre à des organisations plus autogestiinnaires

Jouer sur la question de la temporalité, laisser le temps de prendre les décisions, voire jouer sur le temps long permet de sortir de ces schémas

Eugénie : la temporalité est importante, l'objectif aussi. Au lieu de proposer de triompher du monde, on peut aussi jouer pour être sauvé

Très agréable aussi d'être en situation d'être protégé par les autres

Évacuer la question de la fin. Dans Fiasco, jeu en deux actes, sans mj, on joue pour perdre

Dispositif qui facilite le jeu choral. Les regards des personnages peuvent diverger sans s'affronter

Le play to lift, c'est pas du game design mais du play design

Du côté du GD, le jeu sans MJ a gagné en légitimité et en popularité

The quiet year, on joue une communauté pendant un an. On se crée ses problèmes et on les règle

Eugenie cite aussi Dream Askew et un hack de Dream Askew par Manuel Bedouet

Dans morrowind, si une dame vous propose d'aller sauver son chat au début, vous y allez. Au bout de 15h, vous avez progressé dans l'échelle sociale et vous n'irez plus sauver son chat

Idée que les gens/perso ont un mérite, et que les plus élevés peuvent se dispenser d'accomplir certaines tâches

NB : Comment on écrit l'histoire du jeu. Si on a un projet narratif ou politique, l'ancrer dans quelque chose de concret. Parallèle avec le stage ouvrier d'une école d'ingénieur

Rôles intéressants : connaître les gens qu'ils vont diriger ; légitimation, ils ont vu à quoi ça ressemblait (mais dans de bonnes conditions, tps limité) donc ils peuvent se dire que les ouvriers se plaignent pour pas grand chose

Ces quêtes FedEx jouent ce rôle de donner corps à la société du jeu pour mieux s'en extraire.

Eugénie : on joue aussi pour vivre des émotions. (Elle raconte une partie avec un barbare qui tue un chevalier par accident, il se sent mal, il cherche à se racheter) l'immersion, la façon dont les personnages sont rendus sensibles

NB fait un parallèle avec les jeux de foot. « quand j'étais petit, on jouait une équipe. On n'avait pas l'idée de ce qu'on fait maintenant, jouer le manager d'une équipe de foot »

« Ça fait partie des grandes escroqueries à l'héroïsme. On fait croire à des centaines de milliers de gens qu'ils pourraient devenir des professionnels du foot »

@TheSchwatterer : « je suis révoltée. J'adore les jeux de sport, mais sur Game Gear. »

@TheSchwatterer a joué à Fallout 76.

D'habitude je joue seule à des jeux solo et tout le monde est content. Là, j'ai eu un sentiment de désolation. Exportée dans les rues d'une ville que je ne connais pas, où il n'y a personne à qui parler

« Le temps de rencontrer quelqu'un qui ne soit pas hostile, de faire marcher le micro, j'ai eu envie de me rouler en boule et de pleurer »

Différence entre la solitude et être seule

Eugénie parle d'un jeu sans mj dans lequel on joue un road trip. Règle : les personnages ne parlent pas d'avenir.

Silence partagé entre joueuses, à s'imaginer la route qui défile, moments forts

La discussion part vers la poésie de la solitude, Huysmans et les anachorètes

(pour dire que en gros ceux qui fantasment la solitude sont des gens qui bénéficient de ouf du care et du soutien du groupe)

Eugénie : La létalité. En jdr, contrat tacite avec le mj : débrouille toi pour ne pas tuer mon perso dans le 1er tiers de la partie sinon je vais être hyper vex

Dans certains cercles, on ne nomme pas son perso avant le niveau 5 ou 15, parce qu'il risque trop de mourir

Mais même non nommés, ces perso ont existé. Elle fait un parallèle avec une nouvelle dont le titre m'échappe dans Axiomatique (?)

NB : le héros ça implique que c'est une bonne idée de déléguer son pouvoir à un individu pour qu'il l'exerce à votre place

Question du vieillissement. Dynamique où on ne montre les gens que dans la phase où ils sont jeunes, en bonne santé

On ne montre pas d'individus plus âgés participant à résoudre les problèmes

Joue dans difficulté à montrer la vie humaine dans sa totalité

Un contre exemple (mais un seul) de @TheSchwatterer : Lisa. Brad, artiste martial dans un monde horrible qui cherche à protéger sa fille

Combat final : Brad est potentiellement mutilé, vieilli et compagnie

Eugénie : un jdr dans lequel on joue des personnes âgées : La dernière échappée de Claude Martin (?)